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Poésie libre
Jemabi : Mon paradis perdu
 Publié le 15/10/22  -  6 commentaires  -  933 caractères  -  174 lectures    Autres textes du même auteur

Sur les traces d'un ancien amour.


Mon paradis perdu



Le songe improvisé de ta voix,
mélodie ouatée de nos frêles antiennes
quand tu venais au cyprès
me rejoindre.

Les mimiques d'artiste de la faune
nourrissaient nos ébats
dans le sentier sauvage
où nous restions émus.

Sans perdre tes mots de licorne,
en mâle avantage je me glissais
au vent des branches
et des feuillages.

Chant de mandragore à la lisière du buisson,
sommet emprunté au loup en embuscade,
et tes yeux mi-clos
en fin de promenade.

Au pied de ce coteau,
je m'invente ermite pour nous revoir
recouverts d'une même lyre,
enlacés et bercés.

Sauras-tu sacrifier tes heures d'artifice
pour que jamais ne se perdent
ces instants
de sereine jeunesse ?

Las ! L'incendie a mis fin au calme des espèces
et nous restons meurtris,
otages de nos niches
toxiques.


 
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   Eskisse   
3/10/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Je trouve ce poème franchement réussi. Je ne sais trop dire pourquoi. Il nous plonge dans une nature enchanteresse, à la lisière du merveilleux ou du merveilleux celtique et cet amour ancien a des airs de magie.
Une nature bénéfique qui forme un écrin teinté de surnaturel pour le couple:
"Les mimiques d'artiste de la faune
nourrissaient nos ébats
dans le sentier sauvage
où nous restions émus."

Je trouve l'ensemble très doux et les images sont originales de "sans perdre tes mots de licorne" à " otage de nos niches toxiques" .

J'aime beaucoup aussi "recouverts d'une même lyre" qui répond au chant des mandragore.
Une forêt emplie d'échos pour dire subtilement l'amour.

   Anonyme   
15/10/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Jemabi,

Un hymne à l’amour et à la nature avec un lexique un peu fantastique très bien choisi (mandragore, antienne, licorne, faune). Un travail poétique qui se passe très bien de rimes parce que la musique des mots est très belle et se suffit à elle-même. Pour faire ma pinailleuse, il y a juste cette « niche toxique » que je n’aime pas beaucoup, je ne sais si c’est l’image ou la sonorité, mais ça n’entache pas cette jolie prose. Difficile d’extraire une perle du collier, mais j’aime particulièrement :

« Les mimiques d'artiste de la faune
nourrissaient nos ébats
dans le sentier sauvage
où nous restions émus. »

Merci pour la promenade enchanteresse et gratuite.

Anna Milton

   papipoete   
15/10/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
bonjour Jemabi
Je me souviens... Dame Nature nous accueillait sur la mousse de ses bois, pour nos tendres ébats avant qu'elle ne soit aux abois. Et nous étions tantôt épiés, ou alors admirateurs de tout le peuple de la forêt. Voudrais-tu ne jamais tirer un trait sur ce théâtre là ? Hélas, l'incendie dévastateur s'en est chargé ; il ne reste plus rien...
NB qu'il est doux de retourner sur le champ de nos pacifiques batailles d'amour, où le seul ennemi était le temps qui passe ; il se fait tard, nous devons rentrer ; mais demain, promis juré je t'attendrai !
Mais hélas, soit les engins de chantier, ou ces énormes tracteurs sont passés par là, d'où on ne reconnait rien ! Et pire, comme dans ce poème, un sinistre naturel ou criminel a tout gommé, ne laissant que carcasses et cendres...
Un texte aux lignes fort poétiques, que ces vers libres font chanter dans les branches... d'avant.
Moi, c'est le contraire ; à la place de nid d'amour, les ruines d'une vieille demeure, se dresse désormais une splendide demeure... les pierres d'origine parlent-elles quand la nature s'endort ?

   Cyrill   
15/10/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Jemabi,

Quand le regret habille de merveilleux les souvenirs d’amours bucoliques, c’est que le temps a fait son œuvre d’embellissement du passé. Ce texte me fait revivre avec le narrateur ces instants magiques, en mots d’enchanteur, en poésie. Et ressentir aussi la meurtrissure évoquée au final, qui sonne la « fin de promenade ».
Je note le très beau quatrain :
« Sans perdre tes mots de licorne,
en mâle avantage je me glissais
au vent des branches
et des feuillages. »
Merci pour cette lecture.

   Lotier   
16/10/2022
À « dans le sentier sauvage » … je me suis évadé sur « Le petit chemin » de Mireille (et Jean Nohain). Je suis revenu au « Chant de mandragore », l'herbe aux pendus qui revigore, en me rendant compte que j'avais raté les ébats !
« je m'invente ermite pour nous revoir », je suppose qu'il y a des bars plus opportuns, pour se retrouver, que des ermitages, mais bon, il s'agit sans doute de la symbolique de l'ermite qui trouve l'illumination et voyage dans le temps.
« Sauras-tu sacrifier tes heures d'artifice », comment traduire ? « Arrête de te maquiller » ?
La fin : après le temps passé, le souvenir… l'incendie. Changement de registre.
L'impression globale ne perce pas mon vieux cuir. Peut-être cela vient-il aussi de la découpe en ligne, découpe quasi grammaticale, je n'y discerne pas d'intention poétique.

   Donaldo75   
16/10/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Jemabi,

J’ai beaucoup aimé ce poème ; je lui trouve tous les attraits du libre, avec cette composition d’images, de musicalité, de tonalité qui est magnifiée par le découpage comme dans une partition et la progression du message.

A cet égard, ce quatrain est une bonne illustration :

« Les mimiques d'artiste de la faune
nourrissaient nos ébats
dans le sentier sauvage
où nous restions émus. »

Les images allégoriques ne pèsent pas des tonnes bien au contraire et le message est clair, poétique en diable et presque pictural. Et les suivants confirment ces envolées poétiques, jusqu’au dernier qui sonnent comme un point d’orgue à cette poésie.

Bravo !


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