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Poésie classique
Ioledane : Les mots ancrés
 Publié le 17/11/14  -  12 commentaires  -  762 caractères  -  355 lectures    Autres textes du même auteur

Les femmes non plus ne savent pas toujours entendre.
[Merci aux trois commentateurs de la première version, dont les remarques détaillées m’ont été précieuses.]


Les mots ancrés



Ta joie est ma douleur, et pourtant que pourrais-je
Reprocher au bonheur qui t’emporte et me fuit ?
Au lieu de t’écouter quand tu criais la nuit,
Je me raccrochais, sourde, à mon grand privilège :

Une vie en commun… où tout se désagrège.
Comment ai-je ignoré la fureur et le bruit ?
Dans la marche du sort il n’est rien de fortuit,
Mais je m’étourdissais de mon propre manège.

Je ne t’offrais qu’un leurre, et je comprends pourquoi
Tu sembles apaisé quand « elle » est près de toi ;
Et je vous vois passer, et je hurle en silence !

Et la pitié se mêle au bleu de ton regard ;
Mais ce qui plus que tout affole ma souffrance,
Ce sont ces mots ancrés sur tes lèvres : « Trop tard. »


 
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   Anonyme   
12/11/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour. J'ai effectivement déjà lu ce sonnet mais je ne me souviens pas l'avoir évalué... Peu importe, la version actuelle a tout pour séduire même si, nous sommes en classique, les rimes riches sont inexistantes. La souffrance de la femme délaissée est très bien exprimée et le tercet final de toute beauté...
Vraiment un très bon sonnet... Merci !

   Francis   
17/11/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Dernier tercet magnifique ! Ces regards qui se croisent ; ce silence qui parle ; ce mélange de pitié et de souffrance...
J'aime aussi ce regret qui "hurle en silence".
Une rupture bien évoquée.

   Lulu   
17/11/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Ioledane,

J'aime beaucoup la musicalité de votre sonnet. Elle sert le ton de l'ensemble que j'ai apprécié de lire. "Ta joie est ma douleur"... Tout est dit dans ces mots, et bien développé dans votre poème.

Je n'ai juste pas saisi à qui ou à quoi renvoie le "elle" entre guillemets. Pourriez-vous m'éclairer ?

Indépendamment de cela, j'ai bien aimé lire cette tension, fort bien menée, qui court jusqu'aux derniers "mots ancrés".

   papipoete   
17/11/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour Ioledane; un sonnet de bonne facture malgré (la rime:pour"rais-je" /privi"lège"). Votre récit où les silences font tant de bruit, où les mots insensés ont tant de signification s'écrit en lettres de chagrin! On peut être sourd, aveugle tout en cotoyant l'autre sans jamais s'absenter; et quand le bonheur se lit dans ses yeux alors qu'ils ne nous voient plus, il est irrémédiablement trop tard...

   jfmoods   
16/4/2016
Commençons par la forme...

Sept "et" dans un sonnet, c'est au moins trois de trop. Si ceux des vers 2, 6 et 11 paraissent indispensables à la cohérence interne du poème, ceux des vers 1, 9 et 12 peuvent être évités. D'autre part, je ne comprends pas l'absence de virgule à l'hémistiche du vers 7. Pour finir, je suis gêné aux entournures par la collision des voyelles "e" et "a" au vers 10 ("Tu sembles apaisé"). Trois syllabes glisseraient beaucoup mieux, d'autant plus que cette quatrième occurrence du verbe être gagnerait... à disparaître.

Venons-en au fond...

Les verbes pronominaux à l'imparfait ("me raccrochais", "m'étourdissais"), les adjectifs possessifs ("mon" x 2) et l'adjectif qualificatif ("propre") mettent en exergue la fermeture à l'autre, le repli sur les territoires intimes. L'adjectif "sourde", placé en incise au vers 4, appuie sur cette évidence. Le constat de l'échec est lourd. Les adverbes ("tout", "rien"), la locution restrictive ("n'... que") ainsi que les deux questions ("que...", "comment") en matérialisent les termes. L'antithèse avec effet de parallélisme ("bonheur qui t'emporte et me fuit") signale précisément la ligne présente de démarcation d'un couple défunt. La métaphore initiale ("Ta joie est ma douleur"), la métonymie ("affole ma souffrance"), le paradoxe ("je hurle en silence"), le passage du "tu" au "elle", puis au "vous" entérinent le poids de la douleur éprouvée. L'effet de martèlement des deux "et" du vers 11, ainsi que le point d'exclamation en illustrent efficacement la prégnance. La métonymie ("la pitié se mêle"), la forme emphatique ("ce qui... Ce sont"), le superlatif ("plus que tout") et le recours final au discours direct ("Trop tard.") matérialisent le chemin de larmes qu'il reste à traverser avant de se libérer d'un sentiment décidément trop oppressant de culpabilité.

Finalement, la thérapie débute au moment où les mots ancrés commencent à se métamorphoser en mots encrés.

