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Poésie libre
letho : La non-rencontre
 Publié le 11/06/16  -  8 commentaires  -  1168 caractères  -  173 lectures    Autres textes du même auteur

Parfois l'amour brouille les pistes… et les esprits.


La non-rencontre



Entre la terre et l'eau
je marche, invisible,
noueuse parmi les arbres
fragile sous les herbes
oiseau sans ailes
dans un ciel partagé où
rayonne le Temps,
comme un dieu muet.

Derrière moi tout est vierge.

Devant moi, l'air se construit
de routes reconnues
où je marche, invisible.

À quelle brèche du tableau
a-t-il soudain surgi
de si loin deviné ?

Surprise au milieu du gué
mon âme s'est fendue
comme une étoffe tissée du matin
------------------------------------même,
et laissée nue.

Aucune main ne s'est tendue
pour soulever le poids du jour
plus rien ne m'a paru accessible
dans ce bref passage obligé,
ni l'autre, aimé,
ni moi-même oubliée par la parole.

Je n'ai pu mesurer
le bonheur d'être, ni
le souci de n'être pas.

À mon corps interdit rendue
j'ai continué comme une ombre
que la lumière surprend
et dissout.



17/05/2016 à J.S.


 
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   Alcirion   
27/5/2016
 a aimé ce texte 
Bien
Une grande légereté qui implique forcément une réflexion aboutie sur le rythme et les sonorités. Je ne suis pas très fan de l'ésotérisme en général, mais là ça ne me dérange pas, parce que l'ensemble respire la finesse.
Une sensation très positive donc !

   Lulu   
11/6/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Letho,

j'ai adoré la profondeur de ce poème. Il y a vraiment quelque chose dans cette voix qui s'exprime... Je dirais qu'elle a de l'âme. En tout cas, quelque chose de vivant et de vibrant.

La promenade est belle, pleine de légèreté. Rien de lourd. Juste de la poésie en suspens entre les différents éléments "Entre la terre et l'eau" ou "les arbres".

J'aime vraiment beaucoup ce texte qui m'a séduite dès la première lecture. La personne qui marche dans ces mots semble "invisible", mais elle est pleine et entière, et cela fait plaisir à lire.

Bonne continuation.

   Anonyme   
11/6/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour

C'est le genre de poésie libre que j'aime et qui me remémore
la chanson de Fugain : Une belle histoire.
Les termes et métaphores qui me plaisent sont nombreux :

Entre la terre et l'eau
je marche, invisible,
noueuse parmi les arbres
fragile sous les herbes
oiseau sans ailes
dans un ciel partagé où
rayonne le Temps,
comme un dieu muet.

Entre autres.

Cette strophe à elle seule me rappelle mes marches solitaires
à la quête de l'étoile poétique.(Et mon petit carnet).

Il n'est juste que ce : À mon corps interdit rendue que je ne comprends pas mais les 3 vers ultimes et suivants sont magnifiques.

   Anonyme   
11/6/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément
L’éclair d’une rencontre enrobé dans la monotonie des jours, de ce Temps muet.
Un passé dissout de la lumière des présages, du présage de l’amour ou de l’amitié.
Mais que s’est-il passé, ou pas passé, qui laisse cette femme (?) à sa solitude ?
Je comprends cela de ce poème : une rencontre dans toute sa luminosité, son incroyable pouvoir rédempteur, mais restée inachevée.
J’espère me tromper, finalement et que les derniers pas ont été de franchir ce seuil de l’éternité que constitue la rencontre vraie, bien que le titre dise le contraire.

Quoi qu’il en soit votre poème est très beau, et les premiers vers m’ont frappé par leur acuité sur cette sorte d’errance que peut constituer la vie de celui ou de celle qui est seul(e), ou se retrouve seul(e) après avoir connu l’autre, un autre, ou failli le connaître, le reconnaître.

Une rencontre rachète beaucoup de temps perdu, en un instant, même si tôt ou tard le temps se venge, vous le dites au moins en filigrane, et vous le dites bien.

À vous relire.

Corbivan

   Anonyme   
11/6/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour letho,

Je retiendrais assurément ceci :

"Je n'ai pu mesurer
le bonheur d'être, ni
le souci de n'être pas."

Je trouve cette tournure de phrase absolument fantastique !

Le reste est fluide et un peu evanescent, et le tout est propice à la réflexion.

Wall-E

   Curwwod   
12/6/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Brêve rencontre exprimée avec beaucoup de fluidité et de légèreté, comme cet instant qui se pose un instant puis s'envole sans que l'on ait eu le temps d'en profiter. C'est ça le coup de foudre ? même s'il reste sans partage ? j'ai particulièrement aimé :
"À quelle brèche du tableau
a-t-il soudain surgi
de si loin deviné ? et
Je n'ai pu mesurer
le bonheur d'être, ni
le souci de n'être pas."

   emilia   
12/6/2016
Une rencontre attendue, espérée, d’une main tendue qui n’a pu se concrétiser…, avec son lot de déception et de tristesse à la résonance sensible rythmée de belles images : « invisible, fragile, oiseau sans ailes »…, la brèche du tableau qui renvoie à « l’âme fendue, laissée nue », des assonances subtiles qui impriment la cadence avec comme en écho la célèbre réplique shakespearienne « être ou ne pas être »… ; prise au piège « au milieu du gué » à l’instant où tout bascule, que « rayonne le temps comme un dieu muet… », puis devoir poursuivre son chemin devenue « corps interdit, ombre que la lumière surprend et dissout… » dans l’effacement où l’on mesure la profondeur de la réflexion… ; merci à vous pour ce partage et si vous me permettez une petite suggestion, j’aurais peut-être mieux vu ( rendue à mon corps interdit et un retour à la ligne pour « où rayonne le Temps »), mais à vous de voir bien sûr ce qui vous convient…

   Lylah   
13/6/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

Je ne suis pas certaine d'avoir tout compris, mais peu importe, j'ai vraiment aimé la première strophe pour sa fluidité, sa musicalité et plus encore, le passage de
" Aucune main ne s'est tendue
pour soulever le poids du jour.. à ...le souci de n'être pas."

Plus grave, plus profond sans doute aussi.

Un très agréable moment de lecture.


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