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Poésie néo-classique
luciole : La banlieue
 Publié le 20/09/16  -  23 commentaires  -  753 caractères  -  512 lectures    Autres textes du même auteur

Un poème écrit après la lecture du "Voyage au bout de la nuit".


La banlieue



Pour cuver le vin noir et mauvais de la nuit,
Un petit jour au goût flétri de vieille pomme
Se cache au fond du ciel comme dans un réduit
– Bambochard hébété que sa débauche assomme.

Avec des papiers gras un gavroche a construit
Un navire et, paré (faisant claquer sa gomme),
Baptise au caniveau ce fétu blanc qui fuit.
Les hurlements d’un chien disent la mort d’un homme.

Le temps – grave, sinistre et lent convoi de deuil –
Passe ; les murs hideux semblent de grands cercueils :
Tout pleure la tristesse immense de ce monde.

Le bonheur, cette rosse, a filé Dieu sait où...
Une banlieue affreuse et grise tend son cou
À l’Ennui qui le serre entre ses mains immondes.


 
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   Johannes   
31/8/2016
 a aimé ce texte 
Bien
Quelle vision déprimante de la banlieue !
Ce texte ne laisse pas de place pour le moindre espoir, il est d'un pessimisme désespéré.
Le poème est bien écrit et les images sont adaptées.
Je vous remercie pour cette lecture.

   bolderire   
3/9/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,un poème certes sombre, mais il a ce coté chantilly , enveloppant, collant , gras , assourdissant et jouissif dans sa noirceur.Bravo!

   Anonyme   
7/9/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Voilà, emballez c'est pesé : un sonnet efficace, je trouve, dans le ton merdatoire joliment décliné. Le rythme est assuré, le mouvement net, les vers visuels. J'ai aimé notamment
Pour cuver le vin noir et mauvais de la nuit
Avec des papiers gras un gavroche a construit
Un navire
Le bonheur, cette rosse, a filé Dieu sait où

Le dernier vers, en revanche, me paraît plus banal car abstrait, l'allégorie des mains immondes de l'Ennui, pour moi, est trop "poétique", à sa manière : trop ample dans l'univers étriqué décrit.

   Anonyme   
7/10/2016
 a aimé ce texte 
Bien
Deuil/cercueuilS ! Monde/immondes

Texte plat, sans conviction, sans âme.
Je n'ai pas aimé : goût personnel.

NOTEZ : seul, mon commentaire manqua d'âme dans ce cas précis.
J'ai été de mauvaise foi, mû par une impulsivité sortant du cadre de ce poème, au demeurant splendide.

   Anonyme   
20/9/2016
 a aimé ce texte 
Bien
Il est évident que, faisant suite à la lecture de " voyage au bout de la nuit ", ce poème ne pouvait pas être d'un optimisme débordant...
Nonobstant, l'écriture est bien adaptée au fond.
" Le bonheur, cette rosse, a filé Dieu sait où... "
" Une banlieue affreuse et grise tend son cou
À l’Ennui qui le serre entre ses mains immondes."

   Alcirion   
20/9/2016
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Luciole,

Le parti-pris désolé et noirâtre me parle, il n'y a pas d'excès et une posture de commentateur qui dit seulement comment sont les choses, et tant pis si elles sont sordides.

A mon goût toujours, c'est dans les sonorités que je vois le point fort de ce poème (sauf pour le "flétri" du deuxième verre" qui fait une petite cassure à mon oreille), les vers coulent vraiment bien.

   leni   
20/9/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
c'est désespérant à faire pleurer les saulesMais c'est bien écrit
il y a de bellesimages et de belles sonorités

Bambochard hébété que sa débauche assomme.

Salut cordial leni

   Anonyme   
20/9/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour

J'adore cette description noire et baudelairienne de la banlieue.

Quelles belles images :

Un petit jour au goût flétri de vieille pomme
Baptise au caniveau ce fétu blanc qui fuit.

Et les allitérations du vers :

Bambochard hébété que sa débauche assomme

Les commentateurs avaient laissé passer Brel le coup d'avant,
il semble n'avoir pas reconnu Baudelaire et son spleen et son vin
ici.

Le bonheur, cette rosse est jubilatoire.

Bravo.

   LenineBosquet   
20/9/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Très belle description d'une sordide banlieue, j'ai surtout beaucoup aimé les allitérations et assonances.
Et puis tout ça en sonnet, ce qui ne gâche rien, au contraire même, l'embellit!
Et puis je trouve aussi que la référence à Céline n'est pas usurpée du tout.
Merci beaucoup!

   MissNeko   
20/9/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour

J ai pas mal buté à la lecture. Je le trouve un peu " rude" à lire
Hormis cela vous employez debelles images et on sent une plume aguerrie
Merci pour ce partage.

   Lulu   
20/9/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Luciole,

avec un tel thème, je dois dire que je n'étais guère convaincue avant la lecture, mais je trouve votre texte formidablement bien écrit. J'ai juste buté sur "- Bambochard hébété que sa débauche assomme" : pas facile là de lire vraiment, en ce qui me concerne.

