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Poésie contemporaine
JYP : Mon enfant
 Publié le 16/06/24  -  6 commentaires  -  1873 caractères  -  64 lectures    Autres textes du même auteur

Dans l’esprit de « If », de R. Kipling.


Mon enfant



Mon enfant, je ne t’avais rien dit de mes peurs
Parce que ta joie était un bien trop précieux
Pour risquer de la dissoudre dans des terreurs
Qui empoisonnent et paralysent les vieux.

Mon enfant, je ne t’avais rien dit de mes doutes
Pour garder sauve la confiance en ton destin
Sans ajouter aucun obstacle sur ta route
Qui rende l’ordre des choses trop incertain.

Mon enfant, tu ne connais rien de mes blessures :
J’ai préféré enfouir ma misère et ses miasmes
Pour qu’ils ne gâchent pas tes rêves d’aventure,
L’appétit de ta jeunesse et son enthousiasme.

Mon enfant, le soir tombant, me prend le remords
De n’avoir pas dit qu’un jour viendront des orages,
À affronter comme un irrémédiable sort,
Et qu’alors seul t’accompagnera ton courage.

Mon enfant, j’aurais dû te réveiller la nuit
Pour éprouver, sous le mystère des étoiles,
Le fracas du tonnerre et l’ombre qui s’enfuit,
Son effroi délicieux, transi jusqu’à la moelle.

Mon enfant, j’aurais dû te perdre dans les bois,
Seul, livré à l’inconnu et aux cris étranges,
Dans l’angoisse qui fige la bête aux abois
Quand rode une menace que la faim démange.

Mon enfant, j’aurais dû te jeter dans les flots,
Te laisser nager dans un tumulte d’écume
À rechercher l’air et ne respirer que l’eau,
Et sentir ton corps recru devenir enclume.

Mon enfant, je ne t’ai rien donné d’exemplaire,
Ni commandement, ni modèle à reproduire,
Seul l’amour, trompé par l’illusion de bien faire,
Qui voulait protéger quand il fallait instruire.

Mon enfant, ni ami, ni confident, ni juge,
Tu es bien davantage, l’ambition ultime
Dans laquelle tous les rêves trouvent refuge,
Remplissant mon vide d’une évidence intime.


 
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   Polza   
3/6/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour,

J’aime beaucoup ce poème de Kipling et l’exergue dit « Dans l’esprit de « If » de R. Kipling, mais je vous commente en faisant abstraction de cela.

Mon enfant, ou le difficile art d’être un bon père ou une bonne mère. Chacun fait comme il peut avec ce qu’il a lui-même reçu (ou pas) parfois, ou avec les moyens du bord.

Si j’ai bien aimé l’ensemble de ce poème, je vous fais part de mes quelques remarques.

« Mon enfant, je ne t’avais rien dit de mes peurs/Parce que ta joie était un bien trop précieux » c’est minime comme changement, mais j’aurais préféré lire «  Mon enfant, je ne t’ai rien dit de mes peurs/Parce que ta joie était un bien trop précieux » idem au deuxième quatrain.

« Mon enfant, le soir tombant, me prend le remord » rien de grave, mais remords s’écrit avec un s qu’il soit au singulier ou au pluriel, enfin je crois !

« A affronter comme un irrémédiable sort, » même en poésie contemporaine, je reste sensible aux sonorités qui heurtent l’oreille. A affronter donne un peu harmonieux a/a je trouve. un synonyme d’affronter pourrait éventuellement régler la question.

« Dans laquelle tous les rêves trouvent refuge,/Remplissant mon vide d’une évidence intime. » cela change le sens, mais j’aurais bien aimé lire « Dans laquelle tous mes rêves trouvent refuge/Remplissant mon vide d’une évidence intime. »

Beaucoup de regrets dans ce poème, je me suis dit que le narrateur (la narratrice) était bien dur (dure) envers lui-même (elle-même). Poème qui ne m’a pas déplu en tout cas !

Polza en EL

   Donaldo75   
4/6/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Le refrain « mon enfant » résonne comme dans une chanson ; le message véhiculé tout au long des quatrains s’étale sur la page et peut sembler un peu long mais il enfonce le clou que la strophe de fin représente. La progression dramatique, réhaussée par les images, imprime la tonalité de ce poème qui se déguste sur la durée.

