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Poésie libre
Lapsus : La liberté de Samarcande
 Publié le 05/10/09  -  9 commentaires  -  1661 caractères  -  315 lectures    Autres textes du même auteur

De l'écriture poétique.


La liberté de Samarcande



J'ai couru la bataille, ô maître Tamerlan.
Au milieu des combats j'ai maintenu la ligne,
Alors que bien des coups arrêtaient notre élan.
J'ai inspiré ton âme et ta ruse maligne.

J'ai senti sur les flancs le fer de l'éperon
Et par ta volonté j'ai galopé sur l'Inde,
J'ai foulé tous les sols, survolant l'Achéron,
Pour qu'aux cris du guerrier tout un monde se scinde.

Je ne referai pas le dur chemin d'un dieu
Qui mènerait de l'Inde aux portes de l'Euphrate.
Je pleure Bucéphale et le dernier adieu
Que lui fit Alexandre en une terre ingrate.

Faisons donc demi-tour au pays déserté,
Retrouvons herbes et vents, regagnons Samarcande.
L'ivresse de la steppe est nard de liberté,
Lâchant les mots perdus que notre galop scande.

Ô maître Tamerlan
enlève-moi la bride
laisse-moi retrouver le rythme naturel des coursiers de ma race

C'est la montagne claire au doux matin dormant
ou l'éperon rocheux d'une terre sans guide
qui dicteront ma course
la longueur de mes pas

Et je m'enivrerai des terres de Mongolie
la crinière en furie
les naseaux fumants
et dessinant dans l'air des transes de chamane

Car j'ai par trop souffert des quadriges de Grèce
du rythme alexandrin qu'on mène avec adresse

Et dans la solitude
je chercherai le son
les oreilles en arrière
écoutant le silence

Guettant le moindre écho des coups d'une cloche cachée
se perdant au lointain des hommes fiers
bercés par la soie chaude et ample qu'on trouve à Samarcande


 
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   jaimme   
5/10/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un très beau thème. Le coursier mongol (le peuple mongol, un cavalier mongol, son peuple?) emporté dans les tourbillons des armées de Tamerlan, qui supplie pour retrouver sa liberté et ses steppes. Bref pour arrêter les guerres. Chapeau!
Un peu arrêté par" les quadriges de Grèce", mais je pense qu'il y a là une référence au rêve de réitérer la conquête d'Alexandre le Grand. Mais le clin d'œil des vers alexandrins m'a bien plu.
Et puis, Samarcande n'est pas en Mongolie, même si l'empire du XIVème siècle...
Donc au niveau du thème, bravo. Mais je suis un peu moins convaincu par le traitement. Cela foisonne d'idées mais la musicalité en a été un peu sacrifiée (à mon goût, évidemment). Je laisse aux spécialistes de la poésie le soin de rentrer dans les détails.
merci Lapsus.

   pieralun   
5/10/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
J'aime ce texte. hormis deux vers qui coupent un peu la musique, le rythme est excellent et en accord avec le galop du cheval.
Les vers sont beaux dans l'ensemble, mais je trouve le mot "nard" extrêmement laid ( je ne sais pas pourquoi ).
Bravo également pour les évocations historiques qui se fondent parfaitement dans le texte

   Anonyme   
5/10/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un bien joli texte, plein de fureur et de bruit : course éperdue qui a su nous promener... Merci pour cette lecture.

   Meleagre   
5/10/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ce poème est beau, riche, et propose beaucoup de belles choses.
Littéralement, c'est le plaisir d'un cheval qui, libéré des quadriges de la Grêce, des chars de guerre, des combats, galope sans frein et avec ivresse dans les steppes de la Mongolie.
Et ce contraste (guerre / course libre) se retrouve dans la forme des vers. Les 4 premiers quatrains, en alexandrins, atteignent une grandeur épique qui font plaisir à lire ; j'aime beaucoup la 2e et la 4e strophe, qui ont une musicalité entraînante et fougueuse. Au contraire, les strophes suivantes, qui chantent la liberté retrouvée du cheval, sont écrits en vers libres.
Et ce contraste d'écriture nous amène à quitter le plan littéral pour trouver la part métapoétique due ce poème, comme nous le suggère la présentation de Lapsus ("de l'écriture poétique"), et quelques vers ("j'ai par trop souffert des quadriges de Grèce / du rythme alexandrin qu'on mène avec adresse " ; "laisse-moi retrouver le rythme naturel des coursiers de ma race")... Ainsi, ce coursier, libéré du combat épique pour galoper librement dans les steppes, n'est-ce pas une image de Lapsus, poète classique par excellence, qui s'éloigne de l'alexandrin pour nous offrir une poésie libre, en écartant la bride du mètre, pour essayer de retrouver le rythme naturel des mots ?

Mais je suis beaucoup plus convaincu par les alexandrins que par les vers libres de ce poème. Le rythme des dernières strophes parvient mal à mimer la liberté retrouvée du coursier et du poète. Dans les vers libres, la strophe que je préfère est l'avant dernière ("Et dans la solitude / je chercherai le son / les oreilles en arrière / écoutant le silence") ; mais ici, on retrouve un rythme assez régulier avec des vers de 6 syllabes.
Merci Lapsus pour ce beau poème, et cette riche sortie hors de la poésie classique !

   Chene   
6/10/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Lapsus

Ton poème nous transporte au temps des conquêtes du 14ème siècle au royaume des Timourides, à travers les steppes de l'actuel Ouzbékistan et de la Mongolie.

