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Poésie en prose
hersen : Enclume
 Publié le 14/04/21  -  13 commentaires  -  524 caractères  -  327 lectures    Autres textes du même auteur


Enclume



entre la Terre et le Ciel une enclume, balayée par des tempêtes, des chaleurs et des foudres tenaces
grondant dans la pénombre onctueuse des murs épais du sanctuaire

entre l’océan et le vent limpides l’acier, glaçant d’ombre les jeunes corps pour l’éternité terrestre

entre les tenailles plaisir forgé lissant
dans la braise écœurante meurt une âme

le temps est long dans le reflet métallique du marteau béni qui n’en finit pas de s’abattre

sur l’enclume un enfant


 
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   ANIMAL   
31/3/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
C'est bref, c'est descriptif, c'est cruel.
Le sanctuaire, le feu, donnent l'impression d'assister à un sacrifice d'enfant au dieu Moloch.
Un instantané qui ne laisse pas indifférent.

   Capry   
14/4/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Hersen,

Cette prose fait froid dans le dos.

La première image qui me vient en tête n'est pas un sanctuaire mais un espace de travail, l’œuvre du forgeron qui doit utiliser toute sa force et s'exposer à des conditions de travail très dures (la chaleur, la résistance du métal, le geste répété).
"entre les tenailles plaisir forgé lissant
dans la braise écœurante meurt une âme"

Seraient-ce à travers ces détails que votre prose est installée ?
La répétition d'un geste à l'encontre "d'un métal" moins résistant (l'enfant) ?
Le pouvoir et la torture, je ne ressens pas la notion d'abus ici.
Un espace d'intimité non dévoilé à cause de ces "murs épais" ? Évidemment "le marteau béni" laisse planer un doute : objet du travail ou objet pour faire entrer en force quelque chose là où il y a de la résistance...

Votre dernier vers finit notre lecture et l'on s'interroge : êtes-vous dans la réalité ou la symbolique ? on préfèrerait la seconde option...

Ce poème en prose fait partie de ce que je n'aime pas lire tant il m'enseigne non pas la beauté de ce monde mais sa laideur à travers des images poétiques. Vous choisissez ici de dénoncer et de mettre au grand jour des pratiques dissimulées mais horribles.

Mon appréciation se justifie par le fait que votre poème m'aura bousculé dans son approche, je sais que l'effet est réussi, l'émotion (ici le dégoût) est bien présente et vos mots feront office de garde fou pour veiller encore et encore à protéger des êtres innocents (enfants, personnes en situation de handicap, personnes vulnérables, adultes timorés...).

   Ligs   
15/4/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Bonjour,

Une allégorie de la violence éternelle qui me parle profondément...

D'abord évoquée par la violence de la nature, dans un rythme ternaire qui prend la forme d'un alexandrin insistant (des tempêtes, des chaleurs et des foudres tenaces), le vent, l'océan...

Puis on progresse dans un univers religieux (sanctuaire, éternité terrestre, âme, béni) qui semble non seulement autoriser cette violence, mais pire, la vouloir.

Le métal très présent symbolise la réalité de cette violence, à travers des instruments froids, durs, qui ont pu servir par le passé pour la torture : les tenailles, le marteau.

La forme du poème, en versets, convient parfaitement au thème.

Les rythmes binaires qui saturent le texte viennent insister surl'emprisonnement que peut ressentir la victime, dont le nom arrive en conclusion. Toujours prise entre la terre et le ciel, l'océan et le vent, les tenailles, le marteau et l'enclume... l'anaphore "entre" insiste sur cet aspect.

Ce sont toujours les enfants les premières victimes de la violence éternelle...

Merci pour ce petit bijou poétique.

Edit : je me demande ce que ce poème fait dans la catégorie poésie en prose. De toute évidence, c'est en poème en versets, il devrait selon moi être classé en poésie libre.

   papipoete   
14/4/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour hersen
Il est sur Terre des enfants, nés avec une cuiller d'argent dans la bouche, et d'autres pour qui jamais ne brillera ce métal... que le fer pour eux comme battu par un besogneux forgeron !
il y aura peut-être des pauses, où apercevoir un bel horizon, gagner la grève d'une mer Méditerranée... pour mieux poser sa tête sur l'enclume d'un destin impitoyable...
NB " les mots pour le dire... " pour évoquer l'enfant né sous une mauvaise étoile, avec pour parents madame et monsieur Malheur, avec pour ange-gardien Satan.
un texte fort dont les images font mal, comme à la 6e ligne !

   Angieblue   
14/4/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
Je vois dans l'image de cette enclume comme le poids de la destinée humaine condamnée à mourir et à souffrir. C'est très symbolique avec des allusions à la religion: "sanctuaire", "éternité terrestre", "marteau béni", mais c'est empreint de sarcasme. C'est amer.

