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Poésie libre
Jocelyn : Les mots
 Publié le 17/05/20  -  5 commentaires  -  1010 caractères  -  133 lectures    Autres textes du même auteur

Déchirement intérieur. Les mots pour effort de survie.


Les mots



Je suis né dans les mots qui balaient la société
Conquête elliptique de l'alphabet sauvage

Fibrillation, défibrillation

La transe de l'électrocardiogramme en dit long
Ondes funèbres et supputations des clameurs
Comme tous les moutons je bêle ma soif du désastre

Ellipse apocalyptique, hémoglobine ou sourire écarlate
Je suis né dans la photosynthèse du fatum
Incise extatique, je meurs de vie me direz-vous
Toutes les camardes ont ce sourire moqueur sur les lèvres

Dans l'optique d'un déni existentiel
Je m'entaille la peau, élégante horreur, vous direz
Rien à faire, ici ce qui est n'est pas et là-bas...
C'est tout le sens de la valse nocturne

La lune hulule et j'entends dans ma tête le fracas intense
La lune hulule, silence des feuilles
C'est tout le sens de mes traces de pas
Un signal de détresse, comme piégé dans l'idée de la vie

Je sue

J'écris dans le futur


 
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   Gabrielle   
22/4/2020
 a aimé ce texte 
Bien
Comme un appel...

Une description de la société et de ses souffrances...

La projection d'un avenir noir.

Le futur pour l'auteur(e) est synonyme de lutte dans l'horreur d'une société qui bat de l'aile et d'une époque troublée.

Une note d'espoir : "comme piégé dans l'idée de la vie"

Merci à l'auteur(e) pour sa contribution aux chroniques d'une époque troublée.

   Queribus   
26/4/2020
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour,

J'ai aimé l'écriture très originale de votre texte avec de très belles expressions poétiques: "je suis né dans les mots qui balaient la société, "Conquête elliptique de l'alphabet sauvage", "Ondes funèbres et supputation des clameurs", "comme les moutons je bêle ma soif du désastre",etc.

J'avoue cependant et par ailleurs, malgré les images précitées, que j'ai eu quelques difficultés à suivre votre pensée à cause du côté surréaliste et abstrait de votre écrit; par ailleurs j'ai été surpris par la venue de la lune dans votre poème.
Enfin j'ai remarqué à la fin future au lieu de futur.

Votre poème est, à mon avis, de ceux qu'on adore ou qu'on déteste.

Personnellement, je n'ai ni adoré ni détesté.

Bien à vous.

   Corto   
17/5/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ce poème a un vrai cachet.
Comme une plongée existentielle qui ne joue pas avec les mots mais les fait valser, brutaliser, inquiéter, désespérer.
Des mots souvent sournois qui concentrent un mal de vie, des mots qui hululent à l'instar de la lune dont "j'entends dans ma tête le fracas intense".
Des mots qui passent comme "je sue" car "J'écris dans le futur".

L'ambiance ici créée est prenante et bien rendue. Comme dit l'exergue "les mots pour effort de survie".

Bravo à l'auteur.

NB: Je relève une expression notable:
"Rien à faire, ici ce qui est n'est pas et là-bas...
C'est tout le sens de la valse nocturne".
"Rien à faire ,ici" peut volontiers glisser en 'Rien à faire ici'. Autrement dit une expression d'inutilité/étrangeté du soi dans l'espace où il se trouve. Une formule qui renforce encore le côté aigu du poème.

   Vincente   
17/5/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ces deux premiers vers sont d'une signifiance très percutante :
"Je suis né dans les mots qui balaient la société
Conquête elliptique de l'alphabet sauvage
".

Des mots qui ventent leurs poussières de sens, qui se tapissent sur le sol-fondement sociétal, et finissent par étouffer, effacer, éclaircir (en vue d'une redéfinition ? …) la visibilité des valeurs humaines entachées… La "conquête elliptique de l'alphabet sauvage" s'affirme en expression riche d'une grande force évocatrice.

