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Poésie libre
hersen : Le temps lent
 Publié le 25/05/20  -  18 commentaires  -  1113 caractères  -  322 lectures    Autres textes du même auteur


Le temps lent



son jean avachi sur le dos de la chaise inerte
la casquette à l’écrou

le jour long fait suite au jour long
et le broyat des heures livides
s’entasse à ses pieds
comme des petits bonbons d’ennui
écœurants
trésor inutile

la fenêtre le regarde
tourner le rond
des pompons
de ses chaussons
l’esprit en déshérence
et la télé en couleur

dans la vitre, seule âme
du dedans
se reflète la pendule dalienne
terrifiante
blessant la chair blême
si doucement si doucement
de ses aiguilles molles


mais le rayon doré
livre un combat sans merci
pour assurer le service de jour
il cogne au carreau
poc poc poc
la pendule est sonnée
de tant d’audace
elle reprend ses droits
hypocrite
ajuste ses aiguilles

bon sang, trois heures déjà !
le jean est secoué
enfilé
valsent les pompons et la porte claque

de l’air des gens du bruit

un petit tour et puis revient
en rond en rond petit pataton


 
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   Pouet   
29/5/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Slt,

une vision originale et décalée. Un peu de confinement perpétuel, un peu de l'horloge des leurres (c'est la mienne celle-ci :), un poil de surréalisme ouvert du dedans et d'air mimétique...

Un peu moins fan des sept derniers "vers", ça en laisse toute de même une bonne trentaine de sympatoches.

Pouet

Édit: je viens relire et confirmer du coup mon com en El et mon sentiment concernant la fin. Pour moi le texte se termine parfaitement sur "aiguilles" ou peut-être sur un dernier vers que j'invente moi-même et ça me va très bien ainsi :)

Edit de l'Edit: mon précédent Edit ne sert à rien.

   Donaldo75   
7/5/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

J'ai trouvé ce poème assez surréaliste à tendance ubuesque mais franchement sympa. C'est rafraîchissant de lire une poésie aussi différente, un peu comme un fusil à tirer dans les coins qui serait utilisé par un clown à douze bras.

"dans la vitre, seule âme
du dedans
se reflète la pendule {dalienne}
terrifiante
blessant la chair blême
si doucement si doucement
de ses aiguilles molles"

Ce passage mêle plusieurs éléments de culture et les rend visuels dans l'esprit du lecteur - peut-être pas celui des manuels de montage de meubles en kit, certes, je concède ce point à mes neurones psychédéliques - au profit de l'imagination.

Bravo !

Je vais me prendre une bonne platée de champignons pour me remettre de cette lecture.

   Stephane   
25/5/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour hersen,

Belle poésie avec ce temps lent que j'affectionne particulièrement, tant j'aime flâner et observer les heures s'écouler lentement, si j'ose dire.

Cependant je ne pense pas forcément avoir tout compris car je sens que quelque chose m'échappe, mais c'est très bien comme ça.

Au plaisir,

Stéphane

   Annick   
25/5/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Ce que j'ai aimé : les objets sont les personnages principaux. L'humain est réduit à un pronom personnel.
Mais à travers eux, on devine l'existence de celui qui habite là, sa personnalité même. Une sorte de quotidien avachi, ennuyeux jusqu'à l'écoeurement.

Les objets se toisent ou se livrent un combat ou s'affolent. Ils ont pris possession des lieux. L'ennui est suggéré, paradoxalement, de manière vivante à travers le regard et le comportement des "inanimés".

C'est très habile et joliment tourné !

   Cristale   
26/5/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour hersen,

C'est là que je regrette de ne pas avoir fait l'école du surréalisme car, si je lis de jolis mots, que je constate de beaux assemblages de sons, sans oublier les touches de couleurs (claires, je les vois claires avec des nuances de gris...) appliquées parcimonieusement, si j'entends la référence aux montres molles de Dali, si avec tous ces "si" je ne comprends que tchi, que dalle, que pouic, à ce poème, c'est que je suis incurable du comprenoir*...à moins de me faire greffer d'autres synapses...

Bon, sérieusement, (si, si, c'est possible) je vois un homme, un travailleur sans doute, qui vient faire sa sieste de début d'après-midi et qui est réveillé par les rayons du soleil à travers la vitre à 15h, l'heure de retourner à sa besogne.
Moderne écrit car le jean jeté sur le dossier de la chaise puis ré-enfilé, ça ne s'invente pas. Ca c'est mon montage en kit perso ^^

Voili, voilou, j'ai mis toute mon énergie à observer cet étrange tableau dont mon oeil inexpérimenté n'a pas vraiment su me rendre l'éclat dont l'auteure a auréolé son " temps lent" avec tout son talent.
Incapable de noter, à l'instant T, je laisse cet espace dans une légère errance, comme après un bon repas on laisse sa serviette posée mollement sur la table (là, la serviette molle, c'est pas de Dali, c'est de bibi) .

Cristale
poursuivie par un long soupir...
* comprenoir = dico perso

Edit du lendemain :
"mais le rayon doré
livre un combat sans merci
pour assurer le service de jour
il cogne au carreau
poc poc poc
la pendule est sonnée
de tant d’audace
elle reprend ses droits
hypocrite
ajuste ses aiguilles

bon sang, trois heures déjà !"

