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Poésie classique
Hiraeth : Portrait d'un vampire
 Publié le 20/02/25  -  12 commentaires  -  1602 caractères  -  117 lectures    Autres textes du même auteur

« Peuples, écoutez le poète !
Écoutez le rêveur sacré !
Dans votre nuit, sans lui complète,
Lui seul a le front éclairé. »

Victor Hugo, malheureusement.


Portrait d'un vampire



Peuples, prenez garde au Poète. Amant des ombres,
Il a bu l'eau des morts et rêve de décombres.
Tout est bon pour nourrir ce vampire du Beau,
Et plus que le bonheur, la peine et le tombeau.

Que vas-tu nous chanter, ô sinistre alchimiste ?
N'espère pas m'avoir avec ta mine triste :
Je sais que tu fondas ta cause sur le rien,
Hédoniste riant du mal comme du bien.
Prestidigitateur, passant pour un prophète !
À tes yeux délirants d'esclave de la fête,
Le pire des malheurs n'est que chair à chanson,
Une viande à mâcher et machine à frisson :
Je le sais. Je te sens. De tout plaisir avide,
Ta raison maladive opère dans le vide,
Suppôt de l'Ironie aiguisant son rictus
Aux refrains des défunts du Poètes Circus !
Tu rirais, c'est certain, aux ruines du monde,
Si cela t’inspirait un calembour immonde.
Hypocrite scripteur, ce n'est pas un secret
Que chez toi rien n'est vrai de tout ce qui paraît ;
L'exagération, ta compagne éternelle,
Transforme chaque fait en faconde infidèle :
Tel malheur au travail se change brusquement
En descente aux Enfers sous ta plume qui ment,
Sur fond d'une ferveur communiste-anarchique
(Mais bien sûr tu te fous de toute politique).
C'est là ta signature : écouter de travers,
Travestir le réel pour l’ivresse d'un vers.
Dieu, le diable : des mots, des jouets. Tu t'amuses,
Sempiternel enfant dans les jupes des Muses.
Un sage te chassa de sa juste Cité :
Il te connaissait bien… Et tu l'as mérité.


 
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   GiL   
3/2/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Excellent ! Jubilatoire ! Un régal que cette diatribe enflammée, ce réquisitoire spécieux qui retourne comme un gant chacune des vertus dont se pare habituellement la poésie pour faire du poète un odieux manipulateur sans scrupules !

Le tout écrit en vers classiques sans défaut et dans une langue que ne renierait pas Agrippa d’Aubigné (ni Hugo, bien sûr !), pimentée ça et là de tournures empruntées au langage parlé (Que vas-tu nous chanter / N’espère pas m’avoir / tu te fous), comme entraînées par le torrent de l’invective malgré la retenue de l’auteur …

Le final, très malin, fait appel à Platon pour cautionner cet échafaudage de mauvaise foi : bravo !

Un petit bémol au vers 4 dont la construction m’a fait trébucher ; je verrais plutôt quelque chose comme : « Le bonheur, mais surtout la peine et le tombeau. »

Mais foin de cette peccadille, je suis sous le charme de votre art, méprisable poète !
GiL en EL

   Dimou   
5/2/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
n'aime pas
Bonjour

Je suis pas d'accord avec le propos, sans prétention aucune je suis né poète et puis rendre mon avis. Moi je crois en Dieu et je ne ment pas la plume en main. Je suis accroc à la "loserie" il est vrai, mais tout ceci, qui est très bien écrit au demeurant, semble être pondu par quelqu'un qui ne connait son sujet qu'à moitié pardon. Tous les poètes ne sont pas communistes non plus. C'est un angle de lecture peut-être prétentieux que de le prendre pour moi mais vous faites une généralité.

Et puis "malheureusement" pour appuyer le dépit que vous avez de citer "l'homme-siècle". Rien n'est à sauver chez le poète mais non bien sûr.

Je ne suis pas enchanté au sortir de ma lecture.

Ce texte est écrit par un auteur ou une autrice qui tient une vraie plume, qui, je le reconnait, peut même être pétri de talent, mais qui crache dans sa propre soupe

Tout n'est pas à jeter dans ce constat sans concession, l'exagération venant du poète, son ironie.

Mais moi je suis dévasté par le malheur de ce monde et ne rie pas dans les ruines. Peu de poètes en rient croyez-moi. Je parle des purs sucres.

Un bon texte, oui, mais non. Quel est le but d'un pamphlet pareil je suis dubitatif.