Merci pour ce partage !

   leni   
17/11/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
bonjour Ioledane
Rupture douloureuse:sujet qui revient souvent Ta joie est ma douleur....trop tard Pas de pathos mais des mots simples en guise de bilan....de constat

Et je vous vois passer, et je hurle en silence !


Mais ce qui plus que tout affole ma souffrance,
Ce sont ces mots ancrés sur tes lèvres : « Trop tard. »

La lecture à haute voix met en relief les sonorités Bravo et merci à vous
salut cordial Leni

   Anonyme   
17/11/2014
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour

Je reste très mitigé devant ce sonnet classique.

Sur la forme :
Les deux premiers vers qui riment à l'hémistiche.
D'autres l'ont déjà dit mais le nombre superflu de "et"
fait vraiment remplissage.
Je n'aime pas non plus personnellement le début du vers 13.

Dans la marche du sort il n'est rien de fortuit : pour un auteur
qui n'aime pas les inversions chez les autres !

Un fond relativement commun et pas de vers exceptionnels
pour sauver cet ensemble.

   LeopoldPartisan   
17/11/2014
 a aimé ce texte 
Passionnément
Je sais, je sais comme en musique, en poésie il y a des formes à respecter. perso, je n'en ai guère cure... Cela sonne ou cela ne sonne pas. Cela remue, bouleverse ou au contraire c'est plat et c'est mou.

Ici cela sonne, cela me remue et me bouleverse, hormis peut être le final où son rictus semble dire "trop tard", je m'en serais passé aisément, mais cette douleur vraiment dépasse toute les formes, tant elle est finalement superbement écrite avec des mots de tout les jours, ce qui fait de ce sonnet, un sonnet du 21ème siècle et cela j'apprécie très très fort: bravo.

   Michel64   
17/11/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un poème qui pour la forme est très agréable à lire, avec son rythme impeccable et ses rimes pour mon goût bien suffisantes.
Pour le fond, une histoire de souffrance amoureuse bien racontée dans ce sonnet qui par sa taille réduite impose d'être concis.
Le dernier tercet est très beau.

   Edgard   
17/11/2014
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonsoir Ioledane,
J’avoue que les sonnets…et les souffrances des ruptures… Bon. Mais soyons honnête, c’est bien écrit. Et puis j’avais lu « Les Yuccas » qui m’avait laissé une forte impression.
Dans celui-ci, je n’ai pas retrouvé cette émotion et cette force.
Quelques petites remarques perso :
« Je me raccrochais, seule, à mon grand privilège :
Une vie en commun…où tout se désagrège. »
J’ai eu un peu de mal à comprendre l’opposition que le « où » m’a semblé ne pas marquer de manière évidente, à la première lecture. C’est vrai qu’il faut dire beaucoup en peu de mots…
« Comment ai-je ignoré la fureur et le bruit » là encore je tique un peu : le silence, les absences…on peut les ignorer mais « la fureur et le bruit », cela m’a semblé un peu bizarre.
Je suis un peu resté, aussi, sur le mot « manège » qui est sans doute pour l’auteur, ou le personnage, chargé de sens , mais pour le lecteur c’est moins évident, m’a-t-il semblé.
Les conjonctions « et » des deux dernières strophes pourraient marquer une accumulation, mais ici, ce n’est pas le cas, et donc ça alourdit les vers, sans véritable effet de style.(surtout le dernier)
Le dernier vers est beau.
Bien cordialement.

   Robot   
18/11/2014
 a aimé ce texte 
Un peu
JE COMPLETE ENCORE MON AVIS. Je reste mitigé sur ce sonnet.

Je bute sur la diction de l'avant dernier vers dont la saccade est inconfortable à l'oral.
A propos des "et" déjà relevé, les règles des concours imposent en général un maximum de trois "et" dans le même sonnet sinon il y a répétition.
trois fois EST - le verbe être - dans des formulations où il pouvait se voir remplacé au moins une fois dans ce vers par exemple:
"Dans la marche du sort il n’"est" rien de fortuit"
qui pourrait donner
/Dans la marche du sort jamais rien de fortuit./
Je crois que vous avez été moins exigeante sur ce texte que sur les précédents.
Dommage que la forme n'ait pas vraiment suivi un fond cependant intéressant.
J'aime assez le contexte de votre travail, mais mon appréciation tient surtout à l'exécution un peu laborieuse de la forme classique du sonnet qui m'apparaît un peu négligée sur ce texte.

   Curwwod   
23/11/2014
 a aimé ce texte 
Un peu
Un sujet douloureux que celui de la déchirure surtout quand il s'accompagne de la prise de conscience d'une responsabilé et que la culpabilité vient jouer le rôle d'un acide sur une plaie.
La construction du sonnet ne souffre guère de reproche, mais quelque part je n'arrive pas à croire à la sincérité de cette auto-flagellation / manque de simplicité du vocabulaire, intellectualisation trop poussée, pas assez de cris, de larmes et de fureur. Je ne sais.


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