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Poésie néo-classique
Graoully : Le silence
 Publié le 08/08/24  -  8 commentaires  -  890 caractères  -  197 lectures    Autres textes du même auteur

Ce petit poème appartient à un triptyque dédié à une femme aimée.


Le silence



En battant des ailes gaiement,
Ce jeune et frêle sentiment
Veut planer jusqu’à son oreille,
Mais les vents malmènent son vol
Et, plein d’envie, il reste au sol,
Comme le renard sous la treille.

Cupidon, petit dieu têtu,
Tu la vises pour rien : sais-tu
Qu’elle demeure inaccessible ?
Veux-tu cesser de décocher
Ces traits vains, malhabile archer ?
Ne fais plus de son cœur ta cible.

Hélas, puisqu’il m’est interdit
De l’aimer, la raison me dit
Lugubrement ce qu’il faut faire :
À mon cœur mettre le bâillon ;
Étouffer dans l’œuf l’oisillon ;
Jouer celui qu’elle indiffère ;

Paraître auprès d’elle grimé ;
Sur ma langue, sitôt formé,
Faucher net le mot qui s’élance ;
Équiper cet amour dément
De l’accablant harnachement
Et des mors d’airain du silence.


 
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   Annick   
3/8/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Ce poème évoque le conflit entre un amour intense et l'impossibilité de le faire éclore.
Ce sentiment est décrit comme un frêle oiseau.
J'ai apprécié cette image charmante où des vents contraires, des obstacles, l'empêchent d'atteindre son but  : l'oreille de la bien-aimée.

Le narrateur demande à Cupidon, le dieu de l'Amour de renoncer à vouloir toucher à tout prix le cœur de cette femme inaccessible.
Encore une image charmante pour montrer sa résignation.

Il veut étouffer cet amour et feindre l'indifférence. L'évocation de l’oisillon symbolise cet amour tué dans l'œuf.
Son sentiment est si ardent qu'il doit le maitriser comme un cheval fou.

C'est une lutte entre sentiment et raison. Ce poème peut paraître léger et pourtant, il cache sous ses images mignonnes une vraie douleur, une émotion intense.

Il est bien écrit,  bien construit, plaisant à lire. Il y a de jolies métaphores qui sont d'une réelle fraîcheur. J'ai beaucoup aimé.

   Provencao   
8/8/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Graoully,


Ce silence m'a replongé dans un passage de Flaubert sur Madame Bovary , avec cette ambition et soif effrénées d'un sentiment amoureux qui se refuse et se cristallise dans l'inaccessible.

Joli poème romanesque de l'Amour interdit et du bonheur insaisissable.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   papipoete   
8/8/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
bonjour Graoully
Je l'aime mais elle n'en saura rien, puisqu'à elle je ne puis prétendre.
Je vais jouer l'indifférent, à faire semblant et de ma bouche, à peine pensé, le moindre mot qui pourrait laisser croire que... sera " fauché net " et mon coeur battra tout au fond de moi, dans ce silence où je suis condamné.
NB à la fois, du " Roméo et Juliette ", et du " Non, je n'ai rien oublié " d'Aznavour, dans ces vers où coulent douleur et chagrin, de n'avoir pas le droit d'aimer.
la dernière strophe a ma préférence.
des octosyllabes fort gracieux néo-classiques... que leur manque-t-il pour être parfait Classique ?

   poldutor   
8/8/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour Graoully
Ah l'amour, l'amour pas partagé, rien de plus horrible quand on aime qui ne nous aime pas (voir Cyrano).
Rien n'y fera et le dieu Cupidon lui-même ne pourra pas toucher le cœur de l'insensible !
Cela étant, le timide amoureux transi devrait il me semble tenter par lui-même de fléchir l'impassible dédaigneuse !
Beau poème en octosyllabes pas très courant sur Oniris.
Bravo.
Cordialement.
poldutor

   jfmoods   
8/8/2024
Au fil de la première strophe, l'image du papillon met joliment en exergue une certaine fragilité face à l'obstacle qui se présente. Ardemment convoitée, la fleur demeure inaccessible au lépidoptère.

D'une aile à l'autre, le dieu de l'amour est alors convoqué pour tirer la métaphore dans le champ du désir masculin. La fleur est une femme interdite dont le locuteur s'admoneste à fuir l'attractivité.

Mais comment fuir l'attractivité quand on ne peut fuir la femme ? Tel est l'impossible défi auquel se trouve confronté notre homme. Le voici condamné à la douloureuse, à la cruelle, à la torturante épreuve du sentiment masqué.

Merci pour ce partage !

   Hiraeth   
9/8/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
J'aime beaucoup le recours à différentes métaphores animales pour exprimer cet amour contrarié et réduit au silence. Il y a chez les animaux une tendresse et une crainte, une spontanéité et une vulnérabilité qui sont largement le miroir de notre propre humanité. Le tout est ici servi à travers un langage épuré, un rythme travaillé et une touchante adresse à Cupidon.

Il n'y a que les deux derniers vers qui, sans que je sache vraiment pourquoi, ne m'ont pas paru aussi bons que les autres. Peut-être une question d'euphonie, ou de lourdeur grammaticale ("les mors d'airain du silence" : les doubles CDN dans ce genre me semblent toujours nuire un peu à la fluidité d'un texte).

Quoi qu'il en soit, c'est un très bon poème. Bravo et merci pour le partage.

   ferrandeix   
10/8/2024
C'est joliment et élégamment dit, le tout selon une prosodie efficiente qui met bien en valeur la rime. Rien ne paraît corseté à la lecture. Et les sizains réguliers sont bienvenus. Je les apprécie d'autant plus que la lecture des sonnets, ces poèmes boiteux se dandinant de guingois avec leurs strophes irrégulières, me fatiguent. quelques remarques mineures:

d'airain du silence : double complément de nom à éviter
envie, il cacophonie homovocalique en i i

   Ioledane   
24/8/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
La gaieté légère qui ouvre ce poème est très vite mise à mal par des vents contraires ; Cupidon se voit sermonné pour sa vaine et puérile persévérance. La lourdeur devient reine : celle du silence qui, semble-t-il, s'impose face à la non-réciprocité des sentiments.
Au passage, pourquoi s'obliger absolument à "Jouer celui qu'elle indiffère" ? Mais respectons le choix du narrateur ; le poème n'en est que plus poignant.

Comme dans chacun de vos écrits, les vers sont soignés, les images choisies, la plume harmonieuse et la prosodie impeccable. Seul le qualificatif "dément" m'a paru excessif, tout comme il l'était pour moi dans votre autre production "Les mûres". Sans doute parce que j'y rattache l'image d'un fort déséquilibre mental ; mais je constate en allant lire une ou deux définitions que ce terme peut tout à fait s'employer dans le contexte de la simple déraison. Je revois donc mon jugement sur ce point.

L'adverbe "lugubrement" est parfaitement placé et employé. J'ai bien aimé aussi la litanie qui s'ensuit ; jusqu'au mot "silence" qui clôt, dans une lourdeur implacable, ce très beau poème.


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