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Poésie classique
GiL : Éloge du baba au rhum
 Publié le 02/03/21  -  24 commentaires  -  2052 caractères  -  431 lectures    Autres textes du même auteur


Éloge du baba au rhum



La cuillère a pressé la peau luisante et lisseDont l’œil, déaLa cuillère a pressé la peau luisante et lisse
La cuillère a pressé la peau luisante et lisseDont l’œil, déaDont l’œil, déjà séduit, a goûté la rousseur ;
La cuillère a pressé la peau luisante et lisseDont l’œil, déaQuand se déchire enfin sa pulpeuse épaisseur,
La cuillère a pressé la peau luisante et lisseDont l’œil, déaTout le palais, fébrile, en pressent le délice.

La cuillère a pressé la peau luisante et lisseDont l’œil, déaLa première bouchée est un feu d’artifice :
La cuillère a pressé la peau luisante et lisseDont l’œil, déaLa flamme de l’alcool sublime la douceur
La cuillère a pressé la peau luisante et lisseDont l’œil, déaDe cette chair suave, offerte au connaisseur…
La cuillère a pressé la peau luisante et lisseDont l’œil, déaChaque autre cuillerée est un divin supplice.

La cuillère a pressé la peau luisante et lisseDont l’œil, déaBéni soit-il, in secula seculorum,
La cuillère a pressé la peau luisante et lisseDont l’œil, déaCe chef-d’œuvre accompli qu’est le baba au rhum !
La cuillère a pressé la peau luisante et lisseDont l’œil, déaC’est pour moi l’absolu de la pâtisserie,

La cuillère a pressé la peau luisante et lisseDont l’œil, déaC’est la plume d’un ange oubliée ici-bas,
La cuillère a pressé la peau luisante et lisseDont l’œil, déaLe rire d’un enfant, un baiser de Marie.
La cuillère a pressé la peau luisante et lisseDont l’œil, déaPourvu qu’au Paradis, on serve des babas !


 
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   Cristale   
10/2/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
Une jolie surprise m'attendait ce matin dans mon espace lecture : une éloge au baba au rhum...
Déclinée en sonnet savoureux, je n'en puis qu'apprécier le moulage, le moelleux, le goût et ce flambé généreux qui pétille en bouche tant j'ai l'impression de déguster réellement cette pâtisserie.
La forme est excellente, les vers fluides, l'histoire joliment contée, voici une plume qui devrait faire un joli bout de chemin sur Oniris.
Bravo !
Cristale
qui file à la pâtisserie...

   poldutor   
12/2/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour
Ah oui, j'ai adoré cette poésie, j'en ai encore l'eau à la bouche :
Les deux premiers quatrains sont réellement un délice

"La cuillère a pressé la peau luisante et lisse
Dont l’œil, déjà séduit, a goûté la rousseur ;
Quand se déchire enfin sa pulpeuse épaisseur,
Tout le palais, fébrile, en pressent le délice.

La première bouchée est un feu d’artifice :
La flamme de l’alcool sublime la douceur
De cette chair suave, offerte au connaisseur…
Chaque autre cuillerée est un divin supplice."

Cela vaut largement les "tartelettes amandines" de Raguenau.

Oui "pourvu qu'au paradis on serve des babas!!!
A consommer sans modération!
Cordialement.
poldutor en E.L

   Miguel   
12/2/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
On pense à Philippe Delerm et à sa "Première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules". Sauf qu'ici, il s'agit d'un plaisir MAJUSCULE !!! Le ton est léger et plaisant, les vers mélodieux, et on a à la bouche le goût et l'onctuosité de ce baba. C'est du réalisme poétique, si j'ose dire. Pour la technique, je pense que le vers 9, alexandrin ternaire, est acceptable, ainsi que l'hiatus de "baba au rhum" car on peut considérer qu'il s'agit d'un mot composé, et l"hiatus est permis à l'intérieur d'un mot.

   Gemini   
14/2/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'ai suivi, il y a peu, une série de l'excellente Van Reeth, la belle Adèle, sur les rapports entre la cuisine et la littérature.
On y parlait de Brillat-Savarin, de Dumas, de Flaubert, de Proust, de Rousseau, et bien sûr de Rabelais et son ripailleur de Grandgo(u)sier, expression de notre esprit gaulois (par Toutatis !).
De là le choix de Babaorum ?

