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Poésie en prose
jensairien : Ô
 Publié le 18/04/09  -  13 commentaires  -  1612 caractères  -  94 lectures    Autres textes du même auteur

Comme le trait, dans le ciel, d'un avion qui passe, dont on ne sait rien.


Ô



Elle nageait entre deux Ô, terriblement romantique, avec ses cheveux comme des cordes, ses bottes de cavalier et son petit air pincé, ses fossettes, son œil de raie.

L’appartement avait été vidé. Seul pendait un lustre, parfaitement stupide, et la canne du propriétaire, couchée sur le sol. Comme au fond d’un aquarium, renversé, roulé par les marées, entre les roches, la plage de varech.

Quelques fous de Bassan hurlaient, geignant sempiternellement dans le coffre du ciel, au-dessous des nuages filandreux et des grains atmosphériques.

Un biplan passa en tressautant au-dessus de la station, les ballons en quartiers, les parasols de confiserie et les serviettes de plages bariolées. Les éleveurs de châteaux, les marchands d’Esquimaux, les liseurs, les bronzants, les attendants, les couchants, tous levèrent le nez.

Tous lurent le message étalé en grosses capitales flageolantes sur la bannière de l’aéroplane. Et puis le soleil passa par-dessus l’épaule de l’horizon. Ils réintégrèrent leurs villas de lait, leurs hôtels concupiscents, leurs caravanes de plastique, leurs piquets de tente, leurs décimètres de trottoirs, et la nuit s’abattit.

L’avionneur repassa en sens inverse, loupiottes clignotantes, tourna vers l’océan et s’enfonça, dans le ciel, au fond la mer.

Elle gémit, languide, assouvie, passive, rêvant de villes, de klaxons et de foules anonymes. Elle regardait extatique le lustre du plafond.

Quand elle sortit de l’eau, tout au bout du port, entre les dominos de containers, elle fit l’amour avec un cargo.


 
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   Anonyme   
18/4/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Etonnant...je pensais que tu allais nous révéler la teneur du message écrit sur la bannière de l'aéroplane.
La chute laisse pantois, perplexe.
Des images savoureuses, comme le lustre stupide, et les hôtels concupiscents.
Une drôle d'atmosphère de vacances en bord de mer, un film un peu flou qui déroute.
Drôle d'histoire d'Ô.

Pour le côté surréaliste du texte, j'approuve.

   Anonyme   
18/4/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une station qui ressemble à celle où Monsieur Hulot passait ses vacances. Une dame qui s'ennuie.
Un joli moment de poésie.

   clementine   
18/4/2009
Désopilant et captivant, trop court car emportée par la poésie "abracadabrante" du texte, j'aurais aimé lire plus longtemps.

   Anonyme   
18/4/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Il y a une certaine nonchalance qui émane de ces lignes. Celle des vacances sans doute. Ça reste très visuel malgré l'étrangeté du tableau.
Cette banderole intrigue et pourtant on ne saura jamais ce qu'il y a d'écrit dessus. Mais peu importe cela apporte une part de mystère à ce texte joliment poétique et surréaliste.
J'aime vraiment.

   David   
20/4/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Jeansairien,

Un peu d'absurde et de prose, c'est ce que j'aime bien lire. Le personnage féminin est curieux, suffisamment immense pour faire l'amour à un cargo, à moins que cela n'exige point cette caractéristique... les Ô me font penser à des bouées, et je me dis que l'absurde pourrait être un subterfuge aussi : un décor bien réel décrit avec un vocabulaire recomposé pour lui donner un air... idiot, dans un sens littéraire où c'est un compliment.

Une ancre ?

   FIACRE   
20/4/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ce sont les meilleures ces amantes Démeter à l'eau.

   Anonyme   
20/4/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai eu peur au début... Le "Elle nageait entre deux ô"... Mouais.
Mais à partir de "l'oeil de raie" et du "lustre parfaitement stupide", là j'aime bien.
Une écriture fine et juste.

   nico84   
21/4/2009
 a aimé ce texte 
Un peu
Moi j'ai cru que c'était une femme dans son bain qui révait, comme dans une immensité d'eau ...

Mais bon, j'ai pas du tout comprendre. Maintenant, j'ai pas aimé au contraire de tous les commentateurs. Desole. J'ai aimé la banderole, quelques expressions mais l'ensemble me paraît trop hermétique encore.

   Anonyme   
21/4/2009
 a aimé ce texte 
Bien
J'aime assez cette carte postale, l'atmosphère qui s'en dégage, faite de douce poésie rêveuse. Même si je n'ai pas tout compris : elle est dans la flotte ou sur son pieu la dame ???
Bref, des mots qui me parlent -presque- tous.

   Flupke   
24/4/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Je dois reconnaitre que je suis plutôt imperméable au surréalisme poétique mais là c'est un bon contre-exemple. Peut-être suis-je maintenant familier avec la consistance de l'univers surréaliste de Jensairien ou alors je commence à percevoir a être interpellé par des images étranges ?
Toujours est-il qu'ici la sauce a bien pris.
j'ai bien aimé certaines associations surprenantes, coffre du ciel, villas de lait, hôtels concupiscents, rêvant de ... klaxons.

   Marquisard   
9/5/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Volute solitaire
Eperdue dans ses manières...

Etre là n’y suffit.

une caboche incertaine
S’est ouverte un grand vide

Ô

Une pensée s’est envolée !...

   Anonyme   
9/5/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Quelle fraîche balade, je me suis sentie piégée et happée jusqu'à la chute me demandant dans quelle Ô j'étais tombée ! J'aime beaucoup ce poème même si je n'ai pas tout compris ou peut-être parce que je n'ai pas tout compris, le mystère qui s'en dégage fait aussi partie de son charme.

   Raoul   
28/7/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Voilà un texte qui embarque dans un univers clos et libre à la fois!
La façon de se glisser entre le réalisme plat d'une description et la fantaisie rêveuse est vraiment prenante, tout en étant fort bien vu dans le fourmillement des détails vrais.
C'est sec et maîtrisé, pas une facilité.
Beaucoup aimé.


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