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Poésie libre
Lariviere : À toi
 Publié le 02/10/07  -  14 commentaires  -  960 caractères  -  950 lectures    Autres textes du même auteur

À elle.


À toi



Aux innocents les mains pleines
De sang, de salpêtres et de hannetons
L’oraison d’un chagrin
Jeté dans une armoire
Des mains qui sucent dans des poches
Des lambeaux de chiffons
Et des morceaux de toi
Recherchant à tâtons
Des photos
De toi
Des parfums
De toi
Usés par le temps
Rocailleux
Était ce temps
De lierre agréable était le terrain
Pernicieux
Fiévreux était ce temps
Où les mains étaient sales
Où notre amour en chien de fusil
S’étalait
Le sourire fibreux
D’édredon
Pardon ?
Était moite
Salée
Squamée
Puis
Foutue en l’air
Cabossée comme un vieux clairon
Souillée par des crachats phtisiques
Destin
Chaudron de sorcières qui glougloute
Espadon de lumière sans doute
Désormais à l’abri du vent
Et des papiers froissés
L’éternité ne s’est pas usée
Dans tes mains.


 
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   Anonyme   
11/10/2007
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
Pourquoi.

je ne sais pas par quelle magie

chaque mot ici résonne

en moi, en vous
en nous lecteurs

Est-elle si facile à lire, la vie?

Non,
"L’éternité ne s’est pas usée
Dans ses mains."

   Anonyme   
12/10/2007
"notre amour qui s'étale en chien de fusil" il y a juste cette contradiction imagée sur laquelle je bute un peu, ou il s'étale ou il se recroqueville non ? faux choisir, il y aurait-il des problèmes de choix chez toi Mister no face ? soit... sinon me suis bien laissée emmenée ailleurs un peu grace à toi, et à pardon... ton talent

   Anonyme   
17/1/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Mélodieux, images surréalistes, émotion palpable...

Des regrets
De toi
Des espoirs
De toi
La maison dort peut-être
Il n’y a plus de Toi
Le quotidien s’éteint
L’espace de ton absence
Empli mon cœur d’erreurs
Il était une fois
Le bonheur contenu
Des cernes de la France
Il pleut des souvenirs
Sur l’été d’oreilles
Et
Les fièvres de mon couffin
Sont poissées de bitume
Du silence de ta source
Suinte la sincérité
S'exposent en tes prunelles
Des chapelets d'amertume

Une petite bafouille sur le même thème, merci à toi larivière, texte très efficace comme d'habitude.

   daphlanote   
22/8/2013
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
L'absence de ponctuation crée le vertige, les images s'enchevêtrent, s'emmêlent et se construisent, de l'une l'autre. Elles se marient, se moulent et dessinent une fresque qui, c'est vrai, résonne et sonne allègrement.
On a envie de lire ce texte. Vraiment. Et puis... la voix s'essouffle, elle s'efface devant ce tourbillon de mots.

Les mains pleines de sang donnent le ton. Ces morceaux de toi, , en font... presque peur. Tant de force en quelques traits bien posés.

Note : Des comme ça, j'en veux encore... De façon totalement égoïste.

Edit : Voilà un temps que je n'avais lu et commenté ce texte. Il est toujours aussi beau. J'en suis heureuse. *daph en mode relecture de perles*

Edit 2 : Juste pour :

"L’éternité ne s’est pas usée
Dans tes mains."
Pour plus aussi. Je le garde en moi, comme d'autre. C'est un vrai poème, celui-ci.

Edit : Parce qu'il y a des jours, on a besoin de se rappeler que les mots sont beaux.

Edit 3 (22-08-2013) :
Parce qu'on y revient. "A toi" fait partie de ces textes que je garde précieusement, alors même que l'on tente de faire table rase. Ils font partie de ces vestiges qui nous prouvent qu'il fallait aussi vivre l'avant.

   Anonyme   
29/3/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Superbe poème. Des images étourdissante une texte servi remarquablement par l'absence de ponctuation et cette interrogation subite pardon ?

Magistrale la fin...
Il y a ce passage pour lequel je m'interroge: d'où vient le féminin ?

