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Poésie libre
Lensinard : Macadam
 Publié le 20/04/22  -  11 commentaires  -  763 caractères  -  161 lectures    Autres textes du même auteur

Réflexions d'un SDF.


Macadam



Entre le vélo rouillé
Orphelin d’une pédale
Et deux Findus périmés
Dans un vieux caddie bancal,
Entre deux miettes de crack
Et une pièce de vingt centimes,
Entre deux nuits dans un sac
Sur l’escalier de Saint-Trophime
J’aurais pu…

Entre le regard méprisant
De l’autre vieille rombière
Et le réconfort puant
D’une mauvaise cannette de bière,
Entre le pétard sauvé
Devant le bar de la Civette
Et deux rires envolés
Pendant notre chansonnette,
J’aurais pu…

Entre deux relents d’urine
Et un carton Intermarché,
Entre deux parkings d’usine
Et une pipe négociée,
J’aurais pu entrevoir, juste une fois,
Derrière ta frange, tes yeux bleus


 
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   Mintaka   
5/4/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Votre poème rappelle - nous rappelle - que derrière la crasse et le désespoir il y a un être qui demande à exister au yeux des autres au-delà de l'aumône versée.
Un texte dur et humain à la fois qui accuse voire qui condamne une attitude, celle du personnage en l'occurrence, qui toutefois à la lucidité de se rendre compte de sa propre indifférence. Tout espoir est donc permis pour tout un chacun.
Le texte est bien tourné, direct et lucide, empreint d''optimisme tout de même.
Merci pour ce témoignage.

En E.L

   Anonyme   
9/4/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour

Des amours de traîne-la-rue, entre deux vins, entre deux prises de dope frelatée, entre deux sandwiches dégueulasses, entre deux couchages aléatoires offerts aux puces et à l'infortune, entre deux regards de nantis insensibles, entre deux cannettes de bibine à trois sous, entre deux rires arrachés à la misère et le partage d'une fredaine, entre le rapprochement de circonstance et le partage des fluides...

Une poème qui sent l'urine, le sexe, la perdition et la douleur.

Dérangeant et beau.

Anna en EL

   Robot   
10/4/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Le monde vu à travers les yeux d'un sans abri. Ce texte vient nous rappeler que l'humanité, les sentiments, existent aussi même dans les conditions les plus précaires.

   Cyrill   
10/4/2022
 a aimé ce texte 
Bien
C'est un thème qui ne laisse pas indifférent. Je suis plus mitigé sur la forme très régulière : entre/et/j'aurais pu. Ça m'a donné l'impression de faire du sur-place.
Le tableau m'a plu cependant, pas tire-larmes et qui s'attache à des éléments du quotidien tantôt tristes tantôt plutôt joyeux.
Un joli final !

   Vincent   
20/4/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Bonjour Lansinard

C'est vrai qu'il y a des poètes SDF

Je n'ai pas lu souvent de textes aussi contemporains ici

Et d'une si bonne facture

Je ne sais pas si vous écrivez toujours ainsi mais ça promet

J'ai vraiment eu l'impression d'être tout de suite dans le bain si j'ose dire entre le vélo orphelin les odeurs de pise et l'amour taxé

Bravo et merci je vais le relire encore

   Lebarde   
20/4/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Des mots crus et directs, des phrases sobres, une atmosphère sordide à souhait, au service d’un poème réaliste et culpabilisant qui ne manque pas d’une touchante poésie.
J’aime assez.
Bravo

Lebarde

   papipoete   
20/4/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
bonjour Lensinard
Coïncidence que le sujet de votre texte, qui parle de la vie " au raz du macadam " pour le pauvre hère, et ma parution d'hier évoquant ma rencontre fortuite avec ce rude macadam !
Ce pauvre type pour qui rien ne sourit, si ce n'est que les cadavres de chopines, boites de conserves éventrées, et autre regards méprisants de vieilles rombières, notre héros " voudrait bien mais ne peut point " aboutir à un rêve merveilleux, croiser les yeux de cette belle inconnue...
NB des lignes qui gercent les doigts, mouillent les yeux, face à ce vagabond ( qui put être nous... ) et ne peut que se résigner de vivoter, en tremblant de froid, en suant d'étouffante chaleur, en suffoquant de mauvais relents de pisse et autres...et ce rêve, inaccessible espoir !
Le malheureux, avec ce refrain " j'aurais pu " pourrait nous tirer un geste, une aumône, le croisant au raz du bitume, mais si nous pouvions lui présenter cette Esméralda, ce serait là un immense bonheur que nous lui procurerions !
Tout en assonances, ce poème est rutilant d'émotions, en première strophe et ces deux derniers vers
" j'aurais pu entrevoir...tes yeux bleus "

   Polza   
12/5/2022
 a aimé ce texte 
Bien
J’ai apprécié votre poème dans son ensemble, néanmoins je regrette presque son côté laconique. J’aurais préféré en lire en peu plus, que le thème soit un peu plus développé. Mais vous avez choisi de présenter un texte court et je ne peux donc vous le reprocher. Quand je lis Macadam je ne peux m’empêcher de penser à cowboy même si ce n’est que la traduction française de Midnight Cowboy. Non pas pour la similitude de l’histoire, la vôtre est différente, mais plus pour ce côté illusions perdus que je retrouve dans les deux œuvres, si diamétralement opposées soient-elles. J’ai bien aimé l’image d’un « vélo rouillé orphelin d’une pédale »et encore plus aimé la chute (pas celle de papipoete) « J’aurais pu entrevoir, juste une fois,
Derrière ta frange, tes yeux bleux. » qui renforce l’idée des rêves perdus, des si j’avais su, des peut-être aurais-je dû….  « Et un carton Intermarché, » je pense que pour une question de sonorité vous auriez pu éviter le « on/In » avec une petite préposition de rien du tout. Au plaisir de vous lire de nouveau.

   Atom   
20/4/2022
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Perso je suis mitigé sur cette histoire de macadam.
On est ici quand même pas mal dans le cliché du clodo forcément crado stagnant dans un milieu évidemment dégueu. (Sauf sur les marches de Saint-Trophime)
Le fameux bar de la Civette qui existe à peu près partout (même par chez moi il y en a un)

Trop vu de l'extérieur à mon goût.

Le phantasme du clodo poète... oui pourquoi pas mais je n'y crois pas plus que ça. Je pense (et ça n'engage que moi) que dans la rue on est sans cesse confronté au réel. La poésie vient après.

   Donaldo75   
22/4/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Lensinard,

J’ai bien aimé ce poème ; il est tonal avec des images rugueuses qui ne se cachent pas derrière des artifices déguisés en effets de style. La dernière strophe confirme le côté trash, presque hardcore – mais personnellement, je préfère le hardcore au bal musette – de ce tableau urbain, vivant, réaliste, pessimiste. Et cette noirceur dans le gris du SDF rend la peinture incarnée, illuminée presque, tout en restant profondément littéraire. Les petits oiseaux et les fleurs, je suppose que ce sera pour une autre fois.

   EtienneNorvins   
24/4/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Brutalement élégiaque, avec des images comme de la musique concrète, taillées au cutter - où tout grimace et foire, à part peut-être la chansonnette de la deuxième strophe, puisque l'instant de grâce final est saboté par le conditionnel passé... Beau blues.


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