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Gilles : Je suis |
Publié le 06/11/08 - 12 commentaires - 10466 caractères - 75 lectures Autres textes du même auteur
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Je suis...
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Je suis
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J e suis des éclaboussures de Vie…
… Je suis… La chose immonde dans les W.-C du ciel. Je suis mais-ou-et-donc-or-ni-car caché dans ta mémoire. Je suis celle qui hurle de douleur au mitan du plaisir. Je suis le sexe mou dans la misère du lit. Je suis l’Apollinaire à l’apogée du soir. Je suis : « Tiens, il fait beau dehors, pourquoi n’irions-nous pas nous saouler dans un bar ? ». Je suis les pollens du cœur dans la bourrasque de l’amour…
… Je suis… Du condamné, les os qui hurlent sur la chaise. Je suis le cœur en déséquilibre de l’adolescent en désunion. Je suis Léo Ferré, George Brassens, Brel. Je suis la plaie offerte à l’entrecuisse du cœur. Je suis couvert des éclats de rire de ma mort certaine. Je suis 14-18 et 39-45. Je suis le crapaud sur sa crapaude…
… Je suis… L’optimiste désespéré qui regarde sa mort par le gros bout de la lorgnette. Je suis le phallus de la vie dans le cloaque de la mort. Je suis celui-ci et encore celui-là. Je suis un inconnu drapé d’émois gluants. Je suis le sédiment figé au fond de la Mer Morte de ma mémoire. Je suis la fleur de ton sexe éclos dans le champ de ma langue. Je suis : « Messieurs les premiers, tirez les Anglais ! »…
… Je suis… La haine amoureuse qui s’accroche aux yeux des amants incertains. Je suis la main du Diable dans le soutif de Dieu. Je suis celui qui hurle : « Plutôt la mort que le déshonneur ! » et qui tout bas, espère le déshonneur. Je suis le verbe aimer aux six lèvres de l’aimante. Je suis une fleur séchée dans l’herbier de tes sens. Je suis le soldat fou, dérisoire et obscène qui tombe et se couche sur sa patrie. Je suis le cri silencieux qui rampe dans l’œil de la victime…
… Je suis… Le string étoilé d’un président états-unien. Je suis le verbe hêtre de la forêt détruite. Je suis l’hypoténuse au triangle ouvert de tes bras. Je suis le couteau de l’assassin repenti, replié dans la plaie du trucidé. Je suis celui qui arrive et me prend par la main pour m’emmener faire un tour : « Tu verras, la vie est belle dehors et les femmes ont poussé dans les jardins ! » Je suis Les demoiselles d’Avignon, La Joconde, Judith II, Les nymphéas, Le nu descendant l’escalier…
… Je suis… La coupe antéro-postérieure d’un cristallin atteint de cataracte et la rétraction de l’aponévrose palmaire, provoquant une flexion progressive et irréductible des 5e, 4e et parfois 3e doigts. Je suis caché au fond de la culotte en soie du désir. Je suis un grain de sable rutilant de traîtrise, une poussière d’orgueil au cul des grands principes. Je suis l’anti-codon de tes nuits insomniaques. Je suis D’Ambrose Bierce, l’Audace : l’une des plus évidentes qualités d’un homme en sécurité. Je suis l’amour tendre qui ébouriffe tes yeux. Je suis le sang qui pisse et la pisse qui gicle.