"Fibrillation, défibrillation". Électrochocs donc. Les mots seraient les électrons percutant pour faire redémarrer l'organe défaillant.

Le champ lexical médicalo-scientifique de la première moitié du texte n'aura de cesse de fourbir cette "optique d'un déni existentiel" qui alimente ce poème. La tourmente est certaine au point que le mélange des genres s'insinue à contre gré du propos, mais de fait le porte et l'extasie ("incise extatique") et s'argume dans des formulations contradictoires ("je meurs de vie", une très belle trouvaille, à l'envers du sens, à travers les sens ; "Je m'entaille la peau, élégante horreur", une saignée pour se redéfénir, se recommencer, un mal pour un bien, un beau geste issu d'une grande "déchirure" ; "ici ce qui est n'est pas", la survie au sens d'un maintien en vie coûte que coute, mais aussi et surtout une vie "au-dessus", une vie "sur" la minimale existence, un "déchirement" pour une vie supérieure.)

Quand la lune arrive inopinément dans le propos, dans une ultime incursion déstabilisante, déstabilisée par ce "fracas intense" dans la tête, l'on sent l'omniprésence du trouble jusque dans le "silence des feuilles".

Terrible et superbe, ce vers, "Un signal de détresse, comme piégé dans l'idée de la vie", est le fondement de l'intention poétique et bien plus encore au coeur du questionnement existentiel du narrateur. Il "sue", il s'active sans relâche et "écris dans le futur", il se transpose avec une telle volonté qu'il y forme ces mots d'aujourd'hui à l'encre du demain.

Si le poème montre dans une formidable implication vitale, une "survie" impressionnante, de sensibilité et de lucidité, j'ai trouvé que l'expression en elle-même, bien que compréhensible dans ses ressorts, manquait de maîtrise narrative. C'est peut-être voulu par l'auteur, mais une certaine confusion se ressent à la lecture par l'enchevêtrement des registres d'évocation. Par exemple, quand après les deux premiers vers "elliptiques", se présente "Fibrillation, défibrillation", le retour au prosaïsme médical est un peu rude, après on s'habitue à ces percussions de métaphores abstraites (plus ou moins lyriques) et assez réalistes (à peine imagées). Il m'a semblé que le "fondu-enchaîné" ne fonctionnait pas assez, voire qu'il s'opposait aux effets d'opposition qui sont a priori dans l'intention de l'auteur.

Je n'ai pas compris le vers "Comme tous les moutons je bêle ma soif de désastre". "Bêler la soif" pourquoi pas, ce serait une autre façon de demander à boire, mais demander une "soif de désastre" ??? Si le bêlement a bien une sonorité plaintive, je suis certain que le mouton ne bêle pas que pour se plaindre ; bon avec "soif", il y a bien une notion de manque, donc de besoin à satisfaire ; ainsi que peut être ce besoin de "désastre" ? Désolé, je ne vois pas.
Mais c'est une petite anicroche, dans sa globalité la déclamation est forte et touchante.

   Anonyme   
18/5/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour Jocelyn,

Le titre n'est pas vraiment incitatif (à lire) ou alors vraiment beaucoup : Que peut-on dire "des mots" justement ?
Heureuse surprise à la lecture, ces "mots" sont le point de départ, la naissance.
Dès le troisième vers, l'écriture devient médicale, chirurgicale.
J'ai aimé, en particulier :
- "Les camardes", habituellement, le mot camarde est rencontré au singulier. Le pluriel le démystifie et le rend moins convenu.
- Le déroulé du poème qui part d'un style plutôt technique, mais aussi savant pour se terminer sur un ton plus humain et intime.
Un peu moins aimé, l'impression que j'ai eu de vouloir "en faire trop", trop introverti, trop savant, trop médical par instant.

Une lecture intéressante, merci du partage.
Éclaircie


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