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Poésie contemporaine
ikran : Amour Famille Auschwitz
 Publié le 27/01/16  -  15 commentaires  -  1955 caractères  -  238 lectures    Autres textes du même auteur

Trois choses importantes dans ma vie : la présence d'un autre être, le combat contre les serres d'une famille, et le souvenir des choses du monde.


Amour Famille Auschwitz



Je parlerai d’amour à celle que j’aimais.
À ses yeux bleus, à ses
Charniers.
Dans les bassins fruités
De sa silhouette.

De sa cervelle en crue
Pêcherai l’horizon,
Comme un fou s’astiquant
Les ongles avec le ciel.

Il n’y aura dans les astres
Qu’une bouillie confuse,
Comme une soupe atroce
Et des carcasses vides.

Et nous serons heureux.


*

Laissez-moi vous dire,

*


Le soleil le soleil sur l’Auvergne éblouie.
Et le ciel et le ciel comme un peigne à minuit.
Je vous dis ce clocher comme un œil qui s’abyme
Dans un ciel rabougri – son chapeau s’y dessine.

Mon âme a vu l’odeur de la cuisine un soir.
J’ai su qu’il était temps de batailler les Hommes
Et de bouffer sans fin des rêves éparpillés
Sur la table explosée de prétentions adultes.

Alors j’ai mâchouillé l’horizon l’horizon ;

Comme un dessert ignoble –

De mon ciel j’ai pissé. (Et j’ai bien eu raison)

Si ça me chante alors demain je m’en irai,

Loin des tables, un soleil dans le fion… dans le fion.


*

Que tout est lié.

*


L’œil se fripe à l’air dans l’instant illimité.
Les forêts raclent le sol.
Une bouche dans un vagin – terreau – s’exprime :

« C’est un endroit plein d’os brisés
Où les étoiles sont enterrées
Dans le calme hideux des sentiers
Cet endroit c’est, cet endroit c’est,
Un peu comme un champ d’orchidées
Dont les pétales auraient gobé
L’ensemble de l’humanité
Cet endroit c’est, cet endroit c’est,
… »

Deux ou trois paires d’ailes dans
L’accalmie s’en vont d’autres
S’en viennent.
Le silence – ici-bas –
Est passé
Comme un train
Dans le fer des siècles.

Des siècles.


 
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   Anonyme   
6/1/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour,
Je suis enchantée, remuée par cette lecture.
D'abord, vous parlez bien de l'Amour, sa beauté, un côté indécent juste comme il le faut, ses phases plus compliquées et puis ce "Nous serons heureux" dans cette réalité.
Ensuite, la part du lien familial, d'où vous venez. Ce lien si fort, dont il faut se détacher un peu...pour être vraimant soi et voir le monde. Oui, vous avez eu raison de pisser dans votre ciel.
Et puis ce monde...dont l'horreur est parfois si indicible...trois petit points.
Mais vous en parlez si bien, pour ne jamais oublier et qu'après il y a aussi autre chose, que le monde tourne.
Et vous le dites avec beaucoup de justesse.
Absolument tout est lié.
J'ai reçu ce texte comme une parole libératrice.
Bravo!

   Raoul   
11/1/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Ce triptyque est un tour de force !
J'aime beaucoup, beaucoup.

Pour ne rien vous cacher, à la lecture de la phrase de présentation, je craignais le pire (j'ai tellement souvent lu sur O.be de textes au pathos dégoulinant sur les thèmes évoqués ci-dessus)…
À la lecture, je suis conquis.

