Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Poésie libre
Gouelan : J’ai demandé à la poussière de me parler d’hier… [concours]
 Publié le 29/09/20  -  17 commentaires  -  2123 caractères  -  217 lectures    Autres textes du même auteur

Thème : Demande à la poussière.
Parfois il vaut mieux laisser l'ombre derrière soi, n'entrouvrir qu'un instant les tiroirs du passé.


J’ai demandé à la poussière de me parler d’hier… [concours]



Ce texte est une participation au concours n°29 : Histoire de tombes et poésie de poussière...
(informations sur ce concours).





J’ai demandé à la poussière
de me parler d’hier…


La cour crevait d’une sauvage floraison
sa peau goudronnée se soulevait grisâtre
la vieille maison grinçait de son balcon rouillé
ses persiennes grimaçaient de couleurs fantômes

Le temps s’écaillait d’un pas taciturne

Les marches étrécies grimpaient de mousse
ma mémoire dévalait la rampe rongée
mes pas se heurtant au silence obtus
butèrent contre le porche au regard forgé


J’ai demandé à la poussière
de me parler d’hier encore…


« Qui est-là ? » chagrina la porte à fleur de bois
en frottant son bas sur les petits carreaux
noirs, gris, rouges dans le couloir écho
« Un, deux, trois soleil ! » sursauta l’enfance

Les murs essorés de soleil m’étranglaient
les placards racontaient des histoires bancales
les armoires boitaient de robes moisies
la tapisserie avait délavé ses fleurs

Tout un paysage me jetait dehors


J’ai demandé à la poussière
de me parler d’hier encore
Mais elle m’a paru si triste…


La cave descendait au fond d’un cauchemar
le grenier fantasmait de toiles d’araignée
j’ai couru lentement hors de ces entrailles
ça faisait si lourd partout où on ne dit rien

Dans le jardin griffu, emmêlé de sève
j’ai regardé tout bas tout alentour de moi
un coquelicot penché entortillé d’orties
m’a soufflé juste avant l’instant fané :

« Et puis…
à chaque pas qui craque
à chaque feuille qui tremble
ce sera de naître encore
dans le secret qui ne se parle pas… »


J’ai demandé à la poussière
de me parler d’hier encore
mais elle m’a paru si triste
que j’ai alors fermé la porte


 
Inscrivez-vous pour commenter cette poésie sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Anonyme   
29/8/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Une ambiance fort bien installée à mon avis ! J'ai vraiment aimé
le porche au regard forgé
et les placards qui racontent des histoires bancales ; en revanche, le thème de la claudication repris juste après par les armoires qui boitent m'a paru trop insistant à ce peu d'intervalle.

Un très beau vers pour moi :
ça faisait si lourd partout où on ne dit rien

Le coquelicot entortillé d'orties m'a semblé un peu facile comme image, et la fin faiblarde par rapport au reste, d'autant qu'en refermant la porte, le narrateur ou la narratrice ne prolonge-t-il pas le secret, la mutité douloureuse qu'il ou elle évoque dans le vers cité ci-dessus ?

Un poème expressif pour moi, qui appuie peut-être trop sur ce qu'il a à dire.

   Angieblue   
2/9/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Hello,

Une bien belle inspiration!
Jolie l'association "poussière/hier" contenue dans le titre.

Vous avez secoué le tapis et fait pleuvoir quelques perles.
C'est très intéressant ce jeu avec les personnifications et les associations originales. C'est très visuel.
J'ai bien aimé:
"ses persiennes grimaçaient de couleurs fantômes"
"Le temps s’écaillait d’un pas taciturne"
"les placards racontaient des histoires bancales"
"la tapisserie avait délavé ses fleurs"

Après, vous avez peut-être voulu trop en mettre et certains passages sont moins bons.
"chagrina la porte à fleur de bois", pas top le "chagrina"

"ça faisait si lourd partout où on ne dit rien", la formulation est un peu maladroite.

"j’ai regardé tout bas tout alentour de moi", un peu lourd les deux "tout"

Pas fan de tout ce passage:
« et puis…
à chaque pas qui craque
à chaque feuille qui tremble
ce sera de naître encore
dans le secret qui ne se parle pas… »

"Le secret qui ne se parle pas", la formulation est également un peu maladroite.

