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Poésie classique
Lebarde : Fin de vie et ensuite…
 Publié le 13/09/22  -  17 commentaires  -  864 caractères  -  234 lectures    Autres textes du même auteur

Une fin de vie comme tant d’autres sans grandiloquence, mais il s'agit de la mienne.


Fin de vie et ensuite…



Les yeux à demi clos, je sens bien leur présence,
Des doigts pressent ma main n’osant pas l’insistance.
Dans le silence obscur mon front luit de sueur,
Ma lèvre tremble un peu pourtant je n’ai pas peur.

Ils savent comme moi que l’épilogue est proche
Et que bientôt le glas fera tinter la cloche.
Mon corps de ses humeurs a déjà tout souillé,
Il flotte inerte et sec sur un linceul mouillé.

Je perçois leur chagrin dans leur vaine prière
Mais je glisse déjà vers l’Intense Lumière…
Le néant m’engloutit avec avidité,
Et me fond dans le noir pour une éternité…

En sortant les mouchoirs, la famille s’incline
Sans croire sur l’instant à la grâce divine.
« C’est la fin, il n’est plus. Crois-tu qu’il ait souffert ?
Il est en paix mais vois, son œil reste entrouvert. »


 
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   Anonyme   
13/9/2022
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,
Est-ce qu’on moment de lâcher notre dernier souffle, serons-nous terrorisés ou non ? Dans ses derniers instants, le narrateur de cette poésie semble serein face à la Faucheuse et même un peu farceur sur la fin avec cet œil qui reste entrouvert sur le monde des vivants. On aimerait bien savoir ce qu’il voit et pense…

Merci pour cette lecture gratuite et le temps que vous avez passé dessus.

Anna

   Cyrill   
7/9/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Malgré un titre très prosaïque - vraiment il y avait mieux à trouver – j’ai beaucoup aimé dans cette poésie les 2e et 3e quatrains. Le 2e pour sa crudité, il décoiffe bien, je trouve. Le mourant tel qu’en lui-même et avant le maquillage post-mortem, donc. Le 3e pour son « intense lumière » vers laquelle glisse le narrateur, et juste après avoir lu les dégâts subis par son corps, me fait un effet … lumineux, vraiment ! Ouf, après avoir infligé à autrui ses miasmes, voilà de l’élévation. De l’éternel, du néant, bref du superlatif qui autorise une sortie plus que convenable.
Sincèrement, j’aurais réduit le poème à ces deux quatrains qui se suffisent amplement et n’en auraient eu, selon moi, que plus de force. Les deux autres n’en paraissent que plus fades et dispensables. Disons tout de même que l’œil entrouvert du dernier vers, dans le contexte, ne me déplaît pas en tant qu’augure d’un certain maléfice. L’œil de Caïn.

   Anonyme   
13/9/2022
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour

Le problème avec ce genre de poème qui montre une situation
que l'auteur n'a pas encore connue, c'est que l'on reste souvent
au niveau descriptif de l'ensemble.
J'aurais aimé quelques vers un peu plus philosophiques puisque
l'instant est d'importance : éventuellement, ce que l'auteur s'attend
à trouver derrière ce fameux miroir ? Bref pleins de questionnements
auxquels le lecteur échappe si ce n'est cette intense lumière
que l'on peut lire un peu partout.
Autrement, l'instant est bien décrit mais il me manque quelque chose
pour sortir mon mouchoir.

   Miguel   
13/9/2022
 a aimé ce texte 
Bien
Beau texte, malgré quelques lourdeurs dans la forme et contradictions dans le fond. Lourdeurs : "n'osant pas l'insistance", "en sortant les mouchoirs", qui a un côté un peu caricatural, et le dialogue final, très "lieu commun". Contradiction : Intense Lumière et néant. Mais la grandeur tragique de l'instant est rendue dans toute sa dimension. L'emploi du mot "linceul", comme une brève anticipation, a quelque chose de fort.

   papipoete   
13/9/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour Lebarde
Je vis ce texte en lecture aveugle, mais ne vins pas le commenter... son sujet à ce moment-là m'effrayait !
Depuis, j'ai repris le dessus et suis prêt à veiller ce mourant. Je connais si bien cette scène avec ces gens ( la plupart aimants ) qui ne veulent pas que ce condamné meure dans la solitude : mais ils on " tout faux ", car ce pauvre agonisant n'attend que cela pour mourir ( qu'ils s'en aillent ! ) Que n'ai-je entendu d'infirmières exaspérées dire " vous le ( la ) retenez ! vous devriez partir... "
NB cette triste fin est fort bien décrite, avec ce " bientôt mort " qui voit tout ( sa personne en premier ) et souffre tant du spectacle qu'il offre à l'assistance éplorée !
Dans ces vers sans espoir, l'auteur parvient à nous faire sourire avec l'ultime ligne... je me meurs mais je vous ai à l'oeil !
L'avant-dernière strophe est mon passage préféré !
sonnet + alexandrins parfaitement classique ; bravo poète !

