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Poésie libre
hersen : Le fado
 Publié le 11/01/16  -  16 commentaires  -  1354 caractères  -  277 lectures    Autres textes du même auteur

Le fado est un chant portugais, illustration parfaite de la saudade, cette nostalgie du tiraillement entre la terre et la mer, entre le pays et l'exil. Le ou la fadista s'applique à recréer cette tristesse.


Le fado



Elle chante le fado
Encore et encore.

Dans ce port de pêche
Nul ne voit le monde
Tel qu'il est.
Dans ce pauvre port de pêche
À la lueur falote des réverbères
L'univers n'est que tempête,
Vague et gros temps.

Attablé ou au comptoir,
Pour ne pas parler des absents d'aujourd'hui,
On parle des absents pour toujours.
Ceux partis sans message
Pour l'aimée,
Sans derniers mots pour l'enfant.

Dans ce pauvre port de pêche

Se Deus quiser*
Est la rengaine,
Seul message audible
Du fond d'un océan
De résignation,

Le chant de la fadista,
En peinant,
Se traîne jusqu'au bout de la ruelle
Cueilli alors par le vent du large
Qui,
Ne sachant qu'en faire,
Disperse les notes rauques
Dans la bourrasque.

Hier le corps de son amant dans les abysses
Aujourd'hui un amour trahi
Demain un exil
Tout
Lui étreint tant le cœur
Lui mange tant l'âme
Qu'elle préfère habiller sa détresse
De la robe noire
De la nostalgie.

Et c'est ainsi que
Vivant malgré elle
Son destin

Vivant malgré elle


Encore et encore
Elle chante le fado.



* Si Dieu le veut.


 
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Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Anonyme   
19/12/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Mais revenue une phrase d'Edith Piaf dans une de ses chansons "Et, dans ce décor banal à pleurer", après lecture de votre écrit, ce décor réel primordial est comme une "scène", où la voix vient heurter une tristesse échangée contre une autre tristesse chantée qu'est ce "fado". Un bel écrit bien mené, qui interpelle.

   papipoete   
20/12/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Le chant de la " fadista , en peinant , se traîne jusqu'au bout de la ruelle..." ne serait-ce que pour ces vers, j'écoute ce poème que me lit ma voix étranglée par l'émotion.
Tout est sombre pour cette femme; son coeur, son âme, son habit, et chanter reste sa seule raison de vivre son destin, malgré elle.

   Anonyme   
21/12/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Ha le fado !
L'exercice est difficile. J'aurais aimé pleurer ici mais votre texte manque de force.
Je n'aime pas " Ce pauvre port de pêche. ..", pauvre...c'est trop facile.
Je ne dis pas que je n'aime pas votre poème. C'est moi qui suis exigeante par rapport au sujet.

   madawaza   
27/12/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Très belle évocation d'un port du Portugal.
Vagues, ruelles, océan, bourrasques et
l'absence...
Mais elle chante le fado
Bravo

   Raoul   
28/12/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Joli thème aux inflexions "exotiques" légèrement passéiste à la mode de Mérimée.
J'aime assez le traité, tenu, et un peu - trop (?) - didactique. J'apprécie le choix du vers libre qui se diluent comme un vieil air dans la mémoire des rues, l'idée que "ça" lui "mange l'âme" - belle expression -
Pour la forme j'ai repéré quelques gênes éprouvées à la lecture :
" De la robe noir / De (la) nostalgie " un peu trop redondant et simplifiable quant au sens.
Dans le "Ne pas parler des absents", je ne-pa-pa me grince à l'oreille
De même, particulièrement en début de texte, quelques répétitions très voyantes m'ont gênées…
Malgré ces quelques réserves, (le texte reste sûrement à être poli en bouche tel un caillou) j'ai apprécié l'ensemble, et me suis retrouvé comme lorsque j'écoutais du fado dans quelqu'antre sombre du vieux Porto.

   Anonyme   
30/12/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
C'est un très beau texte équilibré avec des images très justes et sobres.
Je pense un peu à Neruda en vous lisant, pour certains de ses poèmes qui parlent simplement de l'essentiel : l'amour, la terre et la peine, la vie.
Un grand bravo et bien entendu à vous relire,
encore et encore…

Cordialement

   luciole   
11/1/2016
 a aimé ce texte 
Bien
Élégance et sobriété. Quelques belles images. Peut-être le poème manque-t-il un peu d'emportement, de folie. Bon moment à vous lire quand même.

   Vincendix   
11/1/2016
 a aimé ce texte 
Un peu
Autant le thème me plait, autant je suis déçu du traitement dans son ensemble, je ne ressens pas l’émotion du fado dans ce texte, je ne vibre pas à la voix de la chanteuse.
La répétition « dans ce port de pêche », ce « pauvre » port de pêche (me) gâche le décor. D’autant plus que les ports du Portugal ne vivent pas continuellement dans un univers de tempête, ce sont plutôt les pêcheurs de morue qui subissent le mauvais temps quand ils sont en mer, dans le Nord.
Seule strophe vraiment positive pour moi... le chant de la fadista se traine au bout de la ruelle…
Je regrette, j’avais passionnément apprécié votre « Voyage » malgré la forme libre qui cette fois me déçoit.

   Francis   
11/1/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Destins et sentiments se diluent dans des décors que la plume peint en noir et blanc : La lueur des réverbères, le comptoir, la ruelle, la robe noire. Et puis, il y a les bruits, celui du vent, celui des vagues dans lesquels vient se perdre le chant. L'émotion est passée. Merci.

