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Poésie libre
Lagomys : Blanche
 Publié le 04/10/12  -  5 commentaires  -  2976 caractères  -  116 lectures    Autres textes du même auteur


Blanche



Nuit café que je remue, nuit sans lune…
La lune métronome qui se balançait jadis sous la cloche argentine maintenant silencieuse.
Nuit café, nuit sans fin…
Où s'épanchaient nos mirages imprégnés d'Aïn Béïda ;
Nos chimères bleu dragon, héroïques et glorieuses ;
Nos phantasmes enfiévrés, nos délires impudiques ;
Tous ces rêves poudrés qui s'écoulaient dans l'intemporalité de la clepsydre scintillante
Et qui emplissent aujourd'hui l'urne des bonheurs incendiaires.

Nuit café, nuit amère…
Comme le marc de l'existence
Privée des flocons illusoires,
Sans étoiles, sans heures,
Sans but,
Sans toi,
Sans toi, désormais !

La ronde s'est figée,
Je remue.
J'attends un signe :
Je guette le pendule.
Je lui ai dit : "Lune, lune, entends mes cris de dément ; les loups font écho, les chiens du désert hurlent son absence !"
Faut-il que mon sang corrompu souille les draps qui ont miré nos ciels de lait,
Nos mers coco, nos baggalas intrépides, nos voyages…
Nos escales aux feux de ton oasis, insoumise Berbère ?
Nos escales…
Arabica,
Et sucre brun.

Tu ne reviendras pas !

Dans ma nuit café, le sémaphore cireux, mon guide, se fait attendre,
Cruel.
Les flots acharnés écument de fureur et de poison, les alizés tourbillonnent, les vagues à présent indomptées pilonnent la porte,
Là où s'échouent nos vaisseaux
Fantômes,
Fantômes désormais !
Je brasse les remords jusqu'à ce que fonde mon cœur dans l'âcre pénombre aux effluves de cendres froides,
Et qu'il devienne trou noir d'où rien ne s'évade :
Ni les astres, ni les phares enneigés,
Ni toi,
Ni toi mon Amour !

Je suis depuis trop longtemps somnambule !

C'était toi, naufragée agrippée à son capitaine prisonnier des abîmes ;
C'était toi près de moi,
Blanche dans ta nuit cocaïne,
Ton linceul et ton lange,
Ta renaissance, mon Ange ;
Blanche
Comme un matin sans soleil,
Blanche
Comme ces loups aux abois qui t'arrachèrent à moi,
Blanche
Comme la camisole qui me retint dans les limbes de leur paradis noir,
Blanche
Comme les pages de ma vie désormais.




Nuit café, nuit amère…
La tasse est vide à jamais,
Vide des souvenirs qui me tenaient éveillé,
Vide de toi,
Vide de tout !


Un chébec impatient à l'empennage crayeux tangue à quai…










Enfin !
La lune revenue reprend son tic-tac.
Alors : QUE TINTE LE CIEL !




Dernière ligne,        j'arrive mon Amour !





À Nedji
À Fred qui l'a rejointe


 
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   Titato   
6/10/2012
Poème intimiste, qui a sa voix, et j'aime la poésie toute personnelle en le sens que c'est un rencontre, un partage d'intimité, et lors, voix de sensibilité humaine...les vers, leurs longueurs varianat par exemple, traduisent comme un pêle-mêle de sensations mais aucunement un chaos car leur musicalité est fluide, cela cotonne mais ne se heurte pas.

Je ne connaissais pas ce qu'était un chébec, et merci pour cela, de me l'avoir appris.

La mer est présente en ce poème, par différentes images, les vers même rappellent la vague alors des personnes voyageant ce poème, je me dis qu'elles ont lien avec - qu'elles y vivent par exemple -et si c'est le cas, c'est joliment traduit en le sens que ce poème est le prolongement d'un vivre.

L'écriture, la plume, est riche, tour à tour lyrique, puis dans un quelque chose de plus condensé, instatané, et ces deux verves se marient très bien, selon moi, en ce poème.

Un poème en lequel, je me suis aussi retrouvé. Cette remarque n'est pas très littéraire, il est vrai, mais elle montre que je me suis approprié le texte.

Cordialement.

   melancolique   
6/10/2012
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour Lagomys,

Le sens du poème m'echappe toujours malgré plusieurs lectures, mais malgré ça il y a une ambiance, la nuit sans lune, sans fin, et l'absence...J'aime bien:
"Et qu'il devienne trou noir d'où rien ne s'évade :
Ni les astres, ni les phares enneigés,
Ni toi,
Ni toi mon Amour !"

et je retiens particulierement:
"Nuit café, nuit amère…
La tasse est vide à jamais,
Vide des souvenirs qui me tenaient éveillé,"

J'aime aussi la fin : "La lune revenue reprend son tic-tac."

Mais je trouve qu'il y a plusieurs lourdeurs dans ce poème, comme:
"Tous ces rêves poudrés qui s'écoulaient dans l'intemporalité de la clepsydre scintillante"

Au plaisir de vous relire.

   Lagomys   
7/10/2012

   Anonyme   
8/10/2012
Bonjour,
j'ai interprété votre texte comme évoquant un deuil lors de la première lecture. Cependant, l'émotion (liée à un thème aussi fort), ne s'est révélée qu'à la seconde lecture. Peut-être parce qu'elle était "retenue" par l'élaboration sophistiquée du texte, en particulier le travail sur le lexique, un peu hermétique pour moi.
Même si cet hermétisme m'a un peu "bloquée" dans mon ressenti, j'ai beaucoup apprécié le lyrisme de votre poème, en particulier la chute, avec ses anaphores et cette répétition ("blanche") qui apparente la strophe à une litanie.
Par ailleurs, je salue votre travail sur le lexique et la langue, ma remarque n'étant pas une critique mais avant tout l'expression de mon ressenti.

   Anonyme   
23/2/2018
 a aimé ce texte 
Pas ↑
La façon, dont le texte est narré, ne permet pas vraiment d'accéder à sa compréhension. Il est hermétique, éloignant tout ressenti.

Je vous ai lu et relu attentivement. Mon impression se confirme, sans doute, est-ce là, un écrit extrêmement personnel, il tient à distance le lecteur. Rien ne me parvient, les mots gardent leur impénétrabilité.

J'ai perçu comme une conversation intérieure à voix haute, bien sûr celle-ci ne me concerne en rien.

Ce poème s'étire en "longueur", perdu dans les détails. Un certain aspect confus s'installe, j'ai bien du mal à en saisir le fil conducteur.

La forme est aussi déroutante que le sujet proposé.

Seules les deux phrases suivantes peuvent donner un début de compréhension :

" À Nedji
À Fred qui l'a rejointe "

Mais c'est si peu ...


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