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Vincent
9/6/2015
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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Il court, tu demeures à l'heure méridienne. Il court sur les plages immuables, et d'un bâton de bois, trace dans le sable, un long trait tortueux irrégulier, sans discontinuité, interminable. Toi, solitaire à l'heure méridienne, tu parlementes avec le substantif soleil quand il brûle, avec l'adjectif du jour quand il pleut, quand il vente, avec le verbe du temps quand il passe. Il court, il saute, d'une virgule glissante jusqu’au point fixe, d'un mot à l'autre, dans les couloirs, entre les lignes des cahiers d'un monde oublié, toi, tu retardes à l'heure méridienne, tu étudies la grammaire du vent, la rhétorique vive des nuages, la syntaxe de l'aube. Il s’élance, se rue, il fuit, et toi dans l'heure méridienne, immobile, tu interprètes, tu traduis.
votre texte est très riche et très dense avec le rythme lancinant de tous ces mots qui défilent comme dans un tunnel alors que vos images représentent l’immensité tous ces horizons à perte de vue où on risque de se perdre votre texte a une musique contemporaine qui m'a plu d'écouter j'ai beaucoup aimé |
Arielle
2/7/2015
a aimé ce texte
Bien
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Bonjour Louis,
Je suis vraiment tentée de me reconnaître dans ce voyageur immobile "À la recherche des strophes d'azur, des paraphes de nuages, d'un chapitre de ciel ; à la recherche des voyelles du vent, des consonnes en poussières sur les chemins, de tous les mots d'une vie passagère" Si je me sens de plus en plus étrangère à cette course de l'humanité qui semble s'accélérer sous mes yeux, si j'ai envie de m'attarder, d’exprimer tout ce que ces hommes qui courent n'ont plus le temps d'éprouver, de savourer, j'aimerais le faire sans pour autant rester figée, clouée à cette heure méridienne privée d'ombre et de mystère. J'aimerais encore pouvoir m'émerveiller, me tromper, garder un peu de la légèreté de ce "coursier des rues" qui ne fait pas que fuir, mais jouit de son propre mouvement. A plusieurs reprises tu utilises le verbe traduire mais je me demande s'il est possible de traduire une langue qu'on ne parle plus "couramment" au sens où on court avec elle, où on la pratique au quotidien. J’ai passé depuis quelques années déjà cette heure méridienne qui semble être la tienne, l’ombre s’allonge devant moi mais je reste attentive à chacun de mes pas, aux minuscules surprises qu’ils m’apportent (bonnes ou mauvaises) c’est sans doute ce qui fait que j'aie beaucoup de mal, en dépit de ses grandes qualités, à m’accorder avec ton texte "dans l'heure méridienne, immobile", où tu interprètes, tu traduis mais où tu sembles t’être pétrifié. |
Francis
2/7/2015
a aimé ce texte
Beaucoup
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Un texte poétique si riche en images qu'il faut lire et relire pour les attraper, les apprivoiser ! Funambule sur l'axe des pôles, je vois la terre tourner, le jour succéder à la nuit. Je suis cet albatros qui n'a que des mots pour exprimer son ressenti dans un monde qui tourne de plus en plus vite. Ces mots sont la quête d'un sens, d'un azur figé dans les consonnes et les voyelles du poète. J'ai essayé de" traduire" !
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Robot
2/7/2015
a aimé ce texte
Bien ↑
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Belle écriture, texte parfois un peu redondant mais j'ai aimé cette ambivalence entre cette course et cet observateur qui reste pratiquement immobile au cœur de cette heure méridienne. C'est l'homme au cours de sa vie, l'homme au cours du temps, l'homme au milieu du gué pas encore au présent juste sur un point entre passé et avenir.
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Anonyme
2/7/2015
a aimé ce texte
Bien ↑
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Peut-on rester " figé, immobile, contemplatif " à une époque vertigineuse où tout est sous pression, où même le temps semble être passé à la vitesse supérieure. Difficile de ne pas se laisser happer par cette course folle.
" toi dans l'heure méridienne, immobile, tu interprètes, tu traduis." La sagesse résiste t-elle ? |
leni
2/7/2015
a aimé ce texte
Beaucoup
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Ilcourt ..tu restes contemplatif
Pourquoi il court?Il court vers un rêve vers tous les rêves Toi tu restes sur Ta réalité ton méridien Comment allez-vous communiquer Deux solitudes Il y a de quoi réfléchir Merci Mr Socrate Amitiés Leni Gaston |
emilia
2/7/2015
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L’heure méridienne…, lorsque le temps présent se conjugue entre deux personnages opposés « il » et « tu » : l’un qui court, toujours en mouvement, en action, en fuite…, et l’autre, immobile, qui le regarde passer, l’observe et réfléchit, tente de traduire avec des mots, des images, des sons, des pensées exprimant un ressenti, des états d’âme, un moment d’émotion contemplative, que le poète traduit, interprète « en étudiant la grammaire du vent, la rhétorique des nuages, la syntaxe de l’aube… » pour trouver « le point focal, la source unique où tout s’en va et revient en cycle… en un toujours prolifique » de l’évolution humaine, sans crainte de poursuivre « l’innommable et l’innombrable » qu’il s’est donné pour mission de « recueillir, en créant sa musique personnelle, dans cette « langue des signes » qui permet « d ‘élucider chaque lettre de l’univers » : une bien belle mission de chercheur, conteur, interprète, allant jusqu’à « échographier le silence… », dans un style anaphorique particulier qui favorise l’identification de l’auteur et la signature de son talent…
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jfmoods
3/7/2015
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Depuis que j'étudie les textes de Louis, que je savoure la mécanique qui les traverse, depuis qu'est née cette sorte de fascination pour des écrits que je n'ai pas fini d'explorer, une ombre se lève, graduellement, figure tutélaire si l'on veut : celle de Rimbaud. L'aspect épique de la narration, le penchant affirmé pour les hyperboles (notamment au travers du talismanique nombre "mille"), le langage comme creuset intime de la fantasmagorie, tous ces éléments se présentent comme autant de lignes de force incontournables, comme autant de signes d'une filiation effective et profonde. Le titre de ce poème ("L'heure méridienne") me fait indubitablement penser à la fin de "Aube", poème de combat et de bouleversement du langage poétique.
