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Poésie en prose
Louis : Trois fois rien
 Publié le 01/03/15  -  12 commentaires  -  1332 caractères  -  374 lectures    Autres textes du même auteur

Rien
un silence
juste un balbutiement


Trois fois rien



Rien
un silence
juste un balbutiement

et cet imperceptible tremblement des lèvres, accolées en douceur au temps qui passe, ce n'est pas baiser de paix, ce n'est pas murmure contre l'angoisse, pas un rempart contre le désarroi, juste un affleurement, une confluence, une infime tension vitale, un instant dérobé à la mort toujours étale

et ce plissement sur le visage où la vie se resserre, pas une douleur, pas une souffrance, pas un effroi, quand les cris au fond de soi s'effondrent, quand sèchent les sueurs des fièvres, et s'évaporent les mirages en nuées jusqu'au ciel des yeux, mais un froissement d'existence à l'approche de ces moments quand tout remonte à l'orée du moi, tout frémissant sur la peau, la conscience en chaque pore, en chaque grain ; quand le monde s'éprouve jusqu'au frisson dans un papillonnement de lumière

et cette secousse sur les joues, infinitésimale, onde passagère, pas une frayeur, pas un spasme de douleur, mais une candeur première, originelle, initiale, là où se rencontre le monde au-delà de soi, en cette frontière où finit le moi et commence un dehors, vaste étendue incommensurable, univers sans le moindre rebord, où tout est autre, insondable, si proche et si lointain ; et l'on se sent à peine, vétille, fifrelin de rien, à peine une poussière.


 
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   Robot   
17/2/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément
Sur trois fois rien ces paragraphes sont cependant emplis de sens et d'une véritable réflexion poétique. La réflexion va bien au delà de ce visage suggéré. On est dans un long chuchotement sur le minimum vital, sur le juste nécessaire, sur la limite entre ce qui retient et ce qui pourrait nous entraîner. Nous entraîner où ? si la question était posée, peut-être serait ce au delà du trois fois rien la disparition. Le narrateur s'est arrêté à la frontière de ce qui demeure conscient.
Une superbe prose.

   LeopoldPartisan   
17/2/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément
j'aime bien ce petit poème très zen.

Il faut vraiment savoir l'écrire et dosant chaque mot, chaque proposition, chaque phrase. C'est aérien comme un zéphir. C'est un voyage intérieur où l'instant prend toute sa saveur, son éternité. Car ce trois fois rien c'est bien d'une éternité qu'il s'agit. Merci non seulement de l'avoir capté mais surtout de nous l'avoir rendu...

Bravo

   Anonyme   
17/2/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Tout en douceur, vraiment.

On part de rien, donc, puis le silence (ou plutôt "un" silence), pour arriver enfin à un balbutiement... mais de quoi, au juste ? Lorsque la vie s'éveille ? Sans doute...

Pourtant c'est cela qui me plait dans votre texte, cette interrogation qui laisse pantois, cette sensation d'éveil décrite avec finesse et réalisme, mais néanmoins un brin rêveuse, voire onirique...

Une lecture très plaisante, d'une grande pureté...

Trois fois rien !

   leni   
5/3/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Bonjour Louis Monsieur Louis
Ce texte nous rappelle des images disloquées dans notre mémoire Où
finit le moi et commence un dehors Nous revient le visage d'un parent d'un ami La sérénité du portrait me fait penser au jardin de cailloux d'un temple Zen ratissé tous les jours (oui Léopold) Et l'auteur ne hausse jamais le ton:le mineur serin Pour aller où En fait où vous voulez ....Redevenir une poussière d'étoile?,


Remarquable salut cordial LOUIS

J'ai relu après avoir lu l'interprétation de l'auteur Puisqu'il me permet de garder la mienne j'ajoute une flèche vers le Haut
Leni





Leni

   papipoete   
1/3/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour louis; à l'approche du dénouement de la vie, quand l'ultime souffle attend son moment au creux de soi, il n'est qu'un imperceptible tremblement des lèvres, une secousse sur les joues non point un spasme de douleur, trois fois rien.
Qu'y-a-t-il au-delà de cette frontière quand s'éteint le feu?
Fortes images en si peu de mots; oh trois fois rien de prose...

