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Poésie libre
Lariviere : Les vertèbres du monde
 Publié le 07/12/20  -  9 commentaires  -  806 caractères  -  255 lectures    Autres textes du même auteur


Les vertèbres du monde



J’ai mal au feu sacré qui coule, éclats de terre, éboulis de mots en fusion, mottes de chairs, fragments de ciel, creusent la lumière du jour tout au fond de ma bouche…

Jusqu'à brûler les reins avec ardeur, le lointain d'horizons improbables laisse filtrer l’univers boréal aux odeurs de soufre, aux couleurs de safran, mercure en ébullition parcourant clapotis de mes nerfs en magma la colonne centrale des vertèbres du monde.

Qui est cet audacieux ascète
Aux yeux crevés
Soumis à la témérité des rayons
Sous l’or des lits affluents devenus conciliables
Aux mains en corniches de chairs innervées de fulgurances
Et pourtant restées inemployées sur la grève des hommes
Qui a dit sous la coupe du géant
Fontaine, je ne boirai plus à ta source…


 
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   Anonyme   
23/11/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Je trouve dans ce poème une force qui me décide à commenter, une force comme élémentale, tellurique. Un magma venu de profond, qui se fraie un chemin vers la surface. Le début
J’ai mal au feu sacré qui coule
me séduit vraiment, ainsi que l'image à l'œuvre ici :
mercure en ébullition parcourant clapotis de mes nerfs en magma la colonne centrale des vertèbres du monde.
J'aime bien ce raccourci du corps humain au monde.

Mais par ailleurs je trouve l'ensemble brouillon, mal structuré ; bien sûr, cela ne convient pas si mal au propos, sauf que... de quoi on cause au juste ? Je ne perçois pas bien la trajectoire, et j'ai une impression d'affaiblissement, de banalité vers la fin. Après avoir invoqué la colonne vertébrale du monde, terminer sur fontaine, je n'boirai pas d'ton eau, cela me donne une nette impression d'essoufflement lyrique.

   Donaldo75   
30/11/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Braque, un peu comme le fou qui dans l'album d'Hergé "l'étoile mystérieuse" parcourt la ville avec son tambour. Pourtant, il y a une tonalité, justement, qui m'inspire cette image. Alors, quitte à balancer du libre à la face du lecteur, je préfère que ce soit original, un peu déjanté ou décalé au choix et que ça remue mes neurones au point de ne plus savoir où j'en suis, de chercher le sens derrière les mots, derrière la tonalité, plutôt que de m'assoupir devant des vers lénifiants. Ici, je ne m'assoupis pas, je cogite, je réfléchis, je suis ailleurs et c'est la force de la poésie versus le blabla.

   Mokhtar   
7/12/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Peu enclin de nature à faire des efforts pour déchiffrer de la poésie (dont j’apprécie qu’elle s’impose à moi sans impliquer tortures de décryptage), je me sens toutefois attiré par l’aspect très « prenant » de ce texte. Je suis sensible à la puissance des mots qui me donne envie de m’attarder, et de lire et relire.
Peut-être oserais-je opter pour une signification écologique de ce poème ?

Les vertèbres du monde, épine dorsale de notre planète qui nous donne matériellement la possibilité de vivre, qui nous offre les conditions essentielles pour que nous subsistions ? Élément cardinal de notre condition, indispensable à notre survie ? Colonne vertébrale qui nous soutient, comme elle soutient le monde sur le dos d’Atlas.

L’ascète, c’est l’humain pollueur masochiste. Aux « yeux crevés » parce qu’il ne voit pas ou ne veut pas voir. Témérité des rayons, qui le brûle parce qu’il détruit ses protections. Dans les « fulgurances inemployées » je verrais bien les cris stériles des écologistes…

Et l’eau, généreusement offerte par le géant, sang de la vie terrestre, se tarit, nous condamnant. Parce que l’homme, insatiable et mégalomane, a choisi l’arbre de la connaissance plutôt que l’arbre de vie.

Beau constat glaçant, empreint d’une désespérance dont la lucidité entraine le désespoir.

   Vincente   
7/12/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Malaise très intérieur lu à une échelle tellurique. Mal-être cérébralisé dans les mots très physiques d'éléments premiers, feu-air-eau, lumière-odeurs-pierre-…, dans le désordre, désordre des notions, désordre des sensations, désordre de la pensée et de son verbe, tout ce maelström ressenti par les entrées vulnérables d'un corps humain ("bouche – yeux – reins – nerfs – chair ; toujours dans le désordre…), réceptacle ici de douleur et de perdition.

De ce "monde" évoqué, je n'ai identifié une personne particulière, par contre j'ai senti sourdre celui envahi par le doute, mais un doute que je qualifierais de formidable, tant il exacerbe les sensations de ce qui fait vie, oui "cet audacieux acète / aux yeux crevés /… / aux mains… de chairs innervées de fulgurances" à défaut d'espérer l'au-delà, aperçoit l'en deçà et depuis cette incise essentielle remet en cause ce qui aurait pu et le convaincre et ainsi le rassurer.

La redéfinition de ce qui constitue le monde (ces "vertèbres du monde", cette structuration que l'on voudrait comprendre et dont l'on se persuade comme nécessité), de ce qui nous constitue, est en instance dans ce poème, mais le narrateur "doué" de ce mal qui l'interroge, a décidé si ce n'est de le combattre, du moins de le regarder, yeux dans les yeux. Mal nécessaire que le doute ? oui l'on devine son essentialité ; il me semble qu'à sa manière ce texte nous le rappelle.
Le final déclare cela dans son affirmation. Le "monde", ce "géant", représenté par Dieu pour certains, ne sera plus un objet de dévotion, d'abandon, pour le narrateur qui ne s'abreuvera aux croyances diverses. La vie, sa vie sera exempte de ces demandes de sens hypothétiques.