… Je suis… L’obsédé naïf et boutonneux qui rêve de ConFesse. Je suis la mayonnaise des ans dans le bocal du temps. Je suis un monolithe hétéroclite, mais un monogame monotone. Je suis celui qui dit qui est. Je suis «Tralalalalère ! » et puis : « Oh ! » et puis : « Merde ! ». Je suis la charcuterie mamillaire et fessière à l’étal de ton corps lorsqu’il te dégoûte. Je suis un bonobo sur une île déserte…
… Je suis… Ce livre dans ta tête qui s’agite et bruit, bouquin moche comme tout et même pas relié. Je suis la cupidité qui chante américain. Je suis l’ADN criminel de ta cellule sociale. Je suis Gaia livrée aux crocs marchands. Je suis le cœur d’attache de tes amours frivoles et océanes. Je suis le Guignol Froid au théâtre du vide, un glaçon dans le verre de ma vie. Je suis une comète qui se mord la queue…
… Je suis… (a + b)2 qui est égale à (a2 + 2ab +b2), et : sin (a + b) égale à (sin a cos b + sin b cos a). Je suis la tendresse ayant encore attaché au fond de la casserole de mon corps, sous le feu trop vif de mon désir. Je suis celui qui hante des paradis perdus aux tombeaux de ses doigts. Je suis ce con très classe, qui signe un blanc-seing sur ton sein blanc. Je suis d’A. Le Moigne, l’abrégé de biologie du développement, à l’usage des candidats au PCEM-1 et au DEUG-B, 224 pages, 95 figures. Je suis le portrait de ma femme avec sa tête. Je suis l’impavide, l’épistolaire, l’endémique, le caritatif…
… Je suis… Une nuit sans lune, comme une marée noire. Je suis les heures indues au glacis de tes yeux. Je suis le temps, ce ladre, qui compte ses secondes Je suis ce vieillard touché, qui éteint ses cellules, une à une, sous sa peau. Je suis la mort en cendres noires sur la touffe du ciel. Je suis le nyctalope de cette salope diurne. Je suis les chars noirs, attelés aux désastres des ans… Je suis l’arc-en-ciel de ton sexe, qui explose en feu d’artifice autour de mon 14 juillet. Je suis de froids éclats de nuits qui entaillent ta chance, des brisures de rêve que charrie ton jour. Je suis un réveil qui sonne dans la nuit de la mort pour que la vie se lève. Je suis ce désir acéré qui a fendu ton sexe de femme. Je suis le clitoris de la mort à l’embouchure du temps. Je suis un œil sur le plat et une malade printanière. Je suis ce vent du Nord qui s’est perdu dans ton Sud. Je suis le livre ouvert de l’adolescence verrouillée. Je suis un repli du temps dans le chiffon du ciel. Je suis l’ombre de vie projetée par la mort. Je suis un regard heurté qui glisse sur la route des heures. Je suis la sublime déchirure à l’angle originel... Je suis la femme imberbe à poil et la femme à barbe à plume. Je suis l’adénine tendant ses bras à la thymine, et la guanine à la cytosine. Je suis le roulis de tes hanches dans la tempête du plaisir. Je suis l’œuf qui crie dans le cloaque de la poule pour qu’on allume la lumière. Je suis notre amour retroussé comme un vieux gant, qui montre ses coutures et ses trous rapiécés. Je suis ce marin fou qui veut se perdre dans ton triangle des Bermudes, oh ! ma femme océane. Je suis la mort qui tremble d’exister. Je suis la vase des souvenirs dans laquelle tu ne cesses de t’enfoncer, toi mon éternel aîné. Je suis le sexe féminin, le seul sexe qui vaille la peine d’être vécu. Je suis un cacochyme hirsute qui veut retrouver la sérénité amniotique de la mort. Je suis le glissement du plaisir dans le velours d’amour. Je suis la vie, ce mensonge du temps. Je suis les oiseaux du désir dans la cage ouverte de tes yeux. Je suis un papillon tout sec épinglé au revers de la vie en fleur. Je suis ce dingue qui creuse la mort pour extraire les diamants du temps, t’en faire un collier et te rendre immortelle. Je suis l’œil du soleil dans le cul du ciel. Je suis des pelures de tes cauchemars dans les yeux en assiettes de ta ménagère. Je suis ma mère, mon père, mes frères et mes sœurs et les vers qui les rongeront. Je suis une sale amante qui se love comme une salamandre, dans le feu du plaisir. Je suis le sperme du présent dans le vagin de l’avenir. Je suis ‘s’, ‘u’, ‘i’, ‘s’ et le ‘je’ qui les pousse. Je suis la dent cariée de l’orage qui tempête de douleur dans son lit de nuages. Je suis le bistouri qui ouvre le plaisir au ventre de ta vie. Je suis les jours impeccablement repassés, pliés et rangés dans les armoires de ton temps de vieillesse. Je suis le roseau pensant qui rompt et le chêne qui ploie. Je