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Poésie néo-classique
inconnu1 : Un soir de liberté
 Publié le 19/01/23  -  11 commentaires  -  1390 caractères  -  268 lectures    Autres textes du même auteur

À tout ceux qui y ont cru, de Tiananmen à Damas.


Un soir de liberté



C'était un soir d'automne où la brume fumait.
Dans un bois de feuillus drapés de moleskine
Elle fuit d'un bouleau qu'une brise mesquine
Dénudait par endroits.

Partout, la ripisylve exhalait un fumet
De bois mort et rongé s'effritant sur la rive.
Le fleuve recouvrait d'écume à la dérive
Ses méandres étroits.

Enchaînée à ses sœurs dans une pantsula*,
Elle s'abandonnait, allègre et désinvolte.
Il flottait dans la nuit comme un vent de révolte
Et de légèreté.

Curieuse de tout, voguant de-ci de-là,
Croisant des papillons qu'elle appelait ses frères,
Elle se réchauffait du feu des réverbères
Avec dextérité.

Mais le vent décida, brusquement, sans raison,
De tourner son regard vers des feuilles plus frêles.
Elle eut beau s'agiter, vouloir battre des ailes,
Décoller à nouveau…

Hélas ! Quand le soleil ébrécha l'horizon,
Au bout de tant d'efforts avant qu'elle n'abdique,
La jeune dissidente eut une fin tragique
Au fond d'un caniveau.

Elle s'imaginait maîtriser le destin,
Qu'une feuille pouvait, pauvre chose crédule,
Un soir de vent clément, se rêver libellule,
Et que la liberté résistait au matin.


* La pantsula est une danse de résistance, née en Afrique du Sud pendant l'apartheid.


 
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   Miguel   
5/1/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Le vers 23 est un peu prosaïque ; parmi les autres, il y en a de fort beaux. Mais heureusement qu'il y a un exergue, sinon le texte serait un peu hermétique.

Miguel, en EL

   Donaldo75   
11/1/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
C’est un poème réussi ; j’en apprécie particulièrement le champ lexical étudié, riche et fin qui me fait presque sembler bête tellement certains mots ne sortent pas du langage commun. Ceci étant dit, c’est tant mieux car la poésie ce n’est pas forcément uniquement l’affaire d’Odette Toulemonde et dans le cas présent les mots m’ont fait voyager, un peu comme quand j’entends une chanson en italien alors que je ne comprends pas forcément cette langue mais que le phrasé chatoyant effleure mes neurones et envoute ma lecture. La forme est nette, sans scorie.

Bravo !

   Anonyme   
19/1/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Pourquoi doit-on faire preuve de dextérité pour se chauffer au feu des réverbères ? J'avoue, avec mon côté pinailleur, avoir buté à cet endroit. En rerelisant, je comprends mieux : la feuille volette, pour présenter le plus de surface possible à l'éclairage du réverbère il lui faut un minimum d'adresse. Cela n'a pas été immédiat pour moi.

Sinon, je trouve l'idée fort belle, et le rythme que vous avez choisi pour vos quatrains la sert très bien selon moi ; l'hexasyllabe me fait me représenter la feuille déviant brusquement, se retournant aux sautes de la brise. Je n'aurais pas craché sur plus de fantaisie encore, mais l'équilibre est délicat entre expressivité et désordre, je peux comprendre que vous ayez voulu rester du côté sûr de la Force.

De belles images à mon goût, les feuillus drapés de moleskine par exemple ; la soif finalement déçue de liberté parcourt allusivement tout le poème avec délicatesse et légèreté, à mon avis c'est habile – expressif et touchant. La feuille qui s'efforce de battre des ailes, en revanche, je coince (j'ai tendance à trouver les expressions corporelles associées à de l'inanimé facilement burlesques). Mes vers préférés :
Il flottait dans la nuit comme un vent de révolte
Et de légèreté.
et le dernier qui clôt à merveille avec cette note mélancolique !

   Anonyme   
19/1/2023
Bonjour

Une feuille pour symboliser tous les dissidents utopiques qui se sont
dressés un jour ou l'autre devant l'autorité, il fallait y penser.
Comme dit Miguel, heureusement que l'incipit est là pour nous
éclairer sur le bon chemin.
C'est joliment écrit même si la disposition des rimes me laisse
un peu perplexe.
J'aime bien la comparaison avec les papillons et les libellules.

