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Poésie contemporaine
GilbertGossyen : Mauvais goût ?
 Publié le 14/02/16  -  12 commentaires  -  3866 caractères  -  135 lectures    Autres textes du même auteur

Acrostiche sur une phrase de Charles Baudelaire.

Essai sur le thème du poète maudit. N'étant ni l'un, ni l'autre, il n'est pas sûr que ce soit une réussite. Mais je me suis bien amusé.


Mauvais goût ?



Comment vous l'avouer ? J'ai, dit-on, mauvais goût,
Et malgré mes efforts j'inspire le dégoût.
Quolibets, airs navrés, soupirs, profond dédain,
Un bien triste sort de n'être pas mondain.

Il aligne les vers en se croyant poète,
Lisez cette bouillie ce n'est rien d'honnête,
Y a-t-il dans ses écrits un fond ou une forme ?
Affligeant rimailleur, naïf et non conforme !


Délaissé, isolé, cherchant pourtant à plaire,
Enlisé dans mes vers, je ne peux me complaire
Ni à être trivial, ni à suivre la mode.
Iconoclaste ma poésie incommode.

Volant dans les tempêtes de l'inspiration
Royal est le poète, pour notre admiration.
Au contraire voyez notre ami patauger
Nageant contre les flots sans pouvoir émerger.


Tendrement je produis de délicats sonnets,
De doux alexandrins pour faire résonner
Au sein de votre cœur tout ce que je ressens.
Ne m'en revient, hélas, qu'un silence blessant.

S'il voulait, en faisant, certes, de gros efforts,
Le public, un peu chien, pourrait trouver confort
En lisant ces écrits. Entêté, il choisit
Mets délicats au lieu d'ordures bien choisies (1).


Alors que dois-je faire pour être reconnu ?
Usurper une image ? Surfer sur le connu ?
Voguant sur les poncifs et les trivialités
Appâter le chaland par la banalité ?

Il faut, si l'on désire la reconnaissance,
Savoir se mettre au pli des us et convenances.
Gloire est une égérie, il faut qu'on la mérite,
On ne la séduit pas sans passer par ses rites."


Une voix inconnue susurre dans ma tête :
« Te penses-tu si fort, toi qui te crois poète ?
Crois-tu que quelques vers vont faire que l'on t'aime ?
Et d'ailleurs pourquoi donc écris-tu des poèmes ? »

S'il faut que je réponde à ce réquisitoire,
Tourmenté par ces mots par trop inquisitoires,
Laissez-moi exprimer par le biais de rimes
Et la forme et le fond de l'élan qui m'anime.

Plonger au plus profond de mon cœur et mon âme,
Laisser sortir en vers, en un épithalame,
À la fois, émotions, pensées du jour, principes,
Intimement mêlés, au fil des participes ;

Soulever s'il le faut un sujet polémique,
Inciter à penser hors de l'académique,
Renverser les barrières, pour regarder derrière
Au mépris du confort, du succès, la carrière ;

Religion, politique, orgies de fleurs du mal,
Il n'est pas de sujet tabou ou anormal,
Si l'on est un poète on doit prendre des risques
Tel marier en un vers marinisme et marisque.

Oui, voilà donc pourquoi, parfois dans l'indécence,
Chantant pour le transport de l'esprit et des sens,
Recherchant, s'il le faut, ma Muse dans l'égout,
Aux penseurs bien pensants j'inspire le dégoût.

Tout cela est choquant, mais que veut-il prouver ?
Il pousse le lecteur à le désapprouver.
Quel intérêt y a-t-il à être honni du monde ?
Un poète n'est pas un servant de l'immonde !


Écoutez-les donc tous, ces gardiens du temple,
Dégoiser doctement sur ce qui est l'exemple,
Excommuniant d'un trait ou portant au pinacle
Décernant les médailles, entre eux, dans leurs cénacles.

Enragés, ils seraient, dans leur esprit étroit,
Prêts à m'exécuter sous les remparts de Troie.
La raison ? Lisez-donc ! Des rimes allant par trois !