J'aime tout.
La délicatesse du passage du futur à l'imparfait du premier texte qui suffit à dire "d'où ça parle", la beauté et l'horreur dans la même phrase, en un enjambement, le traitement par l'image qui comme en un flash passerait d'un portrait de petite fille à la brûlure immense que le napalm a laissé dans son dos, le champs lexical qui va de la dévoration à la carcasse fumante (belle audace pour une déclaration d'amour) créant ainsi une sorte de cérémonie à la cosmogonie impressionnante et touchante.
J'aime aussi la gravure auvergnate, toute en charbonneux et en minéral, où l'on perd l'innocence, où l'on rumine, où l'on rumine avant d'enjamber l'horizon…
Et "l'instant illimité" - réminiscence des "Lointains intérieurs" de Michaux? - aux "étoiles (…) enterrées", les scansions, les échos, les torsions, les imbrications…
"Laissez-moi vous dire, / Que tout est lié" ô combien, puisque tout s'interpénètre et enfante.

Tout est sensible, viscéral, urgent. Je retrouve ce que devrait être la poésie si -et pour paraphraser Clémenceau- elle n'était pas laissé qu'aux "pouets".

Merci infiniment pour cette lecture qui ne sera pas oubliée sitôt l'écran éteint et va travailler et faire son œuvre.

[Ça y est je suis calmé, j'ai pris mes gouttes !!! ;-)]

   hersen   
27/1/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Il est si vrai qu'on peut tout dire en poésie.

Et de quelle manière, ici ! C'est magistral.

Je l'ai lu trois fois et je n'ai pas encore "fini" de le lire. C'est le genre de texte dont il faut du temps pour se remettre.

Les mots, les mots, toujours les mots.

Merci.

   Anonyme   
27/1/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
De bien belles choses et fortes dans ce poème, mais parfois malgré les parties il me semble que les thèmes se télescopent un peu trop, par exemple le dernier quatrain de la première partie me semble en rajouter si le thème de ce début est l’amour d’une femme, ça me fait un peu l’effet d’une surenchère, et si ça doit faire écho à l’évocation des camps de concentration…je ne vois pas trop le rapport, bien que vous précisiez que toutes choses sont liées, et c’est sans doutes vrai mais pas comme cela (ou bien il me manque des éléments).
Et si certains des vers précédents sont déjà à la limite, il y a des images qui me plaisent beaucoup par leur fulgurance, comme le fou s’astiquant les ongles avec le ciel (me fait penser à des peintures de Dali).

Deuxième partie…bon, le soleil dans le fion me gêne un peu, pas que ça brûle tant que ça finalement, mais ça me dérange un peu pour vous suivre…je ne suis pas habitué. Et je trouve ça un peu dommage.

La troisième partie est vraiment la meilleure pour moi. C’est très très fort. Et sans pathos dégoulinant, comme dit Raoul, quoique moi le pathos ne me gêne en rien, bon pas trop baveux quand même.
Dans cette partie ce qui me plaît c’est la force de l’image du champ de fleurs ayant gobé l’humanité et sa justesse, je crois. En fait à partir de "l’oeil…" jusqu’à "…cet endroit c’est".

La toute fin est un peu moins forte.

Globalement j’ai apprécié ce texte, mais je l’aurais encore plus apprécié il me semble avec un peu moins d’outrance dans "l’anti-pathos dégoulinant", si je puis dire.

Quoiqu’il en soit, bravo et à vous relire

C.

   Robot   
27/1/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un texte tout en nuances ou les mots, les images et les métaphores apportent émotion et sensibilité. Quand le tragique ne tue ni l'amour ni l'envie de poursuivre le chemin.
Je me suis immergé dans ce superbe texte travaillé avec justesse.

   Anonyme   
27/1/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un triptyque mené de façon magistrale où les images s'enchaînent en suivi ou en flash-back.
J'ai apprécié, entre autres, " les bassins fruités
De sa silhouette "
" un œil qui s’abyme
Dans un ciel rabougri ".
" Dans le calme hideux des sentiers "

Le troisième volet est mon préféré.

   leni   
27/1/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
ikran
votre texte m'a mis ko oui compté dix Les images renforcent les mots et vous martèlent et il faut s'accrocher
Comme un fou s'astiquant les ongles avec le ciel

et le ciel comme un peigne à minuit

Et de bouffer sans fin des rêves éparpillés
Sur la table explosée de prétentions adultes.