   Automnale   
11/1/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Dans ce port de pêche, nul ne voit le monde tel qu’il est. A la lueur falote de réverbères, l’univers n’est que tempête. Au comptoir, on parle des absents, de ceux qui sont partis sans laisser de message... « Si Dieu le veut », telle est la rengaine, le chant de la fadista qui se traîne jusqu’au bout d’une ruelle. Ce chant raconte le corps d’un amant dans des abysses, un amour trahi, un exil. La détresse revêt la robe noire de la nostalgie... Ainsi chante, chante sans cesse la petite sœur d’Amalia qui, malgré elle, vit son destin…

En règle générale, tout ce qui fleure bon le Portugal, berceau du fado, me plaît bien et me fait rêver... Ici, pour laisser passer un peu l’émotion, peut-être aurais-je donné un prénom à « Elle ». Car, qui est « Elle » ? Tout le monde et personne… La répétition du mot « message » est-elle ou non voulue ? … Et n’est-ce pas étrange, littérairement - peut-être est-ce fait pour marquer le tempo ? -, de placer ces « Où », « Qui », « Tout » seuls sur une ligne ?... En outre, ce « Encore et encore » ne pourrait-il pas être remplacé par des mots plus originaux, donc imagés ?... Et, enfin, la ponctuation se montre fantaisiste.

En conclusion, il y a, à mon sens, du très bon et du moins bon dans ce « Fado ». Qui sait s’il ne suffirait tout simplement pas, pour réussir à faire frissonner l’auditeur, d’habiller les mots d’Hersen - qui connaît bien son sujet - de musique. Auquel cas, appelons vite Misia ou Mariza à la rescousse ! Ne serait-ce que pour modifier la direction de la flèche...

Merci, Hersen, car cette escapade dans la patrie de Fernando Pessoa n'est tout de même pas désagréable... Bien au contraire...

   Anonyme   
11/1/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Lorsque j'ai vu, en page d'accueil, "Le Fado"(musique que j'apprécie énormément), je me suis précipité pour lire en me promettant de rester objectif quand à l'appréciation du texte (sourire).
Le tableau est sombre mais il se devait un peu de l'être pour illustrer la saudade.
" Le chant de la fadista,
En peinant,
Se traîne jusqu'au bout de la ruelle
Cueilli alors par le vent du large
Qui,
Ne sachant qu'en faire,
Disperse les notes rauques
Dans la bourrasque." pour moi la meilleure strophe de ce poème.

Automnale a cité Mariza. Je corrobore et ajoute qu'elle est à mon sens une novatrice du fado et sa reine incontestable.
Il vous reste à trouver un musicien qui maîtrise le genre.

   lala   
12/1/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Hersen,
J’ai beaucoup aimé votre texte d’une sobriété discrète et efficace. Le fado devient une philosophie de vie. Le destin s’accepte, la résignation est omniprésente. Peu importe la « vérité » puisque « Nul ne voit le monde Tel qu'il est ». De situation en génération, la vie est guidée par la nostalgie, la quête d’un équilibre qui passe par l’écartèlement, l’opposition entre des attirances impossibles. « Attablé ou au comptoir », assis ou debout, actif ou impuissant. « Tout Lui étreint tant le cœur », ainsi se chante la vie dans une détresse profonde, dans les profondeurs tristes des abysses, ainsi se vit le fado, la vie malgré la vie.

   hersen   
13/1/2016

   Robot   
13/1/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J'arrive avec un peu de retard pour dire que j'ai beaucoup apprécié ce poème .
Un texte qui a choisi délibérément sa catégorie et qui utilise les possibilités qu'offre le libre avec une habileté dans les différences de rythme qui s'accorde bien au thème du fado.
Un passage que je retiens particulièrement tant il dit simplement beaucoup de choses: "Pour ne pas parler des absents d'aujourd'hui on parle des absents pour toujours. "

   Cristale   
13/1/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Bonjour,

Ce que j'attends, à la lecture d'un poème, quelle que soit sa catégorie, c'est qu'il me touche en m'offrant des images et de la musique. Ici je suis comblée et j'ai pris plaisir à lire et relire votre "fado".
L'atmosphère : feutrée, languissante de l'attente, de l'espérance, du deuil aussi.
Les éléments : vagues, tempête, gros temps, vent, bourrasque, océan, abysse.
La musique rendue par cette harmonie dans la variation de vers longs, de vers courts, parfois composés d'un seul mot.

"Le chant de la fadista,
En peinant,
Se traîne jusqu'au bout de la ruelle
Cueilli alors par le vent du large
Qui,
Ne sachant qu'en faire,
Disperse les notes rauques
Dans la bourrasque."

J'aime aussi ces vers, comme une photographie instantanée, ainsi que leurs assonances :
"Dans ce pauvre port de pêche
À la lueur falote des réverbères"

"Encore et encore
Elle chante le fado."

Encore et encore j'aime un peu plus que beaucoup votre poème.

Bravo et merci hersen.
Cristale

   Pussicat   
13/1/2016
Un texte qui déploie une référence - le Fado - comme une mise en abîme... c'est un peu facile, les images sont toutes trouvées, peu d'originalité dans l'écriture... rien qui ne m'accroche vraiment.
à bientôt de vous lire,


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