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Poésie libre
Lulu : Sous la peau d'orange
 Publié le 26/11/19  -  12 commentaires  -  1420 caractères  -  204 lectures    Autres textes du même auteur

Poème composé lors du défi "Halloween", soit à partir d'une image de mon choix...


Sous la peau d'orange



https://pixnio.com/free-images/2017/09/11/2017-09-11-06-26-59-1100x776.jpg


Sur le pourtour du monde,
notre bâtisse folle et gourmande rétrécit.

Nos regards portés vers la voie lactée s'enhardissent,
comme s'il était possible de toucher les étoiles creuses
à la clarté de nos pas dans l'ombre,
et par la grâce de ce goût du sang de rouille
disputé par les songes des vautours gisants.

Du cimetière au silence des nuits,
un règne de tornades porte à nos fenêtres
une vie de végétaux hurlants,
à nous,
si intimes des temps de sèves gelées,
et si alertes en nos habitudes de papier gras.

Dans nos poches,
toujours ces guirlandes de soleils aux sourires de lune,
avec cette même attente de rejoindre les barbelés de la terre,
et ce marbre de poussière que le désir prête au sens du vent.

Sur la tombe de la chambre des cygnes,
un lac devient aurore au ciel de nos rêves d'Octobre
pour y noyer nos sucres et nos mers disparues.

Que reste-t-il de nos plis à la peau d'orange ;
cette écorce duveteuse d'un régime de saveurs souterraines
qui ressuscite sur le seuil de nos portes closes,
le jus d'un nid de vers enchantés ?

Une âme, peut-être ?


 
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   Vincente   
26/11/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Le titre est plein d'imaginations, on ne sait pas encore à quelle aune nous allons savourer la suite, mais par ce premier pas s'engage une voie insolite où l'on va se voir "à la clarté de nos pas dans l'ombre".

J'aime surtout les deux premières strophes mais tout particulièrement la première.

"Sur le pourtour du monde,
Notre bâtisse folle et gourmande rétrécit.
"

Tout un programme se pré-dessine alors, on ouvre grand les yeux à la magie qui s'installe. Voyez :

" Nos regards portés vers la voie lactée s'enhardissent,
comme s'il était possible de toucher les étoiles creuses
à la clarté de nos pas dans l'ombre,
et par la grâce de ce goût du sang de rouille
disputé par les songes des vautours gisants.
".

Superbe, n'est-ce pas ?

Ensuite j'ai avancé assez chaviré par ce que me dévoilait la visite fantastique. J'y ai adoré "ces guirlandes de soleils aux sourires de lunes ". Soleil, sourires et lunes au pluriel, quelle abondance, quelle générosité… !

J'ai eu un peu de mal avec le sens caché, je l'imagine là tapi " sous la peau d'orange", mais il reste rieur semble-t-il avec ses "imaginations" (celles sous le titre que j'apercevais au début). Caché. Même l'auteur semble en quête d'une assurance à son sujet, lui-même ne saurait s'il y a "au seuil de nos portes closes, / le jus d'un nid de vers enchantés ? / Une âme, peut-être ?
N'oublions pas que nous sommes au "pourtour du monde", alors…

Un regret. La photo que l'on ouvre avant de lire, suggère presque trop. La fantastique "évadescence" du propos s'en trouve du coup… "rétrécie" !

   hersen   
26/11/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je recopie moi aussi ici mon com à l'époque du défi :

"Un poème à double sens, ce coucher de soleil qui se change, de l'orange, en peau d'orange et qui illustre notre surconsommation, sucre et gras et tout ça, qui n'est bonne ni pour nous, ni pour elle.

Une belle façon de rappeler que la planète est magnifique (photo à l'appui) et qu'il ne tient qu'à ses occupants qu'il en soit ainsi encore pour longtemps.

J'ai beaucoup aimé l'écriture, c'est un libre qui se lit merveilleusement bien !

Merci de cette lecture !"

Je pense que ce thème, pas trop dans nos cordes aux uns et aux autres, nous a finalement fait sortir de notre tanière !

Bravo à toi, mais aussi surtout pour cette idée de peau d'orange. carrément bien vue !