je devrais recopier tOUTE la 3ème partie
et alors me prend l'envie de me taire

Mes respects pou votre écrit MERCI

   Vincendix   
27/1/2016
 a aimé ce texte 
Pas
Je respecte la « poésie » dite contemporaine et je l’apprécie quand je comprends ce qu’elle représente, ce n’est pas vraiment le cas de ce texte. Au troisième vers, je me demande ce que viennent faire ces charniers ?
Ensuite, c’est une succession de phrases incohérentes pour moi, je n’ai rien compris, pêcher l’horizon et le mâchouiller, astiquer les ongles au ciel, un soleil dans le fion, une bouche dans le vagin….

   Pouet   
27/1/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un texte très bien écrit. Du souffle, un texte fort, prenant.
Assez bluffant en fait.
J'aime beaucoup les images, le propos, l'engagement.

Vraiment, j'ai pris plaisir à vous lire.

Si je devais apporter un Bémol ce serait pour quelques répétitions évitables à mon sens, pas les répétitions les unes à la suite des autres pour renforcer le propos et le rythme. Mais par exemple "Et le ciel et le ciel (...) dans un ciel rabougri" dans la même strophe.
Je ne suis pas trop convaincu non plus par "le soleil dans le fion" , le terme fion ne me choque pas mais ne fait pas gagner le poème en puissance à mon avis. Le soleil, une étoile jaune?

Mais bon dans l'ensemble et je le répète ce texte m'a vraiment interpellé, dans le bon sens.

Bravo

   Anonyme   
27/1/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J'ai lu aussi vos autres poèmes et celui-ci, vraiment, me confirme que vous avez véritablement un don pour dire les choses autrement.
Par votre style, vous leurrez en quelque sorte l'oreille (ou la pupille) mollasse du lecteur afin de la ragaillardir, de la ressusciter. Et à chaque fois cela fonctionne. On se prend ici les trois volets en pleine face, et mon dieu que ça fait du bien!
L'idée que je me fais de la poésie d'aujourd'hui est sauve.
Merci Oniris, merci ikran.

   Francis   
27/1/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Sous des mots qui cognent comme des uppercuts, j'ai retrouvé des mots auxquels ma vie est amarrée : l'amour pour des yeux bleus, la famille réunie dans les odeurs de cuisine et les leçons du passé qu'il faut encore et encore méditer. Dans le ciel d'Auschwitz, il y a le silence ; il y a des oiseaux qui volent. Alors, malgré les "soupes atroces et les bouillies confuses", malgré les discours haineux et les esprits étriqués aimons !

   Ascar   
27/1/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
A la première lecture, je suis saisi par la beauté des évocations qu'enfantent vos associations de mots complètement originales.

En essayant d'en saisir le sens précis, je me perds en suppositions. Il y a dans votre texte comme une dimension mystique qui ne me permet pas de saisir le fond de votre pensée.

C'est gênant d'un prime abord mais finalement cela confère à votre écrit un caractère surréaliste.

On ressent que c'est beau, mais sans pouvoir vraiment l'expliquer...

Bravo



J'aime particulièrement le 1er volet.

   Bingo   
28/1/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai cru voir un film de Pedro Almodovar. C'est tout dire.

   GilbertGossyen   
31/1/2016
Je ne sais pas quoi penser de ce texte. Il est puissant et évocateur, c'est sûr, et je crois qu'il décrit bien l'horreur, en tout cas, ce que j'en imagine. Au fond, je crois qu'il me dérange, mais peut être justement parce qu'il est trop évocateur. Et après tout, c'est aussi le rôle de la poésie, de déranger.

Vous avez du courage d'avoir écrit un texte sur un tel sujet.

   Meaban   
28/4/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément
je vous découvre, et la légèreté grave qui émane ici parle encore par la voix d'un recul décalé qui fonctionne pour moi, l'impression d'un destin commun...?


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