Alors, je vous le dis, vous qui êtes mes juges :
Incendiez mes écrits, traitez-moi de transfuge,
Reniflez de dédain si je me veux félibre,
Étant hors de vos rets, je suis un être libre.



Note :

(1) Allusion au poème « Le chien et le flacon » de Charles Baudelaire.


 
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   Anonyme   
23/1/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,
Nul doute pour moi que vous avez dû prendre du plaisir à construire ce poème.
"La poésie est un jeu qui comporte des règles mais nul n'est obligé de les respecter.
La poésie est un jeu qui comporte des règles et bien à nous le droit d'en inventer."
Ici, vous vous êtes imposé une règle de conduite qui n'est pas simple , vu la longueur de l'acrostiche , l'auteur de la phrase ( qui mérite qu'on lui offre le verbe haut ) et le sujet dont il ne fallait pas se dérouter.
Pour moi, c'est une réussite.
:-)

   Anonyme   
14/2/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour GilbertGossyen... "Ce qu'il y a d'enivrant dans le mauvais goût, c'est le plaisir aristocratique de déplaire."
Acrostiche parfaitement réussi !

L'incipit nous prévient, ni maudit ni poète !
Pour écrire une telle pièce en vers il faut tout de même être un tant soit peu poète... Quant à maudit je ne vois pas pourquoi vous le seriez...

Vous comprendrez sans peine que je n'aurai pas ici le mauvais goût de relever les quelques défauts inhérents à la "maudite" prosodie classique... pour ne pas fournir à l'auteur ce plaisir aristocratique de déplaire que revendiquait Baudelaire.

Par contre j'ai apprécié divers quatrains dont, entre autres, celui-ci.

Tendrement je produis de délicats sonnets,
De doux alexandrins pour faire résonner
Au sein de votre cœur tout ce que je ressens.
Ne m'en revient, hélas, qu'un silence blessant.

Joli travail... Bravo, poète !

   LenineBosquet   
14/2/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bravo pour cette acrostiche si longue que cela a du être un véritable labeur à écrire!
De plus un fond agréable, quelques notes d'humour, bref très sympathique à lire.
Merci!

   Anonyme   
14/2/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Eh bien, il fallait quand même le faire ! Pas moins de soixante et onze vers pour réussir le coup. Pour plagier Alexandre (qui ne m'en voudra pas) il faut quand même être un tant soit peu poète. D'autant que ce texte est fort agréable à lire et son fond bien présent.
<< Reniflez de dédain si je me veux félibre,
Étant hors de vos rets, je suis un être libre. >> Voilà une chute qui me plaît beaucoup.

   Vincendix   
14/2/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Avec GG, « j’ai » de quoi lire et « j’ai » du plaisir à lire.
Une fois encore un superbe exercice autant pas sa densité, sa forme et son sujet.

« Mets délicats au lieu d’ordures bien choisies ». J’adhère à cette formule.

Plus me plaît le sonnet qu’écrivait nos aïeux,
Que le vers discourtois, le mot disgracieux,
Plus que l’amphigouri me plaît la phrase fine ;

Plus ces alexandrins que le laid baratin,
Plus le joli tercet que le jargon crétin,
Plus que le pataquès, le français d’origine.

   Anonyme   
14/2/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour !

Bravo ! Comment ça j'ai mauvais goût ? :))
J'aime et je le dis ...bon je ne vais pas m'attarder sur l'acrostiche nous avons tous vu le travail effectué à partir de là

La façon dont est mené le texte , à la fois les interrogations de l'auteur sur sa poésie , la valeur de ce qu'il écrit ...et puis tout à coup cette petite voix ( comme une conscience ) qui le dénigre , le rabaisse, l'humilie , nous prend à témoin
"Lisez cette bouillie ......Affligeant rimailleur"
Cette lecture a été un moment de pur bonheur

"Tendrement je produis de délicats sonnets,
De doux alexandrins pour faire résonner" mais oui c'est beau j'ai envie de dire à cette peste de petite voix !
Un face à face jubilatoire ! Quel talent
Il y a tellement de perles à citer ....que ce serait trop long !