Ici, la chose est plus délicate. On pêche en homme raffiné. On savoure sans scrupules, en s’imaginant même gagner le Paradis.

La tenue de ce sonnet est bien ferme. La pâte a été bien malaxée, travaillée avec amour. On sent que l'épicurien se fout comme d'une guigne du péché (capital) de gourmandise, et sa façon de décrire son bonheur (bonne sous toutes les formes) est une façon de le partager sans en accorder la moindre bouchée.

Je trouve le verbe "être" un peu trop présent dans cet éloge (sans compter "Béni soit-il" qui est une formule). Je pense qu'il y avait moyen d'en éviter quelques-uns.

Mais c’est bien tout ce que je trouve à redire.

PS : J'aurais bien vu "Péché mignon" en exergue.

   Anonyme   
15/2/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Bonjour

Bien appétissant, ma foi, cet éloge du baba au rhum, même
si je crains que le titre repris au vers 10 ne fasse un hiatus.
Il faut en trouver des bons car la flamme de l'alcool a de plus
en plus tendance à s'évaporer à notre époque.
J'aime bien le trimètre du vers 9.
Par contre je ne trouve pas les images du dernier tercet bien en accord
avec cette pâtisserie : plume d'un ange, rire d'un enfant, etc...
Un beau vers final.

   ANIMAL   
15/2/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Le titre est éloquent, le contenu flamboyant. Qui n'a jamais mangé -que dis-je dégusté- un baba au rhum n'a qu'à lire ces lignes pour en imaginer la félicité.

"peau luisante et lisse" "rousseur" "pulpeuse" "flamme" "suave", la pâtisserie sublime est pure tentation...

C'est savoureux, descriptif, et le clin d'oeil du tercet final est tout à fait charmant.

Un poème séduisant pour tous les gourmands.

   Corto   
2/3/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Quand un auteur décide de choisir une recette mêlant poésie classique et humour, c'est la succulence qui vient au rendez-vous.

Ce poème est un bel exemple de virtuosité où chaque vers semble évident, coulant de source. Chaque image est une relance vers l'excellence de la saveur et du bon goût.

Le second quatrain est mon préféré, m'amenant de "La première bouchée" à "Chaque autre cuillerée".

Cette déclaration d'amour pâtissière est un régal.
Bravo

   Anonyme   
2/3/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Des petits reproches à ce poème humoristique, car c'est un sonnet.
Répétition de -baba-// --Marie-Paradis--
Baba-au-rhum peut être admis avec traits d'union, je pense.
-c'est pour moi- (nous sort de la "contemplation" ).
Sinon, très joli texte. Splendide second tercet.

   Angieblue   
2/3/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
La description est très réussie et parle à nos sens:on visualise, on goûte, on ressent les sensations.

Le premier quatrain est très réussi avec l'allitération en "p".
Le vocabulaire est bien choisi: "pressé", "peau luisante", "rousseur".
Attention cependant à la répétition du verbe "presser" au v.4. ça fait 2 fois le même verbe dans le même quatrain.

Le deuxième quatrain est également réussi. On ressent bien le feu de l'alcool sur le palais.
Par contre, j'ai butté sur "divin supplice". Je ne vois pas en quoi c'est un supplice. J'aurais plutôt dit "divin caprice", ça m'aurait semblé plus adéquat.

En ce qui concerne les deux tercets, le "c'est pour moi " et le "pourvu qu'" qui sont un peu familiers brisent un peu le charme.

Mais, dans l'ensemble, ce sonnet est très agréable à déguster.

   papipoete   
2/3/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour Gil
Un sujet pour le moins étonnant, mais en fait un sujet réjouissant, qui fait du bien corps, et dessine des sourires au coin des lèvres ! Une histoire d'amour quand-même, mais au masculin que ce baba provoque entre sa vision, sa dégustation et le plaisir d'avoir eu droit à un bon moment !
NB et la scène est décrite comme pièce de théâtre, avec son décor, son héros à la cuiller et tous ces petits moments de bonheur à la pelle !
La première strophe en est presque érotique, sous ces airs de rien... et l'ultime tercet ferait sourire un archange !
la formule latine " in secula seculorum " est " rigolote " pour rimer avec " rhum "
Sonnet parfaitement " classique "

