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Poésie contemporaine
inconnu1 : Quand Catherine choisit Jules, Jim reste seul
 Publié le 01/02/18  -  11 commentaires  -  1303 caractères  -  204 lectures    Autres textes du même auteur

Quand deux amis aiment la même personne, généralement l'un des trois souffre du bonheur des deux autres. Je n'ai pas été l'élu.


Quand Catherine choisit Jules, Jim reste seul



L'hiver s'est invité au balcon de novembre.
L'automne s'autorise un tout premier faux pas.

L'herbe est devenue raide et crisse sous les pas.
Le givre s'éternise aux barreaux de ma chambre.

Au-dessus de mon lit, les chiffres déambulent,
Passent, laissent leur place et reviennent plus forts,
Coloriant le plafond d'un tableau funambule
Qui me tient éveillé. Et vous rêvez encore.

Il pèse sur la nuit comme un air d'encensoir,
Qui rend le ciel opaque et la terre engourdie.

Le câble en contrebas se réveille alourdi
De glaçons qui lui font de longs rubans d'ivoire.

Votre table est semée de croissants aux amandes,
De pots de confiture et de fruits de saison.
Vos yeux sont pétillants et vos lèvres gourmandes.
Mes placards sont vidés, autant que ma raison.

Sous des frimas pointus comme des arrachoirs,
Les chats en rangs serrés se pelotent de laine.

Les arbres mortifiés font des croix dans la plaine.
La campagne agonise et nous le fait savoir.

Dans votre cheminée les flammes s'épaississent,
Tapissant les parois de vos ombres mêlés.
J'ai fermé les volets, bouché les interstices,
Ma chambre est grelottante, et mon âme est gelée.


 
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   Brume   
13/1/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour

Personnellement je trouve que le titre (assez bof) et l'exergue mettent à défaut votre poème. Trop explicites. Cela a perturbé mon interprétation.

Le spleen est atmosphère. Le monde qui l'entoure accompagne le narrateur dans sa triste solitude. L'ambiance est vraiment très pesante. Des vers très beaux et porteurs d'une lourde charge émotionnelle.

Petit bémol :
- " La campagne agonise et nous le fait savoir" - j'aurais préféré "La campagne agonise et ME le fait savoir", à la place de "NOUS le fait savoir". Parce que si le NOUS indique le narrateur et le couple alors selon moi c'est une erreur car étant donné que le couple semble heureux il s'en moque un peu que la campagne agonise. Ou alors ce NOUS indique autre chose qui m'échappe.

Belle fluidité, belle écriture d'une grande sensibilité.

   Mokhtar   
23/1/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Le froid qui saisit le cœur de l’éconduit trouve la solidarité de la nature qui se glace à l’unisson.

Les quatre premiers vers plantent de belle façon le décor et l’ambiance. « Faux pas de l’automne » : belle trouvaille.

Survient le second quatrain qui m’est totalement incompréhensible. Une clé doit m’en échapper. Je suis curieux d’explications à son propos.

Des glaçons (translucides) en « rubans » d’ivoire (opaque et jaune) : je n’adhère pas vraiment.

La seconde partie entre plus dans le film de Truffaut, dans cette cohabitation à trois qui confronte la chaleur du couple d’amants à la glaciation de l’amoureux…transi.
Les chats qui se « pelotent de laine » : très joli. Mais pourquoi en « rangs serrés » ?

Les six derniers vers sont superbes, et donnent son cachet au poème.
Les deux premiers et les deux derniers, tout en glaciation, poursuivent la comparaison entre la nature et le cœur envahis par le froid.
Ils encadrent les chauds émois. L’image des ombres enlacés sur le mur est magnifique.

Mais ce sont les vers : « les arbres mortifiés….nous le fait savoir » qui ont ma préférence. Le choix de termes liés à l’humain : « mortifiés…agonise…fait savoir » appliqués à la nature (solidaire) illustrent de façon subtile le thème de ce poème.

   papipoete   
1/2/2018
 a aimé ce texte 
Bien
bonjour inconnu
nous étions 3, en fait 2 gars pour une fille, puis un jour Catherine s'enflamma pour Jules et me voici seul à présent .
NB la nuit est le moment le plus dur avec pour seule compagnie, les heures qui éclairent le plafond, et le jour tout parait gris du ciel jusqu'au fond du coeur de Jim ; je ne sais pas si Jim imagine les 2 tourtereaux ou s'ils sont là près de lui, mais quoi qu'il en soit la tristesse ne le quitte plus !
Les 6 derniers vers pèsent très lourd pour notre esseulé, et sont si forts !