   Pimpette   
1/3/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément
"et commence un dehors, vaste étendue incommensurable, univers sans le moindre rebord, où tout est autre, insondable, si proche et si lointain ; et l'on se sent à peine, vétille, fifrelin de rien, à peine une poussière."

je n'ai pas de mots disponibles pour commenter ce texte si fort qu'il me laisse muette...

   pieralun   
1/3/2015
 a aimé ce texte 
Pas
Pardon......
Je me suis accroché pourtant, les comms sont dithyrambiques, je me suis accroché mais n'ai rien perçu, rien éprouvé, à peine compris.
Il se peut qu'il y ait une grande force poétique dans ce texte, Guernica de Picasso recueille bien tous les louanges de la modernité.
Je suis allé contempler ce chef d'œuvre il y a deux ans et je n'ai toujours pas compris ( nulle intention de remettre en cause le message, mais sa forme ).
Ah! Ce bel élan contemporain qui a balayé les Renoir, Monnet......
Il faut donc bien trouver une suite à Hugo, Beaudelaire, Rimbaud et Verlaine...
Là est peut être la clé, dans cette forme de poésie libre où chacun peut percevoir le message et la forme qui lui sied..

   Anonyme   
1/3/2015
Bonsoir Louis... Peut-être n'ai-je pas compris le fond du message !
Pour moi il s'agit ici de la description par un tiers des derniers instants du moribond avant le passage dans l'au-delà. Soit ! Cela dit, cette description détaillée me gêne justement pas ses détails...
J'ai vu mourir quelques personnes et jamais, ô grand jamais, je n'ai pu me livrer à une telle observation ne serait-ce que par pudeur ou par le chagrin qui me faisait rechercher une fois encore le regard, et uniquement le regard de celui ou de celle qui s'en allait même si ce regard n'était déjà plus là...
Voilà mon sentiment ! Ici vous jouez sur la sensibilité, sur la fibre émotionnelle du lecteur face à la mort... C'est une démarche que je ne partage pas dans ces situations extrêmes...
Bonne soirée Louis !

   Anonyme   
2/3/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Louis,

Il suffit d’un « Trois fois rien » de votre part pour me sortir du nid.

C’est ça, la Vie… « Rien, un silence, juste un balbutiement… »
Ils n’ont rien compris ceux qui se prennent pour des Maîtres du Jeu, rien !

Merci d'écrire avec autant de grâce, autant d’émotion entrelacées entre les lignes et les mots choisis avec une si belle justesse.

Cat,
une infime poussière, à peine infinie

   Michel64   
5/3/2015
"ce plissement sur le visage" qui serait entre autre "un froissement d'existence à l'approche de ces moments quand tout remonte à l'orée du moi"
"cette secousse sur les joues" qui serait "onde passagère, pas une frayeur, pas un spasme de douleur, mais une candeur première, originelle, initiale…" .
Vous proposais, ici, une explication, très poétiquement j'en conviens, des dernières manifestations de vie d'un corps à l'agonie. Cela me gène car personne ne peut prétendre connaître ces moments ultimes et si intimes, et ce passage de la vie à la mort est peut être à mille lieux de ce que vous semblez penser.
Je suis désolé mais même si la forme est belle, je n'ai pas du tout adhéré au fond. Peut être si vous aviez employé le mode interrogatif aurais-je été plus sensible à votre poème.
Désolé pour celui-ci, mais j'attends vos prochains car votre plume est belle.
Michel

   Anonyme   
23/3/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément
C'est comme cela que je voudrais que cela se passe...
Vous me touchez avec votre grâce habituelle qui sait envelopper le plus terrible dans une sorte de beauté toute en pudeur.

Et ce "passage du gouffre" qui ne répondra à personne, ni à celui qui passe ni à celui qui tend une dernière main... vous l'évoquez avec beaucoup de grandeur. Difficile d'en dire plus, comme cela... Merci Louis.

   Marite   
5/3/2015
Ce "Trois fois rien" serait donc l'observation par un tiers d'un départ pour un voyage de l'esprit dans "le monde au-delà de soi" ? De nombreuses civilisations le pratiquent ce voyage : rejoindre le monde de l'invisible et y et voguer sans contrainte physique aucune, mais seulement les "initiés" peuvent le faire.
J'avoue avoir aussi pensé, en première lecture, aux derniers instants de vie ... Cela dit, je n'ai pas vraiment été sensible à la poésie qui doit être contenue dans les mots ou expressions. Peut-être aurait-il fallu plus de clarté dans l'expression afin qu'il n'y ait pas confusion dans l'interprétation ?


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