Un beaucoup en appréciation.

   papipoete   
19/1/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
bonjour inconnu
Comme il faisait bon profiter de légèreté, s'amuser et voleter allègrement en compagnie d'insouciants papillons ! Tout n'était que zéphyr, quand soudain une bise aussi tempétueuse que glaciale, se mit à souffler sur cette plaine de tranquillité ; la petite feuille secouée de toute part, tomba dans le caniveau, tenta de lutter tel " Gavroche dans le ruisseau " le rouleau-compresseur l'écrasa inexorablement...
NB on comprend à mi-mot que le feuille est une résistante ; le garçon de Tian'anmen devant le char, le bonze immolé au Vietnam, Mahsa Amini morte sous les mollah...
La liberté était bien trop belle, cela ne pouvait pas durer ainsi, après que les cigales eurent chanté, dansé le pantsula... Il fallait que ça cesse, que la moralité retrouve ses honneurs !
Mais que vaut la lutte d'une " brindille " face à un cyclone ?
Et pourtant, malgré la terreur qui brise la révolte, on se bat contre les tyrans ; et tombent des filles, se dévoilent leurs cheveux, et l'on se relève du caniveau sous les coups la mitraille les pendaisons...
Je trouve que l'image de le feuille arrachée de l'arbre, qui tombe, se relève est hautement symbolique et bien trouvée !
( je dois m'arrêter un instant )
J'eus à faire au-dehors !
le côté " frivole " est particulièrement bien illustré ( à part dans la 4e strophe ) où " se réchauffer avec dextérité " peut surprendre ? je verrais plutôt un synonyme de " faisait du sur-place au feu des réverbères "
l'avant-dernière strophe est mon passage préféré ( ... quand le soleil ébrécha l'horizon... )
J'apprends ce jour des mots savants ( ripisylve, pantsula )
Techniquement le mariage dodécasyllabes et hexasyllabes est bien ordonné ( un bémol dans la 6e strophe : vers 6 " eut/u ") mais rien de grave !

   Catelena   
19/1/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Je glissais avec aisance sur votre poème lorsque j'ai buté sur les mots un peu trop fouillés ''la ripisylve'', ''la pansulat''. Chercher à les comprendre m'a aussitôt éjectée d'une poésie qui coulait avec grâce.

La faute à Christian Bobin. On en parle sur un autre forum, et je réalise qu'en poésie rien ne me plaît tant que les choses dites avec authenticité et grande simplicité.

Ce dommage mis à part, de très belles images habillent vos vers, notamment ce très visuel ''Quand le soleil ébrécha l'horizon''.

Même si le sens complet m'échappe un peu, j'ai suivi avec intérêt l'histoire du papillon et de la libellule rêvant d'une utopique liberté.

Merci pour le partage, Inconnu.

Elena

   jeanphi   
19/1/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
La symbolique de la colombe blanche est traitée de manière très émouvante.
Plusieurs indications m'ont amené à attendre la maxime : "Nous peindrons jusqu'au ciel !" dont les dissidents en amérique du sud annotaient les billets de banque en signe de résistance.
Bien que ce parallèle pu tomber à plat, tous les éléments semblaient y converger.
J'aime particulièrement l'image des nuages en formation, arrachés aux arbres en évaporation par la brise. Image que j'ai maintes fois échoué à décrire de manière aussi belle (à moins qu'il s'agisse déjà de la feuille).

   Lebarde   
19/1/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
“Elle”, tout le monde y a vu une feuille au prise avec les éléments, a priori plus forts, la brise, le vent, le soleil qui la malmènent.
Pour moi la chose n’est pas si évidante et j’ai un peu cherché à qui attribuer ce pronom “Elle”, ce qui a pu créer une certaine confusion dans mon esprit!
La poésie reste mystérieuse malgré le vocabulaire simple mais bien réaliste employé par l’auteur.
De bien belles images qui alertent subtilement et la vue et l’odorat et une poésie bucolique et délicate , pleine de sous entendus dévoilés par l’exergue, d’une plaisante fluidité donnée par le rythme de la métrique .
Beau travail bravo
Lebarde

   Myo   
22/1/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Bonsoir Inconnu 1,

Une feuille éprise de liberté, qui savoure cet instant de grâce où elle imagine l'avoir conquise. Mais la vie est souvent cruelle, alors qu'elle pensait voler, elle ne faisait que lentement tomber vers une mort plus certaine encore.

Une forme originale avec ces hexamètres en fin de quatrain. Mais personnellement, si ce n'est pour le travail technique, je trouve que ça n'apporte pas de supplément à la poésie.

Il y a comme toujours chez vous, une grande recherche lexicale et de très belles images.

Un peu plus de simplicité, de légèreté, m'aurait emportée davantage.

Toujours ravie de vous lire.
Merci

Myo

   pieralun   
26/1/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Un poème un peu hermétique sans que cela n’entache sa beauté.

Oui! C’est un très beau texte et la rupture syllabique des 4emes vers de chaque quatrain y participe largement.

De très belles images et beaucoup de poésie.

   inconnu1   
26/1/2023


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