Il y a des silences tuants presque frustrants Il y a des moments de doutes trop violents Il y a des instants que l’on aimerait oublier Il y a pourtant des souvenirs que jamais on arrivera à effacer…
Toi, tu étais enfant Tout ce qu’il y a de plus innocent Tu te sentais protégée par les plus grands Tu ne craignais rien de ton environnement.
Enfant rieuse toujours armée de bonheur Jolie petite fille débordante de bonne humeur Tes cheveux blonds rendaient jalouses tes soeurs Et tes yeux bleus n’en parlons pas… ils faisaient fureur !
Enfant tendre et pleine d’affection Tu étais la chouchou de ton cher tonton Lui adolescent en pleine recherche personnelle Et, inséparables tu te sentais pousser des ailes.
Lui discret et trop gentil pour que ce soit honnête Fils unique et des principes plein la tête Il était ce petit fils à maman Surprotégé et limite arrogant.
Il t’emmenait partout où il allait Il t’écrivait tout le temps de jolis courriers Il voulait toujours être assis à côté de toi à table Vous étiez tous les deux indécollables.
Lui en vacances chez toi l’été Toi il te tardait cette saison pour retrouver ton tonton adoré Lui cultivait entre tes frères et sœurs la jalousie Toi tu avais confiance en lui.
Et de jour en jour, son comportement a changé Il faisait presque des caprices pour sa préférée Il voulait dormir avec toi Mais tes sœurs aussi voulaient ce privilège-là.
Puis il a franchi la limite Il a passé la ligne interdite Il y a eu les films et les photos sous la douche Puis les petits jeux, style… touche-touche.
Tes frères et sœurs ont tout balancé C’était un après midi ou peut-être en début de soirée Ils ont dressé le rapport en une seule et même voix Tes parents ont entendu et ont fait ce que de droit.
Bien sûr il a nié en bloc Tout le monde était sous le choc De douloureuses paroles ont été prononcées Mais jamais un seul mot de regret.
Le temps a fait son boulot Les compteurs ont été comme remis à zéro Tu as bien grandi et tu es devenue une jolie femme Mais au fond de toi tu portes encore les marques de ce drame.
Lui personne n’a cherché à avoir de ses nouvelles Toi tu tentes de faire ta vie même si tu as encore des séquelles Lui tu as appris qu’il était marié et qu’il avait une petite fille… Toi tu enchaînes les désillusions et tente d’arracher de ton cœur cette aiguille.
La distance et le temps ne t’ont pas permis d’oublier Ils t’ont tout simplement préservée A qui la faute dans cette histoire ? Qui aurait pu imaginer un roman aussi noir ?
Tu avais 7 ans lui 18 ou 19 je sais plus exactement Il a abusé de ton innocence et de ton sourire attendrissant Personne n’avait fait attention à ses agissements Parce qu’on pense toujours que ça n’arrive que chez les autres évidemment…
Moi j’avais 10 ans Ce que je voyais, je le comprenais plus que toi, forcément Tout ça me dégoûtait, mais je l’avais enterré au fond de moi Aujourd’hui ça me ronge et la douleur me foudroie.
Le blocage que tu as, je l’ai aussi Ce que tu ressens tout comme toi, je le vis L’amour nous dépasse toutes les deux On en comprendra jamais les règles du jeu.
L’amour a perdu toute sa magie et sa beauté Et tout ça, à cause d’un putain d’en**** !!!!
Il t’a volé ta vie, mais dort sur ses deux oreilles Il a envahi mes nuits, mais pour lui, c’est pas pareil Tu étais ses travaux pratiques et moi aux premiers rangs Je suivais ses cours de théorie consternants.
Pas de plaintes, pas de poursuites, pas de règlements physiques Simplement le silence et une vie platonique Pas de psy, pas de suivis, pas de questions usantes, Rien qu’un vieux souvenir et des images restantes.
J’avais 10 ans à l’époque Je suis ta grande sœur et j’ai pas su lui remonter son froc Les années passent peut-être sur ce drame Mais il m’arrive encore de verser quelques larmes.
Je me sens coupable de ne pas avoir agi Je me sens responsable de ne pas l’avoir trahi Toute cette histoire m’empêche aujourd’hui De vivre une histoire d’amour convenable… j’en suis punie.
Il a eu une petite fille d’après ce qu’on m’a dit J’espère qu’elle ne saura jamais rien de tout ça Nous sommes déjà deux à souffrir de la tragédie Il faudrait que ça en reste là… ce serait aussi bien comme ça.
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