Le sourire fibreux
D’édredon
Pardon ?
Était moite
Salée
Squamée
Puis
Foutue en l’air
Cabossée comme un vieux clairon
Souillée par des crachats phtisiques

La seule réponse que je trouve c'est du point d'interrogation qui pourrait bien être un substitut de ce à elle à qui est adressé la poésie...

Magnifique en tout cas

   Anonyme   
2/7/2010
 a aimé ce texte 
Passionnément
(Merci à daphlanote et son lien de signature)

So, je découvre à peine ce poème -pourtant vieux- et j'en suis absolument ravie. Je l'ai relu environ 5, 6 fois ; chose rare, il me plait davantage à chaque lecture.

"Des mains qui sucent dans des poches
Des lambeaux de chiffons
Et des morceaux de toi
Recherchant à tâtons
Des photos
De toi
Des parfums
De toi
Usés par le temps
Rocailleux
Était ce temps
De lierre agréable était le terrain
Pernicieux
Fiévreux était ce temps
Où les mains étaient sales"

Tout ce passage là est ... *sans voix*

C'est réellement un très beau poème, je n'analyserais/décortiquerais pas, mais j'aime. Merci pour cette lecture.

Edit 2 juillet : ce poème me hante trop pour ne pas lui mettre la note maximale

   Anonyme   
11/1/2010
 a aimé ce texte 
Passionnément
Franchement un texte magnifique qui me parle!

J'aime cette cascade de mots les uns à la suite des autres avec à chaque fois un saut en cercle.

J'aime la figure du hanneton autant que celle de l'espadon, deux animaux pour un seul monde.

l'ensemble le plus fort reste celui ci pour moi:

"Le sourire fibreux
D’édredon
Pardon ?
Était moite
Salée
Squamée
Puis
Foutue en l’air
Cabossée comme un vieux clairon"

Bravo!

Edit

Merci à Lohengrin d'avoir commenté...j'aurai peut être pas vu ce bijou sinon.

   kamel   
21/1/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonsoir Larivière
Je me suis démarqué tout-à-coup pour goûter un peu de tes vers qui coulent comme de l'eau à l'origine d'"une oraison de chagrin". il prend souffle grâce au style et au rythme basés sur une conformité naturelle de l'écriture.Ne laissant rien au hasard, les mots sont juxtaposés et bien placés pour définir le titre "A toi".Une parfaite mélodie s'annonce dans ces vers,définissant ainsi "l'éternité ne s'est pas usée dans tes mains".Belles strophes qui complètent ce beau tableau."Des photos de toi "révèle cette présence dans l'esprit donc la poèsie est une peinture parlante.
Kamel

   Chiffon   
11/6/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Oui, un poème qui fait l'humanité et le mérite.
L'auteur ne s'encombre de rien ni dans la forme ni dans le fond : il est libre et nous fait partager sa liberté d'aimer encore, de se représenter l'amour, on est transporté par ces images.
En fait il y a ce mouvement d'accordéon qui épouse parfaitement le cheminement d'une pensée mélancolique. Une manière d'expliciter, de trouver d'autres mots, de vers en vers, pour amplifier la puissance du vers précédent.
De la musique avec des mots, tout simplement, et avec génie.
Merci
Chiffon

   Lhirondelle   
12/6/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Bonjour Larivière

"Aux innocents les mains pleines" Quelle belle trouvaille que celle-ci, titre d'un vaudeville de Lambert Thiboust devenue locution proverbiale et tombée dans le chaudron de tout un chacun.
J'ai un penchant pour les hannetons, ces p'tites bêtes qui cependant défrayent la chronique dans la culture quand elles y viennent en nombre, à l'instar de l'auxiliaire "être" dans cette poésie qui ruine le champ lexical (six en tout quand même !)
"Etait ce temps
était le terrain
était ce temps
étaient sales
Etait moite
ne s'est pas usée"

Une interrogation pour le féminin de :
« Moite, salée, squamée, foutue, cabossée, souillée » il se rapporte à quoi ? A l’éternité ? Difficile de s’y retrouver, j’apprécierais d’être éclairée sur ce point.

La musique des mots aurait pu être agréable mais trop de maladresses dans un court poème nuit vraiment à l’appréciation du fond.
Je pense sincèrement que ce poème mériterait d’être remanié. « Elle » le mérite assurément.

