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Poésie libre
hersen : J’
 Publié le 26/08/22  -  16 commentaires  -  1051 caractères  -  324 lectures    Autres textes du même auteur


J’



j’irai cracher sur les bombes et je les éteindrai
j’ai vu les arbres se tordre et les soldats mordre j’ai vu des flammes comme un champ dense avec des enfants dedans
j’irai cracher sur la terre entière et je reviendrai
prendre soin de mon pot de terre modelé sur mon tour dans l’insouciance de l’argile fragile
dans l’insouciance d’un besoin de jour
quand la vie ne semble qu’un soir et qu’un matin

j’irai chercher dans mon village reculé des histoires de loups noirs, de dragons terrassant, de monstres à la gueule repoussante
des histoires à faire peur aux enfants

qu’ils sachent

pour qu’ils ne se jettent dans un champ de flamme
pour qu’ils aiment les soirs et les matins nouveaux

j’irai fermer leur bouche pour qu’ils ne crient pas pour qu’on ne les voie pas, j’irai

j’irai

je poserai sur ma forge un pot de fer avec dedans des couteaux et des drones et des armes et je dirai aux enfants allez jouer plus loin ici il fait trop chaud

j’


 
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   Anonyme   
15/8/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bravo. Je trouve votre poème fort, rageur. L'évocation de la douceur de vivre me frappe au cœur dans la deuxième moitié de la première strophe, à partir de
prendre soin de mon pot de terre
et forme, me dis-je, un contraste déchirant avec le souhait de protéger les enfants en les effrayant.

Un poème très intense, à mes yeux c'est sa force et aussi ce qui m'empêche d'être complètement entraînée, séduite : ce qu'il dit est trop vrai, hélas, et m'apporte le bourdon.

   Jemabi   
17/8/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément
Il y a dans ce texte un vrai souffle poétique qui vous prend dès le début et ne vous lâche pas. L'auteur pose un regard fort et désespéré sur ce monde, sur ses guerres sans fin, ne sauvant que les enfants, tentant de les mettre en garde, de les protéger mais pour combien de temps encore... On est face à une vision apocalyptique du monde. Et comme c'est merveilleusement écrit, on en redemande.

   Anonyme   
26/8/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Bonjour,

Eh bin voilà, c’est exactement ce que j’ai envie de lire et ressentir en poésie. Être happée d’emblée par les ovaires. Les formules sont à la fois simples et puissantes, et ça, c’est peut-être ce qu’il y a de plus difficile à faire en poétique. Ca, et ne pas tomber dans l’angélisme ou l’idée reçue quand on décide en quelques mots de s’attaquer à du fondamental. On a coutume de dire que « la peur n’évite pas le danger ». Comme la plupart des dictons, proverbes ou adages, c’est bien souvent des ramassis de conneries ancestrales et par ce texte, l’auteur nous le démontre. Oui, il faut apprendre aux enfants (et même aux adultes) à avoir peur, c’est une sauvegarde nécessaire, un sentiment sans lequel l’Homme ne serait pas grand-chose . J’arrête de blablater parce qu’en fait, le simple vers « j’irai fermer leur bouche pour qu’ils ne crient pas pour qu’on ne les voie pas. », magnifique, résume tout.

Anna, rarement éblouie, mais Hersen l’a fait.

   Corto   
26/8/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Ce poème a une grande vertu: sa mobilisation pour un monde où la violence serait moins prégnante. C'est dit avec des images séduisantes.

J'y trouve malheureusement une certaine "innocence" qui regarde peu le réel et encore moins le passé.
Durant la seconde guerre mondiale, lorsque des familles étaient cachées dans quelque cave alors que des patrouilles allemandes sillonnaient les rues de la ville, des parents veillaient déjà à "fermer leur bouche pour qu’ils ne crient pas pour qu’on ne les voie pas".

Réminiscence... ce qui n'interdit pas l'espoir joliment formulé.

   papipoete   
26/8/2022
 a aimé ce texte 
Bien
bonjour hersen
D'abord bravo pour deux parutions en même temps !
J'irai... faire plein de choses qui puissent éteindre les flammes, des lance-flammes, des longs-fusils qui crachent à tuer, et ré-apprendrai aux enfants à avoir peur du loup, même du loup-garou... ces contes fantastiques qui n'existent pas...
NB une mère, une soeur en colère contre l'homme qui ne fait pas peur mais l'épouvante avec ses boutons, qu'il menace de presser ; la Terre qu'il asphyxie, qu'il tourmente " pas pour de faux "
Si cela pouvait éteindre le feu, nous pourrions faire une chaîne tout autour de la planète, et cracher cracher sur les bombes...

   Provencao   
26/8/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour hersen,

"je poserai sur ma forge un pot de fer avec dedans des couteaux et des drones et des armes et je dirai aux enfants allez jouer plus loin ici il fait trop chaud

j’"

J'ai beaucoup aimé dans ce passage, cette candeur, ingénuité, qui sont l'absolu nous permettant de penser la faillibilité et l'inconstance du J', en son élan et son indécision.

L'innocence est forte dans votre poésie - au sens où elle est à la fois actrice, et destinée à être abimée, lésée ici et renforcée là.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Eskisse   
26/8/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Hersen,

J'ai trouvé très émouvant le passage sur les histoires pour les enfants et l'idée de transmission nécessaire à la régénérescence du monde.

