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Chansons et Slams
Kemo : Je suis
 Publié le 07/09/22  -  16 commentaires  -  3025 caractères  -  277 lectures    Autres textes du même auteur

Voilà un texte pour me présenter.


Je suis



Je suis de ceux qui sont stressés
Tous les anxieux dans les métros
En direction d'une journée
De soumission dans un bureau
Je suis de ceux qui se lèvent tôt
À qui l'av'nir n'appartient pas
Je suis de ceux qui fument de trop
Leurs p'tits billets dans du tabac

Je suis du peuple des oubliés
Je suis un inconsidéré
Je suis de ceux qui ne comptent pas
« Fais ton boulot et ferme-la »
Je suis du peuple des égarés
Ceux qu'ont perdu au fil du temps
L'espoir qu'ils avaient, quand, enfants
Ils se rêvaient comme des géants

Je suis du peuple des fluos
Que l'on déguise pour travailler
Les invisibles sous un gilet
Les silencieux dans les bistrots
Je suis de ceux qui boivent de trop
Les amertumes dans le houblon
Je fais partie du grand troupeau
Sous le drapeau des abandons

Je suis du peuple des fauchés
Des galériens, des gueules cassées
Ceux qui n'ont rien d'autre que leurs mains
Pour affronter à chaque matin
Le quotidien des déclassés
Des édentés qui n'coûtent rien
Des p'tits soldats dans les tranchées
Des embauchés pour un bout d'pain

Je suis du peuple consommateur
Mais qui ne peut rien s'acheter
À part les merdes, les bon marché
Et l'on me traite de pollueur
Je mange la viande sans protéine
Je mange les fruits des pesticides
J'avale des trucs sans vitamine
Des insalubres, des génocides

Je suis du peuple des modernes
Un grand écran dans mon salon
Regard éteint et visage terne
Devant moi dansent les bouffons
Pourtant je ne suis pas un roi
Dans mon frigo y a qu'des glaçons
Que j'plonge au fond d'mon désarroi
Dans un grand verre de dépression

Je suis du peuple des colères
Au fond des yeux les cimetières
Des illusions de l'existence
Et des promesses de l'enfance
Je suis du peuple des violences
Celles qui s'immiscent dans l'inconscience
Dans des cerveaux d'ébriété
Et qui explosent l'humanité

Je suis du peuple des condamnés
De ceux qui marchent les yeux fermés
Vers l'abattoir des libertés
Car Liberté, faut la payer
Je suis de ceux-là sans le sou
Pour habiter un bout de terre
Je suis de ceux au fond du trou
Pour qui se cache la lumière

Je suis du peuple des misères
Ce vaste peuple sans frontière
De ceux qui n'ont pas de couleur
Les transparents, les sans-valeurs
Je suis de ceux qui déambulent
Quand il est tard, les morts-vivants
Quand tombe enfin le crépuscule
Ceux qui font peur aux braves gens

Je suis du peuple des sans-dents
Des étrangers, des sans-papiers
Je suis du peuple manifestant
De ceux qui battent le pavé
Je suis du peuple des solidaires
De ceux qui partagent les lumières
Je suis la France, je suis la Terre
Je suis l'humain et l'univers


 
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   Vincent   
7/9/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Kemo et bienvenue chez les paroliers

si je peux me permettre votre texte doit avoir le contenu de deux ou trois chansons

Je trouve très contemporaine votre écriture, et votre autodérision

avec une certaine philosophie du climat ambiant

Mise à part sa longueur j'ai beaucoup aimé

Merci à vous

   Anonyme   
7/9/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Kémo

Et bien moi qui ne suis pas une adepte des textes trop longs, je n'ai pas loupé un seul de vos mots.
Une très belle présentation bien que pas très gaie mais un tableau réaliste de la société actuelle en des mots simples et percutants.
Une mise en musique eut été le sommun .
Bravo.

   Donaldo75   
7/9/2022
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Kemo,

Certes, je trouve le texte trop long mais finalement ce trop plein de vers ne me choque pas; il y a de la peinture sociale forte dans ce slam, avec de belles trouvailles - par exemple, le peuple des fluos en est une et le quatrain qui l'accompagne va au-delà de la formule - qui le rendent puissant. Je suis curieux de le voir mis en musique, si c'est un projet envisagé.