Pas pour moi. Merci du partage

Dimou en EL

   Mokhtar   
6/2/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Au secours, Platon se déchaine ! À l’aède, Oniris est un refuge de menteurs, de travestisseurs de vérité. Tout leur est prétexte à délires et divagations.Toute circonstance de la vie humaine est l’occasion de déviations et d’exagérations insensées et ridicules.

Et, grâce à leurs canines acérées, ils pompent sur leurs captures le sang qui nourrit leurs divagations.
Pire, le poète se dit inspiré des muses et des Dieux. Il se sent divinement illuminé ? En fait, ce n’est qu’un illuminé.

Tout ce qui n’est pas vérité objective est gangrène, parasite sur le réel. Chassons le poète hors de la cité : la vie sera plus belle. Le salut, c’est le matérialisme objectif.


Bien sûr, ce texte est à prendre au deuxième degré, avec humour. L’auteur y pratique l’antiphrase, en jouant le cheval de Troie sur le site
.
La preuve, il use du lyrisme et de la forme poétique typiquement hugolienne pour asséner sa vindicte. Et avec talent

C’est très bien fait, original. L’auteur a du style : il devrait écrire des poèmes.

Merci pour ce très captivant moment de lecture.
Mokhtar en EL

PS Attention, amis oniriens !!! Cristale sort tout droit d’un tableau de Munch…Papypoète n’écrit pas du Jura, mais des Carpathes…On a vu Lebarde à Dusseldorf…Myndie adore aller au bal chez Polanski…et BSL refuse de manger de l’ail. Et votre serviteur s’est vu gratifié ici des quelques empreintes de crocs dans le cou qui ne laissent pas de doute…

   Ornicar   
12/2/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Remarquable !
Et profondément jouissif à plus d'un titre. L'idée de départ - faire du poète un "vampire du beau" pour mieux le dénigrer par la suite et prendre ainsi l'exact contrepied de la citation d'Hugo - m'enchante. Elle est, ici, parfaitement assumée puis exploitée. Et dans ce qui revêt l'apparence d'un brûlot, mais un brûlot parfaitement millimétré, il y a tout ce qu' il faut pour descendre cette icône de son piédestal. A commencer par le tutoiement de rigueur, histoire de régler définitivement son compte à cette figure tutélaire, cet "aristocrate" des lettres : "Que vas-tu nous chanter, ô sinistre alchimiste ?" Insolente et tonitruante entrée en matière, prometteuse et propre à réveiller les morts. Baudelaire et son "prince des nuées" n'ont qu'à aller se faire voir ailleurs.

Les images convoquées sont éloquentes avec un sens de la formule qui fait feu de tout bois : "Poètes Circus", "les jupes des muses"... J'adore ! C'est un régal à lire. On ne s'ennuie jamais et rien n'est figé ou poussiéreux dans cette "mise en garde aux Peuples", inspirée d'un bout à l'autre. D'autant plus savoureuse à lire qu'elle est truffée d'allitérations et d'assonnances jamais pesantes à force de vouloir en faire trop. Quelques exemples de cet équilibre entre nécessité ludique et esthétique : "Une viande à mâcher et machine à frisson", "hypocrite scripteur, ce n'est pas un secret", "aux refrains des défunts", "Transforme chaque fait en faconde infidèle","écouter de travers / Travestir le réel pour l’ivresse d'un vers"... pour n'en citer que quelques uns.

Ce texte est savoureux et habile jusque dans son procédé qui consiste à reprendre à son compte tous les codes de la cible qu'il s'est choisie. Dans un exercice de parodie, voire d'auto-parodie. Quoi de mieux, en effet, qu'une prosodie classique parfaitement ajustée pour vilipender la figure du Poète dans un saisissant et puissant effet miroir. En prenant pour "modèle", sa "victime". Comme si, dans cette mise en abyme, l'hommage et le respect, jamais très loin, se cachaient derrière la critique de façade. Au fond, rien n'est sérieux, tout est second degré.

Savoureux, cet écrit l'est jusque dans son incipit qui révèle, à mon avis, un sens maniaque du détail et un goût manifeste de l'auteur dans l'art de la mise en scène, de "se" mettre en scène : "Victor Hugo, malheureusement". "Malheureusement" !... Voyez-vous ça... Je n'en crois pas un mot ! Pour moi, l'auteur est parfaitement conscient de la qualité et de la valeur de son poème.
Et je veux bien aller me faire pendre si, au box-office d'Oniris, ce texte ne fait pas un carton.

