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Poésie libre
Laranco : Chair
 Publié le 05/08/10  -  10 commentaires  -  1160 caractères  -  135 lectures    Autres textes du même auteur

Ceci est un poème en vers libres, que je vous invite à découvrir, en espérant qu'il vous plaira. Son thème est l'inertie de la chair.


Chair



Chair : molle,
au milieu de la nuit -
tombée en travers
comme un tronc.

Chair : concave
fait son chemin,
repose
dans la nuit d’été
sous la lune
au halo de sel.

Chair : fluide,
lieu intermittent,
déroulement
de dunes, de
courbes, un peu endolories,
de lignes
se baignant dans l’air.

Chair : volume
presque aboli
à force de
s’aplatir sur
la gélatine
du présent,
la toux
indistincte
des soirs.

Chair : qui n’en continue pas moins
à s’étaler de tout son long,
à écouter
de toute l’ouïe
le glissement
un peu furtif.

Chair : qui n’en continue pas moins
à se demander
si demain…

Chair : amarrée,
arraisonnée,
piégée
par sa propre torpeur

par son inertie propagée,
par sa surdité
assouvie.

Chair : qui ne demande rien

Chair : déjà presque enracinée
dans le silence grandissant
qui se charge d’orienter
la poussée du ciel et du sol.



12/06/2006


 
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   brabant   
12/7/2010
 a aimé ce texte 
Bien
"La chair est triste, hélas ! et j'ai lu tous les livres."

Il semblerait que vous ayez la chair mallarméenne, "molle", guère plus mallarméée sinon mallarméable. lol.

Il m'apparaît également dangereux de dater un poème intitulé "Chair": 12/06/2006 ! où elle n'est déjà pas plus bien fraîche, je me demande ce qu'il doit en être aujourd'hui.
En tout cas, celle-ci nous ôte toute idée de concupiscence. lolos. Oh pardon ! lol ! (lapsus, mais aussi c'est de votre faute)


"inertie de la chair", certes, celle-ci n'a jamais eu d'autre liberté que de tressauter ou de se laisser triturer, emprisonnée qu'elle est (et heureusement) par cette gangue molle qu'est la peau.


Vous nous proposez neuf tableaux ou pistes pour cette chair qui, par sa propre pesanteur et torpeur inertes, semble fondre pour devenir métaphysique.

A chacun d'apprécier à sa juste valeur chacun de ces tableaux, suivant sa propre libido ou évolution libidineuse - vous avez pu constater que j'en suis au stade du têtard -, qui montrent un glissement de la chair sur elle-même jusqu'à l'anéantissement.

Certaines choses sont repoussantes, d'autres sont bien dites, mais cette chair, ainsi que celle de Mallarmé, est triste.

Je n'ai pas envie d'en opérer le relevé, à la fois amusant, philosophique et déprimant.

Vous avez pourtant des choses à dire sur cette chair et vous les dites plutôt bien.

Je relève les deux strophes suivantes qui me paraissent les plus intéressantes:
"Chair: qui n'en continue pas moins
à se demander
si demain..."
...
"Chair: qui ne demande rien",
propres à une réflexion plus approfondie; après tout, c'est nous qui lui demandons tout, à cette chair.
Et si elle "ne demande rien", pourquoi pas ne pas la laisser tranquille.
lol


Ce texte, à prendre au second degré (comme mon com), est somme toute plutôt philosophico-divertissant et plutôt bien écrit.
Voire existentiel.

Inutile d'en rajouter des kilos, voire d'en faire des tonnes.

Bonne continuation.

Gare au péché !


ps: j'espère que vous aurez bien voulu excuser ce commentaire un peu déjanté. lol.

   Lunastrelle   
18/7/2010
 a aimé ce texte 
Bien
Une découpe originale, un peu cahoteuse par moments, mais je me laisse entraîner sans problème... Et de plus, il y a du texte, les mots ne sont pas juste posés, cela donne presque une mélodie cet ensemble...

Il y a un passage qui m'interpelle, en le lisant à voix haut cela me fait bizarre, pourtant je pense pas qu'il y aurait de problème:

"déroulement
de dunes, de
courbes, un peu endolories,"

Le retour à la ligne après "de" me laisse dubitative... Du coup je n'en dis pas plus là dessus...
se baignant dans l’air.

Quant au fond, c'est une sorte de réflexion, ou une dissertation sur la chair, sur ce qui compose entièrement notre être, et qui emprisonne notre âme? Je ne sais pas, en tout cas plusieurs fils de lecture sont présents...

J'ai pris ma lecture comme un road movie en tout cas, sous forme d'actes et de scènes, comme au théâtre... C'était très agréable, merci beaucoup!

