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Poésie contemporaine
Marc : Brume de cerveau
 Publié le 10/10/17  -  8 commentaires  -  2737 caractères  -  128 lectures    Autres textes du même auteur

Sérieux s'abstenir !
Elle était en souffrance au fond de mes cartons
Cette trop longue histoire à sommeiller debout.
Je viens de l'achever, par pure compassion.
À l'origine déjà «piquée des vers» et les «pieds bots » je n'avais pourtant pas eu le cœur de l'euthanasier... Réflexe troisième âge ?


Brume de cerveau



Le miroir de l’étang se couvre de buée...

Sur la terre transie exhalant son haleine,
Légère comme fleurs aux diffuses corolles
L’impalpable blancheur s’étale, arachnéenne,
Puis s’étire, lascive, en longues banderoles.
Écharpes vaporeuses au cou des arbres gris,
Éphémères manteaux à leurs corps décharnés,
Parures en lambeaux tombant sur les taillis
Où se perdront les pas des vivants égarés…

Le ciel s’en est allé emportant les étoiles,
Ne laissant derrière lui que le halo blafard
D’une Sélène pâle et triste sous les voiles
Arrachés aux cheveux d’un peuplier hagard...

Le chien des Baskerville apostrophe la lune
Défigurée par l'ombre, maudite caravelle,
Du Hollandais volant en errance nocturne,
Apeurant une effraie qui chuinte et bat de l’aile,
Réveillant les démons des légendes ancestrales,
Monstres cauchemardesques hideux et maléfiques
Qui se ruent affamés aux folles bacchanales
Des fantômes issus de nos peurs ataviques.

Entendez-les gémir, pousser leurs cris funèbres,
Toutes ces entités aux griffes acérées
Qui déchirent les cœurs, plongeant dans les ténèbres
Le reste de raison des âmes tourmentées...
Gardez-vous bonnes gens de tenter l'aventure,
Ne cédez pas ce soir au doux chant des Sirènes,
Remettez à demain et, sous la couverture,
Préférez de Morphée la compagnie sereine...

Tremblez pour l'imprudent trop loin de sa chaumière,
Pareil à un enfant, pantelant, médusé
Sous le regard absent d'un visage de pierre
Que Gorgone en passant dans la mort a figé...

Les jambes en coton, peur au ventre larvée,
Lui qui pensait avoir l'étoffe d'un héros,
Avecque dans le dos une froide suée
Se découvre, humilié, très proche d'un zéro...
Alors puisant en lui un fond de caractère,
Au prix d'un grand effort, la tête retrouvée,
Parvenant un instant à tomber les barrières
Il saisit l'occasion de tenter l'échappée...

Foin des superstitions et des billevesées !
Crâne sifflotement, attitude guerrière,
Prise de décision plutôt mal assurée
Le voilà reparti... mais le pas s'accélère...
Elle est loin aujourd'hui cette banale histoire,
Le fuyard court toujours mais ses frayeurs d'antan
Sont pieusement ancrées au fond de sa mémoire
Qu'un jour il ouvrira à ses petits-enfants.

Que pourrait ajouter une vieille baderne
Au risque de sembler à vos yeux un peu fou
Sinon en révélant que, pris dans la garenne,
Le gamin frissonnant... c'était lui... ou bien vous !

Le miroir de l’étang jouxtait le cimetière.


 
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   Marite   
10/10/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bien longue en effet cette histoire mais je n'ai eu aucune difficulté à la lire de bout en bout. La présentation et l'écriture en fait m'ont permis d'entrer dans cette "brume de cerveau" dès la première strophe qui installe une atmosphère mystérieuse. Le rythme régulier des vers m'a accompagnée sur ce chemin longeant un cimetière. Les histoires entendues dans l'enfance me sont revenues en mémoire ...

   Anonyme   
10/10/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une atmosphère insolite et inquiétante, fort bien rendue par des images appropriées.
Un rythme omniprésent dans cette poésie.

Ce "avecque" me semble être ici surtout pour gagner une syllabe.
Une agréable lecture nonobstant la longueur du texte.

   jfmoods   
11/10/2017
I) Un récit fantastique

1) Un décor transfiguré

La brume du titre, matérialisée par une série de métaphores ("longues banderoles", "Écharpes vaporeuses", "Éphémères manteaux", "Parures en lambeaux", "le halo blafard / D’une Sélène pâle et triste sous les voiles") enclenche un jeu, tour à tour attirant et inquiétant, de personnifications ("la terre transie exhalant son haleine", "L'impalpable blancheur s'étale... / ... s'étire, lascive", "au cou des arbres gris", "à leur corps décharnés", "Le ciel s'en est allé emportant les étoiles / Ne laissant derrière lui", "aux cheveux d'un peuplier hagard").