suis ce con haineux qui bleublancrougit sa vie et ce couillon à chapeau de western qui étoile la sienne. Je suis les quatre jambes nues des amants apaisés, jambes nues et emmêlées que tricote leur tendresse. Je suis une limace qui injurie Dieu de l’avoir estropiée. Je suis les orbites vides et maléfiques de la peur lorsque tu t’angoisses. Je suis celui qui lit le roman de ta vie sur les quatre pages de ton sexe, jeune femme déjà vieille. Je suis le papier hygiénique maculé par mes cauchemars et coincé entre les fesses de ma détestable nuit. Je suis la vie ouverte de l’Origine du monde, comme une vie offerte. Je suis l’agneau bêlant dans le vide de mon cœur, sa désolation funeste. Je suis un ordinateur amnésique, une chaîne muette et une télé aveugle. Je suis cette vague de lune qui déferle dans mes yeux lorsque je couche en toi. Je suis le cadavre pourri de notre histoire d’amour dans le tombeau du temps qui passe. Je suis la colombe de mes nuits blanches et le corbeau de mes jours sombres. Je suis la vie qui recompte ses heures dans la besace du temps. Je suis la flatulence de vie, foireuse, sortie du rectum d’un Dieu malade. Je suis un sexe à ciel ouvert et à cœur fermé. Je suis une araignée qui essaie, mais en vain, de tisser sa toile avec des rayons de soleil. Je suis les obus de tes seins qui déchirent le ciel où je m’ennuie et creusent des cratères de désirs. Je suis des épluchures d’amour au fond de la poubelle du cœur. Je suis la rencontre improbable d’un corbeau albinos et d’une colombe mélanique. Je suis un flocon d’homme qui fond dans ta main douce et chaude. Je suis l’amour qui se lit déjà en verlan prémonitoire dans tes yeux. Je suis…
Je suis ich bin, Je suis I am, Je suis soy…
Je suis des éclats, des bouts ; Je suis des éclats de toi, de nous ; Je suis des bouts de moi, de vous.
Je suis des riens de tout ; Des liens du tout.
Je suis ich am Je suis I bin…
J e suis des éclaboussures de Vie.
… encore !…
Bientôt… Bientôt, J e serai des flaques de Mort : J’étais la chose immonde dans les W.-C du ciel… J’étais… Etc.
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widjet
6/11/2008
a aimé ce texte
Un peu ↑
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Je suis... ....éreinté par le lecture ! :-)
De très beaux vers sont suivis par d'autres plus anodins ou totalement dispensables.
Voilà un texte interminable qui séduit un peu, agace souvent et déroute tout le temps.
A lire...mais prenez votre souffle !
Widjet
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Anonyme
6/11/2008
a aimé ce texte
Bien ↓
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Comme la personne précédente...ce texte foisonne d'idées (mais y a -t-il vraiment une idée dirctrice, un ordre dans tout ce fourbi).
des images chocs, des images qui choquent mais qui auraient sans doute été plus efficaces si elles n'avaient pas été perdue au mileiu de cette logorhée.
A force, on frôle l'indigestion. Dommage, car l'esprit de l'auteur est très créatif.
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Anonyme
6/11/2008
a aimé ce texte
Pas ↑
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Dubitatif pour le moins.
J'aime l'idée de l'anaphore autour de "je suis...", mais le texte très long (trop?), bourré d'images parfois un peu simples (pas simplistes!), finit par lasser, puis irriter (pas tout à fait).
Je suis donc admiratif Je suis aussi déçu Je suis ennuyé Je suis ...
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belaid63
6/11/2008
a aimé ce texte
Pas
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je suis ........... fatigué trop long surchargé quelques jolis vers pas accroché désolé
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Pattie
6/11/2008
a aimé ce texte
Beaucoup
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J'aime décidément cet auteur ! Long, oui. Foisonnant - trop. Inventif, insolent, rigolard, cinglé. Oui, tiens : cinglé. Poète en tous cas. À lire lentement, y a du paysage à imaginer.
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aldenor
6/11/2008
a aimé ce texte
Passionnément
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Génial ! De ci de là l’inspiration baisse (juste à peine…) et les quelques derniers vers n’ont plus le même élan. Mais dans l’ensemble je trouve ce poème magnifique et m’étonne et ne comprend pas certains des commentaires mitigés précédents.
