J'aime le souffle désespéré qui anime ce poème, ce "rien" qui dit beaucoup.

Les images sont fortes et portent l'émotion sans trop la dire, j'apprécie particulièrement :
- le long sanglot qui enserre la parole
- l'envie de dire qui caresse la pierre et se prend de soupirs
- l'étoffe arrachée qui s'est donnée au vent gris, continue l'azur, s'étiole d'hébétude
- les mots tués de sens
- les faisceaux du soir
- l'art des tombeaux.

Moins d'enthousiasme en revanche pour :
- le goût noir, infâme (plus convenu)
- l'envie qui a fui sous les corbeaux au flot de pieds humains (j'ai du mal avec l'image)
Et en termes de formulation :
- "ni leurre ou poésie" : le "ni" devrait en appeler un second
- "Caresse la pierre et se prend de soupirs" : il manque une syllabe au premier hémistiche pour que le rythme continue à porter le lecteur
- "Comme étoffe arrachée" : j'ai toujours du mal avec les articles manquants
- Ce quatrain n'est pas une phrase complète contrairement aux autres, cela perturbe la lecture, quelle est cette étoffe arrachée ? L'envie de dire ? Dans ce cas il faudrait éviter le point à la fin du quatrain précédent.

Avec quelques ajustements ce texte serait pour moi excellent.

Le titre et le texte forment une espèce de mise en abime, un peu comme si le texte dirait : J'essaie de m'expliquer mais je ne suis rien ; je ne suis pas ce que j'essaye de vous montrer. c'est original et nous entraine dans une spirale débile(dans le bon sens du terme hein ?)

Bonjour Lyl_Mystic,


"Quand l'émotion s'enracine en soi"... au point que les mots ne veulent plus "dire". J'ai dû revenir plusieurs fois sur ce poème pour en établir un sens, peut-être uniquement mon sens à moi bien sûr. Seule la troisième strophe me paraît directement accessible. L'ensemble est cependant imagé, c'est la traduction de ces images qui m'est laborieuse.

Ne devrait-il pas y avoir dans ces mots tout de l'art des tombeaux puisque ces mots eux-mêmes sont vides/inopérants/impuissants/morts ?

Ceci est évidemment discutable et je devine bien que ces mots étranglés ne peuvent pas dire même le désespoir.

Là où l'émotion prend le dessus il n'y a plus de mots.


Je suis bien conscient d'avoir ici cherché mes mots :)

Au hasard de mon vagabondage sur Oniris je suis tombé sur ce texte.

J'aime beaucoup le fond, le "il n'y a rien en ces mots" qui me renvoie à l'ego du poète.

Un poème qui en dit beaucoup plus pourtant alors que d'autres textes, parfois, prétendent dirent et ne disent rien si ce n'est la "démonstration poétique".

Ici, un cri, une sincérité qui touche. Ce que j'aime (aussi) dans la poésie.

"Il n'y a rien en ces mots, même l'envie de dire", rien que pour ce vers, ce poème me plaît.