Eurêka ! j'ai compris et aimé la personnification et du soleil et de la pendule : le temps est un malicieux qui ne sait pas s'arrêter, aucun répit ne nous est accordé, il faut, vaille que vaille, vaillamment continuer la course après et avec le temps.
L'image de la pendule qui ajuste ses aiguilles est adorable ! Je vais me méfier de la mienne maintenant ^^
Aujourd'hui je note.

   Anonyme   
25/5/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Hersen,

Poème très visuel grâce aux objets qui s'animent. Le protagoniste se heurte éternellement à la vacuité de son existence comme en témoignent le final tout en "rond" et la déshumanisation de l'individu désigné par des pronoms .
Les actions sont évoquées par l'absence puisque ce sont des phrases passives incomplètes qui les prennent en charge. Absence à soi même ? Absence de vie ?

J''ai beaucoup aimé le côté surréaliste de la scène et l'évocation terrible du "temps lent" :"blessant la chair blême / si doucement si doucement".

Merci pour ce partage.

   Provencao   
25/5/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
" dans la vitre, seule âme
du dedans
se reflète la pendule dalienne
terrifiante
blessant la chair blême
si doucement si doucement
de ses aiguilles molles "

J'ai beaucoup aimé la " hiérarchie " dans l'état d'esprit même de la présence avec lequel se présente à vous ce qui vous est charité à chaque jour long de ce temps lent.....

J'y ai lu la présence des reflets vers lesquels se dirige votre attention et qui est une présence " en petit tour et revient". Belle impression temporelle de la présence


Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Myo   
25/5/2020
 a aimé ce texte 
Bien
En général, ce n'est pas le style d'écriture que j'affectionne mais ici, cela me semble plus abordable.
Une belle évocation de ce temps qui s'écoule platement, sans qu'il ne porte de fruit.
Quelques belles expressions me font de l'oeil :
" le broyat des heures livides"
" blessant la chair blême... de ses aiguilles molles"
"l'esprit en déshérence"

Original et décalé sans être sibyllin

Un rare écrit libre qui me parle...
Merci du partage.

Myo

   Anonyme   
26/5/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Hersen

Un titre surprenant, que je ne trouvais pas très beau, le son "en" me semble lourd.
Puis j'ai lu et là, j'accepte mieux ce titre, le comprends et l'intègre, donc.

J'ai aimé :
l'absence de majuscule(s) que je traduis pas un instantané dans un cours du temps bien plus long, bravo !
La mise en page, libre, vrai libre, sans être trop avant-gardiste et "prise de tête", Bien !
Les images, surprenantes, souvent, délicates toujours, découlant les unes des autres ou inattendues pour le plaisir.
Le vocabulaire simple et riche à la fois, ou tour à tour.

Je suis allée voir ce qu'était cette horloge dalienne (je ne connaissais pas le terme), ta phrase est plus belle que les images que j'ai trouvées.
Ce poème nous raconte une histoire, un moment de vie, un "temps lent".
Le dernier vers me semble pas trop utile, en fait, trop "pirouette" moins personnel. J'attends que tu nous en dises plus
(Dé-confinement ?)

Merci du partage,
Éclaircie

   Luz   
26/5/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour hersen,

De toute façon, le temps n'existe pas ; oui, j'ai vérifié.
Très intéressant ce poème sur le temps ou même les aiguilles molles semblent à peine tourner. Il n'y a que le présent qui est perceptible : "poc poc poc..."
J'ai toujours un petit problème avec l'absence de ponctuation, mais comme le temps n'existe pas, peut-être que les virgules non plus...
C'est un très beau poème libre.
Merci.

Luz

   Michel64   
26/5/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Même si je regrette un peu l'absence totale de ponctuation (de l’air, des gens, du bruit,) et de majuscule (au moins au premier mot), ce parti pris n'altèrera pas ma notation.
J'ai bien aimé l'ensemble avec cette quiétude allant jusqu'a l'ennui jusqu'a ce que " le rayon doré... cogne au carreau..." à trois heure (quinze heure ?).

De très belles images :

"...le broyat des heures livides
s’entasse à ses pieds ..."

"... des petits bonbons d’ennui..."

"...l’esprit en déshérence
et la télé en couleur
..."

Merci pour ce poème original dans sa forme, ses expressions et qui parle bien d'ennui et de routine à peine bousculé pour un temps par "le rayon doré".

   Anonyme   
26/5/2020
J'ai relu plusieurs fois votre poème dont j'aime vraiment le fond.