J'ai trouvé pertinent le choix d'un locuteur possesseur d'une forge qui représente ( en lien avec la Parole chantée illustrée par les anaphores "dans l'insouciance de" et " pour qu'ils") ce démiurge créateur d'un (nouveau)monde.

J'ai trouvé envoûtant le passage :
" dans l’insouciance de l’argile fragile
dans l’insouciance d’un besoin de jour"

Merci

   JohanSchneider   
26/8/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai été très frappé par l'irruption finale des drones qui vient fracasser l'impression d'intemporalité donnée par l'évocation de l'argile, des loups, des dragons et des couteaux.

C'est très fort, l'image s'impose et ne s'efface pas.

   Miguel   
26/8/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Il ya là un souffle à la fois rageur et idéaliste, l'expression d'une souffrance de voir les choses telles qu'elles sont, cette réalité consternante. On souhaite de voir victorieuse cette colère exprimée ici avec tant de force, parce que c'est la colère de la justice et de l'humanité bafouées et indignées.

   framato   
27/8/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour hersen,

en premier lieu, j'ai adoré ton texte. Dès le départ, moi qui ne suis pas fan des "reprises" j'ai été happé par l'emprunt à Vernon Sullivan, alias le grand Boris, par son détournement subtil et sa progression vers le "sur la terre entière" (lequel m'a évoqué le conte du colibri qui lutte seul contre le feu.
J'ai adoré aussi le pot de terre versus pot de fer au travers des enfants qu'il s'agit d'éduquer à la violence/guerre pour tenter de les en protéger.

J'ai lu le J' terminal (et bravo pour l'absence de point final très porteuse de sens) comme le sacrifice ultime, la fin létale et brusque, l'explosion de toutes ces armes qui fini par emporter le narrateur.

Un texte très très fort et subtilement écrit...

   Mintaka   
27/8/2022
Bonjour Hersen,
J'adorerais s'il s'agissait d'un billet d'humeur, d'un coup de gueule, d'une diatribe...
Vous allez à l'essentiel et les phrases sont chocs.
Mais voilà, pour moi, peut-être avec petitesse, ce texte n'est pas ou trop peu poétique.
Tout simplement.
Je ne note pas pour ne pas pénaliser votre travail qui mérite par ailleurs d'être apprécié.
Merci à vous

   Luz   
28/8/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Bonjour hersen,

J'aurais du mal à commenter, car je reviens de vacances où j'avais oublié les bombes et tout le reste.
C'est un poème très fort, la douceur juste à côté de la mort. L'argile fragile et l'enfance fragile.
J'irai cracher sur vos tombes-bombes. "Révoltez-vous", disait un grand homme.
Le poème est grand, merci.

Luz

   Hiraeth   
28/8/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément
Quel souffle, quelle puissance, quelles émotions ! Ô tendre rage, ô tendre désespoir ! Très émouvant, jusqu'à la voix qui se brise à la fin. Quand les mots ne suffisent plus pour vivre avec les maux, alors on passe par la poésie, par la métaphore ; mais le silence reprend toujours ses droits, avec ce "j'" final magnifique d'impuissance et/ou de colère.

Faute d'aimer un Dieu absent, nous pouvons au moins haïr les démons qui ravagent le monde, et qu'il nous faut combattre avec toute la tendresse et le désespoir dont nous sommes capables.

Je ne vois qu'un seul mot à enlever dans ce poème : l'adjectif "fragile" au v3. Je sais qu'il est là pour faire paronomase avec "argile", mais l'effet me semble raté ; il me semble redondant et je trouve qu'il rend la fin du vers peu euphonique. "Dans l'insouciance de l'argile" tout court serait beaucoup plus puissant à mon humble avis.

   hersen   
29/8/2022

   aldenor   
29/8/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un petit clin d’œil a Boris Vian, et c’est parti pour une colère désespérée contre la folie guerrière de l’humanité. Les « je », les « et », les « dedans » superflus, tombent comme des coups de poing dans le vide.
Brusque changement de ton l’espace de trois vers et demi sereins, apaisés (« et je reviendrai / prendre soin... ») et puis les « j’ » repartent, pour protéger l’avenir…
Des derniers « j’irai » sans suite, comme une marque d’impuissance. Et le « j’ » final m’a fait l’impression de la main levée de quelqu’un qui s’enfonce dans des sables mouvants...
L’ensemble est très vivant.

NB : Je mettrais un « pour » avant «  qu’ils sachent » et un « pas » avant « dans un champ de flamme », ça me semble dans l’esprit du poème.

   StephTask   
29/8/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément
Un titre en une lettre kafkaïen et l’apostrophe pour le lecteur nous intriguent. Puis, une p’tite touche de Vernon Sullivan (“j’irai cracher sur vos….”) dans le premier vers, suivi d’un brin de Niagara (“j’ai vu…”) dans le deuxième posent parfaitement le sujet : la guerre.
Au fil des vers, l’argile est de plus en plus craquelé et l’insouciance disparaît pour que la sensibilité laisse place à la carapace d’un pot de fer contenant des armes (génial l’idée des drones !). Certains penseront qu’il s’agit plus d’un pamphlet qu’un poème, mais… Qu’importe ! C’est brillant et je peux juste dire … J’…M +++++


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