   Anje   
1/2/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Très joli poème qui se lit sans essoufflement et qui respire un désespoir mesuré.
"J'ai fermé les volets... mon âme est gelée" pendant que vos "ombres mêlées"(au passage je verrais mieux un accord féminin) dansent sur les murs. Rien qui ne parle d'un chagrin sans issue mais qui me laisse entrevoir une guérison. C'est bien.
Le vocabulaire simple convient bien à la description mais le titre m'apparait un peu long et trop explicite en avertissant de la conclusion.
A vous relire.

   Anonyme   
1/2/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
L'exergue aide à la perception immédiate du fond.
J'ai bien aimé la façon de traiter le sujet. Pas de lamentations ni pathos.
Le froid règne autant à l'extérieur que dans l'esprit du narrateur.
" J'ai fermé les volets, bouché les interstices,
Ma chambre est grelottante, et mon âme est gelée "

Ce qui est intéressant, c'est, d'une part, l'antagonisme décrit entre ce qu'il ressent et le bonheur de ce couple, d'autre part ce parallèle avec la nature en hiver.
" Vos yeux sont pétillants et vos lèvres gourmandes.
Mes placards sont vidés, autant que ma raison. "

" Les arbres mortifiés font des croix dans la plaine.
La campagne agonise et nous le fait savoir ".

De belles images dans ce texte.

   Anonyme   
1/2/2018
 a aimé ce texte 
Bien
Dans votre écrit la nature sert trop de support à votre désarroi.
Ce qui fait que les émotions me viennent de ces images, là plus fortes et non de l'histoire que me titre "Quand Catherine choisit Jules, Jim reste seul", cela n'apparait qu'en filigramme.

Il m'a fallu ainsi lire plus attentivement pour mieux percevoir un ressenti global, cela est venu petit à petit. Cependant c'est dans les strophes 3, 6, et 9 qu'est venue la véritable clé qui ouvre le partage de l'écrit. Le ton est donné par ce jeu d'alternance entre "je" et "vous".

Un texte fluide, agréable à lire.

   Bidis   
1/2/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Magnifique poème où l'on sent un coeur gelé d'un côté et la chaleur de deux coeurs réunis de l'autre. Et la comparaison avec les effets de la nature est une belle trouvaille.
Petite remarque qui n'enlève rien à mon admiration : je n'ai pas compris de "tout premier faux pas" de l'automne. J'aurais mieux compris "le tout dernier faux pas" puisque l'on est en hiver...

   Quidonc   
3/2/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour inconnu,

On ressent tellement fort l'amertume de poète de ne pas avoir été préféré à l'autre.
Envie, jalousie, tristesse tout est dit dans le dernier quatrain

Dans votre cheminée les flammes s'épaississent,
Tapissant les parois de vos ombres mêlés.
J'ai fermé les volets, bouché les interstices,
Ma chambre est grelottante, et mon âme est gelée.

J'ai beaucoup aimé

Merci pour ce partage

   inconnu1   
7/2/2018
http://www.oniris.be/forum/merci-pour-quand-catherine-choisit-t25245s0.html#forumpost338317

Une réponse et des remerciements tardifs pour tous ceux qui m'ont aidé pour c epoème

   Synoon   
8/2/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Au vu du titre et de la présentation, je m'attendais à un poème très médiocre. Entre autres parce que j'aime assez peu les noms propres de personnes lambda dans les poèmes.
Mais j'ai été agréablement surpris dès le premier vers ! :)
Les mots se suivent agréablement en une douce mélodie très poétique.

Je n'avais pas compris le quatrain des chiffres avant d'aller en lire l'explication sur le forum, faute d'avoir connu ce genre d'appareil, probablement.

J'ai également tiqué sur la prononciation de "de croissants aux amandes". "ss" suivi d'un double "z", j'ai personnellement du mal à le prononcer du premier coup.

J'aime particulièrement le dernier quatrain, et le "bouché les interstices" qui appuie vraiment bien l'envie de s'isoler totalement, d'avoir le loisir d'être malheureux en paix.

   Eki   
9/3/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'aime beaucoup tout simplement. Il y a le rythme, l'écho comme au tennis...les contradictions, les oppositions, l'indifférence opposée au manque, à l'envie, au désir...Presque un duo entre absence et présence.
J'ai dépassé le titre pour venir jusqu'à ce texte, comme quoi : le choix des écrits est importants. Je pense que ce texte méritait mieux comme accroche.

Eki ira chercher un pot de confiture chez Catherine...


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