Pas fan non plus de tout le passage avec le "qui est là?" et le "un, deux, trois soleils".
ça casse trop le rythme et la solennité.

Sinon, j'ai bien aimé la chute avec le retour de "mais elle m'a paru si triste".
Par contre, pour la dernière phrase, ça aurait mieux sonné et ça aurait été plus percutant de dire:
"Alors j'ai refermé la porte"

Voilà, un très bel ensemble malgré quelques lourdeurs.
Le poème aurait peut-être gagné à être plus concis.

Mais, l'idée et la trame sont très bonnes, et dans l'ensemble, j'ai beaucoup aimé.

   Provencao   
3/9/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
" J’ai demandé à la poussière
de me parler d’hier encore
mais elle m’a paru si triste
que j’ai alors fermé la porte"

Dans le secret d'hier, il y a tout d'abord la croyance et la croyance deviendra image avec le passage des ans.

" Les murs essorés de soleil m’étranglaient
les placards racontaient des histoires bancales
les armoires boitaient de robes moisies
la tapisserie avait délavé ses fleurs"
J'aime bien ce passage où avec l'avènement de l'écho que donne la croyance des endroits, en apparaît aussi un trouble. Ce trouble est l'image souvenir, et elle est déjà l'image du souvenir à l'instant même de votre vision.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Gabrielle   
4/9/2020
 a aimé ce texte 
Bien
Un texte portant sur la mémoire et le souvenir.

La souffrance est ici associée au souvenir qui défile devant les yeux.

La nostalgie du passé devient un sentiment plus lourd, plus fort et difficile à porter au fil du texte qui défile comme le temps qui passe et la douleur qui apparaît au fur et à mesure de la progression dans la lecture du texte.

La poussière se fait vivante et parle du passé et renvoie sur un décor qui prend place au fil du texte, renvoyant le narrateur sur des scènes de son enfance, des souvenirs intimes liés au décor qui est décrit au fil du texte.


Un regard porté sur le passé qui renvoie sur une tristesse assez prononcée qui interdit un voyage trop long...


Merci pour ce moment de lecture qui renvoie sur quelque chose de différent.

   Queribus   
6/9/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

La bonne surprise du matin:

En effet, voilà un très beau texte avec de superbes images poétiques qui se succèdent les unes les autres ( J'ai demandé à la poussière, la cour crevait d'une sauvage floraison,la vieille maison grinçait de son balcon rouillé,...) mais c'est comme ça tout le long. Ce texte pourrait même devenir une chanson avec ce leitmotive qui revient comme un refrain: J'ai demandé à la poussière.

Le fonds , quant à lui, est un thème très classique de la poésie mais traité d'une façon très habile et très poétique à la fois.

Vous l'aurez compris, j'ai été enthousiasmé pas votre écrit et, concours ou pas concours, rien ne vous interdit d'en faire d'autres de ce tonneau-là.

Bien à vous.

   pieralun   
1/10/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
La cour crevait d’une sauvage floraison : j’ai trouvé ce vers absolument magnifique...

J’ai aimé toute la première partie du poème: les murs essorés de soleil m’étranglaient.... j’ai suivi le cheminement de se retour sur le lieu de l’enfance et ressenti les émotions, c’était très bien.

Âpres les 3 petits vers finissant par: elle m’a paru si triste, l’écriture est devenue plus lourde, le champ lexical plus torturé et je suis sorti de la ballade. Tout c’est passé comme si la contrainte « demande à la poussière » avait guidé le cheminement en lieu et place des souvenirs.

Un joli texte malgré la seconde partie

   Myo   
8/9/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↑
La poussière et la nostalgie de ce temps d'avant.
Elle est le reflet d'un passé figé et dont le souvenir, aujourd'hui, est inutile ou douloureux.

Une très belle construction avec ce refrain qui revient et avance dans la réflexion petit à petit...pour finalement se tourner délibérément vers demain, vers la vie.

Le premier quatrain plante un décor fantôme joliment imagés.
J'aime beaucoup " la peau goudronnée" par contre je ne comprends pas bien "grimaçaient de couleurs" de même que " grimpaient de mousse" Je pense que c'est plutôt la mousse qui grimpe les marches que l'inverse..