   Cyrill   
7/9/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Kemo,

Ce n’est pas dit que c’est un Slam mais je le lis comme tel avec l’accent banlieue qui convient, ou même pas, et ça marche. À l’oral, votre texte a le son vindicatif de la vindicte sociale.
Vous endossez les habits jaunes fluo aussi bien que ceux des galériens d’un autre temps ou des consommateurs de machins polluants.
Vous ratissez large avec la colère et c’est bien résumé, je trouve, chacun pourrait se reconnaître un peu, enfin, je suppose qu’il y en a qui échappent à l’autocritique, comme toujours.
C’est long mais la harangue vaut le coup de l’être pour au final atteindre l’Univers.
Bref parce qu’il faut finir, j’ai adhéré !

   Provencao   
7/9/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour et bienvenue Kemo,

" Je suis du peuple des oubliés
Je suis un inconsidéré
Je suis de ceux qui ne comptent pas
« Fais ton boulot et ferme-la »
Je suis du peuple des égarés
Ceux qu'ont perdu au fil du temps
L'espoir qu'ils avaient, quand, enfants
Ils se rêvaient comme des géants"

J'ai choisi ce passage car je trouve que vous avez fort bien teinté ce genre d'être. Il y a dans votre écrit long, mais cela ne m'a pas gênée, une signature morne, fade, réelle, très terre à terre, supportée et forcément triste ou irascible, réprouvée.

Ce souci que vous avez eu de donner une tonalité au vécu, comme l'histoire que l'on pourrait donner au verre à moitié plein ou moitié vide..

Les pointes d'humour, l'autodérision nous invitent à nos recherches sur le lien du rapport à la vérité au réel, que chaque être pense guidé, précisé et spécifié par un ressenti de la valeur de l'autre ou des choses.


Au plaisir de vous lire
Cordialement

   papipoete   
7/9/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour Kemo
Je lis à travers vos lignes un sacré " CV ", qui pourrait rebuter bien des employeurs ou autres recruteurs...Pas vraiment de cuiller en argent, dans le trousseau qui vit naître ce damné de la Terre, dont les mains pour bosser, les pieds pour errer, et les yeux sans cesse mouillés, sont tout le trésor dont il dispose...
NB vu la liste de l'inventaire dont jouit le héros, je pense cher p'tit nouveau, que vous pûtes en garder à l'usage de plusieurs textes, et qui sait : un musicien dans vos parages, venant à passer prendre une partition, et vous musiquer ces vers ?
Un coup de maître pour une première parution, mais prenez garde à la taille de votre oeuvre, qui pourrait rebuter l'éventuel lecteur !
la 6e strophe a ma préférence, avec ce " frigo plein d'glaçons... "

   Anonyme   
7/9/2022
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour et bienvenue, puisque je vois que c'est votre premier texte sur Oniris !

Bon, je ne me reconnais pas dans ce portait gravé à l'acide de la "France d'en bas" comme avait dit je ne sais plus quel crétin des Alpes et le trouve quand même assez caricatural et propice à la commisération, mais je salue votre volonté de ne pas mâcher vos mots et de dire les choses telles que vous les ressentez ou observez.

Merci pour la lecture et à bientôt !

Anna

   plumette   
7/9/2022
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Kemo, et bienvenue!

je pense que la longueur va bien au genre, il faut s'immerger puis relire pour déguster la force des images et des mots.

il y a beaucoup de choses, pas toujours sur le même registre ( comme trop fumer ou trop boire) mais l'unité c'est l'identification avec ce "je suis"

Une peinture sociale sans concession où la colère claque dans certaines expressions, Exemple avec cette strophe:

Je suis du peuple consommateur
Mais qui ne peut rien s'acheter
À part les merdes, les bon marché
Et l'on me traite de pollueur
Je mange la viande sans protéine
Je mange les fruits des pesticides
J'avale des trucs sans vitamine
Des insalubres, des génocides

la limite pour moi, c'est justement ce "je" qui concentre tous ces maux ( mots) et si l'on prend le je au premier degré, ça fait penser à ce "je suis Charlie" qui a été mis à toutes les sauces.

Avez-vous essayé avec " il y a ceux qui...

en tous cas, il y a un sacré potentiel dans ce texte que j'ai aimé lire.

   Raoul   
7/9/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour,
C'est un slam - je le considère ainsi, en tous cas - qui a du chien et un fond de chanson engagée très contemporain en évitant la mélancolie du dernier verre désespéré au bar d'à pas d'heure... et en pointant les injonctions contradictoires et sociétales.
J'aime d'ailleurs beaucoup que cela se déploie sur la longueur donnant au texte un côté assez universel tout en n'étant pas la parole d'un collectif avec ce "Je suis de" martelé en anaphore.
J'apprécie la variété des rimes, pas si courantes en "chanson/slam".
Je trouve le "fluo" très parlant et évocateur d'une stigmatisation moderne.
Idem. pour le "Je suis du peuple des consommateurs" qui après avoir été les héros des trente glorieuses, sont maintenant voués aux gémonies. Bref, je trouve le tout plutôt bien vu.
(juste une gêne avec le n' de "n'coutent rien", qui n'aurait pas souffert d'être omi)
Merci pour ce texte (lettre de motiv. & CV) bien envoyé !!!

