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Poésie contemporaine
Laurent-Paul : Journées
 Publié le 12/01/25  -  4 commentaires  -  3420 caractères  -  53 lectures    Autres textes du même auteur

Quelques jours ordinaires.


Journées



Aujourd’hui j’ai vu
le jour se lever
je ne pouvais plus
dormir ni rêver

comme si ce but
était essentiel
la lumière en rut
fécondait le ciel

pour qu’un poussin borgne
sorte enfin de l’œuf
et de son œil lorgne
ce vieux monde neuf


Aujourd’hui j’ai vu
un motard à terre
deux hommes émus
ne savaient que faire

tout de noir vêtu
le motard tremblait
des voyeurs repus
lentement passaient

je suis passé vite
sans trop regarder
ignorant l’invite
qui fait s’attarder


Aujourd’hui j’ai vu
en pleine lumière
des zombies perdus
loin du cimetière

sous les néons crus
du supermarché
je ne pouvais plus
courir ni marcher

la horde immobile
voulait m’avaler
j’évitai la file
pour mieux détaler


Aujourd’hui j’ai vu
des amoureux peu
démonstratifs mus
par le même vœu

ils ne disaient rien
ne se touchaient pas
ils savaient combien
coûte un premier pas

puis ils s’embrassèrent
longtemps sans bouger
puis ils s’en allèrent
l’amour partagé


Aujourd’hui j’ai vu
un chien dans la nuit
qui s’était perdu
ou s’était enfui

il courait sans voir
les voitures toutes
fonçaient dans le noir
tous suivaient la route

plus tard loin du havre
qu’offre le foyer
j’ai vu son cadavre
s’étaler broyé


Aujourd’hui j’ai vu
le ciel rétrécir
au point de ne plus
être qu’un soupir

il a disparu
sous une épaisseur
de vilain tissu
sombre et sans couleur

une serpillère
essorait ses plis
le ciel et la terre
sombraient dans le gris


Aujourd’hui j’ai vu
un sac sur le dos
un enfant fourbu
passer sans un mot

il aurait voulu
jeter dans un lac
tout le contenu
de son fichu sac

mais en enfant sage
il rentrait chez lui
portant son bagage
et traînant l’ennui


Aujourd’hui j’ai vu
la brume coller
le sol mais sa glu
laissait s’envoler

les quelques volutes
qui voulaient danser
faire des culbutes
et ne plus penser

que le ciel est gris
et qu’on ne voit rien
parce qu’on est pris
par le quotidien


Aujourd’hui j’ai cru
revoir un ami
que j’avais perdu
de vue et parmi

tous les disparus
dont je me souviens
il était le plus
cher le plus ancien

mais tout se dissipe
l’illusion s’est
dissipée un type
banal est passé


Aujourd’hui j’ai vu
mon insignifiance
j’étais un roi nu
sans munificence

sans sujet non plus
mon verbe était vain
j’étais le roi chu
au fond d’un ravin

mon sceptre était mou
et ma tête molle
pendait sur mon cou
que rien ne recolle


Aujourd’hui j’ai vu
des chauve-souris
voler au-dessus
de moi sans un cri

les angles confus
de leurs trajectoires
rendaient un peu plus
belle la nuit noire

dans la profondeur
d’une nuit d’été
je n’avais pas peur
de l’obscurité


 
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Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Cyrill   
7/1/2025
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
J’ai bien aimé cette chronique teinté d’une certaine langueur, et qui expose un quotidien parfois sans charme et d’autre fois relevé des humeurs souvent moroses du locuteur. Comme s’il y avait à prendre et à laisser dans ce poème (tous les jours ne sont pas des perles rares à enfiler sur le fil de la vie). Par sa forme, il me fait l’effet de feuillets arrachés à l’éphéméride, s’envolant en un nuage de scénettes à disposition de l’esprit flottant du locuteur, et du lecteur.
Ça se laisse lire sans peine en dépit de la longueur.
Avec amusement ou quelque interrogation pour les coupures intempestives. Elle me semblent être le reflet d’un trébuchement de la mémoire ou de l’interprétation :
« Aujourd’hui j’ai vu
des amoureux peu
démonstratifs mus
par le même vœu »
Avec bonheur et empathie pour quelques perles comme :
« une serpillière
essorait ses plis
le ciel et la terre
sombraient dans le gris ».
Merci pour le partage.

   Ornicar   
7/1/2025
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
Petites pastilles furtives et visuelles du quotidien, se succédant sans logique apparente, comme nous en offre souvent la vie. Pour qui sait ouvrir les yeux et regarder autour de lui ! La légèreté, le trivial, le dramatique, le poétique se succèdent et se mélangent dans un effet kaléidoscopique.

Certaines évocations sont très réussies et vraiment poétiques : "la lumière en rut fécondait le ciel", j'aime beaucoup ; "Aujourd'hui, j'ai vu le ciel retrécir au point de ne plus être qu'un soupir... une serpillère essorait ses plis", c'est très imagé. J'ai bien aimé, également, la scène du supermarché avec ses "zombies perdus en pleine lumière, loin du cimetière" et prêts à ne faire qu'une bouchée du narrateur. Les mots retenus donnent alors un coté surréaliste au rituel trivial des courses.

La lecture qui en découle reste fluide et légère en toute circonstance grâce au choix d'une métrique courte, plus "acidulée" que l'hexasyllabe, et pas toujours facile à maîtriser. Toutefois, mon intérêt pour ces vers varie selon les strophes.
L'ensemble souffre à mon avis de la longueur et se révèle forcément inégal. Par exemple, la séquence de l'enfant et son sac chargé, revenant de l'école, est assez banale et "racontée", sans que la poésie des mots ne parvienne à transcender l'ordinaire du quotidien. J'éprouve également ce manque avec la scène du chien écrasé. A mes yeux, ce texte semble avoir un fort potentiel mais mériterait d'être plus condensé.

   Boutet   
12/1/2025
trouve l'écriture
perfectible
et
aime bien
Ces moments de vie par période de 3 strophes sont inévitablement d'inégale valeur. La longueur du poème m'a rebuté, dommage, car j'aimais beaucoup le début avec ce lever du jour peu ordinaire. Bon, après chacun trouvera son compte où bon lui semblera.

   Yannblev   
12/1/2025
Bonjour Laurent-Paul,

C’est un peu le danger de « faire long », on lasse parfois le lecteur ou on le perd vite d’une image à l’autre, d’une émotion exprimée à une impression rapportée. D’autant quand ne maîtrisant pas, volontairement ou non, son envie ou le besoin de « dire » on dit forcément avec une certaine inégalité. De belles et poétiques évocations mais d’autres moins bien évaluées.
Il y a dans cette longue succession de coups d’œil variés et sans réelle cohérence, à la fin, une sensation de litanie, au sens second et familier du terme… le choix du pentamètre n’y est pas pour rien.

Votre poème a cependant et sans aucun doute demandé un certain travail ; trop peut-être ? à mon avis très personnel et donc subjectif, il me semble que cet ouvrage mériterait d’être « dégrossi » en quelque sorte. En manière d’écriture la coupe généreuse est souvent une alliée précieuse pour porter le substantifique.

Merci du moment.


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