   JohanSchneider   
13/9/2022
 a aimé ce texte 
Un peu
« Ne méprise pas la mort, mais sois content d’elle, puisqu’elle est une des choses que veut la nature. […] Il est d’un homme réfléchi de ne pas s’emporter violemment contre la mort ni de la dédaigner, mais de l’attendre comme un événement. » Marc-Aurèle.
Des descriptions d'agonies à vous faire dresser les cheveux sur la tête on en trouve par exemple chez Zola (Rougon-Macquart - La joie de vivre) ou Martin du Gard (Les Thibault - La mort du père) et dans le registre poétique il y en a certainement une palanquée que je ne connais pas.
C'est dire qu'on ne voit pas très bien ce que ce poème - fort bien tourné au demeurant - nous fait expérimenter de nouveau, sachant que, par la force des choses, ce qui se trouve au-delà de l'instant fatal restera à tout jamais le domaine réservé des morts.
Pour avoir vu, en vrai, un cadavre avec les yeux entrouverts, je peux certifier qu'il n'y a pas plus vide que le regard d'un mort. J'aurais été plus indulgent si le texte était parvenu à nous faire, un peu plus et un peu mieux, sentir le vrai scandale de la mort : la perte éprouvée par ceux qui restent. Disons-le sans détour, son absence n'est plus vraiment le problème de celui qui s'en va.

   inconnu1   
13/9/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bravo pour, encore une fois, ne pas vous être planté sur un petit détail vous fermant le classique. Tout le monde n'est pas d'accord, mais je trouve que le fait de rester très soft, descriptif, sans en rajouter, apporte un côté tragique à l'ensemble. A la fin, il n'y a rien d'autre... qu'un mort et la description d'un cadavre qu'on prend en pleine figure. et ensuite, eh bien, on ne sait toujours pas.

Personnellement, j'aime mais c'est personnel.

Bien à vous

   Lotier   
13/9/2022
Un poème qui se veut rassurant en montrant que le mort perçoit encore plein de choses après (car le corps est inerte et sec, sans vie donc, avant le « Je perçois »)…
« Mais je glisse déjà vers l’Intense Lumière…
Le néant m’engloutit avec avidité,
Et me fond dans le noir pour une éternité… » : c'est le passage spéculatif du poème, au moins, avec l'EMI, on peut parler de témoignage, mais là…
La mort n'est peut-être que la dernière licence poétique … je préfère la mort à la Terry Pratchett.

   Cristale   
13/9/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonsoir Lebarde,
C'est dit, les doigts sur le clavier ont suivi la pensée sans qu'une erreur technique ne vienne contrarier le projet.
Rien n'est triste de la part du narrateur qui observe les réactions de ses proches au-dessus de son corps moribond.
Mais il y a encore cet oeil, entrouvert comme un dernier pied de nez au monde des encore vivants.
Se mettre dans la peau d'un mourant c'est plutôt original et le second degré a bien sa place ici.

   pieralun   
13/9/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonsoir Lebarde,

Brrrrrr!!!!!!

Vous n’y êtes pas allé de main morte avec le corps dont les humeurs ont déjà tout souillé et le très beau vers: Il flotte inerte et sec sur un linceul mouillé

J’aime beaucoup le vers de chute.

   plumette   
14/9/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Une fin fantasmée si j'en crois la petite phrase d'introduction !

l'ensemble coule sans difficultés. j'ai beaucoup aimé certains vers et leur réalisme

"Mon corps de ses humeurs a déjà tout souillé,
Il flotte inerte et sec sur un linceul mouillé."

on est quelques secondes avant le dernier souffle!

et puis
"Le néant m’engloutit avec avidité,
Et me fond dans le noir pour une éternité…"

c'est fou la résonnance de chaque mot dans une phrase finalement très simple: j'ai apprécié en particulier l'avidité et l'image que le verbe "fond" a fait naître pour moi, une image cinématographique comme un fondu/enchaîné.

quand à l'oeil ouvert, vous en tirez une sorte d'espoir pour ceux qui restent, alors que je trouve difficile de supporter ces yeux sans regard.

Merci pour la lecture!

   Anonyme   
14/9/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Lebarde,

Quelle imagination dites-moi !
Décrire sa propre mort, ce n'est pas banal qui plus est en vers classiques, ça m'a bien plu .
Un plus pour le dernier vers et sa chute sympathique qui m'a fait sourire.

   Phicai   
14/9/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Lebarde
Votre poème ne tient pas ses promesses. J'attendais impatiemment le "et ensuite" mais vous n'en dites rien. J'attendais LA révélation ...
Je plaisante. Votre poème se lit bien et aborde d'une façon réaliste cette fin de vie dans ses moments crus et cruels.
Bonne lecture. Merci de nous l'avoir présentée.