Bonne journée

L’hirondelle

   Anonyme   
2/7/2010
 a aimé ce texte 
Passionnément
Rien à dire d'autre, je pense même que devant tant d'évidente beauté on doit juste rester silencieux.

La dernière phrase dit tout...

Bonne continuation à toi.
Mon kiwi reste là.
Panonyme^^
Estelle2L

   David   
14/1/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Larivière,

Un poème que j'ai trouvé vraiment singulier, suspendu. Une apostrophe "à toi", "aux innocents", suivant le titre ou le premier vers. Entre les charnières/répétions des "De toi" et des "était ce temps" les vers se lisent bruts, poésie sans prosodie aucune et pourtant très évidente à mon goût.

   jfmoods   
15/7/2017
Ce poème de forme libre, agrémenté de quelques rimes parfois internes, d'holorimes, intégrant des rythmes pairs et impairs, présente l'apparence de la discontinuité et de l'étirement.

Le texte se penche, comme l'annonce la dédicace du titre ("À toi") et le précise l'entête ("À elle"), sur la relation à l'Autre, une l'allocutrice.

Le poème est structuré en trois parties.

La première partie s'étend des vers 1 à 13. L'entame du poème promet le paradis ("Aux innocents les mains pleines"), mais c'est l'enfer qui, contre toute attente, s'offre immédiatement en récompense au locuteur (rythme ternaire du vers 2 : "De sang, de salpêtres et de hannetons"), à l'image d'une relation présentant l'apparence de l'harmonie, mais s'avérant dévastatrice. Tous les sens sont en éveil (ouïe : "oraison d'un chagrin / Jeté dans une armoire", goût : "sucent dans les poches", toucher : "à tâtons", vue : "Des photos", odorat : "Des parfums"), en quête d'une image de l'Autre aujourd'hui mise à mal par le souvenir ("lambeaux de chiffons", "morceaux", participe passé : "usés par le temps"), mais toujours bien présente dans la conscience (anaphore : "De toi" x 3).

La seconde partie (vers 14 à 34) inaugure la plongée dans le temps de l'avant, celui de la relation à l'Autre. Associée à une obsédante assonance ("Rocailleux", "Pernicieux", "Fiévreux"), la mise en apposition d'adjectifs qualificatifs dépréciatifs appuie sur une toxicité subie. Mais l'élément qui retient véritablement l'attention du lecteur est ce "lierre agréable", personnification qui, derrière l'image de l'attachement sentimental, suggère déjà une véritable prise de possession de l'un par l'autre. La métonymie ("Les mains étaient sales") et le paradoxe ("notre amour en chien de fusil / S’étalait") ne font que confirmer l'ambiguïté, le caractère malsain, étriqué, d'une situation sentimentale. "Le sourire fibreux / D’édredon" avalise l'impression d'étouffement. La question ("Pardon ?") semble ricocher sur une dénégation de l'allocutrice concernant les enjeux de la relation. La réplique, cinglante, s'organise autour d'un adjectif qualificatif et de cinq participes passés à visée dépréciative ("moite", "Salée", "Squamée", "foutue en l'air", "Cabossée", "Souillée"). La comparaison ("comme un vieux clairon") avalise l'usure des sentiments tandis que le complément d'agent ("par des crachats phtisiques") souligne l'aspect maladif de la relation. Le mot "Destin" signale un achoppement intime tragique que confirme le "Chaudron de sorcières qui glougloute". La métaphore "espadon de lumière" tire la conclusion d'une expérience : ce qui donnait la sensation d'une clarté désirable ne fut qu'un éclat déchirant.

La dernière partie (vers 35 à 38) dresse le constat d'un homme libéré ("à l'abri du vent / Et des papiers froissés") à l'aune de cette traversée douloureuse des apparences (complément de temps : "Désormais"). La litote qui clôt magnifiquement le poème ("L'éternité ne s'est pas usée / Dans tes mains") traduit la formidable charge d'idéal dont le locuteur s'éprouve encore porteur.

Merci pour ce partage !

   Anonyme   
7/6/2018
Modéré : commentaire hors-charte (se référer au paragraphe 6 de la charte)


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