"Au réveil il était midi." Mais reprenons plutôt la trame du texte... Le champ lexical du langage, qui abonde en milieu et en fin de texte ("lettres", "voyelles", "consonnes", "phrases", "substantif", "adjectif", "verbes", "virgules", "lignes de cahier", "grammaire", "rhétorique", "syntaxe") ne laisse pas le moindre doute sur l'écriture comme point d'appui obligé de la réflexion. Le jeu duel, antithétique des pronoms ("Il" / "Tu", "toi"), amplifié par celui des verbes ("Il court, tu demeures.") et des adjectifs ("dérisoire" / "sublime"), signale les termes d'une ligne de fracture. D'un côté, l'homme existant à l'aune du quotidien, d'un temps filant à toute allure (gradation anaphorique : "... de toute force, de toute énergie, de toute vigueur."). De l'autre, le poète, celui à qui, selon l'expression même de Rimbaud, est dévolue la charge de fixer des vertiges. Les formes infinitives ("l'observer" x 3, "le contempler" x 2, "le regarder" x 2) marquent le recul, mouvement essentiel à l'enclenchement du véritable travail poétique. Les gradations hyperboliques ("le point focal, le clair de la vie, le foyer irradiant, la source unique"), les métaphores ("l'assaut des noires barricades", "l'échographie du silence"), les procédés d'accumulation (rythme binaire marquant l'alternative : "... qu’elles soient longues, qu’elles soient brèves, relâchées ou pleines d’emphase.", énumération à rythme ternaire : "en mélodies de nuit, en parfums de toutes couleurs, en saveurs inouïes"), la modalisation ("Il faut que tu comprennes. "), le néologisme à base homonymique ("les para-dits") matérialisent, parmi d'autres choses, la formidable charge d'utopie véhiculée par le texte en train de s'écrire. Le poète se présente comme le vecteur, le point de jonction sur lequel viennent s'arrimer de prodigieux flux de correspondances (verbes : "interprètes", "traduis"). Merci pour ce partage ! |
Bleuterre
3/7/2015
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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Bonjour Louis....
Je vois dans ce texte la métaphore du contemplatif qui se pose pour écrire. À l'heure méridienne, celui qui contemple ce moment présent pour en extraire quelque chose qui va rester gravé, quelque part, dans le temps. Celui qui est capteur d'éternité. Il s'oppose à celui qui court qui agit. La répétition de "il court", paradoxalement pose ce texte autour d'un point fixe, celui de l'observateur. Je ne saurais analyser votre texte comme vous le faites si bien dans vos commentaires, mais je peux dire qu'après plusieurs relecture, je l'ai trouvé très abondant, comment dire, luxuriant d'images qui figurent celui qui se pose et prend la stature du poète, celui qui sait, comme un photographe, saisir l'instant, trempé à la fois de passé révolu mais encore présent et d'avenir, voir d'advenir. Merci en tous cas pour cette richesse de mots. |
margueritec
7/7/2015
a aimé ce texte
Passionnément
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Bonjour Louis.
Merci pour cette heure méridienne où tu/toi est ce centre qui observe. Qui observe et traduit. Traduit la pensée qui ne s'exprimerait (tu traduis l'innommable), l'inconscient ("Tu déchiffres les bas-fonds de l'existence tout humaine"). Décrypteur du temps mais aussi passeur de la poésie écrite dans la nature (À la recherche des strophes d'azur, des paraphes de nuages, d'un chapitre de ciel ; à la recherche des voyelles du vent, des consonnes en poussières sur les chemins") à l'image de Baudelaire : "La Nature est un temple où de vivants piliers Laissent parfois sortir de confuses paroles; L'homme y passe à travers des forêts de symboles Qui l'observent avec des regards familiers." Et comme Baudelaire, qui écrit "Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.", Tu/toi établit des correspondances synesthésiques " Tu interprètes les images des êtres de passage, en mélodies de nuit, en parfums de toutes couleurs, en saveurs inouïes.", rendant au poète, dans l'immobilité qui le caractérise par rapport au monde mouvant qui l'entoure ("Il court, tu demeures à l'heure méridienne"), sa fonction de déchiffreur du monde "Tu cherches, chiromancien, à lire les entailles dans la chair d’un monde décliné". Merci encore pour ce beau texte qui mériterait beaucoup plus de commentaires, merci pour cet éloge du poète "symboliste" et peut-être par qui le monde pourrait être sauvé ? |