   Ornicar   
15/9/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Lebarde,

La mort ! La mort par toutes les pores de la peau ! La mort, la grande affaire de la vie, et des poètes, avec l'amour ! C'est votre dernier vers avec son "oeil entrouvert" qui me pousse à vous commenter. Quelle trouvaille ! Et quelle meilleure conclusion ?

Le sujet est grave et difficile à traiter. Vous vous en tirez très bien, avec les honneurs si j'ose dire. Pas facile de s'imaginer dans la peau d'un défunt, sans doute le rôle le plus difficile d'une vie, son couronnement. Et un challenge pour l'auteur. Devant le titre et le sujet, j'ai eu la tentation de passer mon chemin, mais l'exergue, fort à propos, vous a repêché.
"Une fin de vie comme tant d'autres sans grandiloquence, virgule, mais il s'agit de la mienne", dites-vous. Et cette précision, ce point de détail qui n'en n'est pas un, change tout et donne, dès le départ, la tonalité générale de votre texte. Oh ! Comme je me sens mille fois en résonnance avec vous et avec ce cri du coeur : "mais il s'agit de la mienne"! Dès lors, le narrateur et l'auteur ne faisant plus qu'un, je préssens que la gravité du sujet sera tempérée par une forme d'humour, d'auto-dérision bienvenue, inopinée, ce qui est le propre du cocasse.
J'ai trouvé amusantes, par exemple, les annotations suivantes :
- "les doigts... n'osant pas l'insistance"
- "mon corps de ses humeurs a déjà tout souillé,/ Il flotte inerte et sec sur un linceul mouillé". Dans mon esprit, celui d'un simple, croyez le bien, à la crudité de la situation, se superpose l'image d'un christ marcheant sur les eaux, provoquant un télescopage des plus comiques.
- "Sans croire sur l'instant à la grâce divine." Oh que oui ! Mais faisant tout comme.
- "Crois-tu qu'il ait souffert ?". Cette interrogation est tellement "vraie", tellement humaine.
- Et puis bien sûr, j'y reviens, le dernier vers "Il est en paix mais vois, son œil reste entrouvert." Mais... fixe. Tel un oeil de verre.

Sur la forme, je remarque que vous n'avez eu nul besoin de recourir à la liaison pour élider un "e" se trouvant sur une césure.
Deux infimes réserves qui n'entâchent pas le plaisir que j'ai eu de vous lire.
- votre sixième vers "Et que bientôt le glas fera tinter la cloche." Le glas étant, par définition, une sonnerie particulière de cloches annonçant des funérailles , je me demande s'il n'y a pas un pléonasme ou à tout le moins une redondance.
- au vers ( "Sans croire sur l’instant à la grâce divine."), je me demande si "sans croire un seul instant..." n'aurait pas été mieux.

Bravo ! puisqu'il nous faut bien en finir un jour. Mais je vous en conjure, ne partez pas tout de suite ! Restez encore un peu avec nous. Ou alors débrouillez-vous pour nous envoyer quelques autres de vos vers, d'outre tombe.

Ornicar

   Yannblev   
18/9/2022
Bonjour Labarde,

La mort serait donc la seule chose qui tracasse réellement les vivants. Les effraie-t-elle ? on se demande un peu pourquoi puisqu’on ne sait pas vraiment ce que c’est.
Encore un thème récurrent mais vous le traitez avec pertinence en mettant plutôt en scène les petits travers et les mimiques rituelles des, pour l’instant, encore vivants qui indubitablement, en toute cérémonie consacrée à un défunt imminent, s’inquiètent déjà de leur propre sort de profundis.
Bonne idée que de se mettre dans la peau de celui en train de la perdre pour épiloguer savoureusement.

Car en effet bien que très classiques ces quatrains savent quand même traiter le sujet avec une relative et sous-jacente ironie empreinte de modernité. Le vocabulaire s’adapte parfaitement à la description du tableau qui du coup ne nous échappe pas.

Merci de ce regard documenté, d’un œil peut-être mais assez pointu quand même.

   Donaldo75   
18/9/2022
 a aimé ce texte 
Bien
Salut lebarde,

J'avais lu ce poème en E.L mais n'avais pas pris le temps de le commenter - j'étais au bout de ma vie comme disent aujourd'hui les jeunes - et pourtant je l'avais trouvé bien composé, bien tourné et intéressant. Le thème n'est pas des plus joyeux mais au moins il a le mérite d'être traité sans lourdeur. Le vers de fin est marrant.

Merci pour le partage.

   Marite   
15/12/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Surprenant comme thème : imaginer son propre départ définitif vers ...quoi donc ? Question sur laquelle nombre d'entre nous préfèrent ne pas s'attarder et pourtant, ce passage est incontournable. Le troisième quatrain est celui qui m'a le plus séduite car il traduit en mots simples et précis la lucidité dont fait preuve le mourant qui me semble apaisé et prêt. Ma foi, une fin que l'on pourrait souhaiter pour soi-même.


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