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Anonyme
7/11/2008
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Alors là ! Ce texte a quelque chose d'absolument génial et magnifique, hors normes, complètement fou aussi, aussi foisonnant et divers que les éclaboussures de vie qu'il nous dépeint. J'aime énormément.
C'est long ? Oui c'est long, comme tous les petits morceaux de vie grands ou petits qu'on conserve au fond de soi, perles ou scories, comme ce film que probablement on se repasse - quand on en a le temps - avant de crever, comme ces millions de petits rien ou de moments grandioses qui constituent notre existence, et l'Existence.
Oui il y a certains vers qui déçoivent, qui heurtent, qui dégoûtent même parfois. Mais en fait, ce contraste extrême entre des vers splendides et nous parlant de choses primordiales, et ces vers dépeignant poussivement le petit, le sale, l'insignifiant, n'est-ce pas l'effet recherché ?
Mais bon dieu, cet auteur a une puissance poétique incroyable dans certains passages ! Il y a a lire et relire là-dedans, quelle densité, quelle richesse. Tour à tour on adore et puis on déteste, ce sont de vraies montagnes russes. Il y a des combinaisons de mots, des images qui m'ont vraiment éclaté à la figure, et n'ont pas fini de faire entendre leur écho.
J'aime !!
Edit : juste oublié une chose : je n'aime pas du tout le etc. de la fin par contre. De trop. Ca gâche je trouve...
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clepsydre
10/11/2008
a aimé ce texte
Bien ↑
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Intéressant.
La longueur ne m'embête pas en soi, mais il faut assumer. C'est à dire qu'il faut redoubler de percutions, d'images saugrenues ou surprenante, il faut ausis des temps fort, puis des temps d'émotion.
C'est un inventaire. La liaison entre les phrases, du point de vue sémantique n'est pas nécessaire, mais regrouper davantage certaines propositions pourraient faire surgir des cohérence, des pics d'attention. Puis introduire des ruptures.
Juste une remarque : j'éviterais els images convenues, les métaphores élimée, comme "l'obus des seins"... etc...
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FilledeJoie
16/11/2008
a aimé ce texte
Passionnément ↑
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Je suis... En admiration ! C'est riche, foisonnant, comme si on me mitraillait de beauté, et c'est presque douloureux. Ça coule sans entrave, et je me fiche que certains vers paraissent hasardeux, que leur nécessité soit discutable, je suis pour la beauté gratuite ! Pour moi c'est une merveille, et je suis d'accord pour dire que je n'ai pas vraiment d'arguments à portée de main, c'est de l'ordre du sentiment, du ressenti. D'ailleurs la plume de cette poésie me fait penser à ce qu'un ami écrit, en ce moment il compose pour Benjamin Biolay.
En tous les cas je m'incline, ça m'a parlé, ça m'a profondément touché. Mon commentaire est probablement trop féminin, je m'en doute =)
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Anonyme
19/3/2016
a aimé ce texte
Un peu
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"Je suis", est une liste bien bien trop longue, c'est dommage parce qu'il y a des choses très intéressantes, mais elles sont noyées dans la masse de ce "blabla", surtout que dans tout ça il y a du moins bon, du déjà lu, je pense que si vous aviez fractionné cet écrit, cela n'aurait été que profitable, il y a bien trop d'informations à ingurgiter.
Pour profiter pleinement de ce texte il faudrait le lire et le relire un bon nombre de fois car la teneur en est vraiment très dense.
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GillesP
2/10/2016
a aimé ce texte
Beaucoup
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Très beau texte, dont le souffle me fait penser à Saint-John Perse et dont le flot d'images insolites me rappelle "L'Union libre" d'André Breton. Mais quelques passages, plus convenus, auraient, selon moi, pu être enlevés. Au plaisir de vous lire. Gilles
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Anonyme
8/7/2020
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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Fouiller dans les greniers de la mémoire d'Oniris peut rapporter gros comme ici où l'auteur nous livre un magnifique morceau de bravoure poétique qui a oublié de faire place à la mièvrerie.
Fraîcheur quand tu nous tiens !
Bravo !
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