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Poésie libre
Garance : La clarté naît femme
 Publié le 17/05/10  -  12 commentaires  -  1907 caractères  -  234 lectures    Autres textes du même auteur

"La nuit, je veux parler avec l'ange,
Et savoir s'il accepte de reconnaître mes yeux*."
Cette citation de Rilke me transporte devant le visage de la Vierge, si délicatement représenté par Fra Filippo Lippi. En face d'elle, un ange, presque palpable, la salue...


La clarté naît femme



La nuit, je veux parler avec l’ange,
Et savoir s’il accepte de reconnaître mes yeux*.

L’émoi chaussé d’antiques cothurnes,
J’ouvre, au visage de la Vierge,
Les volets du retable si longtemps repliés.

Joconde d’éternité,
Ton sourire,
Tremblante esquisse,
Est énigme.
Il cerne le vif d’une parole
Qui explore les primitives contrées
Non traduites.

Aux pulsions de la vie faite femme
Répondent, en cohorte, les pulsations de mon cœur.
Il sait
Ne trouver la joie que dans les délices de l’amour
Transcendé.

Femme aux prises avec le destin,
Femme-étoile des mers,
Un saut subaquatique et tu te libères d’un milieu,
De siècle en siècle hostile,
Corps perdu fonçant au travers des préjugés,
Oublieuse de l’encombrant bagage de tes docilités.

Il pleut des pommes sous l’arbre de vie,
Et même la menace des fatwas
Ne saurait astreindre ton instinct de récolte.
Les dieux, les anges, les lutins
Ont toujours été tes alliés
Épousant les présents de ce monde.
Comme eux, tu les recueilles
Pour mieux les distribuer.

Chef-d’œuvre atmosphérique,
Dans ton aura et face à ta nudité,
L’homme se découvre lui-même.
Tu puises, au plus profond de toi,
Les changements harmoniques.
À travers la brume, le flou des apparences
S’éclaire de puissantes mélodies.

Femme aventurière
À la Beauté brute,
Ta danse authentique de la vie
Délie des pesanteurs barbares.
Tu es l’image de la chair originelle
Sublimée,
Le sourire ressuscité d’un putti
De l’Art baroque

Je laisserai, aux yeux des hommes,
Le retable ouvert
Sur les visages des anges de Filippo Lippi.
Ainsi se lira, légère,
La grâce de n’être femme.


 
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   Anonyme   
17/5/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
« L’émoi chaussé d’antiques cothurnes » et « Un saut subaquatique et tu te libères d’un milieu, » : Je dois avouer que, chaussé d'antiques cothurnes je n'ai pas fait le saut subaquatique demandé ; trop risqué à mon goût.
Il y a des mots certes, mais agencés d'une façon que je qualifierais de « laborieuse » : où est la poésie ? Et même en me recentrant sur le texte, je ne suis pas arrivé à l'aimer.
Et puis, mêler la Vierge aux fatwas, lutins et autres dieux, même pour un athée comme moi, cela paraît assez incongru.
C'est vraiment dommage mais je suis sûr que d'autres lecteurs, à l'âme plus aguerrie aux subtilités poétiques, y trouveront les qualités que je n'ai su y déceler.

   Damy   
3/5/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Très belle évocation intemporelle de la condition féminine, initiatrice de la condition masculine.
Joconde énigmatique," amour transcendé", "instinct de récolte" et don de soi,... la Vierge inspire des images insoupçonnées, invite à l'écoute musicale et à la danse primitive ("originelle").

Le poème épouse parfaitement la cadence des émotions diverses et intenses émanant du retable ouvert sur la vie faite femme.

Très belle lecture.

Merci

   Anonyme   
17/5/2010
 a aimé ce texte 
Un peu
désolée mais je n'ai pas perçu l'émotion. Et le mot "fatwa" posé là comme ça, me semble étrange, je comprends ce que tu veux dire, mais vu le contexte je le trouve malvenu.
Les images sont très belles mais je trouve l'ensemble froid, il manque un truc qui aurait dû transmettre une émotion, mais je ne peux te dire quoi, peut-être l'impression que ce poème fait l'éloge d'une statue de femme, mais pas des femmes.

   Chene   
17/5/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour,

Qu'elle soit "Madone", "Joconde d'éternité", "femme-étoile des mers", "aventurière", elle est La Femme dans toute sa splendeur, sa clarté : acceptée, conquise, exquise ou au contraire femme-objet ou cible de tous les préjugés et de menaces...

Tel est l'hommage réflexif que je lis entre les lignes de ton poème dont le point de départ est ce retable de Fra Filippo Lippi (de la Vierge à la Ceinture, du couvent de Sainte Marguerite, peut-être ?).

J'apprécie le titre (dans le contexte de ton poème) qui traduit fort bien le jeu de lumières des peintres de la Renaissance...