   Marite   
31/7/2010
 a aimé ce texte 
Un peu
La répétition du mot "Chair" au début de chaque strophe en plus du titre est dérangeante je trouve. Ne pourrait-on pas simplement le supprimer?

   jaimme   
1/8/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Un rejet, presque désespéré de la chair (de l'acte sexuel sans doute). J'imagine une femme qui repousse les désirs de son homme, qui n'attend plus rien, qui ne veut plus être objet de son désir, ni d'aucun désir.
La fin je la lis comme un espoir.
Le mot chair est omniprésent, un peu trop à mon oreille.
Au final ce poème a suscité un ressenti chez moi: une tristesse, une empathie. C'est déjà beaucoup.
Merci.

   Leo   
2/8/2010
 a aimé ce texte 
Bien
Que c'est tristounet ! Mais c'est une vision possible, et plutôt bien rendue. La découpe fonctionne, donne suffisamment de cahots pour susciter une émotion, un ressenti profond. Cette chair est heurtée, malaxée, meurtrie... Elle n'est pas joyeuse, elle est presque flasque, presque morte, et pourtant, elle n'en finit pas de "se demander si, demain...".

La mise en forme est efficace, la mise en mots séduisante dans une intention donnée. Je n'aime pas – pas du tout, même – le fond, cette mortification de la chair, ce qui ne m'interdit pas d'apprécier la qualité de la mise en poésie.

   Anonyme   
6/8/2010
 a aimé ce texte 
Bien
déjà j'ai un souci visuel avec cette strophe:

"Chair : molle,
au milieu de la nuit -
tombée en travers
comme un tronc."

chair molle...comme un tronc...l'image de la chair molle me vint direct à l'esprit et est vite rejeté par la comparaison du tronc qui lui est un élément dur, donc j'avoue avoir toujours eu du mal avec les liaisons d'images paradoxales, contradictoires.

j'ai l'image d'un corps mou, fatigué, au flegme paresseux,
les images sont simples, très belles et lourdes de sens.
la répétition de chair ne me gêne pas, au contraire, l'impression d'un changement de phase: mutation et humeur, la chair est comme çi, et l'instant d'après la chair est comme ça.
un beau poème qui manque un chouilla d'intensité tout de même.

   Anonyme   
7/8/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'm ces descriptions de corps mis en scène dans des vers libres agréables, très visuels.
J'en ressors un peu comme en retour de plage, un trop plein de chair.
Dans cette optique, la répétition de Chair : est logique, elle fait office de séparateur. Elle renforce ainsi encore l'étalage, l'avachissement.
J'm le son que fait la poésie, les retours et échos.

   aldenor   
15/8/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un poème intéressant, personnel, plein d’inattendu et de spontanéité. La construction est originale sous forme de définitions successives du mot Chair.
Je retiens :
« Chair : volume
presque aboli
à force de
s’aplatir sur
la gélatine
du présent,… »
ou « …de lignes
se baignant dans l’air. »
Et aussi la fin assez mystérieuse
« Chair : déjà presque enracinée
dans le silence grandissant
qui se charge d’orienter
la poussée du ciel et du sol. »

Dans la première strophe « Molle » discorde avec « comme un tronc » et je n’ai pas été sensible à plusieurs passages, mais souvent il m’a paru trouver un souci de vérité, du mot juste, qui m’a plu.

   PierreLune   
8/1/2011
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Laranco,j'ai perçu votre poésie comme voulant exprimer cette "pesanteur" du corps, cet écrasement, par rapport à l'âme:
Chair: déjà enracinée
dans le silence grandissant
qui se charge d'orienter
la poussée du ciel et du sol.

" A force de s'aplatir sur la gélatine du présent". "Qui n'en continue pas moins à s'étaler de tout son long" . Serait-ce comme un dégôut de cette chair encombrante?
Mais pourquoi mettre chaque fois après "Chair" ces deux points explicatifs comme s'il s'agissait d'une notice? C'est comme si le lecteur se sentait obligé d'adhérer à l'idée sans développer lui-même son propre ressenti.
Molle et tronc la contradiction ne me semble pas appropriée.
Sinon merci à vous pour cette lecture somme toute de bonne facture littéraire.

   Anonyme   
12/2/2017
 a aimé ce texte 
Un peu
La reprise du mot "Chair", me dérange, bien trop présent, cela finit par nuire à l'écrit. Pour mieux ressentir le texte, j'en ai fait abstraction pour me débarrasser de cette répétition entêtante.

C'est curieux parce que ce poème m'est apparu plus parlant, plus intense, cette "Chair", est devenue l'"Être", qui par son corps exprime un ressenti troublant et émouvant. Ainsi il est pour moi, bien plus pertinent, plus attachant.

J'apprécie ce poème, mais "amputé" du mot "Chair". Dans le cas présent, mon avis est très mitigé.


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