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Poésie néo-classique
LenineBosquet : Flash
 Publié le 04/08/18  -  10 commentaires  -  1009 caractères  -  266 lectures    Autres textes du même auteur

La Vérité sortant du puits.
https://www.flickr.com/photos/magika2000/8725114025


Flash



Une lumière croît, inexorablement.
C'est une blancheur crue, électrique, très froide,
Qui surgit comme un cri, devient événement,
Puis éclaire les creux sous un jour rude et roide.

Et rien n'a plus de prix que ce lucide élan,
Rien ne vaut être prêt à la vérité laide ;
Mais l'Homme est, peu ou prou, rétif au révélant
Hormis bien sûr le preux que chante encor l'aède.

Car il en faut du cran pour affronter le vent
Du verbe sans écrous et du fait sans sa blinde ;
Au sortir de l'écrin le réel est grevant
Mais jamais sous l'écran nul ne sait ni se guinde.*

Ami, le parti pris du sang-froid va cognant :
Tant mieux, c'est là le prix de celui qui ne cède.
Ami, le parti pris du sans fard est prégnant :
C'est bien quand on est près du Vrai qu'enfin l'on s'aide.


* Se guinder (figuré) : Se dit en parlant de l'esprit et des choses d'esprit où une certaine élévation s'accompagne de raideur.


 
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   Anonyme   
19/7/2018
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
Bonjour,

J'ai lu votre poème hier au soir, mais un peu allergique à la poésie classique et consort.
Plus dispose au matin, je repasse lire et apprécier.

Le titre : très 21e siècle, bravo !
La présentation, joindre l'image à l'écrit bravo !

Curieuse, j'ai d'abord ouvert le lien, bigre, une agression de plus mais que cette vérité est laide.

J'ai lu, une première fois, impression confirmée , c'est pas un poème pour moi.
Trop classiquement intellectuel, ou réciproquement.
Mais je me suis lancée un défi : commenter un peu mieux qu'autrefois les classique et consort.

Résultat; j'adhère, j'aime, et j'attends avec impatience, enfin pas trop non plus, j'attends avec impatience la publication et le sujet que l'auteur ouvrira pour dialoguer sur les plus et les moins que j'ai croisés ;
Je ne parviens pas à comprendre le 3e paragraphe.
Les sonorités, les allitérations, le vocabulaire, etc m'amènent à une notation extrême.
Je repasserai après publication pour l'affiner si besoin.

Bravo ! Merci du partage !
Éclaircie

   Vanessa   
4/8/2018
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour,
Personnellement, j'aurais préféré ne pas voir le tableau que vous proposez en illustration de votre texte.
La première strophe, j'ai lu une description du tableau.
La seconde, dès le premier vers, vous vous en détachez pour parler de votre sujet ; la lucité et le courage qu'il faut pour affronter la vérité.
Cette femme, je n'ai pas le sentiment qu'elle ait beaucoup reflechi pour sortir du puit. C'est plutôt un instinct de survi pour moi.
Vous utilisez le tableau, à mon avis, pour illustrer la violence que génère parfois la vérité mais que finalement je n'ai pas ressenti dans vos mots puisque vous ne l'évoquez pas avec l'intensité à laquelle le lecteur à droit puisque vous avez choisi de nous offrir du visuel.

   Gemini   
4/8/2018
 a aimé ce texte 
Bien
Exercice à (nombreuses) contraintes.
Du (beau) travail, avec ce choix de son final constant au masculin, et proche au féminin, et avec ces allitérations aux hémistiches (croit, prix, cran, près) qui amplifient l'allitération générale en r.
De bons jeux de mots (peu ou prou, preux) aussi, hélas pour faire tenir tout ça, car tout se tient et je trouve le sens clair, il a fallu un emploi, à mon sens un peu excessif, du verbe être (dont quatre dans les trois derniers vers). C'est le danger de ces paris audacieux, de ces constructions hardies qu'il est difficile d'assembler.

Ce qui ne m'empêche pas de trouver l'exercice, dans l'ensemble, réussi.

PS La vérité sortant du puits, un rapport avec Florian ?

   papipoete   
4/8/2018
bonjour LenineBosquet
il y a des paroles dans le vent, alors que la vérité crue offense, et l'on crie aux murs, pendant que des oreilles responsables ne sont pas là pour entendre !
ya qu'à ; il faut ; si c'était moi !
<< je peux compter sur votre aide, le moment venu ? >>
Et quand vient le fameux instant, ces voix qui pèseraient si lourd, sont des huitres ...
NB je comprend cela en vous lisant, encore qu'il n'y aie rien à comprendre !
C'est écrit en vers riches, aux rimes plaisantes, mais étant peut-être complétement aux antipodes de votre idée, m'abstiens de noter .

   Anonyme   
4/8/2018
 a aimé ce texte 
Bien
La façon dont vous analysez la vérité est bien traduite ici.
" Et rien n'a plus de prix que ce lucide élan,
Rien ne vaut être prêt à la vérité laide "

" Car il en faut du cran pour affronter le vent "
" Ami, le parti pris du sang-froid va cognant "

Doit-on considérer la vérité comme un sentiment systématiquement heurtant, nécessitant du " sang-froid " pour l'affronter ?

C'est bien écrit ; les métaphores intéressantes.

   jfmoods   
4/8/2018
Ce poème est composé de 4 quatrains en alexandrins, à rimes croisées, riches et suffisantes, tour à tour masculines et féminines.

