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Poésie contemporaine
Luz : Les rails rouillés
 Publié le 03/05/20  -  14 commentaires  -  855 caractères  -  323 lectures    Autres textes du même auteur

Une gare et une ligne de chemin de fer abandonnées.


Les rails rouillés



La gare abandonnée gémit au ciel d’aurore.
L’alignement altier de ses lames de fer
Se brise avec le temps. Au loin, filent encore
Ces rails qui nous portaient vers le bleu de la mer.

Ils n’étincellent plus au-devant des fougères
Lorsque le plein soleil vient éblouir la pluie.
Le silence des jours, peu à peu, les enterre ;
Même la tramontane a déserté l’ennui.

Au matin, les genêts dans les voies de triage
Retiennent le brouillard déposé par la nuit,
Le lierre épais s’agrippe aux leviers d’aiguillage,
Puis s’en va étouffer l’alignement des buis.

Assis au bord du quai, craquelé par l’hiver,
J’ai cru entendre un soir la vieille micheline
Et son galop d’acier par les diables vauvert ;
Comme à rebrousse-temps au détour des collines.


 
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   Queribus   
14/4/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

Je suis très agréablement surpris de bon matin par la qualité de votre texte; je pense que celui-ci aurait dû être classé dans la catégorie néo-classique mais peu importe. Le sujet est très original et me plait tout particulièrement. Les strophes sont claires avec de belles images poétiques: "la gare abandonnée gémit au ciel d’aurore", "alignement altier de ses lames de fer", ""ces rails qui nous portaient vers le bleu de la mer", ""lorsque le plein soleil vient éblouir la pluie"etc. En fait, tout est bon dans ce texte. Naturellement, on y discerne une méditation sur le temps qui passe et emporte tout ("Avec le temps, tout s'en va" comme chantait un certain)

En conclusion, tout est bon dans votre écrit aussi bien l'idée que la forme, le tout dans une grande simplicité qui est la marque des vrais talents. À très bientôt j'espère pour un autre poème de cet acabit.

Bien à vous.

   Donaldo75   
5/5/2020
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,

J’ai bien aimé ce poème. Le choix de la forme contemporaine, soit encore soumise à la rime et probablement à la métrique, m’est apparu comme inhibant pour la poésie développée dans ces vers. Je le dis sous forme de bémol car j’ai trouvé les images poétiques fortes et elles m’ont permis de me plonger dans le tableau qu’elles dépeignent ; cependant, j’ai eu l’impression qu’en forme plus libre ou en prose, ces images auraient eu plus d’impact.

Merci.

***
Edit du 04/05 : Doublon. Désolé. Je voulais dire en plus détaillé ce que j'ai déjà dit en espace lecture, oubliant que je m'étais déjà exprimé à et endroit.

Bon, vu que je ne peux enlever ce commentaire, je vais quand même poser ce que j'avais écrit sur mon gentil traitement de textes venu de Seattle (pas de pub, ici).

****

J’ai trouvé ce poème bien composé mais je reste quand même sur ma faim. En effet, je trouve que le format rimé l’empêche de prendre plus de dimension poétique. Comme je sais que tu maîtrises vraiment la forme libre et la prose, je me prends à rêver d’une version libérée de ces entraves métriques et rimées où les images et les évocations livrées ici prennent de l’ampleur. Je sais, je demande beaucoup et surtout je te dis comment j’aurais aimé lire ce poème. Désolé, j’aime tellement ta poésie que cette fois-ci j’ai passé outre ce commandement qui consiste à ne pas dire à l’auteur comment on aurait vu son poème.

****

C'est presque une déclaration, ça !
;)

Donaldo

   papipoete   
3/5/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour Luz
la voie ferrée est rouillée ; plus aucun train, de ses roues ne lustre ces lames d'acier ! Peu à peu, la nature reprend possession de cet endroit, dont on n'imagine pas ce qu'il fut avant... Mais, asseyez-vous sur vieux banc pas trop vermoulu, et vous entendrez venir de loin, un train !
NB une histoire que la vie actualise de plus en plus, avec ces lignes que l'on ferme irrémédiablement, remplacées par le car, l'automobile.
Comme toutes les morts pressenties, celle-ci angoisse " comment va-t-on faire après ? " et puis quand l'herbe, les ronces et même les arbres se mettent à pousser là, on oublie...
L'auteur a parfaitement peint le décor, avec les voies, et gares désaffectées, et l'on pourrait toucher la Micheline jaune, qui patiente sur le quai !
le premier vers ouvre on ne peut mieux le récit " la gare abandonnée gémit au ciel d'aurore " ; mais tout comme la suite de l'histoire, il faut savoir écouter le silence, et voir ce qui a disparu !
je pourrais être intarissable sur le sujet, car gamin j'allais jouer sur l'ancienne ligne " Lons le Saunier/Saint Claude/Arinthod " et traversant les tunnels abandonnés, avec mes copains nous faisions les malins à marcher dans le noir !
chercher les silex du ballast, qui faisaient les étincelles
attraper les lézards pour mon tiercelet ( tombé d'un nid )
et poser des petits cailloux juste avant le passage du train !
Pour finir, je viens m'asseoir à vos côtés, au bord du quai, et tel un sioux l'oreille posée au rail rouillé, dire " je l'entends qui arrive !"
je vois des dodécasyllabes sans faute, par contre " pluie et ennui " ne riment pas ensemble.