   Anonyme   
2/3/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Ce poème est un vrai péché capital, capable de vous emmener aux portes du paradis. Quand l’auteur parle de pâtisserie, il retire ses gants avec délicatesse car ce n’est pas le moment de faire la fine bouche :

« La cuillère a pressé la peau luisante et lisse »
« La première bouchée est un feu d’artifice. »

Ah ! Que ne suis-je le Guide Michelin ? Je lui accorderais d’un coup cinq *****
Brillantissime !
dream

   inconnu1   
2/3/2021
 a aimé ce texte 
Bien
L'idée est originale. Beau travail. Je suis gêné par le 9eme vers et l'absence de césure à l'hémistiche. Je sais que le trirème est accepté mais du coup, cela m'a perturbé dans la musicalité du poème.

   Anonyme   
2/3/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Gil,

Très jolie poésie qui ne manquera pas d'allécher les babines de nombreux lecteurs.

Bien que je n'aime pas du tout le baba au rhum ( surtout le rhum), j'ai pris un grand plaisir à lire ce ravissant sonnet tout en imaginant un savoureux fondant au chocolat...
Ce n'est pas la même chose, mais ça fait son effet.

   Anonyme   
2/3/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bienvenue à ce nouvel auteur !

Un poème très plaisant, un sonnet impeccable, dont les vers sonnent juste, avec un brin d'humour...

J'aime beaucoup :

"C’est la plume d’un ange oubliée ici-bas,
Le rire d’un enfant, un baiser de Marie"

J'aime moins :
"Chaque autre cuillerée est un divin supplice"
qui pourrait être plus musical...

   Quidonc   
2/3/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Gil,

Un coup d'essai ou un coup de maître. Voici une texte devant lequel on ne peut rester que baba.
Tout y est la gourmandise, la douceur mais surtout la poésie.
J'en bave encore.

Merci pour ce partage, j'en prendrais volontiers un peu plus.

   Queribus   
2/3/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

J'avoue que je suis resté baba devant une telle virtuosité dans l'art O combien difficile, du sonnet gastronomique; rien ne m'est resté au travers de la gorge dans ce délicat et merveilleux hommage à un délice (plutôt que supplice)du palais. Mettre de l'humour et de la gaité dans un sonnet me parait un exercice périlleux que vous avez réussi. Comme il fallait bien trouver quelque chose quand même, j'ai donc trouvé:
-le vers 9: Béni soit-il, in saecula seculorum, un peu "surprenant" même s'il n'y a pas faute, semble-t-il
-rimes intérieures: Marie-paradis
-est, trois fois présent, peut-être une fois de trop?
-par contre "pressé" (du verbe presser) et pressent (du verbe pressentir) ne m'a pas choqué
tout ça n'enlève rien à la saveur de votre baba dont je reprends volontiers une cuillerée.

Bien à vous.

   Robot   
2/3/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je suis resté baba à saliver devant ce poème d'hommage à la célèbre pâtisserie qu'aurait rapporté à la France le roi de Pologne Stanislas, en plus des duchés de Lorraine.

Une description goûteuse et gourmande pour le plaisir des mots et du palais.

   Myo   
2/3/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
Un poème sur un thème on ne peut plus original traité avec brio.
Une pointe d'humour, quelques formules séduisantes et rimes originales, un parfum enivrant, tous les ingrédients sont réunis pour chatouiller nos papilles de lecteurs.

Un dessert qui nous fait de l'œil.

Un grand bravo, et tant pis pour le régime!

   Mokhtar   
3/3/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
C’est la versification régulière, donc un peu apprêtée, qui confère à ce poème son côté humoristique, deuxième degré, puisqu’il traite d’un sujet prosaïque en termes emphatiques.

Ce sont les tercets qui me séduisent le plus, car ce sont eux qui « finalisent » l’esprit du poème, cette sorte de montée au pinacle du chef-d’oeuvre pâtissier. Quitte à recourir au latin, j’aurais bien vu «le nec plus ultra »à la place « pour moi l’absolu ».

Les quatrains me semblent moins « léchés ». L’œil qui goûte, « tout » le palais (cheville), flamme (chaleur ?), « suave » = douceur (pour le rhum ?).

Baba au rhum me semble un mot composé, l’hiatus est donc interne, donc admissible (me semble-t-il).