   Davide   
26/11/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Je recopie mon commentaire :

Un poème très intérieur, comme refermé sur lui-même, où je ne vois d'abord (en première lecture) de référence explicite à Halloween que dans cette peau d'orange, pouvant figurer le "crépuscule" immense qui sert d'accroche à la rêverie, à moins qu'il ne s'agisse d'une lune chaude et éblouissante.

Pourtant, il y a bien quelque "goût du sang de rouille", un "cimetière", des "vautours gisants", des "végétaux hurlants" et des "sèves gelées" (entre autres) qui façonnent un paysage ténébreux, inhospitalier.
D'un autre côté, dans "nos poches", brillent "ces guirlandes de soleils aux sourires de lune", une "aurore au ciel" et des "rêves d'Octobre". Ces morceaux de sucre et bonbons en tous genres, diaprés de mille couleurs, contrastent d'avec la sombreur glaçante de ce 31e jour d'octobre. Ces cadeaux, recueillis chaleureusement "sur le seuil de nos portes closes", incarneraient-ils véritablement l'âme de cette fête si terrifiante ?

Un bien joli poème, tout en impressions, en ressentis, en murmures, qui suggère et invite à la contemplation plus qu'il n'en dit, plus qu'il ne décrit. Peut-être un peu trop éthéré, mais... c'est ce qui fait son charme.

   Luz   
26/11/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonsoir Lulu,

J’aime beaucoup ce poème, tinté de surréalisme, avec un très beau titre.

Ce passage est particulièrement beau :
« Dans nos poches,
toujours ces guirlandes de soleils aux sourires de lune,
avec cette même attente de rejoindre les barbelés de la terre,
et ce marbre de poussière que le désir prête au sens du vent. »

Et la conclusion :
« Une âme, peut-être ? »

Bravo !
Très bonne soirée !

Luz

   Cristale   
26/11/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un poème dont j'ai su plus tard qu'il était un songe de la mort en un lieu ténébreux mais ma petite cervelle l'avait lu à sa façon.
Je réitère donc mon commentaire, à peine rectifié ici, édité sur le vif à l'occasion du défi Halloween.

Voici un texte qui sent le cadavre à plein nez, autant dire qu'il lui fait sa fête...à la mort.
L'illustration est machiavélique à souhait ! Sous la peau d'orange du soleil couchant, il y a la maison et les végétaux hurlants et sous la maison des humains il y a la terre et sous la terre il y a ...nous...enfin, les morts.

"Que reste-t-il de nos plis à la peau d'orange ;
cette écorce duveteuse d'un régime de saveurs souterraines
qui ressuscite sur le seuil de nos portes closes,
le jus d'un nid de vers enchantés ?

Une âme, peut-être ?"

Quelle idée de vouloir les faire ressusciter le 31! Perso je les laisse volontiers dans leur jus de vers.
En fait il ne reste que cela sous les plis à la peau d'orange ("la peau d'orange" désigne également la cellulite des humain(e)s, autant dire la graisse) et les poils dont la durée de vie est relativement longue chez les morts.

Mais ce poème est si joliment écrit que mon détachement feint ne peut en récuser la beauté, si mortelle soit-elle.
Les vers sont soignés, oserai-je dire, bien nourris (?) d'images superbes telles : "ces guirlandes de soleils aux sourires de lune," "un lac devient aurore au ciel de nos rêves d'Octobre"

Parfois, certaines poésies libres me sont quelque peu hermétiques, mais, comme ici, je ressens ce quelque chose de magique qui émane de l'écriture...alors que l'auteur(e) me pardonne pour mes digressions.

L'idée qu'une âme reste de tout ce destin macabre me plaît.


Merci Lulu pour ce régal de lecture :)

Cristale
qui s'en va remettre quelques vers sur le billard

Edit : l'image est sublime ! tout bien réfléchi, je ne sors pas de chez moi ce soir...

   Anonyme   
27/11/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Lulu,

J'ai lu l'annonce du défi, mais pas encore lu tous les textes proposés.
Mais déjà le tien (le second publié) m'enchante par l'originalité du texte .
Tu as su, à partir d'une image d'halloween, assez typée halloween, te démarquer du thème en lui-même avec juste une esquisse par l'évocation d'octobre, du cimetière.
J'aime beaucoup le titre, à la fois évocateur de la couleur du thème mais aussi du fruit -de saison- évoquant la lune, le monde, Éluard.

