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Poésie néo-classique
Jemabi : Ce poème est fragile
 Publié le 04/04/24  -  9 commentaires  -  1019 caractères  -  187 lectures    Autres textes du même auteur

Entrez sans frapper.


Ce poème est fragile



Ce poème est fragile ! Il faut, lecteur pervers,
T'abstenir d’en moquer les torts et les travers.
C’est un papillon frêle en quête d'harmonie,
Un cœur pur s’exprimant avec parcimonie.

Écrit dans la douleur, précédé par la peur,
Son rythme lancinant tient du charme trompeur.
En amont se dessine une lutte athlétique
Pour atteindre le rang de l’œuvre poétique.

Quand au bout de la rime, un mot vient ricocher,
C’est le tiers du quatrain qui s'en trouve amoché.
Si le fond et la forme ont quelques dissonances,
Le public clamera la fin des convenances.

Sitôt que se profile un passage bancal,
Vacille dans l’effroi le fil grammatical.
Mieux vaut donc se soumettre à l’intangible règle
Qui commande à la strophe une cadence espiègle.

Ce poème est fragile, et sa fragilité
N'a d'égal que son art dans l'indocilité.
Il mérite une pause avant la relecture,
Car rien n'est plus tentant qu'une énième rature.


 
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   Lebarde   
17/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
L’auteur(e) anticipe la plus petite imperfection qui pourrait lui être reprochée et s’accroche aux règles du classique, c’est tellement plus simple de les respecter…pourtant il y a ces rimes si peu fautives qu’on serait tenté d’oublier mais …pour le reste tout coule sans anicroche avec une belle fluidité et une élégante poésie.

Joli sujet original et bien traité.
J’aime bien et je suis séduit.
Je suis « entré sans frapper » et ne le regrette pas…je m’éloigne comblé sur la pointe des pieds, je sais que ce poème fragile a été « écrit dans la douleur » et ne voudrais pas le blesser.
Merci pour cette plaisante lecture.

En EL
Lebarde

   Cristale   
17/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
"Ce poème est fragile ! Il faut, lecteur pervers,
T'abstenir d’en moquer les torts et les travers."

Je suis la lectrice perverse qui ne se moquera ni des torts que le poème n'a pas, ni des travers si jamais il en avait.

"Quand au bout de la rime, un mot vient ricocher,
C’est le tiers du quatrain qui s'en trouve amoché."

Je continue ma lecture, très agréable au demeurant et, perverse que je suis, je ne valide pas la rime "ricocher - amoché" me référant aux règles de versification établies : (ex. p.27 du Traité de Sorgel : En ce qui concerne la consonne "r" qui ne se prononce pas, elle ne peut être associée à aucune autre. Ainsi, on ne peut faire rimer rochers et décrochés. De même, rocher et décroché.)
C'est vraiment dommage, et tellement peu de chose, mais chose suffisante pour vous faire rater la catégorie.

C'est si fragile un poème. Et pas si facile, en voici la preuve.
L'ensemble, soigné, se lit avec plaisir et la plume qui l'a gravé possède une belle maîtrise non seulement de LA poésie mais également de l'esthétique des vers, d'où ma notation.
Avec un + pour la richesse des rimes.

   GiL   
17/3/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Loin de moi le désir, dans un élan bravache,
De brocarder cette œuvre écrite avec panache :
Je la trouve bien prise en ses parfaits atours
Et digne de briller dans les meilleurs concours !

Elle m’a révélé, sous sa riche musique,
Tous les raffinements de la forme classique,
Césure, élision, sans oublier celui
Auquel la rime doit sa consonne d’appui.

Je suis emballé, mais... Comme pour ces poèmes
Qui prennent pour objet de discourir d’eux-mêmes,
Le sujet est très mince et me semble un peu vain,
Même avec le recours du vers alexandrin...

J’ai bien aimé la forme, et c’est le seul reproche
Que je me permettrai…
                                    Mais une rime cloche :
Il semble qu’au vers neuf, l’auteur s’est relâché
Alors que le classique ne souffre aucun péché.

Cher auteur, ce faux pas n’est pas rédhibitoire,
Par bonheur il existe une humble échappatoire :
Envoyer par MP un mail à Marimay,
La fée aux repentirs que souvent j’alarmai…

Un dernier commentaire : au vers six l’hémistiche
Montre en toute candeur une rime postiche
Qui froisse ma pudeur...
                                      Voilà donc, cher auteur
Inconnu, mon avis... somme toute flatteur !!!

GiL, en EL

   Gemini   
18/3/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
En bon lecteur "pervers" (mais sans "moquerie" aucune) il faut signaler la rime cher/ché, V9/10, interdite par Sorgel, mais pratiquée (au pluriel) par Hugo (aisés/baisers), au singulier par Baudelaire (Boucher/débouché), Banville et Valéry... Et 115/116 Warnant.

