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Poésie libre
Luz : Le sable qui dort
 Publié le 17/07/23  -  4 commentaires  -  1818 caractères  -  127 lectures    Autres textes du même auteur


Le sable qui dort



Un merle gris sautille au parterre
entre les feuilles du précédent hiver,
pique et pique la terre.
Il s’approche de moi et ne s’enfuirait sans doute pas
si je parvenais à ouvrir la fenêtre.
Demain, je repenserai à lui – ultime souvenir peut-être.

Ma mémoire aux rides profondes s’est disloquée dans la fosse du temps,
ne s’accrochent à ses rivages acérés que de petits coquillages.
Les embruns et mes larmes ont semblable goût amer,
à l’horizon flottent une île et le flou de ses lampes mirages.

Le froid fissure le bord du silence miroitant,
l’aube griffée de bleu courbe la rigidité de l’air,
la lune du corbeau verse un dernier lait marbré dans la rivière.
L’ombre des rêves se dilue dans tes yeux nuages.

Le soleil ondoie sur les palmes des fougères,
la lumière s’égoutte en fragiles éclats verts.
Les enfants s’endorment sous les fruits du verger,
nos cheveux, ébouriffés de paille, chantent les blés.

Les papillons s’ébattent à la surface du vent désarticulé,
j’écaille l’arc-en-ciel des perches aux nageoires sanguines.
Tête plongée dans le torrent, je l’entends gronder,
je suis la mousse du rocher.

Nos deux chiens veillent près du muret fendu par la glycine,
le lapin en cage pleure la mort écorchée, pendue au crochet.
Les vêles cabriolent, le foin fume, effrange le troupeau de cornes.
La vallée s’emplit d’ombres, l’été se fane d’ocres.

Le ruisseau, mon vivant frère d’infini,
murmure sa chanson monotone.
Dans une courbe alentie,
les vairons au ventre cinabre
dansent la ronde des eaux.
Leurs reflets raclent le sable,
raclent ma vie.
Je suis le sable qui dort, j’oublie l’oiseau.


 
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   Marite   
1/7/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
" Ma mémoire aux rides profondes s’est disloquée dans la fosse du temps,
ne s’accrochent à ses rivages acérés que de petits coquillages."
Ces deux vers, superbes je trouve, nous conduisent dans ce voyage à travers les images qui subsistent dans une mémoire fatiguée. Chacune d'elles est si bien esquissée qu'il serait sans doute possible d'en faire une suite de croquis colorés : le merle, le froid, le soleil, les papillons, les chiens, la ferme et le ruisseau ...
Une poésie qui séduit par le choix des mots, la composition et la dernière strophe avec ce dernier vers : "Je suis le sable qui dort, j’oublie l’oiseau." Merci pour ce magnifique moment poétique.

   papipoete   
17/7/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
bonjour Luz
" quel meilleur souvenir de vacances, gardez-vous ? "
à cette question récente, je répondis :
" mes vacances scolaires "
elles étaient faites de tout ce que l'auteur ici nous étale, tantôt sur la prairie, tantôt sur l'onde du ruisseau, tantôt dans le ciel parsemé de nuages " bête, rocher,visage angélique "
Nous suivons le héros qui semble nous dire : " y'avait ça, et ça encore, et je pourrais ne point finir... "
NB un poème naturo-observatif-onirique, où l'oeil joue, épie, remarque ce que beaucoup ne voient pas ; ou l'oreille tellle celles d'une biche, est sans cesse à l'écoute, à l'affut du moindre bruit.
Très touchants vers et d'une tendresse comme la fourrure du lapin ( à qui l'on ment... )
" les papillons... du rocher " est mon passage préféré.

   Vincente   
18/7/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Alors que le monde estive allègrement autour de moi, que je me sens débordé par toute cette vie auquel je m'accroche tendrement mais qui me dépasse infiniment, vient ce poème d'ambiance naturaliste, expressionniste mais ô combien expressif de la capacité de saisie de l'âme humaine, où dans son cas la conscience n'occulte ni la modestie de sa condition, ni l'interdépendance avec son entourage de toute sorte. J'aime beaucoup le regard qui transparaît dans ce texte, à la fois large, et à la fois très fondu, introspectif sur sa présence dans ce lieu qui le nourrit.

Une élégance particulière y sévit, nous racontant la douceur simple et la complexité accomplie qui envahit la pensée d'un narrateur en état de transe sensitive.

J'aime beaucoup ces passages :

"Ma mémoire aux rides profondes s'est disloquée dans la fosse du temps"

"Les embruns et mes larmes ont semblable goût amer"

"Le froid fissure le bord du silence miroitant"

"La lumière s'égoutte en fragiles éclats verts"

"Je suis la mousse du rocher" (superbe !)

"Le ruisseau, mon vivant frère d'infini" (j'adore !)

"Leurs reflets raclent le sable,
raclent ma vie.
Je suis le sable qui dort,…
"

Pour ne citer qu'eux, car tout le reste me parle sensiblement, je suis le lecteur réjoui d'entendre ce rebond de lui-même… venu d'ailleurs.

   Eki   
18/7/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
Un joli poème qui parle de dépouillement, de détachement avec un ruban de mélancolie harmonieux...

Introspection poétique avec de très belles expressions. J'y ai aussi vu de belles images.

Les papillons s’ébattent à la surface du vent désarticulé,
j’écaille l’arc-en-ciel des perches aux nageoires sanguines.
Tête plongée dans le torrent, je l’entends gronder,
je suis la mousse du rocher.

J'apprécie beaucoup le derniers vers court qui fait son petit effet.

Deux ou trois petites choses que j'aime moins comme la rigidité de l'air, le bord du vide miroitant qui ne me parle pas, le terme "raclent ma vie"...ça ne ma parle pas vraiment. Je n'y trouve pas de poésie.

Eki


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