Ton poème est très imagé, les images sont originales et belles. De plus le vocabulaire et donc la continuité du texte sont remarquables.
"gourmandes, sucre" par exemple.

On voudrait croiser plus souvent cette "âme" poétique pour Halloween.
Bravo et merci du partage.
Éclaircie

   Robot   
27/11/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Halloween suggéré par cette couleur orange qui semble dominer cette ambiance de paysage mortifère. La couleur de la courge comme celle de la peau d'orange qui devient celle du soleil couchant. Le récit rend bien cette atmosphère crépusculaire et funèbre, l'entrée de la nature dans le purgatoire automnal.

   Anonyme   
27/11/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément
L’auteur dresse avec élégance le tableau implacable d’un monde en décadence, régi par une société de surconsommation, "notre bâtisse folle et gourmande rétrécit", où seul l’intérêt compte "disputé par les songes des vautours gisants", irrespectueux envers la nature, jonché d’ordures "et si alerte dans nos habitudes de papiers gras".

C’est aussi un éclat fulgurant, à la fois sombre, chatoyant et désespéré dans les ténèbres de la mort, macérant dans « le jus d’un nid de vers enchantés »… avec « Une âme, peut-être ? ».

Enfin, c’est mon interprétation et peut-être que je me fourvoie complètement dans le sens à donner à ce bel écrit. Mais qu’importe! Puisque mon ressenti à la lecture est que c’est un petit bijou d’écriture, d’une esthétique rare de diamantaire, mais amer aussi, comme la peau de l’orange qui lui donne son titre.

Merci pour cet « enchantement » !

   Donaldo75   
28/11/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Lulu,

J’aime bien ce poème et en plus je trouve qu’il illustre de manière très poétique l’image que tu as fournie pour le défi Halloween. La dimension lyrique est renforcée par les nombreuses images utilisées dans tous ces vers ; la densité de cette matière, la juxtaposition de leurs symboliques, tout ceci enrichit le poème sans jamais le surcharger. La surcharge, c’est quand les symboles et les qualificatifs s’amassent sans faire avancer la poésie, amenant alors de l’inertie au lieu de la dynamique première du poème. Ici, la dynamo fonctionne à plein régime et mes neurones n’ont pas empilé les concepts ou les effets de manche pour les rejeter à la fin. Au contraire, ils se sont mis à danser dans la nuit crépusculaire de mon cortex cérébral pas encore réveillé. Et ils ont diablement aimé, les bougres.

Bravo !

Don

   Pouet   
28/11/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bjr,

j'ai aimé ce texte "sur-fantasmagorique" sur fond "d'avoir et d'être" m-a-t-il semblé.

Je dois dire que c'est à partir de "Dans nos poches" que j'ai le plus apprécié le texte.

Les métaphores sont inspirées. (J'aime particulièrement "la tombe de la chambre des cygnes" et "l'idée" de "noyer nos mers disparues".)

Concernant la forme, il y a certainement un peu trop de "de", "des", "du" (mais j'ai souvent le même "problème" dans mes textes, cela vient de l'écriture "métaphorique")

Très bon moment de lecture.

   Lulu   
1/12/2019

   phoebus   
2/12/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Halloween une escapade, loin de la vie réelle, alors la folle du logis fait comme la lune, elle cache la Raison, le temps d'une éclipse puis forcément la lumière du soleil doit revenir: étrange coïncidence que le diamètre apparent de la lune soit exactement celui du soleil, vu de la Terre. Quelles causes essentielles cela peut-il cacher ?

Une bâtisse folle qui s'est mise a ressemblé aux fractales de l'arbre nu (Malebranche ) que le regard doit traverser pour atteindre le cosmos et les étoiles; fractale, motif de base de cette voie lactée vers laquelle se portent les regards enhardis.

Évidemment nous voilà écartelés entre l'imagination attisée par la peur du noir et la raison qui veut garder toute sa lucidité. Comme il n'y pas photo, on entend alors des tornades, des végétaux hurlants mais heureusement qu'il y a des guirlandes de soleils aux sourires de lune dans nos poches qui nous empêchent de nous sauver en courant devant cette vision hallucinogène et on continue d'affronter la nuit cauchemardesque avec sa tombe, son lac...


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