"Mes pas se heurtant ... butèrent ..." Une double action pour dire la même chose. Par contre je trouve très réussi " le porche au regard forgé"

"... chagrina la porte.." Une fois de plus, il me semble qu'il y a maldonne sur le sujet.

"..ça faisait si lourd..." la formule n'est pas très réussie.

Le thème est original et l'ensemble nous permet ce voyage dans le temps avec ce qu'il faut d'émotion.

Bravo

   IsaD   
30/9/2020
Modéré: commentaire trop peu argumenté

   papipoete   
29/9/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour
La maison ne vit plus ; tout volet fermé et par ce froid la cheminée qui ne respire plus.
De la cour , passant par le jardin et entrer dans cette demeure, que la poussière a rendu masure, tout ici en silence me rappelle le temps... ce temps où chaque objet avait une âme, et ses habitants...
NB chaque pas que fait l'auteur nous présente à un membre de la maison, et sous la poussière semble se ranimer, mais sous un si lourd chagrin...
Tout défile ici, d'avant ; l'enfance et la chaleur de ce qui fut...
j'aime bien le passage ( quand la porte dit " qui est là ? )

   Corto   
29/9/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je lis ici un joli travail avec ce parti pris de faire vivre chaque élément inerte grâce à sa caractéristique ressentie dans l'instant.
On visualise fort bien "la vieille maison grinçait de son balcon rouillé" ainsi que d'autres images comme "le grenier fantasmait de toiles d’araignée".

Je perçois aussi la nostalgie, voire le regret ou le remord dans des expressions bien trouvées "Tout un paysage me jetait dehors".

Il me semble pourtant qu'un peu de concision aurait renforcé le propos, par exemple en évitant la visite au jardin qui me parait superflue.

C'était un bon moment.
Bravo.

   Luz   
29/9/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour,

Il y a des passages de belle poésie, par exemple :
"Les marches étrécies grimpaient de mousse",
"Les murs essorés de soleil m’étranglaient", et des passages moins bons :
"mes pas se heurtant au silence obtus
butèrent contre le porche au regard forgé" : heurter et buter : même sens ?
"j’ai couru lentement hors de ces entrailles" : je trouve bizarre de courir lentement.

Mais dans l'ensemble j'ai beaucoup aimé ce poème.
Merci.

Luz

   Robot   
30/9/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'ai aimé l'imaginaire contenu dans cette poésie et la qualité grammaticale de son écriture, tout en regrettant le côté conventionnel, presque classique du récit.

C'est une belle histoire qui manque d'une conclusion forte pour relever l'ensemble cependant fort agréable à découvrir.

   plumette   
30/9/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
le narrateur ou la narratrice est revenu sur les traces du passé, il ou elle parcourt la maison délaissée de son enfance, l'abandon transpire dans les images judicieusement choisies.

un moment d'émotion dans cette strophe qui évoque le "un deux trois soleil", comme si soudain une image plutôt heureuse de l'enfance avait pu surgir de cette désolation.

j'aime un peu moins les deux strophes de la fin. D'accord pour que le coquelicot fasse une confidence mais c'est la teneur de cette confidence qui n'est pas assez limpide pour moi, alors que tout le reste me semblait couler de source.

Quand à ce " mais elle m'a paru si triste" je l'ai trouvé maladroit car dans ma représentation, la poussière est quelque chose d'intrinsèquement triste ! J'aurai donc choisi " mais elle m'a rendu si triste"

La consigne du concours est bien présente et le titre magnifique

   Lulu   
3/10/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour,

J'ai bien aimé ce poème que j'ai trouvé intéressant par rapport au thème. J'ai aimé certains aspects plus que d'autres.

Tout d'abord, j'ai trouvé que les deux premiers vers posaient bien le sujet et une certaine tonalité qu'on croit deviner en première lecture car ces vers m'ont paru simple dans leur construction, fluide, sans difficulté. Mais cela m'a conduite à être surprise par l'inversion "sauvage crevaison" qui m'a d'abord semblé étonnante, comme forcée "poésie". Impression toute personnelle...

Ensuite, je n'ai pas très bien compris ce qu'étaient "les manches étrécies". "étrécies" m'a échappé.