J'ai beaucoup aimé "Tout pleure la tristesse de ce monde". C'est à la fois simple et parlant, et, en même temps, je trouve que ces mots savent clore la strophe merveilleusement.

Le ton m'a intéressée.

Bonne continuation.

   Pussicat   
20/9/2016
Ce sonnet garde et tient bien son rythme ; le parti pris par l'auteur est assumé sans fléchir - beaucoup de points relevés pourraient en attester mais ce serait reprendre le poème entier - et le style, l'écriture, en font que je suis fan !

J'ai aimé lire ce poème qui m'a bouleversée, par sa maîtrise, c'est entendu, mais aussi et surtout, par sa charge émotionnelle transportée par ces images merveilleusement laides. C'est bien là qu'elle s'est cachée... la Beauté.

Une réussite... à bientôt de vous lire

   Pimpette   
20/9/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément
Il y a des sonnets qui vous consolent de beaucoup d'autres!

C'est que, sous une forme classique, tu nous déroules une belle cascade d'images que, peut-être, Céline aurait validée et un climat poétique rare et beau

Comme toujours, les plus simples sont les meilleures:

"Pour cuver le vin noir et mauvais de la nuit,
Un petit jour au goût flétri de vieille pomme "

Superbe!

   plumette   
20/9/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Luciole,

Encore un de ces lieux "chargés" qui vous inspire la noirceur et l'ennui.
j'ai été un peu arrêtée par le premier quatrain qui personnalise le petit jour en le comparant à un poivrot ?
mais convaincue par le second, avec ce navire de papier gras qui flotte, tél un fétu dans le caniveau.

les deux tercets ne nous laissent pas respirer! il est vrai que certains lieux sont la désolation même!

Bonne continuation! Vous tenez un thème de recueil poétique avec les bourgs , villages, villes et banlieues.

Plumette

   Anonyme   
20/9/2016
Bonjour Luciole

Pourquoi généraliser une fois de plus ? Si le titre m’avait parlé d’ « une banlieue », je ne verrais rien à redire.
N’y aurait-il plus d’amour en banlieue ? Après le vieux bourg, la petite ville, je découvre un même décor déprimant. Est-ce l’auteur qui vit un tel état pour voir autant de noirceur dès qu’on sort de Bergiris dont l’atmosphère est bien différente?
La vie n’aurait-elle des couleurs chatoyantes que du côté de ses racines?
Je trouve le fond de ce sonnet vraiment trop réducteur.

A une prochaine lecture.

   papipoete   
20/9/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
bonjour luciole,
Une peinture de la vie derrière les murs qui me fait rougir de loger une maison à la campagne, avec son petit ruisseau en bas . Mes " petits " jouaient aussi au bateau, mais sur l'eau de la Seille, tenu par un fil de pêche, et plus tard radiocommandé !
Vous parlez du bonheur " cette rosse ", mais je crois que les enfants de banlieue connaissent quand-même " leur " bonheur un jour aussi au pied des HLM ? Je songe aux gamins de Bombay, s'amusant comme des fous avec une jante de vélo et une baguette !
NB l'écriture est cependant de qualité, même ( et je suis mal placé pour le dire ) si je trouve les quatrains par trop " narratifs "

   jfmoods   
20/9/2016
Ce sonnet en alexandrins est construit en rimes croisées, suivies et embrassées, suffisantes ou riches, majoritairement masculines.

La traversée du premier quatrain propulse le lecteur dans un rapport dévasté au temps (double personnification : "le vin noir et mauvais de la nuit", "Un petit jour se cache au fond du ciel", comparaison : "comme dans un réduit", métaphores : "au goût flétri de vieille pomme", "Bambochard hébété que sa débauche assomme"). Les fricatives ("f", "v") des trois premiers vers impriment une certaine dureté, tandis que les allitérations en "b" et les assonances en "o" du vers 4 traduisent l'inertie irrémissible de la perspective.

À l'entame du second quatrain, l'antonomase ("un gavroche") ancre une évocation aux contours jusque-là incertains au cadre annoncé par le titre du sonnet ("La banlieue"). Les compléments circonstanciels de moyen ("Avec des papiers gras") et de lieu ("au caniveau") signalent la modestie de l'entreprise menée à bien par l'enfant. Le verbe à connotation festive ("Baptise") apparaît passablement ironique dans ce contexte de dénuement. La périphrase à visée péjorative ("ce fétu blanc") dit suffisamment la fragilité d'un objet, sa résistance improbable aux fortunes de mer, tandis que la personnification ("qui fuit") en entérine déjà la disparition programmée. Le parallélisme qui clôt la deuxième strophe ("Les hurlements d'un chien disent la mort d'un homme.") manifeste la solitude abyssale de l'individu au coeur d'un lieu déshumanisé où chacun est laissé à lui-même, ou plutôt laissé au seul compagnon qui lui soit véritablement fidèle jusqu'aux derniers instants.

L'image obsédante de l'échouage, de l'abandon, innerve pareillement les deux tercets.