Une fois proclamée cette Onirienne "fin des convenances" V12, un poète ne laisse pas un confrère sans solution : comme il existe sur le site une nouvelle règle (ouverte à tous) pour conserver les poèmes en catégorie classique, je propose, V9, de changer simplement "vient" par "a" (le changement de temps est peu perceptible).
Remplacement d'un (seul ?) mot permis, étant donné qu’il ne change pas le sens.
Un point de colle pour les poèmes fragiles à peine ébréchés.
Je ne me sens pas plus poète pour autant mais au moins confrère. D'autres l'auront peut-être proposé avant moi.

Pour le reste, dommage de n'avoir fait que des quatrains en deux phrases, comme si la pensée ne pouvait pas s'étaler plus avant. Et le mot "espiègle" V16 est clairement présent pour la rime (et bien éloigné du "rythme lancinant" du V6). Inverser l'hémistiche par "à la règle intangible" aurait donné un choix de rimes beaucoup plus vaste.
En général, la recherche de rimes riches n'a pas aidé. Toutes ces consonnes d'appui n'étaient pas utiles, donnant une " lutte athlétique" peu évidente par exemple... Un "travail héroïque" ?
Le thème est rebattu, mais me semble présenté avec un certain naturel dans l’écrit et une pointe de caractère.

PS : J’aimerais bien savoir si la "parcimonie" du V4 concerne l’expression écrite (20 vers tout de même !) ou celle du cœur (comme retenu dans l’émotion).

   papipoete   
4/4/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
bonjour Jemabi
Ce poème est fragile, alors de grâce lisez-le attentivement, patiemment comme lorsque je l'écrivis avec prudence ; je l'ai senti venir ce vers bancal, cette strophe chagrine...prenez votre temps, pesez chaque ligne, comme si vous effeuillez une marguerite.
NB bien de la délicatesse brode ces vers, à l'image de cette strophe qui voudrait se passer de règle, gambader espiègle sans rimes riches, ni césures justes.
j'ai bien aimé cette hésitation, à vouloir dompter sa plume, la rendre poulain plutôt que mustang !
nous voici en " néo-classique ", mais la forme suprème ne doit pas en être loin !

   Cornelius   
4/4/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour,

Les poèmes classiques sont-ils écrits pour être lus et appréciés ou sont-ils simplement jetés en pâture pour être analysés, disséqués voire même autopsiés à la recherche de la moindre petite erreur ?

Je ne fais pas partie des puristes dont je salue les indéniables qualités de style. Pour ma part je préfère une poésie espiègle plutôt qu'être obnubilé par la règle. Certains esprits brillants s'accommodent des deux. Ce n'est pas mon cas et je dois être l'un des rares représentants d'une poésie naïve qui s'affranchit des règles de versifications.

Les lecteurs pervers ou pas ont quelquefois la dent dure. Attention car les poèmes sont fragiles mais peut-être moins que leurs auteurs.

J'allais oublier l'essentiel : j'ai bien aimé cette poésie.

   Damy   
4/4/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Pas facile, en effet, de "faire" un poème et ce quel qu'en soit le genre. Vous évoquez ici le genre classique qui demande un esprit particulièrement "mathématique". Compter les syllabes, s'assurer que l'hémistiche est bien placée juste après la 6° syllabe, savoir que é/li/si/on compte 4 syllabes, faire un alexandrin en trimètres bien campés sur 12 syllabes, etc. relèvent bien du carré de l'hypoténuse ou de la quadrature du cercle. En cela "Ce poème" est plutôt solide car il relève d'une science exacte dure et non d'une science humaine approximative.
Ce que je veux dire exactement, c'est que s'il est "fragile", il révèle une grande sensibilité de son auteur.

"Ce poème est fragile, et sa fragilité
N'a d'égal que son art dans l'indocilité."

Indocilité parfaitement assumée, c'est cela qui me plait.

Bravo, Jemabi, et merci !

   Provencao   
4/4/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Jemabi,

J'aime beaucoup cet appel de la douceur, de la délicatesse qui résonne comme l’appel à une autre dimension.
Ce poème est le chemin de la pensée vers le faillible, l'éphémère, telle est la mission la plus haute conférée au poète.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Ioledane   
5/4/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Fragile, oui, mais rudement bien fichu quand même, sous ses airs de modestie ... Fragile, parce qu'il suffit d'un rien pour qu'il n'aille pas au bout du processus créatif. Bien fichu, parce que c'est solidement rythmé et rimé, et quand c'est bien fait, cela peut effectivement donner une fausse impression de facilité.
J'ai bien aimé la "lutte athlétique" pour évoquer le poète à la peine, et "le tiers du quatrain qui s'en trouve amoché" avec ce recours inattendu au registre familier qui annonce l' "indocilité" dont il est question plus loin.


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