J'ai apprécié le parallèle que tu fais entre les vers contraints en alexandrins et cet espoir de liberté qui libère la forme du poème.

Je bute un peu sur la sonorité de "nard", cette graminée des steppes qui bouge libre au gré du vent, l'image est bienvenue. Peut-être que "nardet", un synonyme eût été plus facile à l'oreille, ou "vétiver"...

Content de cette lecture à bride abattue, une tentative assez réussie, je trouve.

Merci Lapsus

   Lariviere   
6/10/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Belle écriture. Les alexandrins sont fluides. Trop fluide au début pour pouvoir laisser l'émotion s'accrocher en moi, au cours de la lecture. "Enième poème en alexandrins bien mis, propre sur eux, avec une belle recherche géo-linguistique, enième poème bien foutu mais...", voilà ce que je me suis dit tout au long des quatres premiers quatrains, et puis il y a eu ça :

"Ô maître Tamerlan
enlève-moi la bride
laisse-moi retrouver le rythme naturel des coursiers de ma race"

Et ce fut le déclic. Ce passage est d'ailleurs construit pour celà. Un déclic. Le début du débridage du poème et de son sujet... La construction de ce passage, puisque j'en parle, est très réussi.

J'aime bien la déconstruction qui s'en suit,

"C'est la montagne claire au doux matin dormant
ou l'éperon rocheux d'une terre sans guide
qui dicteront ma course
la longueur de mes pas"

Déconstruction relative au début, seulement sur la forme, car le propos lui, s'amplifie mais reste dans le ton... Sur la forme, disons que c'est plus un réagencement des alexandrins à leurs coupures originelles qu'une véritable déconstruction métrique... On passe d'alexandrins à des vers à six pieds. Subtilement, le rythme devient plus rapide... L'essentiel : ça fonctionne.
On continue, on ne s'arrete pas : déconstruction des strophes pour coller un peu plus à la cavalcade qui prend forme :

"Et je m'enivrerai des terres de Mongolie
la crinière en furie
les naseaux fumants
et dessinant dans l'air des transes de chamane"

Strophes de plus en plus fougueuse, sur le fond et la forme, de plus en plus soumise à la folie... :

"Car j'ai par trop souffert des quadriges de Grèce
du rythme alexandrin qu'on mène avec adresse

Et dans la solitude
je chercherai le son
les oreilles en arrière
écoutant le silence"

Je ne connais pas "la soie chaude et ample qu'on trouve à Samarcande"... Je ne sais même pas où se situe exactement Samarcande. Je chercherais.

Je ne peux donner qu'un avis parcellaire, mais j'ai aimé ce poème, pour sa construction et son rythme in crescendo.

Sur le fond, je ne sais pas ce que trouve l'homme-animal ou l'animal-homme, "les oreilles en arrière, écoutant le silence"...

Arrive t-il a entendre, derrière le silence, encore le silence ?...

N'y aurait-il pas, derrière ces yeux et ces oreilles aux galops, un repos terrifiant, un repos où les sons et les choses emmagazinés, gonflés de leurs propres vacuités, deviendraient dans le silence encore plus horribles ?... Existe t-il un véritable repos des sens, existe t-il une trève des ventricules pour les véritables voyageurs ?... Même pour un cheval ?... Je ne sais pas...

En tous cas, merci de m'avoir mis devant ce joli poème et surtout, devant toutes ces interrogations...

EDIT : Je me suis renseigné et j'ai apris où se situait "Samarkand". J'ai aussi lu les autres commentaires et je partage la partie de l'analyse joliment explicative de Meleagre.

   colibam   
7/10/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Légendaire et fascinante escale sur la route de la soie, les échos parfumés de Samarcande, reconstruite sous la vindicte de Timur Lang (Tamerlan), résonne dans la mémoire de ce fier étalon.

Une parfaite maîtrise du sens poétique pour ce texte érudit.

Seul petit bémol dans la fluidité de ma lecture : « les naseaux fumants » auraient mérités la compagnie d'une syllabe supplémentaire.

Rien à redire sinon un grand bravo.

   David   
8/10/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Lapsus,

J'ai cru à une erreur d'aiguillage, en lisant les quatre premières strophes, puiss vinrent les suivantes où je cherchais encore des ruses de mise en page, des rimes dissimulées, mais non, le poème passe du classique au vers libre, pour deux d'entre eux au moins :

"laisse-moi retrouver le rythme naturel des coursiers de ma race"

"bercés par la soie chaude et ample qu'on trouve à Samarcande"

Ça serait même une incursion en prose.

Je crois que c'est l'image du poème, ce parcours entre "les" poésies. Ce guerrier las de la guerre, pleurant son cheval mort et la mélancolie de sa terre d'origine, comme un poète sur des alexandrins justes, mais vides, en quête d'inspiration, de souffle plutôt que de conquête.

Et puis Samarcande, c'est la route de la soie aussi, une promesse, un symbôle de richesse et de fortune, la steppe à traverser, une très vieille image de liberté.

Je ne sais pas si ces quatre vers résument le poème :

"Et dans la solitude
je chercherai le son
les oreilles en arrière
écoutant le silence"

J'ai bien aimé.

   Anonyme   
14/10/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Poème très original, avec une première partie en vers classiques, et une seconde qui se "débride" en vers libres...
De l'érudition, du ryhme, de la couleur...
Poème très abouti.
Le mot "nard" me gêne un peu, mais pourquoi pas ?


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