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Poésie néo-classique
Ludo : Veuillez me pardonner
 Publié le 25/02/17  -  10 commentaires  -  2348 caractères  -  157 lectures    Autres textes du même auteur

Je ne présente pas mes écrits… Ils sont trop instinctifs, ce serait trop compliqué…


Veuillez me pardonner



Veuillez me pardonner de ne pas vous entendre,
Ô conteurs d’avenir, Ô pantins diplomates,
Mais, de vos grands discours, je ne puis point m’éprendre
Car moi j’aime les fous et non les automates…

Je me suis fait un nom au banc des accusés ;
Jamais je n’entrerai dans vos cases simplistes,
Mes songes sont trop froids, mes rêves trop usés
Et je n’ai pour falots que mes vers anarchistes !

Veuillez bien m’excuser, dévots, prédicateurs,
Si le spectre infondé de vos mornes promesses
Ne suscite, en mon sein, que rires peu flatteurs,
Mais vos dieux, je les vois, comme aveux de faiblesses…

Je suis un mécréant, un fieffé infidèle,
Seuls me portent les vents de l’inspiration
Et je n’ai nul besoin de guide ou de modèle
Pour taire les échos de ma prétention !

Veuillez, mes chers parents, pardonner la souffrance
Qui pèse sur les mots perdus dans mes cahiers,
Mais, pour fuir le fardeau lourd de la déshérence,
La nuit a fait de mes verbes ses héritiers…

J’ai dû vieillir trop tôt, ou me perdre trop vite
Pour être cet enfant traduisant vos espoirs ;
Je suis un monstre, un loup, que la tendresse évite,
Mais pas un homme bien que flattent les miroirs !

Veuillez me pardonner, Muses délicieuses,
De n’avoir su montrer l’ampleur de mon plaisir
Lorsque vos yeux divins, vos mains audacieuses
Couvraient mon corps d’émoi et mon cœur de désir…

Je n’ai jamais appris à aimer sans souffrir,
Alors, pardonnez-moi de rester à distance
Des nobles sentiments où chacun veut gésir ;
Pardonnez ma douleur, pardonnez mon outrance !

Ô vous mes trois soleils, que pourrais-je vous dire ?
Que pourrais-je enfanter comme écueil moribond
Pour implorer vos sens de ne pas me maudire
Et caresser l’espoir d’avoir votre pardon ?

Je ne suis pas du sang de vos drôles d’idoles,
Un jour, vous comprendrez qu’en étant différent,
Je n’ai pu supporter toutes les camisoles
Que ce monde éhonté veut promettre à l’enfant !

Veuillez me pardonner pour mon obédience,
Mais je vis loin de tout, pour ne pas vous blesser !
Je fais ce que je peux pour ne pas me lasser
De mourir seul et sans fanfare à l’audience…


 
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   GilbertGossyen   
6/2/2017
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
J'ai été bouleversé par ce texte. J'y vois le cri du rêveur face au conformisme, le cri de l'enfant face au monde qu'on veut lui imposer, le cri du poète face au cartésianisme. Je ne sais pourquoi je pense à "Urubus" de Bernard Lavilliers.

Le texte est magnifique et poignant, les vers sont beaux. C'est du grand art. Merci

   Anonyme   
8/2/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Un texte bien travaillé où l'auteur expose avec mesure le chemin parcouru sur le sentier des sentiments.

"Veuillez me pardonner, Muses délicieuses," est un très beau vers que l'on imagine bien comme incipit d'un poème.

   dom1   
9/2/2017
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Je trouve qu'il y a un peu trop de " je " dans votre écrit qui surfe sur la surface des choses sans oser y pénétrer. Si vous voulez parler de vous, alors mettez-y plus de profondeur car on a l'impression de côtoyer votre épiderme et pas votre essence.

domi

   Proseuse   
26/2/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour,

Il y a dans ce poème un p'tit côté "rebelle" à la Boris Vian (dans le déserteur,en un peu moins "militant") , mais, pourquoi donc vous excusez ?? on peut très bien vivre " rebelle" et n' être ni malheureux, ni rendre le ( son) monde malheureux , on peut -être vigilent , différent, et n' avoir pas à s' en faire pardonner ! ( voilà pour le fond ! )
Le texte est intéressant et bien écrit, et j' ai apprécié cette lecture
Merci pour le partage et à bientôt de vous relire

   Anonyme   
25/2/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Bonjour

Dommage que vous n'ayez pas voulu nous éclairer par l'incipit.

