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Poésie classique
Lebarde : Destins mêlés
 Publié le 06/03/24  -  14 commentaires  -  1247 caractères  -  242 lectures    Autres textes du même auteur

Derniers échanges en ultime hommage.


Destins mêlés



En sage il s’est éteint : « Il faut bien que ça cesse »,
Dans le monde d’avant ce funeste printemps,
Conscient que bientôt il aurait eu cent ans
Achevant sans regret une longue vieillesse,

En renonçant au lot de joie et de chagrin
Qu’à deux ils ont vécu durant sept décennies,
À goûter leur bonheur, braver les asthénies,
Sur un chemin rugueux qu’ils ont voulu serein.

De tout temps dans le couple il lui fit confiance.
Elle perdit la vue… Il lui prêta ses yeux.
Confuse dans sa tête… il sut l’aider au mieux
Jusqu’à ce que la mort impose son absence.

Son esprit depuis lors privé du souvenir,
Encombré de zombis et de scènes obscures
Et son cœur fatigué par autant de blessures
Gommèrent à jamais ses rêves d’avenir.

Quand sans pitié la vie accable son otage,
Le temps devient si long qu’il incite à des choix.
« Voudras-tu le vaccin ? » Et de sa faible voix :
« Cela fait-il mourir ? – Mais non mamy. – Dommage. »

Dans un demi-sommeil elle guetta la mort,
Redoutant qu’ici-bas la faux l’ait oubliée,
Pour retrouver celui qui l’avait tant choyée.

Deux urnes désormais éternisent leur sort.


 
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   poldutor   
6/3/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour
Magnifique poème empreint d'une humanité qui met les larmes aux yeux.
En avons-nous vu de ces (très) vieux couples où le moins atteint aide avec constance et dévouement l'autre, donnant un magnifique exemple de l'amour conjugal.
Oui, celui qui reste très âgé, n'a qu'un seul souhait, c'est de partir pour rejoindre son autre moitié.
Mais quelle tristesse quand le dernier du couple, perd définitivement la mémoire !
J'ai du mal à choisir parmi ces beaux quatrains tant ils sont tous bien écrits et qu'ils évoquent de si beaux sentiments.
Relisant cette poésie, je rajuste mon appréciation en l'augmentant !
Merci pour ce très beau poème.
Cordialement.
poldutor en E.L

   Robot   
17/2/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Beaucoup de pudeur dans ce texte sur le thème de la vieillesse, de la séparation et de la fin de vie.
Pour ce récit réaliste c'est l'adjectif "beau" qui me vient spontanément, adjectif qui pour paraître banal n'en est pas moins celui qui peut le mieux exprimer les sentiments profonds qu'il a suscité à la lecture.

   Jemabi   
18/2/2024
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aboutie
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aime beaucoup
Difficile de ne pas être touché par ce poème qui évoque avec pudeur l'amour de toute une vie, un amour si fusionnel que, dès lors qu'il n'est plus partagé, la vie perd tout son sens. Car seule la mort fut assez forte pour avoir détruit le lien qui unissait ces deux "destins mêlés". Que reste-t-il désormais pour la survivante ? Le poids d'une solitude soudaine. Les maux et maladies liés à son grand âge. L'inutilité d'une vie qui ne veut plus en finir. De ce point de vue, la cinquième strophe est particulièrement réussie.

   papipoete   
6/3/2024
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très aboutie
et
aime beaucoup
bonjour Lebarde
Ils s'aimèrent jusqu'à ce que la mort les sépara, mais l'un sans l'autre sur Terre, cela devint bientôt impossible.
Et mémé en espérait le signe de là-haut, qui lui ferait retrouver son éternel amant, de 100 ans.
- ce vaccin qu'on nous propose ( impose pour d'autres ) ne tue même pas ! pas de chance mémé, ce sera pour plus tard !
Les voici ce jour enfin réunis au-delà, ici-bas " deux urnes désormais éternisent leur sort "
NB qu'en termes forts et délicats à la fois, ce portrait de mémé et pépé, nous apparait contant en quelques lignes ce que fut leur fin de vie.
loin des vies de couples contemporains façon " je t'essaie, on verra ! " et souvent ne dure qu'un feu de paille, pour recommencer, se casser à nouveau " on n'avait plus rien à se dire ! "
" pour le pire et le meilleur " jurait-on, et ce pire ne se gênait pas pour semer le trouble...
" elle perdit la vue, il lui prêta ses yeux... "
un récit tellement vrai, qu'on pourrait confirmer " oui, c'est vrai je me rappelle ! "
l'ultime strophe et son dernier vers sont mes passages préférés, mais tous les autres n'ont point à rougir.
techniquement, désormais notre troubadour croise l'alexandrin à ravir, dans la même cour que notre Maîtresse...
bravo Messire !