Les présentatifs ("C'est [...] Qui", "c'est là", "C'est bien [...] qu'enfin"), les modalisateurs ("ne vaut être prêt", "il en faut du cran") et l'anaphore ("Ami" × 2) mettent en avant l'aspect argumentatif du propos tandis que la majuscule générique ("l'Homme"), le pronom indéfini ("Rien" × 2), l'adverbe ("jamais") et l'adjectif indéfini ("nul") en soulignent le caractère universel.

Comme le précise l'entête, le thème du texte est la Vérité majuscule, révélation d'ordre intime dont le titre du poème ("Flash") et le champ lexical de la vive clarté ("Une lumière", "blancheur crue, électrique", "éclaire") manifestent l'éblouissement.

La vérité est par nature "laide", dérangeante (rime significative : "très froide", "sous un jour rude et roide", constat : "le réel est grevant"). Son irrésisitible surgissement (adverbe : "inexorablement") nous place en porte-à-faux avec nous-même. Elle bouscule le confort lénifiant de nos habitudes (jeu antithétique : "l'écrin" / "l'écran").

Devant ce mur de l'évidence (comparaison : "comme un cri"), on peut certes faire l'autruche ("rétif au révélant"), mais on peut aussi - suivant en cela un illustre exemple ("le preux que chante encor l'aède") - se tenir debout avec courage (gradation anaphorique : "le parti pris du sang-froid", "le parti pris du sans fard", périphrase : "celui qui ne cède", image de la détermination : "affronter le vent / Du verbe sans écrous et du fait sans sa blinde").

Car regarder la vérité en face, c'est se débarrasser d'un coup du poids oppressant du mensonge, c'est éloigner ces ombres qui nous entravent, c'est se réconcilier avec soi-même pour aller de l'avant en pleine conscience (démonstratif : "ce lucide élan", subordonnée de temps : "quand on est près du Vrai [...] enfin l'on s'aide").

Merci pour ce partage !

   archibald   
4/8/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Je reconnais bien là l’adepte des rimes babébines. Celles-ci sont placées subrepticement aux hémistiches et je ne les ai remarquées qu’à une seconde lecture. Je sais la difficulté de l’exercice pour l’avoir moi-même pratiqué, car les consonnes d’appui de ces rimes internes sont constantes (“cr” et “pr”).
La contrainte est résolue, mais la fluidité de la lecture s’en ressent quand même, et je remercie jfmoods pour son explication de texte.
Je regrette également les astérisques qui renvoient à des définitions ; faisons confiance à l’érudition du lecteur, et tant pis pour les autres qui rechignent à ouvrir leur dictionnaire.
Ils ne sont pas nombreux sur ce site les jongleurs de mots qui s’amusent avec le lexique, j’apprécie.
Et j’aime beaucoup aussi les peintres pompiers du XIXème.

   Mokhtar   
5/8/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
A défaut de largesse d’esprit, les pompiers avaient bien du talent. Pour certains, la vérité de Gérôme, à la tête de gorgone, surgirait vengeresse pour fustiger les anti-dreyfusards. Pour d’autres, le peintre réactionnaire aurait voulu exprimer la vérité en matière de peinture (le classicisme), blâmant les décadents impressionnistes.

Ici le poète, si je l’ai bien compris, interprète le jaillissement vindicatif et tourmenté de l’allégorie comme le symbole de la vérité dans toute sa dureté. Celle qui fait mal. Celle que l’on redoute d’entendre.

Et il prône la nécessité pour l’homme d’être lucide (« prêt à la vérité laide »), même s’il peut être tenté de la nier (« rétif au révélant »). Que pour cela il faut être courageux (« il en faut du cran ») car rien n’est pire que de se cacher les choses (« sous l’écran nul ne sait…). Et que faire face sans fuir est profitable (« c’est bien quand on est prêt du vrai qu’enfin l’on s’aide »).

L’auteur s’est lancé un défi technique en s’évertuant à insérer des allitérations répétitives (rimes babébines lis-je plus haut). J’admire et respecte l’habileté, mais je n’y vois que contraintes ludiques, restreignant l’expression du thème choisi.

Mais c’est si bien fait que je trouve beaucoup de plaisir et d’intérêt à lire ces vers sensés d’un classicisme qui, moi, me ravit encore.

   INGOA   
5/8/2018
 a aimé ce texte 
Vraiment pas
Je suis peut-être stupide, mais je ne vois aucun rapport entre la photo que vous avez puisé dans une banque de données, le titre et le contenu de votre poésie. Certains mots issus du (françois) ne me semblent pas d'un bon emploi, sauf pour y contenter la rime. Des expressions telles que : Rien ne vaut être prêt à la vérité laide ou C'est bien quand on est près du Vrai qu'enfin l'on s'aide sont phonétiquement si disgracieuses que j'ai l'impression d'être aux antipodes du langage poétique, même si l'écriture semble appuyée.

   Donaldo75   
9/8/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour LénineBosquet,

C'est en lecture à voix haute que ce poème découvre toute sa force, parce que les sonorités affirment la tonalité du propos; elles claquent dans la bouche, dans les oreilles, dans les neurones presque.

C'est véritablement un beau travail sur le son, le sens des mots comme s'ils étaient des notes de musique au service non seulement du thème mais aussi de la tonalité.

Bravo !

Donaldo


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