   Anonyme   
8/9/2022
 a aimé ce texte 
Bien
Un je suis qui se lamente la bouche pleine plus qu'il n'agit. Connaît il vraiment le monde des inégalités, des floués, de ceux qui sont vraiment à plaindre ?
C'est un fait notre société tend de plus en plus vers la décadence, pourtant il y aurait peu à faire pour redresser la tendance ! Mais ce n'est pas facile de résister aux diktats imposés sournoisement. Il suffirait pourtant de tourner le dos aux discours manipulateurs qui fusent de toutes parts tels ceux des écolobobos qui ne savent que survoler les problèmes au lieu de les dénoncer à la racine. Est-ce vraiment le mode de transport des footeux qui pose problème à la planète ou bien leurs salaires disproportionnés ?
À vous lire bientôt dans un autre registre car il y a un véritable potentiel d'écriture !

   poldutor   
7/9/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Kemo et bienvenue sur Oniris
Je ne suis pas très féru de chansons et autres slams mais votre texte m'a interpellé par son foisonnement d'idées, d'images ; il est difficile de sortir un seul vers tant c'est touffu, c'est dru (dans le bon sens du terme!), j'ai apprécié malgré un certain pessimisme.
Bravo.
Cordialement.
poldutor

   senglar   
7/9/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Kemo et Bienvenue,


Il y a un vrai souffle dans votre slam, c'est cela que je retiens.
Cela foisonne, c'est sur complet ; on se demande s'il vous restera quelque chose à dire après cela. Paradoxalement vous avez bouffé votre pain blanc avec ce délire noir.

Pour la première fois j'ai compris la violence du "sans dents" de qui l'on sait que j'aimais bien, que j'aime beaucoup moins, qui me semblait bien anodin et que j'ai pris ici comme un direct en pleine face :
"Des édentés qui n'coûtent rien"
Tiens ! J'ai rendez-vous avec la dentiste lundi prochain. M'en vais coûter un peu à la Sécu.
S'il y a autre chose que je puisse faire...

   Lotier   
10/9/2022
Belle complainte. Rapprochement à faire avec l’œuvre de Jehan Rictus (par exemple dans le recueil Le Cœur populaire).

   Anonyme   
11/9/2022
Bonjour, et bienvenue.

C'est une manière amusante de se présenter qui change du salon d'accueil :)

J'ai été agréablement surprise de la rythmique, même si parfois les rimes et les idées reviennent (j'imagine que c'est volontaire, sinon c'est potentiellement modifiable) l'ensemble est cohérent et glisse tout seul :)

Une jolie entrée en matière.

Par contre pour mes goûts personnels il me manque encore un petit je ne sais quoi sur lequel je n'arrive pas à mettre le doigt pour l'instant mais quand ça me reviendra, je vous ferai un petit Edit.

Je réserve donc mon appréciation le temps de me fixer, mais j'ai apprécié ma lecture.

Au plaisir de vous relire.

   Myo   
25/9/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Voilà une bien belle manière de faire entendre la voix de ce peuple là.
Car ce que vous avez à dire, n'est pas vain ... soyez en sûr.

N'oublions jamais que notre société repose sur cette base courageuse indispensable.

BRAVO et MERCI

   Lavekrep   
24/1/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonsoir Kémo, vous auriez pu conclure par "Debout les damnés de la terre" mais il est devenu de bon ton de ce moquer ou de dire qu'une chanson qui dénonce ne sert à rien.
Je suis un petit nouveau qui attend sa première présentation et j'ai moi aussi deux trois textes qui dénoncent nos petit et grand travers mais je n'ai pas osé commencer par un de ceux-là alors bravo pour votre courage.

Je suis du peuple des fluos
Que l'on déguise pour travailler
Les invisibles sous un gilet
Les silencieux dans les bistrots
Je suis de ceux qui boivent de trop
Les amertumes dans le houblon
Je fais partie du grand troupeau
Sous le drapeau des abandons

mention spéciale pour: "Je suis de ceux qui boivent de trop
Les amertumes dans le houblon" car (et j'espère que vous aurait l'occasion de le découvrir) je me reconnais un peu dans ce style d'écriture.

À vous relire, Lavekrep Codaraque.


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