D’heure en heure, toujours, et à n’en pas finir,
Le temps, fugace, court, semble s’évanouir.
On voudrait le tenir, il disparaît au loin,
S’en va cueillir la rose, et laisse le sainfoin.

C’est d’abord le printemps, l’homme y voit tous les droits,
Celui de tâtonner et d’être maladroit.
Il aura bien le temps, sitôt venu l’été,
D’invoquer des raisons pour s’être tant trompé.

Bientôt l’automne est là, lui montre le chemin
Où il a tant couru pour atteindre demain.
Et puis s’en vient le temps où il ose son âge.
Ses hivers, consommés, sonnent comme un hommage.

Il réalise alors combien sont éphémères
Ces quelques courts instants qu’il a passé sur terre.
C’était là son destin ? Et lui, qu’en a-t-il fait ?
Le bilan, trop souvent, le laisse insatisfait.

Mais il croit cependant qu’il lui reste le temps
De profiter au mieux de quelques bons moments,
Qu’un sort, aveugle et sourd, distribue au hasard,
Que ce soit pour un roi ou un simple bâtard.

Quelques hommes parfois, viennent en rattrapage,
Passés, présents, futurs, ils ne montrent pas d’âge,
Laissent aux descendants un fabuleux présent,
Qui les aide à porter un fardeau trop pesant.

Et là le temps, toujours, nous montre sa puissance
Car il arrive vite à ternir la brillance
Des merveilleux travaux qu’ont laissés les anciens.
Encore un peu de temps et il ne reste… rien !