Il y a vraiment des images fortes et puissantes. C'est très poétique:
"entre les tenailles plaisir forgé lissant"
"le reflet métallique du marteau béni qui n'en finit pas de s'abattre".
"braise écœurante" qui renvoie au feu de l'enfer.

Je sens vraiment une révolte, une dénonciation de la condition humaine, et plus particulièrement celle des enfants avec "jeunes corps" et la chute "sur l'enclume un enfant".

ça renvoie à des mythes comme celui du paradis perdu. L'humanité condamnée à souffrir et à mourir dans des souffrances.

Tout cela est subtilement évoqué, et de manière très poétique et symbolique avec une touche de mystère et de sacré.
C'est sombre et tranchant. On sent le poids de cette enclume et la violence écrasante du marteau.
le style me plaît vraiment. Bravo! J'adore!

   Damy   
14/4/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un texte très court qui en dit très long sur les conditions de l’enfance maltraitée, si j’ai bien compris. Mais, pour moi, un texte assez nébuleux qui gardera un profond mystère.
En tout cas, il m’a glacé les os. Si c’est le sentiment recherché par l’auteur, c’est réussi.

   Anonyme   
15/4/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
Bonjour Hersen
(aparté : je n'ai pas commenté hier, j'avais...mal à la tête)

Je trouve ce poème très bien conçu :
Présenté en prose, il est (à mon avis) limite entre prose et libre (c'est ainsi que les notions de catégorie révèlent si souvent leur limite)
En prose, en principe on va au bout de la ligne -là le look aurait été bien différent et peu attitrant. En libre on peut trouver des vers.
Sur cette enclume on trouve des vers mais c'est pas du libre etc, j'm'embrouille. Tout ça pour dire que le choix de la mise en page est judicieuse, sert le texte, bravo !

Ensuite nous n'avons pas de majuscule, signe particulier de l'auteur, judicieux aussi, ainsi le poème n'a jamais commencé et n'est jamais fini. Un signe de l'infini en quelque sorte.

et le meilleur pour la fin (faim ?) le sens de ce poème.
J'avoue que je n'ai pas envie d'en parler, je garde ce si beau texte et n'en dis plus un mot, je savoure me laisse emporter lègère, oui, oui, légère entre cette enclume et le marteau

Félicitations.
Éclaircie

(passionnément moins, car je sais que l’auteur va progresser encore')

   Queribus   
15/4/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

Le fonds de votre poème est plutôt glaçant mais, hélas, si réaliste; il est d'autant plus efficace que texte est court et dit beaucoup en quelques "versets"; la conclusion clôture très habilement l'ensemble en quelques mots, ce qui ne la rend que plus forte encore.

Sur la forme, je suis particulièrement admiratif devant votre habileté pour avoir su traiter un problème grave de façon sobre sans fausse grandiloquence artificielle. En un mot, je crois que vous avez trouvé le ton juste qui témoigne d'une grande habileté et d'une longue pratique de l'écriture toutes à votre honneur.

Bien à vous.

   Anonyme   
15/4/2021
J'ai deux lectures quant au sujet. Peut-être que l'auteur a tenté de faire l'amalgame de ces deux thèmes.
- Le premier, me paraît évident : la pédophilie dans le sanctuaire de l'église.
- Le second l'immigration où l'enclume est une embarcation de fortune, les éléments déchaînés le marteau qu'un Dieu, quel qu'il soit, pourrait interdire.
Dans chaque cas, la foi est responsable.
J'aurais apprécié une phrase, une seule pour conclure cette prose : la condamnation des "maudits" dans le premier cas et la responsabilité des parents dans le second.
La foi c'est comme le destin : un fourre-tout où sont déversées les horreurs commises par l'humain, car tant qu'à désigner un coupable, choisissons-le abstrait.
Evaluer la prose, n'est pas naturel pour moi car sur un texte si court je n'ai de références, ni ne puis appliquer mes critères d'appréciation. Une autre fois, sûrement.

   Robot   
15/4/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
Nous sommes ici dans l'univers religieux. Un être enfermé pris entre le ciel promis et les contingences terrestres. Un être qui souffre dans sa chair et son esprit entre offenses morales et maltraitance infligé au nom d'un idéal probablement trahi par ceux la même qui en font la promotion et dont l'esprit prétendument salvateur se transforme en un terrible marteau sanctifié qui ne cesse de s'abattre en humiliation.
Voilà ma lecture.

   Pouet   
22/4/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Slt,

assez impressionné par la puissance et la noirceur du texte.

L'enfance martyrisée et modelée.

Question forme, j'ai entre autre trouvé très juste la "pénombre onctueuse".

Rien d'autre à dire de très pertinent sur cette allégorie particulièrement frappante.

   hersen   
22/4/2021

   Eki   
2/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Le choix des mots, la douleur des images, le frisson qui glace...
Même pour raconter la cruauté, il y a dans ta plume tant de raffinement...
J'ai eu l'envie de te relire...
Pour la beauté de ta poésie...


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