   Vincent   
20/2/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour vampire

Merveilleuse tirade genre classique

Elle m'a beaucoup plu

Sans ce rebelle furieux qu'il y a au fond de nous que serions nous, des blablabla genre réseaux

Les poètes sont des mercenaires de la grande aventure, il faut bien passer par Dieu le Diable et toutes nos contraintes pour se libérer

La poésie c'est une analyse de rocker de troubadour de brigand de menteur et autres .....

Merci pour ce grand texte

   Cristale   
20/2/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Mais non, le poète ne ment pas, il habille la vérité toute nue, il la coiffe, la maquille et l'installe sous des spots de différentes couleurs selon son état d'esprit du jour. ^^
Un défi d'écriture lancé à la face "du" poète qui, si j'étais "lui", se gausserait de satisfaction d'être ainsi portraitisé.

"Hypocrite scripteur, ce n'est pas un secret
Que chez toi rien n'est vrai de tout ce qui paraît ;
L'exagération, ta compagne éternelle,
Transforme chaque fait en faconde infidèle"

À ces vers je répondrais (toujours si j'étais ce poète) : "qu'est-ce que tu en sais" avec un rire satanique ^^^^

Cristale,
... commentaire effectué lors d'une petite évasion d'un tableau de Munch ^^

   papipoete   
20/2/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
bonjour Hiraeth
Vous, peuple de tout continent, écoutez ce que le vampire, assoiffé de drames, insatiable dévoreur d'enfant, affamé de chair aux courbes jolies, lui dont seul le sang peut rendre heureux... et bien vite
fermez vos oreilles, et prenez un sac pour vomir !
NB non, le vampire n'habite pas un château des Carpates, mais la maison de ce voisin irréprochable ; ce tribun qui harangue les foules et signe décrets contre la PAIX à tour de bras !
" travestir le réel pour l'ivresse d'un vers "
" le pire des malheurs n'est que chair à chanson "
des lignes qui vont comme un gant, à un Vampire des temps modernes !

   ALDO   
20/2/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
Bonjour Hiraeth

" Les poètes n'ont pas la pudeur de ce qu'ils vivent : ils l'exploitent. "


C'est bien le problème de la poésie de l'Idée:

il existe souvent une formule plus lumineuse,
un éclair plus terrible qui résume

et illumine un instant le pays sinon resté sombre.

   Myndie   
20/2/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
« Poètes, vos papiers ! » C'est fou ce que j'ai pu penser à Ferré en vous lisant car lui aussi a crié haro sur les poètes mais bien sûr, pas pour les mêmes raisons que vous, sans doute plus au premier degré, mais avec autant de raillerie et aussi cette trivialité provocatrice qu'il n'y a pas dans votre écriture au clacissisme exemplaire.
Je n'ai rien a ajouter aux précedents commentaires qui ont su comprendre et apprécier la finesse de la diatribe, à part peut-être vous demander, comme Mokhtar « avez-vous déjà songé à écrire des poèmes ? »;-D
Et vous applaudir bien sûr

Les poètes ne vous remercient pas.
Myndie, dite Vampirette.

   BlaseSaintLuc   
20/2/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Évidemment à prendre au second degré, ah, sacré poète , qui rime les Maux avec les *Laids-treux .
Qui pisse sur les tombes, et va battre campagne pour Son mas de cocagne.
Un trait de Baudelerisme , dans de la transe Hugolienne.
Vive le son, vive le son du poèton!

   Provencao   
20/2/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Hiraeth,

"Peuples, prenez garde au Poète. Amant des ombres,
Il a bu l'eau des morts et rêve de décombres.
Tout est bon pour nourrir ce vampire du Beau,
Et plus que le bonheur, la peine et le tombeau."

Mon passage préféré où bien évidemment c'est cette juste limite qui pose ou pas question...
Quels sont-ils ces mots, pensées, ressentis, à quoi les reconnaît-on?

Cela dérange ? Cela dégoûte, cela fait peur?, cela crie au scandale ?
Moi, j'y ai lu une création presque artistique, de pensées, d’écriture.., parmi d’autres. Mais dès lors qu’ils créent dégoût ou rejet... on parle de provocation ou autre.

Je ne partage pas cet aspect et ce ressenti.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Stuart   
21/2/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Un texte assez jubilatoire. Ce qu'il faut d'ironie et de réel savoir-faire pour que l'on vous suive avec intérêt jusqu'au bout. Un réel plaisir des mots donc... Mais je ne sais trop pourquoi, cela me semble - un peu- inutile... Cette impression ne vaut que pour ma propre subjectivité. J'aime bien ce texte.


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