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Poésie libre
Luz : Après la sieste
 Publié le 22/06/23  -  11 commentaires  -  1284 caractères  -  210 lectures    Autres textes du même auteur


Après la sieste



un jour on se réveillera après la sieste
on se sentira étourdi
tout drôle
avec des plaques de sécheresse
écloses au bord et au creux
du corps

alors on ira se reposer sur la pierre du torrent
écouter l’eau qui ne coule plus

toi
t’as déjà eu soif vraiment soif
et rien à boire
pas de fontaine
pas de ruisseau
aucun suintement dans les failles de la roche
pas de rosée
pas de buée
rien qu’un vent aride
tu sais la soif c’est quand on sèche du dedans

on se réveillera
tout rétréci
bien sûr que ça nous pend au nez
comme cette goutte visqueuse qui ne reviendra plus

les animaux aussi seront tout secs
le croco sans marigot vendra ses larmes
au diable
l’alouette
la gentille alouette
perdra ses ailes de printemps
et le bec
et la tête
la chenille ne sera plus qu’un vermisseau
aux papillons absents

et les arbres les fleurs le sable l’océan
tout à vau-l’eau
sans eau
t’as compris ou pas
on va sécher un de ces après-midi
et ça fera mal
au sang
aux dents
à l’âme
et puis
fini

au moins
les petits cochons ne nous mangeront pas


 
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   Jemabi   
13/6/2023
trouve l'écriture
perfectible
et
aime un peu
Énième cri d'alarme pour éveiller les conscience. Cette fois, c'est l'eau qui va venir à manquer et, par voie de conséquence, c'est la fin de l'humanité qui nous est annoncée. Rien que ça. Pas facile de poétiser sur un tel tableau apocalyptique et, le moins qu'on puisse dire, c'est que le didactisme l'emporte amplement ici sur l'art poétique, à part peut-être quand "on ira...écouter l'eau qui ne coule plus." Ce vers me plaît beaucoup, dommage qu'il n'y en ait pas d'autres dans le même style.

   Donaldo75   
15/6/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Ce poème respire le libre comme un oiseau qui chante ; les images sont impactantes et la manière de les exposer coule de source à la lecture. Dès la première strophe, je me retrouve – moi lecteur – embarqué dans cette vision d’après la sieste. Et puis le poème change de direction en apparence ; l’eau, élément métaphorique par excellence, rentre dans la danse et assombrit la lecture. Ce n’est plus aussi surréaliste mais toujours aussi poétique ; la sécheresse représente un absolu pour la vie et c’est pour ça que les strophes sur ce sujet tapent le lecteur au bas du ventre. La sieste devient autre chose, peut-être notre inconscience et notre réveil tardif, nous pauvres humains qui laissons notre planète mourir et avec elle tous ses habitants pas seulement homo sapiens le prince des ténèbres ici représenté par sa masse de suiveurs. Le poème me parle à moi lecteur avec son « tu » familier parce qu’il n’y a pas raison de me dédouaner, je participe passivement à cette plongée dans l’abime, à cette fin annoncée de tout ce qui permet la vie sur notre belle mais fragile planète bleue. Voilà ce que j’ai compris de ce poème. Et si ce n’est pas le cas, au moins il aura brisé la mer gelée en moi.

   Provencao   
22/6/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour Luz,


"on se réveillera
tout rétréci
bien sûr que ça nous pend au nez
comme cette goutte visqueuse qui ne reviendra plus "

Mon passage préféré.

Aujourd'hui, quesl effets tirer d’une telle gravité ? Peut-on encore croire en l'Homme ? Si l’on ose dire, plus que l’objet des plaques de sécheresse c’est la question de savoir « qui peut donc croire en quoi, en qui? » qui me semble décisive.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   papipoete   
22/6/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour LUZ
Un jour, il finira par arriver ce déluge sec, prédit par les augures...Quand tout se réveillera figé, mort de soif...nous, bêtes et de la moindre brindille au plus gigantesque séquoia. Ne restera plus que l'écho fantôme de source tarie, de torrent Sahara...
NB le héros, à l'aune d'une ultime sieste, se confie au tain du miroir " un jour, tu soupireras...depuis le temps que ça nous pendait au nez... même cette larme qui perle de ta paupière, sera la dernière ! "
Des vers emplis de métaphores et d'oxymores judicieusement filées.
La strophe du " croco dans son marigot... " à ma préférence

   AMitizix   
22/6/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
Un poème intéressant, prenant l’eau, d’après ce que je comprends, pour résumer les dommages qui menacent le vivant sur Terre.
Pour moi, la forme libre et saccadée rend bien l’affolement croissant du narrateur, avec les rejets qui surprennent et interpellent le lecteur. C’est plutôt efficace.
Je trouve que la deuxième strophe introduit très élégamment le thème principal du poème, brièvement et fluidement. C’est celle que je préfère, avec une allitération en « r » dans le premier vers, dure comme les « pierres » qui restent dans le lit du ruisseau, et une allitération en « l », douce et fluide, qui évoque le souvenir de le l’eau disparue dans le deuxième vers.
Dans le reste du poème, j’aime bien certaines images, d’autres un peu moins. J’ai eu du mal à comprendre la chute - il va falloir que j'y repense.
En somme, j’ai plutôt bien aimé cette lecture, même si j'ai pu avoir du mal sur certains vers que je n'ai pas compris ou qui ne m'ont pas touchés.