   Cox   
6/3/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Je disais sous votre précédent texte que j’attendais avec anticipation un prochain texte oú la forme serait au service d’un fond qui me parle plus : nous y voilà !

J’ai bien apprécié ce poème, simple, clair, efficace et touchant. Sans effets de manches, un ton classique sobre dont la pudeur émeut. On y raconte la fidélité d’un amour qui a traversé nombre d’épreuves, et qui a survécu jusqu’à l’ultime conclusion.

J’ai aimé les vers simples et touchants :
« Elle perdit la vue… Il lui prêta ses yeux. »
« Cela fait-il mourir ? – Mais non mamy. – Dommage. »

Merci du partage!

   Damy   
6/3/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Je suis vraiment très ému. Votre style est si délicat, si pudique, qu'il permet d'aborder les thèmes douloureux de la vieillesse, de la maladie, de la mort, sans aucune répulsion, au contraire. Sentimentalement, oui, j'éprouve de l'amour pour ces "deux urnes".

Excellente maîtrise de la prosodie.

Merci pour ce réel plaisir de lecture.

   Marite   
6/3/2024
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aboutie
et
aime beaucoup
Très bel hommage offert à ces "Destins mêlés". L'écriture se fait oublier par sa simplicité, son réalisme et son rythme qui nous permet d'accompagner, à petits pas, celle qui est restée seule, la mémoire embrumée et en qui la vie s'attarde bien trop, n'aspirant qu'à une chose : " retrouver celui qui l’avait tant choyée."

   Ascar   
6/3/2024
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aime beaucoup
Très jolis quatrains qui reprennent bien le sens de 2 citations que j'affectionne :

"le vrai tombeau des morts est le coeur des vivants" J Cocteau

"celui des deux qui reste, se retouve en enfer" J Brel

merci du partage

   Cristale   
6/3/2024
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aboutie
et
aime bien
L’histoire tendrement contée d’un couple qui s’est dit « oui » pour la vie, deux entités inséparables comme ces jolis oiseaux du même nom dont, si l’un d’eux vient à mourir, l’autre ne lui survit pas.
L’ensemble est de bonne composition, le rythme régulier, la structure en quatrains à rimes embrassées symbolise ce couple d'amoureux pour l'éternité.

Mais je dois être sincère avec l’auteur, et c'est ce qu'il attend de moi je pense, en avouant que j'aimerais entendre ce petit quelque chose qui saurait transcender la voix poétique dont la tonalité narrative me semble un peu trop formelle.

Un joli vers entre autres :
"Elle perdit la vue… Il lui prêta ses yeux."

   Miguel   
6/3/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Un beau texte élégiaque sur le thème de la vieillesse, thème rebattu dira-t-on, oui car thème éternel, qui nous concerne tous, du moins les plus chanceux : mais jusqu'où est-ce une chance de mourir âgé ? Quand solitude rime avec décrépitude, qu'apporte-t-on à l a vie et que nous apporte-t-elle ? Vaste question philosophique et métaphysique. En tout cas la situation évoquée ici énonce une réalité poignante, en beaux vers mélancoliques et doux.
Au vers 8, j'aurais bien vu "rendu" au lieu de "voulu", car ce chemin a été tel qu'ils l'ont fait.

   Yannblev   
8/3/2024
Bonjour Lebarde,

Pour qu’un thème assez récurrent suscite quand même un intérêt particulier et réveille des émotions fortes et immanquables il faut que la manière de l’exprimer sonne juste avec les mots qu’il faut et la voix qui les porte. Dans un poème, a fortiori classique, c’est essentiellement la qualité de la prosodie qui synthétise cette voix. Ici, à cette lecture, on peut bien être sourd la « voix » est forte et claire et tout ce qu’elle dit emporte le lecteur.

Merci pour ce « chant »... brillamment silencieux.

   Famineur   
11/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
J'ai trouvé très facile à lire ce poème, hormis le deuxième quatrain - qui m'a semblé trop lourd (phrase trop longue ?).
J'en veux d'autant plus à ce quatrain qu'il me paraît dépourvu du naturel et de la délicatesse qui irriguent le reste du poème (par exemple : "Braver les asthénies" me paraît forcé...).
Je rejoins d'autres commentateurs pour louer les vers 10 et 20.
Très touché.

   Vincendix   
11/3/2024
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et
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Des vers tellement réalistes, une oraison funèbre qui m'irait à merveille, je suis ému... "il faut bien que ça cesse un jour", c'est ce que je me répète au réveil et au coucher. Dans la journée, je m'occupe et je ne pense pas trop à mon sort.

   Airjai   
21/3/2024
" quand sans pitié la vie accable son otage
le temps devient si long qu'il incite à des choix ".


J'ai pleuré en lisant ton poème ... quand l'Autre n'est plus là
on vit parce qu'il faut vivre mais le coeur n'y est pas.

Ton poème plein de pudeurs est bouleversant.
Merci


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