   Anonyme   
3/5/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour

Poème nostalgique sur ces rails abandonnés qui nous portaient jadis.
Le thème n'est pas nouveau mais plaît toujours.
J'aime bien :
L’alignement altier de ses lames de fer ( même si j'aurais remplacé altier par jumeau).
Le lierre épais s’agrippe aux leviers d’aiguillage,

J'aime bien également le dernier quatrain même si le souvenir
de la vieille micheline (qui vient de Michelin car les premières étaient
à pneus) aurait dû être plus élever à mon avis.
Bien le galop d'acier mais moins les diables vauvert.

Bref, un texte qui se lit avec plaisir.

   pieralun   
3/5/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément
Beaucoup de nostalgie dans ce texte que j’ai beaucoup aimé.

Le 2ème vers pour sa beauté sonore, le 4 éme pour ce qu’il évoque.
Très beau 6eme vers également...
Le 3 eme quatrain est franchement un chef d’œuvre: (je cherche à le copier coller pour le mettre en évidence, je n’y arrive pas) Je ne sais pas quoi dire...., d’une très grande beauté et d’un grand impact poétique.
4ème quatrain pétri de nostalgie
BRAVO LUZ, magnifique !!!

   Myo   
3/5/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Il y a de la poésie dans ces endroits insolites où la nature reprend ses droits après le départ de l'homme.

Une poésie que vous avez bien joliment retranscrite.

J'aime tout particulièrement les 2 derniers quatrains.

PS: pour moi aussi une poésie néo-classique mais je ne dois pas encore avoir saisi toutes les subtilités de cette catégorie

   hersen   
3/5/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'aime bien que ce soit des rails, car cette nostalgie peut être en parallèle à beaucoup d'autres.
Toutes ces lignes qui ont disparu, car pas "rentables", qui traversaient la campagne, d'une ville moyenne à une autre, en égrenant des villages tout au long de sa course.
Tu réussis vraiment cette ambiance !

merci de cette lecture !

   Anje   
3/5/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Il reste de moins en moins de ces gares abandonnées (bâtiments souvent remarquables). Dans de nombreuses régions, les rails sont démontés, les traverses en bois goudronné réutilisées et les voies verdissent pour la joie des piétons et cyclistes. Et l'on ne peut plus marcher sur ces têtes de champignons étincelant au soleil.
On appelait Micheline beaucoup de motrices qui n'étaient pas équipées de pneurail (une grand-tante fière de son prénom m'avait appris çà) mais le poème n'est pas un cours d'histoire ferroviaire et le mot évoque très clairement la locomotive fumante et grinçante qui ne semble pas être en famille avec les têtes de nos trains actuels.
Contemporain, libre, classique, qu'importe la couleur de l'album, les photographies sont bien là que l'on a plaisir à regarder, à commenter. Car s'il parle de LA gare, il parle de toutes les gares où tous les voyageurs de toutes les classes peuvent encore se retrouver.
Un poème à rebrousse-temps, un moment poétique passé sur un vieux quai qui ne voit plus courir que des lézards.
Un prochain sur les maisons de garde-barrières ? Si les rails sont rouillés, la plume ne l'est pas.

   Stephane   
8/5/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai vraiment apprécié la description de cette gare abandonnée. L'ambiance confine à la nostalgie, nous menant tout droit sur une voie de triage laissée à l'abandon.

Bravo !

Stéphane

   Quidonc   
11/5/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour luz,

Ah le train! Est-ce mon âme d'enfant qui s'émeut à ce thème. Invitation au voyage et à l'aventure. Ici il nous emmène faire un tour du coté de la mélancolie. L'enfant a grandi et la rouille s'est déposée sur les rails et sur ses rêves.

J'ai beaucoup aimé, merci pour cette lecture nostalgique.

   sauvage   
11/5/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Luz,

le thème a certainement déjà été traité à maintes reprises mais cependant, il y a toujours cette sensibilité à fleur de peau, ce choix très pertinent des mots, des images, un peu de nostalgie et aussi beaucoup de douceur. J'aime l'évocation du souvenir envahi de nature.

Merci pour le partage

   RuedeC   
4/6/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément
Un très beau texte avec du rythme et un sujet classique renouvelé: les ruines chantées par les romantique deviennent ici la friche d'une ligne de chemin de fer abandonnée et c'est très réussi, bravo ! J'ai bien aimé l'idée du "rebrousse-temps".

   Anonyme   
26/9/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Un poème qui respire la fraîcheur du matin au printemps de nos vies !

   Robot   
11/12/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Je redécouvre un texte que je n'ai pas commenté lors de sa parution.
Outre la nostalgie dont il est imprégné, j'y vois aussi plus généralement l'abandon de nos provinces rurales par les chemins de fer et plus largement l'idée de la désertification engendrée par la suppression des services publics.

Sur la forme, je trouve la structure contemporaine bien exploitée avec de belles images qui défilent au gré des alexandrins.
Le premier quatrain situe le thème et les suivants développent les regrets et la situation engendrée par l'abandon.
"Le lierre épais s’agrippe aux leviers d’aiguillage," Belle observation !
Enfin un quatrain de conclusion qui s'achève sur un dernier vers superbe.


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