Mais ce texte m'a plu et son coté rebelle(ne pas être enfermé dans un moule) c'est-à-dire tout le contraire de la société actuelle est
également mon credo.

Ce poème aurait, peut-être aussi, gagné à être élagué de quelques quatrains : il pousse comme un thuya mal taillé et l'on à tendance
à se perdre à sa lecture.
Mais je l'aime bien, surtout le début, où je me retrouve
à certaines époques de ma vie...mais la vieillesse est passé
par là !

   Proseuse   
25/2/2017
Bonjour Ludo,

J' ai eu grand plaisir à vous lire !
Ce poème m' a fait découvrir votre planète poétique et c' est presque les yeux fermés ( mais pas tout à fait quand même!) que je l' ai visitée. par certains côtés, elle ressemble un peu à la mienne! ho! bien sûr pas en" tout" mais dans l' idée d' une poésie libre .. et détachée ( c' est à dire , sans cases , ni fils à la patte ! ) Du coup, c' est avec le sourire, que j' ai pu vous lire et m' approprier votre texte !
Je vous remercie donc pour la visite joliment guidée par vos mots !
Quant à la forme , je n'y connais pas grand chose en " classique ou néo-classique" mais le -tout- m' a bien plu !

PS: je voulais vous mettre une évaluation ( beaucoup+) mais visiblement je n' ai pas l'option " évaluation" disponible ... juste celle d' envoyer le commentaire ??? .. je repasserai !

   Anonyme   
25/2/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Doit-on demander le pardon ou s'excuser lorsque l'on se situe hors des shémas qui veulent nous guider dans tous les domaines, sans pour autant verser dans l'anarchisme.
Ce texte m'a bien plu et j'y ai relevé des images intéressantes, entre autres:
" Veuillez, mes chers parents, pardonner la souffrance
Qui pèse sur les mots perdus dans mes cahiers "
"Je n’ai jamais appris à aimer sans souffrir,
Alors, pardonnez-moi de rester à distance "
" Je n’ai pu supporter toutes les camisoles
Que ce monde éhonté veut promettre à l’enfant ! "

   Robot   
25/2/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Pour un récit "instinctif" il a de la tenue.
C'est d'un style classico-romantique dont l'auteur a usé avec qualité.

Une "sage révolte " contre ce qui paraît établi, de la part d'un narrateur qui ne veut pas perdre ses espérances. Pourquoi en demander pardon ? Il me semble que l'interrogation sur la société est (devrait être) une constante de la jeunesse.

Un texte que j'ai eu beaucoup de plaisir à lire.

   Pouet   
2/3/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bjr,

Bien aimé le poème, sa verve, son "engagement" touchant. Le passage sur les enfants est particulièrement réussi je trouve.

Bon peut-être que pour des "vers anarchistes", la forme ne convient pas trop, l'expression est un poil empesée par endroit.

("puis point m’éprendre") pas évidente à prononcer l’allitération... ;)

Au final, un texte bien écrit que j'ai lu avec plaisir.

PS: pas compris l'incipit, il est de qui, le texte?

Edit: Houlà, en relisant l'incipit j'ai compris. Présenter = présentation du texte, incipit quoi... Moi je l'avais pris dans le sens "proposer"... Bon je file prendre mes cachets, ça s'arrange pas.

(petit truc de vieux routier: quand vous envoyez un texte, cliquez une fois sur la barre d'espace là où il faut faire la présentation du texte et comme ça hop ni vu ni connu, tout reste vide...)

   Queribus   
28/2/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour ludo,

Un texte parfait sur le thème éternel de la révolte avec une grande maîtrise de la prosodie. Toutefois parfois un côté un peux pompeux avec une abondance de je. Autre petit bémol, le texte m'a paru un peu long; j'aurais apprécié plus de concision.

En conclusion, bilan tout de même largement positif et un des plus beaux textes que j'ai lus ces derniers temps.

Bien à vous.


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