Puis, il m'a paru que j'ai préféré toute la seconde partie du poème qui me semble plus vivante car plus dynamique dans sa composition ; en tout cas, j'y ai été plus sensible. Cela, à partir de la répétition "J'ai demandé à la poussière / de me parler d'hier encore". J'ai trouvé cette répétition bienvenue.

J'ai aussi beaucoup aimé ce vers : "noirs, gris, rouges dans le couloir écho" qui me semble très visuel et sonore et dynamique de par son énumération des couleurs.

De même, j'ai beaucoup apprécié ce vers : "Les murs essorés de soleil m'étranglaient", notamment pour l'image des "murs essorés de soleil"... Quelle belle trouvaille !

La seconde répétition "J'ai demandé à la poussière..." m'a plu, là également, mais cette fois, j'ai ressenti l'opposition "Mais" pour "Mais elle m'a paru si triste" peut-être un peu lourde et le vers trop prosaïque, finalement.

Les deux quatrains que je relève ici m'ont bien plu.
"La cave descendait au fond d’un cauchemar
le grenier fantasmait de toiles d’araignée
j’ai couru lentement hors de ces entrailles
ça faisait si lourd partout où on ne dit rien

Dans le jardin griffu, emmêlé de sève
j’ai regardé tout bas tout alentour de moi
un coquelicot penché entortillé d’orties
m’a soufflé juste avant l’instant fané :"
Je trouve, en effet, qu'il y a une belle musicalité dans ces quatrains. C'est sans doute lié à l'alternance des temps imparfait et passé composé. L'ensemble me semble plus dynamique que dans la première partie du poème où l'imparfait domine. Les images sont aussi très belles, ainsi, par exemple, celle de ce "coquelicot penché entortillé d'orties"

L'avant-dernière strophe m'a semblé très belle. Elle m'a même paru suffisamment importante et forte dans son impact que la dernière strophe m'a paru de trop.

Cependant, je comprends que vous ayez souhaité reprendre la répétition ; cette forme de refrain qui rythme le poème dans son ensemble. Peut-être que dans une forme plus allégée, plus conclusive en ne préservant que l'essentiel, tel que "j'ai alors fermé la porte" m'aurait davantage touchée ?

Pour finir, j'ai plutôt bien aimé ce poème, notamment dans sa seconde partie, plus dynamique, peut-être aussi plus originale.

Merci du partage.

   Gouelan   
6/11/2020

   Anonyme   
7/11/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Gouelan,


J'aime beaucoup ce poème, dans votre style personnel que j'apprécie beaucoup.
Dans le détail :
"en frottant son bas sur les petits carreaux" si je saisis bien l'image, je trouve la formule moins "naturelle", délicate que les autres.
"ça faisait si lourd partout où on ne dit rien" les sonorités "ou-ou-on" manque un peu d'élégance, même si on pense alors à une chouette ou un hibou (à la suite du grenier).

Plus je relis, observe, ce poème plus je suis admirative que chaque détail chaque image se suive si naturellement et logiquement.
Peut-on dire que le poème est un peu trop long ou que trop d'images ne laissent le lecteur souffler un peu ? Je ne sais pas, et dirai même non, quand je lis le si beau final (les 8 derniers vers)

Merci du partage
Éclaircie

   Anonyme   
7/11/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Des âmes mortes planent sur cette poésie, sur la cour envahie d’herbes folles, sur la vieille maison vide, sur les marches moussues, sur les murs, les armoires, sur toute chose…Et puis il y a l’ombre de ce qui n’est jamais nommé, faite de non-dits et de lourds secrets. On s’enfonce dans une remontée des souvenirs, on peine en remontant des marches étroites colonisées par la mousse, on respire quand la complicité de l’enfance fait entendre l’écho joyeux des jeux ; mais l’on ressent des bouleversements si souterrains et plus profonds que d’autres, venant de l’inconscient, à la vison du mobilier branlant ou du papier peint délavé. Les racines du poète semblent plonger dans ce décor-là, avec de douloureux souvenirs, et ça fait si mal, ça cogne très fort. Et puis il y a cette finale si belle qui confirme un désespoir profond en même temps qu’une immense tristesse :

« J’ai demandé à la poussière
de me parler d’hier encore
mais elle m’a paru si triste
que j’ai alors fermé la porte ».

Un grand Bravo à l’auteur !


Oniris Copyright © 2007-2023