Un grand merci

   Cristale   
15/2/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour gilbertGossyen,

Voici un acrostiche qui n'a pas eu l'heur de me déplaire par quelque mauvais goût, bien au contraire.

Tout a été dit alors je me contenterai d'exprimer mon admiration pour ce poème dont l'écriture malicieuse "sort des sentiers battus" sans faiblir et avec grand panache.

Beau travail ! Bravo !

Au plaisir de vous relire,
Cristale

   Pouet   
17/2/2016
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai lu cet assez long poème sans ennui. C'est bien écrit.

Je me suis demandé qui étaient raillés ici, les "gardiens du temple" ou "l'être libre"? Les deux je pense. Ainsi je n'ai pas pris le texte comme un réquisitoire contre les règles classiques mais "contre" le Poète en général.

Je me suis un peu étonné que le "rimailleur naïf et non conforme" écrive "de délicats sonnets, de doux alexandrins", ça ne m'évoque guère la rébellion... Mais peut-être n'ai-je rien compris en définitive.

Quant à l'incipit il m'a paru plutôt relever de la fausse modestie. Je ne comprends pas, que faut-il écrire selon vous pour se considérer comme poète? Des poèmes non? Et c'est ce que vous faites, et plutôt bien. Comme pour se considérer ébéniste il faut faire des meubles...Donc cette phrase de présentation ne m'a pas convaincu. Cela m'a donné l'impression que vous aviez écrit cela pour qu'on vous dise "mais si voyons vous êtes un poète!" C'est d'ailleurs le cas dans les commentaires. Du coup c'est l'incipit que j'ai trouvé de "mauvais goût".

Sur le fond donc, je reste dans l'expectative. Cela n'en reste pas moins un poème de bonne facture à mon sens.

   Anonyme   
18/2/2016
 a aimé ce texte 
Bien
Poème vraiment bien construit à la Baudelaire, on ne risque évidemment pas de se tromper, encore faut-il y arriver.
Merci du plaidoyer pour les exilés, comme moi, en toute humilité.
Quelques mots très convenants pour faire plaisir à la galerie des us et convenances.
Peut-être un certain sentiment de supériorité dans tout ce petit monde de l'écriture?
Quoiqu'il en soit, j'aime bien.

   Anonyme   
18/2/2016
J'ai oublié de préciser une petite phrase "un peu ironique", l'important, c'est de participer. N'y voyer pas de mal.

   StayinOliv   
19/2/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

Votre poème a le mérite d'être très bien construit, riche, long et fort bien écrit. Le thème m'a plu, la chute aussi. J'imagine qu'il n'a pas dû être facile à mettre en place, et que vous avez dû en tourner et retourner des mots pour que tout s'imbrique !

Olivier

   Anonyme   
23/2/2016
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour

Très bien écrit (et encore pas mal de subtilités m'échappent), et bien amusant, ce poème, sur le sujet du poète "maudit" et de la poésie dans son rapport entre lecteur (public) et auteur.
Existe-t-il encore des poètes maudits et d’autres ou les mêmes qui fassent (ou pensent à) des carrières ou bien comme je le pense c’est de l’histoire ancienne.
J’ai relevé quelques idées intéressantes comme la référence à la liberté de la fin et le besoin d’amour du poète. Le poète maudit serait-il juste un homme en manque de reconnaissance et d’affection – comme beaucoup d’autres – mais doué pour l’écriture.
Surtout un solitaire avec tout ce que ça comporte de vacuité mal assumée, alors il dérive en poétisant, ou dévide des vers, comme pour conjurer l’angoisse de l’absence de l’autre (c’est-à-dire un peu de lui-même puisqu’on ne saurait exister (se définir) sans cette référence).

Mais que l’autre arrive et la malédiction fond, alors le poète maudit devient peut-être un poète heureux, mais alors quid de sa liberté de se tenir hors des rets, et de l’envie (besoin) d’écrire ?

À vous relire


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