Avec pour grand mérite d’être original et amusant, ce texte, qui n’a de commun avec la poésie que le choix d’une de ses formes d’expression, est un joyeux encart sur ce site.

Petit détail annexe. « secula seculorum » ne me semble pas un mot français d’origine latine, mais plutôt une citation latine.

Comment doit-on prononcer la dernière syllabe ? ome, eume, ume, oume ?

Je me permets de solliciter les éminentes compétences du site, les agrégés de lettres, les linguistes émérites, les latinistes distingués… Mais aussi les amateurs de chant grégorien, et ceux qui auraient quelques souvenirs de messes en latin… « Dominousse vobiscoume, et coume spiritou touo… »

   Anonyme   
3/3/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
C'est ce que j'attends d'une poésie originale, qui sort des mélancolies célestes chères à la colonne des poésies. Que dire ? Le sonnet avance au fur et à mesure que le gâteau est avalé, et il est aussi agréable de le lire que de le manger.

   emilia   
3/3/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une belle entrée en matière que d’afficher d’emblée au menu votre dessert préféré ! Vous êtes connaisseur et vous avez bon goût… ; c’est aussi le dessert préféré de nos fêtes familiales initiées par ma grand-mère et je ne peux que confirmer combien sa dégustation est savoureuse… ; bravo à vous et bienvenue sur le site…

   jfmoods   
3/3/2021
Je ne comprends pas la virgule à l'hémistiche du dernier vers.

I) Un dessert haut de gamme

Les sens jubilent à la promesse du comblement (toucher : "La cuillère a pressé la peau", "se déchire", vue : "l’œil, déjà séduit, a goûté la rousseur", goût : "Tout le palais, fébrile, en pressent le délice", éléments visuels cristallisant la vigueur du désir : "luisante et lisse", "sa pulpeuse épaisseur"). Au fil de la dégustation ("La première bouchée", "Chaque autre cuillerée"), l'expérience, grandiose, du baba au rhum se renouvelle (métaphore : "un feu d’artifice", jeu de contrastes : "La flamme de l’alcool sublime la douceur", assimilation à un acte sexuel : "cette chair suave, offerte au connaisseur", oxymore : "un divin supplice") .

II) Un sonnet en forme d'action de grâce

Pour le poète / la poétesse, ce dessert si particulier se place au-dessus des autres (pronom cataphorique et groupe nominal à visée élective : "il... [... ] / Ce chef-d’œuvre accompli", hyperbole : "C’est pour moi l’absolu de la pâtisserie"). Il s'agit d'une création d'ordre divin ("Béni soit-il", formule biblique : "in secula seculorum") marquée par une légèreté ("C'est la plume d’un ange oubliée ici-bas"), une pureté ("Le rire d’un enfant") et une douceur ("un baiser de Marie") sans égales. Que souhaiter alors... sinon la déguster, aussi, dans l'autre vie (forme exclamative : "Pourvu qu’au Paradis, on serve des babas !") ?

Merci pour ce partage !

   Lebarde   
11/3/2021
Au risque de me faire incendier par les éminents spécialistes ( si je ne demande rien je ne saurai jamais ), pourquoi sur le texte auquel j’ai accès sur mon portable , présentation inhabituelle, probablement amputé, je me pose la question, N’y a t il pas de majuscules en tête de vers? Ce qui ferait faute en classique, non?

Je suis perturbé et ne commente pas.
Lebarde encore une fois déboussolé.

Ed: je soupçonne un problème d’affichage du texte sur mon iPhone que je n’arrive pas à identifier et à résoudre!!!

   Anonyme   
12/4/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Gil,

Heureusement, votre baba est conservé et conservable encore longtemps ("cé" pas bon la pâtisserie industrielle, là c'est du fait maison)

J'aime
outre le baba au rhum
la mise en page,
le fond
la forme

j'aime moins
la citation en latin, ben oui, je ne connais pas le latin -pas même celui de cuisine.
Finalement je l'aime bien, car je ne l’avais jamais qu'entendue à l'église (je ne savais pas plus ce qu'elle voulait dire là-bas)

Je trouve ce poème audacieux, résolument moderne, bravo !
Et tellement sensuel, limite érotique.
( je vais goûter un baba au rhum, voir s'il a le goût du vôtre ; je crains que non, ce ne sera jamais le même.)

Éclaircie


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