   Marite   
22/6/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Curieusement ce futur sec et catastrophique nous est décrit de telle façon que l'angoisse ne nous étreint pas en terminant la lecture de ce poème avec en prime la note d'humour du dernier vers. Les images se succèdent sans trop de surprise, ma préférée :
" alors on ira se reposer sur la pierre du torrent
écouter l’eau qui ne coule plus "
la strophe évoquant le crocodile, l'alouette, la chenille et les papillons absents m'a fait sourire.
Une lecture poétique agréable qui ne "plombe" pas la sieste du jour ...

   Lebarde   
22/6/2023
trouve l'écriture
perfectible
et
aime un peu
Un sujet bien dans l'air du temps traité avec le catastrophisme et la dramaturgie de rigueur et la pointe d'ironie (je l'espère) pour rendre la leçon sur la sécheresse digeste, qui s'adresse à tous ces inconséquents de la terre qui ne savent et n'imaginent même pas ce que c'est que mourir de soif!
C'est terrible savez vous! Surtout si on n’a plus rien à boire!!!

"tout à vau-l’eau
sans eau
t’as compris ou pas
on va sécher un de ces après-midi
et ça fera mal..."

Oups!

Le ton sentencieux et excessif, "vous ne savez pas vous malheureux, moi je sais", qui ne risque pas de faire peur ni de convaincre dans les cours d'école et ailleurs, me fait sourire; tout comme le langage parlé utilisé, certes accessible à tous avec ses mots simples, mais qui ne me convient qu’à moitié.

Ne vous méprenez pas surtout, je ne suis en aucune façon climatosceptique et je m’inquiète comme tout le monde devant le gâchis que l’on fait des choses essentielles.

Sans être exemplaire ( quoique) Je fais attention à l'eau, me douche et arrose mes fleurs à l'économie, récupère l'eau de pluie; je coupe même la clim dans ma voiture?? et débranche mon ordinateur tous les soirs, pour avoir une petite chance d'être mangé par "les petits cochons " …si c'est un objectif majeur de notre existence …

J'ai bien aimé: "alors on ira se reposer sur la pierre du torrent
écouter l’eau qui ne coule plus"

un peu moins:
"avec des plaques de sécheresse
écloses au bord et au creux
du corps".

Vous l'avez compris je ne suis pas trop enthousiasmé ni par le thème et le propos, ni par l'écriture.

Je suis désolé Luz, à une prochaine fois c'est sûr.

Lebarde

   Myo   
22/6/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Un regard alarmiste ... pour que chacun prenne conscience avant qu'il ne soit trop tard.
Pour que cette sécheresse ne nous détruise ni l'esprit, ni le cœur, ni la vie.
Un ton qui se veut familier, simple dans le propos mais percutant dans le thème. Je pense que la cible est atteinte ...

" Tu sais la soif c'est quand on sèche du dedans"
Une phrase à double sens qui dit beaucoup.

Merci Luz .... ici pour l'instant il pleut, tout n'est pas perdu :-)

   Anonyme   
22/6/2023
trouve l'écriture
perfectible
et
aime un peu
Salut Luz.
C'est dommage d'avoir mis des petites phrases rigolotes. Ça casse complètement le thème trop grave qui nous attend, nous peut-être pas mais ceux qui arriveront après. La disparition de l'eau, j'y crois. J'aime l'humour, mais dans ce texte il n'a pas sa place. Les larmes de crcodile, l'alouette et le bec et la tête ou les petits cochons, pour moi c'est pas nécessaire.
ericboxfrog

   Pouet   
23/6/2023
Slt,

le fond (de la cuve) me parle bien, mais si ça s'trouve les huit premiers vers suffisaient, enfin me suffisaient. En ajoutant "Tu sais la soif c'est quand on sèche du dedans". Là je dis oui et j'adhère velu.
Après le reste, j'accroche moyen, ça me cause moins.
Ça n'engage que moi et je pourrais tout aussi bien le taire, mais comme j'apprécie l'auteur je fais l'effort de donner mon sentiment.
Au plaisir.
Edith: je reviens en seconde lecture ou plus parce que je sens que je passe à côté et je me dis que finalement le narrateur semble s'adresser à un enfant ou qu'un enfant s'adresse à un enfant, chose à laquelle je n'avais pas pensé, enfin bref, je me dis que ça colle plutôt bien au final, mais je laisse mon com en l'état par pur orgueil déplacé :)

   hersen   
22/6/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Evidemment, tout ça ça me parle. Il te fallait toi, Luz, pour tenter que la lumière se fasse, à plus grande échelle.
Oh, pas celle pour aller jusqu'à la lune, disons juste pour que
t'as compris ou pas

Les deux derniers vers de fin sont désarmants tellement ils illustrent la capacité phénoménale de se boucher les yeux, de toujours trouver sous la main une consolation.
De se dédouaner.

merci luz, j'aurais bien aimé écrire ce poème !


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