Si j'ai bien aimé la plupart des expressions ou séquences mises en lumière, certaines me sont apparues plus fortes, "éboulis de mots en fusion" - "mottes de chairs" – " creusent la lumière du jour tout au fond de ma bouche" – "sous l'or des lits affluents devenus inconciliables" – "sur la grève des hommes" (superbe cette dernière !), j'ai aussi senti que la formulation laissait transparaître peut-être un peu trop le geste d'écriture, celui du raccord en "l'intention" et "l'affichage" du message poétique.
Pour tenter de donner un exemple de ce défaut relatif "d'efficience émotionnelle" (notion bien paradoxale n'est-ce pas ?), je proposerais cette comparaison : quand en classique la forme ne parvient pas à magnifier le fond, une impression de rigueur apparaît. Je pense qu'en libre, la forme peut faire aussi traîner le pas de l'évocation, mais étant donné que les éléments qui s'y déploient portent plus essentiellement sur le "message émotionnel", il faudrait que le "travail" réflexif de la pensée de l'auteur puisse se faire oublier. Si ce texte avouait un petit manque, ce serait sur ce plan à mon sens.
Il ne s'agit pas d'un manque d'authenticité dans la démarche ou un défaut de sincérité dans la volonté de l'écriture, non c'est de l'ordre de la souplesse de l'intégration des requêtes signifiantes, pour que l'on ne sente pas l'action des méninges sur la plume.

Une minuscule chose pour finir ; dans la formulation du "le lointain d'horizons improbables", je trouve que le "improbable" n'est pas utile. D'abord parce qu'il est redondant par rapport au "lointain d'horizons" qui suggère de façon suffisamment elliptique et même plus poétiquement la notion d'incertitude de ce qui peine même à s'imaginer du "filtre de l'univers boréal…", et d'autre part parce que le terme "improbable" est assez fourre-tout, un peu galvaudé aussi (bien que ce soit dommage car j'apprécie son plein de ressources, très ouvert, accueillant), et du coup plutôt facile.

Edit : ça a continué à me titiller un peu cette identification plus individuée, elle serait complémentaire à celle plus emblématique de ma première lecture. En fait je vois Nietzsche comme premier personnage collant de bien près au narrateur ; ce qui n'enlève rien à la vision plus large également accessible, au contraire.

   Anonyme   
7/12/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément
Il y a les poèmes que j'aime, où les mots clairs et forts me prennent par la main pour une balade sur leur chemin où je retrouve mes marques.

Puis il y a ces poèmes qui, en valeur ajoutée, convoquent les images et les structurent de manière à réveiller chez moi les abîmes où je me perds souvent.

C'est de cela qu'il s'agit ici, où je retrouve mon ''feu sacré qui coule'' irradiant le mal à dire. Une histoire vieille d'aussi loin que le monde utilise les mots pour parler (dans le désordre) du ''lointain des horizons couleur safran aux odeurs de soufre''.

Bravo à ''l'audacieux ascète'' aux yeux pas si crevés que ça !

Et tant mieux si mon commentaire laisse à désirer d'autres rivages éloignés, d'autres portes ouvertes... je continuerai de boire à ta source

Merci pour le voyage, Lari. J'en reviens les yeux troublés

À te relire quand tu veux ^^


Cat

   Pouet   
7/12/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Slt,

j'ai l'impression de revenir un peu à la lecture des "Fragments du crépuscule", ce qui n'est pas désagréable.

Personnification de la Terre au travers des yeux crevés de ses destructeurs.
Des images fortes charriant une lancinante douleur.
La métaphore en cri.

Ainsi parlait Larivière

   aldenor   
9/12/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
Le feu sacré s’introduit douloureusement dans le poète, par sa bouche-parole évidemment.
Je me demande si “creuse” ne devrait pas être au singulier, pour le rapporter au feu sacré. Les pluriels qui suivent me semblant juste des attributs de la coulée.

Je trouve à la partie centrale moins de fluidité.
J’en retire cependant le sens que le feu sacré, sous toutes ses déclinaisons, pénètre ensuite tout le corps du poète.
“la colonne centrale des vertèbres du monde” : plus succinctement “colonne vertébrale du monde”?

La dernière phrase, versifiée, déploie magnifiquement son énigme.
Est-ce le poète, qui se pensait délivré des « fragments du crépuscule » et vient s’y retremper ?

   Atom   
11/12/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'apprécie beaucoup la relation organique - tellurique qui ressort de ce poème. Le titre déjà, annonce un peu ce mariage.
Il y est question de forces et d'énergies qui nous emplissent et aussi nous échappent.
Un renouvellement perpétuel, aussi douloureux soit-il.

Cet audacieux ascète de la dernière strophe peut faire évidemment penser de manière clichée à Shakyamuni mais finalement aussi à tous les autres ascètes qui ont cherché de mille manières à éteindre le feu du Désir.

   hersen   
18/12/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Je trouve à ce poème une très grande "présence" (si ça fait sens de dire ça)
Il y a un magma géologique et humain, il y a ce qui soutient le fragile, et qu'il faut admirer.

J'ai aimé sentir ces vertèbres du monde !

merci de cette bonne lecture !


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