Au vers 9, l'allégorie ("Le temps - grave, sinistre et lent convoi de deuil -") encadrée de deux tirets significatifs, est caractérisée par une cadence ascendante qui met en exergue l'inexorable engluement des heures. Le rejet du verbe ("Passe") au vers suivant ne fait qu'accréditer un peu plus la fuite désespérante des jours. Au fil du premier tercet, cinq assonances en "an" matérialisent une plainte lancinante. Une comparaison ("Les murs hideux semblent de grands cercueils") manifeste l'enfermement irrémédiable de l'individu. L'hyperbole assortie d'une personnification ("Tout pleure") ainsi qu'un groupe nominal véhiculant l'intensité douloureuse ("la tristesse immense de ce monde") généralisent la portée du regard sur l'ensemble de l'environnement observé.

L'image de l'agonie lente se propage encore au fil de la dernière strophe (allégories : "Le bonheur... a filé Dieu sait où...", "l'Ennui qui le serre entre ses mains immondes", métaphore avalisant une ligne d'horizon famélique : "cette rosse", adjectifs qualificatifs péjoratifs : "affreuse et grise").

Merci pour ce partage !

   Raoul   
20/9/2016
 a aimé ce texte 
Un peu
"Ça a débuté comme ça…" ?
Je suis un banlieusard qui trouve curieux qu'à la lecture du fameux Voyage de Louis Ferdinand - au ton si fou, libre, vivant, provoc', vibrant - on sente le besoin de s'inscrire dans le style classique s'il en est du sonnnet - à croire qu'en pouésie Française, il n'y ait jamais eu que cette forme - m'enfin.
Pour moi, ça manque d'ampleur, de complexité, de nuances - normal, en un espace si réduit -, du coup, on n'échappe pas aux poncifs et au prévisible labouré par Céline ou, en plus tendre et goguenard, par Doisneau.
Alcoolisme noir, papiers gras, chien de garde hurleur, on pleure ( forcément… D'ailleurs, il faudrait faire ici le compte des sonnets où l'on ne pleure pas) "Ennui", monde / immonde et deuil.
Pour un peu, j'irai me pendre à l'ampoule nue de la cave où Natacha C. regarde depuis dix ans l'Île aux trente cercueils.
Quelques beaux vers sauvent l'ensemble : 2, 3, 6 et le 12 surtout car il a du chien, de la force ainsi que tout un monde de sous entendus, derrière.
Je ne peux pas dire pourtant que j'ai été transporté par l'ensemble, désolé.

   Pouet   
21/9/2016
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Bjr,

J'ai lu assez récemment "voyage au bout de la nuit" et j'ai donc été intéressé par ce que cela inspirait à l'auteur.

Je suis un peu déçu, cela manque un peu de verve à mon goût, c'est assez plat, assez sage.

Le début me plaît bien, les deux premier vers franchement sont bien tournés, c'est intéressant. Mais après des lieux communs comme "gavroche" ou des "évidences" à la limite du pléonasme style "sinistre et lent convoi de deuil" (car faut avouer que les convois de deuil enjoués et trépidants ne sont pas franchement légion sous nos latitudes...) et d'autres facilités ("banlieue grise"... oui ok...) gâchent ma lecture.

Au final un poème qui part bien mais c'est tout.

   Anonyme   
21/9/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,
Beaucoup de choses ont été dites déjà.
Je n'avais pas lu l'incipit avant de lire votre sonnet, et bien sûr, j'y ai aperçu " Le voyage" de Céline, mais surtout et même sans Gavroche, j'y ai entendu quelques accents des "Misérables" de Hugo, comme " les murs hideux semblent de grands cercueils :
Tout pleure la tristesse immense de ce monde", "l’Ennui qui le serre entre ses mains immondes".
Un noir poème qui suinte bien l'humidité et la misère du 19 ème siècle et que j'ai apprécié.
A vous relire.

   Anonyme   
21/9/2016
Je trouve ce poème magnifique, génial, et regrette son dernier tercet qui, bien que paré d'un assez beau vers final, n'a pas l'allure énorme des strophes le précédant. Et c'est parce que j'admire ce poème que je lui trouve çà et là des défauts, que je trouve son premier quatrain trop trivial, que je ne suis pas sûr de tous les mots, que ceci, que cela.
Ce n'est pas le poème de mon rêve, mais c'est le poème d'un rêve, et c'est une sacrée réussite.
Merci pour ce partage.

   Brume   
23/9/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Luciole,
Que c'est sombre! mais un très "joli sombre" mis en valeur par la force des vers et une tonalité grave mais pas excessive. Votre poème m'embarque dans une impression visuelle.
niveau rythme j'ai buté sur la 2nde strophe à cause de la virgule et de la parenthèse sur ce passage: "Un navire et, paré (faisant claquer sa gomme),"

   Robot   
25/9/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Tout autant que j'avais apprécié la lecture du texte précédent "petite ville" je crois, je suis admiratif de celui-là. D'abord parce que il y a une vision particulière, la vôtre, et ce n'est pas une généralité. Vous nous décrivez "une" banlieue avec votre ressenti. Je n'avais pas lu l'incipit avant de découvrir le texte et je peux dire que même, que surtout sans cette référence dont il se passe aisément, je trouve l'écriture de ce texte efficace, évocatrice et forte.


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