Cordialement

Chene

   PHIL   
17/5/2010
 a aimé ce texte 
Bien
personnellement j'ai ressenti de l'émotion à la lecture de ce poème, une ode à la femme,.Bien sûr il y a beaucoup de lirisme, mais le mystère féminin n'en demande pas moins.

   shanne   
19/5/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour,
J'aime ...comme un tableau, j'ai lu votre poème, je me suis éloignée et je suis revenue, j'admire et je n'ose pas y toucher...
Je suis sensible à ces vers: Ne trouver la joie que dans les délices de l'amour transcendé et il pleut des pommes sous l'arbre de vie, et même les menaces des fatwas ne saurait astreindre ton instinct de récolte
Merci à vous

   ristretto   
22/5/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
une lecture , non : des lectures pour apprécier l'intensité de ce beau poème
une écriture subtile et délicate
" Ne trouver la joie que dans les délices de l’amour
Transcendé."
"Oublieuse de l’encombrant bagage de tes docilités."

merci

   Meaban   
22/5/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
a mon goût je passe trop peu de temps à lire ce qui s'écrit ici, quand à commenter que dire qui n'ait été déjà signifié

ici il y a beaucoup de "pointures"

vous en faites partie

amicalement

loic Le Meur

   Lunastrelle   
22/5/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une poésie très mystique, dans le sens premier du terme... Très imprégnée... Et j'aime beaucoup ici, j'avoue que j'ai du mal à décrire mon sentiment ici... Mais je vais essayer de m'expliquer quand même...


Je suis transportée, un instant mon âme est partie ailleurs, vraiment... Les vers qui m'ont le plus touchée sont sans contexte ceux là:


"Aux pulsions de la vie faite femme
Répondent, en cohorte, les pulsations de mon cœur."


"Il pleut des pommes sous l’arbre de vie,
Et même la menace des fatwas
Ne saurait astreindre ton instinct de récolte."


Je reconnais pas mal de référence, dont une qui se trouve dans les vers que j'ai cités plus tôt. Il y a un certain vocabulaire aussi, qui est assez poussé ("cothurne", "retable", "fatwas"...), et parfois, même si j'aime découvrir des mots nouveaux, ça me dérange... Ici par exemple:


"Les volets du retable si longtemps repliés".


En sachant ce que c'est, ça va beaucoup mieux, mais au départ, je n'arrivais pas à m'imprégner dans le récit (cela n'a pas duré, heureusement), alors qu'il est une sorte de clé...


Voilà... Pas mal de thèmes se mélangent aussi, comme l'art, la religion, l'histoire... Et j'apprécie beaucoup cela... Les deux vers de fin sont magnifiques à mon sens... Un poème parlant de la femme, de l'essence de l'être humain, qui "naît" pas seulement homme...

   Chiffon   
23/5/2010
Bon je suis peut-être passé à côté de l'objectif :
Nous ouvrir l'esprit face à la grâce d'une représentation de la Vierge ? Proposer une prière, un recueillement pieu face à la femme entière et splendide ? Catégoriser des genres de femmes toutes en poésies ? Argumenter une position féministe ? Un peu de tout ça peut-être.

L'ensemble est de bonne qualité, amène un vocabulaire un peu recherché, et plusieurs tableaux bien réalisés. Mais il réside partout une certaine froideur, peut-être dans le ton affirmatif, je ne sais pas trop.

J'ai énormément de mal à noter ce poème et d'ailleurs je vais m'abstenir un temps : à relire dans quelques semaines.

   tibullicarmina   
2/7/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Je crains moi aussi de n'avoir pas saisi exactement l'objet de ce poème.
Il semble que la Vierge, qui représente la Femme idéale et dans toute sa grâce (n'est-elle pas dite "pleine de grâce"?) soit à l'origine d'une réflexion sur l'essence même de la Femme. Les références à la religion et à l'art sacré sont nombreuses (le "retable", ce "Femme étoile des mers" qui renvoie aux litanies de la Vierge dans lesquelles elle est dite "stella maris", "l'arbre de vie" de la Genèse....) mais pas que. Ce texte est nourri d'influences multiples.
Les premières strophes sont admirables à quelques détails près (je n'aime pas du tout le "saut subaquatique").

Ensuite, des choses curieuses. Curieux de parler d'un "instinct de révolte" à propos de la Vierge. A moins que l'on parle de la Femme en général, mais le contexte proche semble montrer que non. Curieux, ces fatwas, ces dieux, ces lutins avec la Vierge...

Dans l'ensemble, c'est pourtant un beau poème, profond et riche.
Merci pour cet hommage à la Femme.

   Anonyme   
8/12/2016
 a aimé ce texte 
Pas ↑
J'ai eu beau m'attarder longuement sur ce poème, rien n'y a fait. Je trouve ce poème d'une grande froideur, l'émotion est absente.

Les mots sont bien disposés, bien étudiés, le vocabulaire est riche, mais il manque prodigieusement de cet atout majeur qui fait vivre une poésie : la simplicité d'un partage. Ici tout est trop "décidé", sans laisser de place à l'imaginaire, la rêverie.

Je n'ai pas vraiment reconnu l'image de la "femme". Ce poème est très déconcertant, "la Vierge, Joconde d'éternité ... ", je trouve vos propos très personnels, ils me tiennent à distance.


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