J’ai apprécié ma lecture même s’il m’a fallu plusieurs itérations avant de la saisir.

   papipoete   
16/6/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
bonjour JYP
ah, si j'avais su, je t'aurais appris... la joie, la rigolade, la réussite qui devrait colorer la vie, mais aussi le côté sombre de l'existence...
quand il faut affronter
- le Diable en ton ami, le démon
- les mots emplis de haine
- l'orage qui illumine la nuit
- la ligne blanche que le chauffard d'en face, franchit
que dans mon coeur, régnait parfois aussi le Noir
j'aurais dû...
NB une autocritique qui vient à l'esprit d'un père, lorsqu'il constate que son enfant, n'est pas du tout armé face à l'adversité ; qu'il va falloir avec du retard, s'y coller sans armure, sans préparation.
une anecdote personnelle, souvenir de colonie : par quelque temps qu'il fit, nous partions en randonnée :
- lorsque l'orage grondait, nous partions la pèlerine sous le bras et lorsque ça pétait, on l'enfilait et avançions en redoublant la tonalité de la chanson qui nous donnait du courage !
nous n'avons jamais fait le meilleur, en tant que père ou tuteur, mais...
par moments, l'auteur évoque des passages que je connus, mais de l'autre côté du miroir, comme dans la 3e strophe.
" il aurait fallu que je t'expose à la peur, pour que tu n'en aies plus peur "
certes un peu long, ce texte cependant se lit avec plaisir.
techniquement ; vous lisez " précieux " en diérèse, alors qu'après " confiance " en synérèse...

   Provencao   
17/6/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour JYP,

"Mon enfant, ni ami, ni confident, ni juge,
Tu es bien davantage, l’ambition ultime
Dans laquelle tous les rêves trouvent refuge,
Remplissant mon vide d’une évidence intime."

C'est ce vide qui m'a interpellée. Est-ce une absence où la perte où le manque de quelque manière?

Est-ce à dire qu'avant ce vide, il n'y avait pas le néant, où est-ce un vide initial, sans combinaison? Un vide sans destin ni analogie possible. Un vide en soi.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Quidonc   
18/6/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Ce poème comme indiqué dans l'incipit s'inscrit dans la tradition des conseils « parentaux » poétiques, évoquant "If" de Rudyard Kipling.
Dans les 3 premières strophes, le poète explique qu'il a caché ses peurs, ses doutes et ses blessures pour protéger l'innocence et la joie de son enfant. Il valorise l'importance de ne pas transmettre ses propres angoisses pour permettre à l'enfant de conserver sa confiance et son enthousiasme.dans les 4 suivantes, il exprime son remords de ne pas avoir mieux préparé son enfant aux difficultés de la vie. Il reconnaît que l'absence de confrontations avec des situations difficiles a privé l'enfant d'expériences cruciales pour le développement de son courage et de sa résilience. Les images du tonnerre, de la forêt, et des flots symbolisent ces épreuves non partagées. L'avant dernière strophe termine par une note réflexive et mélancolique où le poète admet que son amour, bien que sincère, a pu être mal orienté. En cherchant à protéger, il a peut-être échoué à instruire correctement. Cette strophe synthétise la tension entre la protection et la préparation.
La strophe finale décrit l'enfant comme l'ultime ambition et le réceptacle des rêves du poète, révélant ainsi une dimension plus égoïste de la parentalité, où l'enfant devient le refuge des aspirations inabouties du parent.
Le poème ne se contente pas de donner des conseils ; il explore de manière introspective les dilemmes et les remords de la parentalité. Si cette profondeur psychologique enrichit le texte et le rend plus universel, elle le prive, à mon sens, d'un élan plus épique. Bien que les métaphores restent puissantes, il y a une certaine redondance dans l'accumulation des images naturelles. Cela semble parfois un peu forcé ou exagéré. Si le poème reste assez général dans ses réflexions, le ton du poème, bien que justifié par son contenu, me paraît trop appuyé par moments, ce qui limite l'empathie du lecteur et rend le message un peu lourd.
Néanmoins le poème est émouvant et sincère. Les sentiments de regret, d'amour et de protection parentale sont exprimés avec une authenticité touchante. La musicalité de la lecture est agréable. En s'inspirant de "If" de Kipling, le poète parvient à trouver sa propre voix.
Merci pour ce partage

   Pouet   
20/6/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Slt,

j'ai trouvé ce poème émouvant.
Le texte semble très personnel, en tout cas il sonne juste.
La complexité d'être parent, la notion "d'exemple" pour ses enfants, ce que nous pouvons dire ou pas, de petits miroirs de nous-mêmes qui n'en sont pas. Tout demeurera imparfait quoique nous fassions, tout nous échappera quoique nous tenions, transmettre les "règles " d'une existence qui n'en a pas. Certainement que nous serons aussi au-delà des mots, dans la compréhension d'un silence ou l'éclat d'un regard. Nous déposerons nos rires et nos doutes sur la table, peut-être que la peur ne nous quittera jamais. Les chemins sont multiples, peut-être pouvons-nous esquisser le début d'une trace, l'amorce d'un élan. Il n'y a pas de solutions, la beauté du combat.


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