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Poésie contemporaine
Jema : Papillon
 Publié le 04/11/13  -  5 commentaires  -  982 caractères  -  175 lectures    Autres textes du même auteur

En visite chez une amie peintre, un soir d'été où par la fenêtre ouverte nous eûmes la visite de tant d'insectes nocturnes. Il ne restait plus qu'à imaginer…


Papillon



Imagine une ébauche
Au chevalet naissante
Quand la lune chevauche
Les étoiles et enchante
La douce nuit d’été
Où la faune nocturne
Par le halo attiré
S’invite dans ta turne.

Félicité des yeux
Devant tant de couleurs
Un sentiment radieux
Le séduit tel un leurre.
Un insecte ébloui
Par tant d’inspiration,
Ce papillon de nuit
Dans la toile se fond.

Quand ses ailes engluées
D’une douce candeur
Battements nuancés
De teintes qui l’affleurent
Ses instincts de survie
S’avéreront inutiles
Ses cillements, tel un cri
Ne seront que futiles.

Il fera désormais
Partie de cette fresque
Fragment, il se complaît,
Stupéfié pittoresque.
L’Aletia éphémère
Cocooné de peinture
Embaumera son suaire
D’une fine parure.

Pour la postérité
L’anonyme bestiole
Dans cette œuvre, estampée
Figera son envol.


 
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   Anonyme   
4/11/2013
C'est sans doute bête, mais en lisant ce poème je ne puis m'empêcher de penser aux affres de ce pauvre couillon de papillon englué dans des couleurs poisseuses, qui n'éprouve sûrement pas une "douce candeur", ni, stupéfié, ne se complaît à être pittoresque. Sans doute la bestiole aurait-elle de beaucoup préféré rester anonyme !

Alors, c'est vrai, cela me gêne énormément que devant une souffrance animale patente (fût-ce celle d'un papillon de peu d'importance) le poème célèbre une espèce de sublimation de beauté, une immortalité consolatrice pour la "bestiole" qui n'en a vraiment que faire. Je lis là un anthropocentrisme brutal qui me déplaît.

Si j'essaie de faire abstraction de mes sérieuses réticences quant au fond, je dois dire que le rythme d'hexasyllabes parlés est à mes yeux trop monotone, générateur de lassitude, et le texte trop long pour l'incident relaté.
Vous avez choisi de rimer, pourquoi pas, mais en l'occurrence ce choix aggrave pour moi la monotonie du poème, donc l'ennui qu'il m'inspire.

Cela dit, il est certain que le fond m'aliène le texte et que mon évaluation serait sans doute gravement biaisée à cause de cela. Je retirerai celle-ci si votre poème est publié.

   Anonyme   
4/11/2013
 a aimé ce texte 
Vraiment pas
Imaginer qu'un papillon vient s'engluer dans de la peinture et fasse partie du tableau, je trouve l'idée sensiblement malsaine.

" Battements nuancés
De teintes qui l’affleurent
Ses instincts de survie
S’avéreront inutiles
Ses cillements, tel un cri
Ne seront que futiles."
" Embaumera son suaire
D’une fine parure."

Autant d'images qui me font rejeter totalement ce texte.

   Anonyme   
4/11/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Jema,

J'ai désailé ma première libellule à huit ans. Je l'ai taxidermisée, et depuis, je la promène en porte-clés. Alors autant vous dire que je vous envie d'avoir donné un peu de couleurs au teint beigeasse de cette tristounette aletia.
Cruel mais merveilleux destin pour ce papillon " éphémère " dont la mort est sublimée par ce collage qui mérite un vernissage au champagne.
Merveilleux tableau, merveilleuse pêche aux mots malgré quelques vers qui dépassent la maille ( " S’avéreront inutiles " et d'autres).

Ludi, collectionneur de papillons sans ailes.

   Ioledane   
4/11/2013
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Cela commençait bien, très bien même, jusqu’à la « douce nuit d’été ». Puis sont arrivés « Par le halo attiré » (une syllabe de trop, cassure de rythme) et la turne (mot trop familier, en décalage avec le reste).

Dans le deuxième paragraphe, le mot « sentiment » me paraît curieux pour exprimer l’éblouissement du papillon.

Je ne suis pas non plus convaincue par les ailes engluées de candeur, les « cillements, tel un cri », les teintes qui « l’affleurent » (je verrais plutôt « effleurent »), « cocooné de peinture ».

En fait je crois que ce qui me dérange fondamentalement, c’est le regard porté sur cette mort somme toute assez atroce d’un papillon, dont le narrateur fait un instant de grâce figé pour l’éternité, et dont la victime serait elle-même complice bienheureuse (« fragment, il se complaît », « cocooné de peinture »).

   Jema   
5/11/2013
Je pense qu'il y a une erreur de retranscription, j'ai écrit dans le texte d'origine "par l'halo attiré" retranscrit sur le site "par le halo..."(à moins que je ne puisse faire l'élision du H) expliquant la syllabe de trop.

Je vois que les commentaires divergent ! Quand je pense aux milliers de papillons écrasés sur les calandres et pare-chocs de voitures, je ne pense par que mon Aletia à une mort si terrible que cela.


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