En revanche, pour traiter un tel sujet, j'aurais aimé trouver une forme plus classique ce qui ne m'est d'ailleurs inpiré que par la manière dont se clôt le poème avec une "pointe" finale qui évoque la forme du sonnet. Enfin quand je dis "j'aurais aimé" c'est une manière comme une autre de poser la question : pourquoi cette forme ?
Je pense un peu abruptement que "la musique savante" a manqué un peu à votre désir dans ce poème ( pour paraphraser gentiment qui-vous-savez)

Merci à vous.

   chVlu   
26/5/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément
J'ai plongé avec plaisir dans dans cette baignoire pleine d'un temps visqueux qui vous colle aux membres, vous englue de morosité. Le style parfaitement maîtrisé a même ralenti ma lecture alors que je suis d'habitude un lecteur avide et pressé d'embrasser le contenu.
Cette chute fort bien trouvée me parle, cette sensation d'échapper aux aiguilles de son ennui avec tant de facilité alors qu'on se croyait pris à la glu et en même temps la certitude que demain reviendra à l'identique...

Je crois que j'ai tout aimé le fond et la forme à tel point que je les ressens totalement emboîtés.
Des perles à chaque strophe qui soulignent bien l'ambiguïté qui naît dans l'ennui :
comme des petits bonbons d’ennui
écœurants
trésor inutile

la fenêtre le regarde
tourner le rond
l’esprit en déshérence
et la télé en couleur

blessant la chair blême
si doucement si doucement
de ses aiguilles molles

livre un combat sans merci
pour assurer le service de jour

la pendule est sonnée
de tant d’audace
elle reprend ses droits
hypocrite

Une image qui m'a particulièrement emballé :

et le broyat des heures livides
s’entasse à ses pieds

Bravo le texte mérite que j'ose l'appréciation a sortir avec modération !

   Vincente   
26/5/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai beaucoup aimé ce qui nous apparaît dans les quatre premières strophes. Dans un rythme alangui mais pourtant frais, comme vivifiant par ses convocations assez vibrionnantes :
- ce jour long instillé par le temps lent, et vice versa…
- "le broyat des heures livides / s'entasse à ses pieds / comme des petits bonbons d'ennui / écœurants " (d'ailleurs le "petits" pourrait être enlevé, il alourdit le vers par sa redondance avec "bonbons")
- " la fenêtre le regarde / tourner le rond / des pompons / de ses chaussons / l’esprit en déshérence / et la télé en couleur" (ma strophe préférée !)
- et à sa suite, est aussi très inspirée " dans la vitre, seule âme / du dedans / se reflète la pendule dalienne / terrifiante / blessant la chair blême / si doucement si doucement / de ses aiguilles molles", une expression adroite au sens profond, une vraie réjouissance narrative, à peine sibylline tant elle est parlante dans ses images.

La suite et fin ont leurs pertinences et leurs nécessités, elles donnent une perspective à la scène initiale, mais une partie de la magie s'est envolée, une part de son surréalisme s'est "encombré" de factuel et a forcé l'inspiration à baisser d'un cran, et pourtant une dernière belle trouvaille dans ce passage :
" la pendule est sonnée
de tant d’audace
elle reprend ses droits
hypocrite
ajuste ses aiguilles
"

Une "pendule… sonnée", génial ! qui "…ajuste ses aiguilles "… formidable.

   emilia   
26/5/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un traitement très original et créatif pour montrer la variation de la perception du temps en fonction de la subjectivité de l’instant, en reliant finement à la fois le thème de « l’Horloge » vu par Baudelaire et l’expérience artistique de Dali sur ses « montres molles », dans un tableau confrontant deux personnages principaux – objets personnalisés – que sont ici « le jean et la pendule » et qui permettent de cerner l’état d’esprit et l’attitude de la personne qui le porte (avachi d’ennui/tourner le rond…) le faisant apparaître comme un misérable pantin soumis à cette pendule « terrifiante » dont la suprématie est confirmée par l’expression « seule âme du dedans », semblant subir son agression joliment évoquée de façon poétique : « blessant la chair blême si doucement… », (douceur et torture mêlées), suivie de la savoureuse répartie de « la pendule sonnée qui reprend ses droits… » et bouscule l’occupant du jean obligé de s’activer à nouveau dans la précipitation et quitter sa flânerie…, avec ce rappel des aiguilles qui continuent de tourner en rond… de façon pour le coup très réaliste… ; bravo à l’auteure… !

   Anonyme   
29/5/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour hersen,

Le personnage ne dit rien, ce sont les choses les objets qui parlent pour lui, qui parlent de lui, et dressent son portrait. C'est différent, cocasse et touchant.

Merci.

   hersen   
29/5/2020

   papipoete   
30/5/2020
 a aimé ce texte 
Bien
bonjour hersen
j'essaie de tout commenter ce qui parait en poésie, mais parfois la trame m'égare et me confine dans un coin où gêné je ne sais quoi dire !
Je suis donc revenu poser mes yeux réveillés, sur ce personnage qui attend, attend que le temps passe, et laisse faire le soleil qui monte la garde au-dehors, pendant qu'au dedans on lambine, ne se bouscule pas... il n'y a que l'horloge qui s'active... lentement et s'égrainent sans se presser secondes, minutes, heures... " bon sang, c'est déjà ct'heure-là ! "
NB l'auteure fait parler la vitre qui ne craint rien du propriétaire du jean, et ne se tient pas à carreau... et semble nous dire " quand est-ce qu'il va bouger ? "
" mais le rayon doré... " est la strophe que je préfère !


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