2) Un imaginaire envahissant

Privée de repères, plongée dans l'incertitude, la conscience se laisse immanquablement envahir par les fantasmagories les plus folles ("Le chien des Baskerville", "l'ombre... / Du Hollandais volant en errance nocturne", "les démons des légendes ancestrales", "Monstres cauchemardesques hideux et maléfiques / Qui se ruent affamés aux folles bacchanales / Des fantômes issus de nos peurs ataviques", "Toutes ces entités aux griffes acérées / Qui déchirent les cœurs, plongeant dans les ténèbres / Le reste de raison des âmes tourmentées...").

II) Une dimension autobiographique

1) La prise à partie du lecteur

Les formes impératives ("Entendez-les gémir, pousser leurs cris funèbres", "Gardez-vous bonnes gens de tentez l'aventure", "Ne cédez pas ce soir au doux chant des Sirènes", "Remettez à demain", "Préférez de Morphée la compagnie sereine", 'Tremblez pour l'imprudent trop loin de sa chaumière") créent un espace de convivialité. Elles mettent en garde le lecteur-promeneur, l'invitant à ne pas se laisser envoûter par l'atmosphère morbide, déliquescente, à fuir ces lieux austères en toute hâte. Elles préparent également la mise en situation à venir.

2) Aveu et auto-dérision

La comparaison ("Pareil à un enfant") faire entrer le récit dans une dimension plus intime. Le personnage qui nous est présenté ici ("lui", "en lui", "Il", Le voilà", "Le fuyard", "il", "Le gamin frissonnant", "lui"), dont le courage est mis à très rude épreuve ("Les jambes en coton, peur au ventre larvée", "dans le dos une froide suée", "humilié, très proche d'un zéro", "Au prix d'un grand effort, la tête retrouvée", "saisit l'occasion de tenter l'échappée..."), n'est autre que le locuteur lui-même (groupe nominal péjoratif à visée humoristique : "une vieille baderne").

Merci pour ce partage !

   LeopoldPartisan   
10/10/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
en voilà un sacré souffle qui ne perd jamais consistance sur la longueur et l'humour sous-jacent. L'écriture est assumée et parfaitement maitrisée. L'on traverse les légendes avec délectations se remémorant dans ces contes d'antan nos peurs d'enfants.

Bravo pour la culture et l'assemblage qui fait que tout au long de cette lecture, jamais je ne me suis ennuyé.

   Myndie   
10/10/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Marc,

J'ai beaucoup aimé ce récit poético-gothique qui m'a passionnée jusqu'au bout en me promenant dans des univers bien différents, de Poe à Hugo, en passant par Higelin et pourquoi pas, il est à la mode en ce moment, Stephen King.
C'est visuel et bien rythmé.
Vous avez à la fois l'étoffe d'un conteur et une aisance de plume bien maîtrisée ;c'eût été dommage de laisser ce texte là en sommeil dans vos cartons !
La première strophe est ma préférée, avec des images comme je les aimes, sublimes de légèreté, éthérées comme les visions qu'elles éveillent, magnifiques, qui parlent si juste à mon imagination.

Et le top, c'est ce vers : « Avecque dans le dos une froide suée »
Vous avez la tchatche poétique, vous en avez incontestablement assez pour vous sortir sans encombre d'un vers au pied manquant. Du coup, cet « avecque » bienvenu et malicieux m'a fait sourire, et pas qu'un peu.

Bravo et merci.

myndie

   papipoete   
10/10/2017
bonjour Marc,,
Pour moi, ce poème ressemble plus à une épopée granguignolesque, avec fantômes, ombres de nuit et de jour, et la brume qui monte de l'eau des étangs n'arrange rien !
NB ce pourrait être passionnant, intriguant à souhait, mais la longueur du propos lasse le lecteur lambda que je suis .
Lorsque, personnellement, ma plume s'égare au-delà de 24 vers, j'entends en écho notre " maître " s'exclamer << sabrer, il faut sabrer ! >> Ce n'est pas vraiment une critique, car c'est ainsi que j'écrivais " avant ", en km !
En outre, ce récit fait appel à une certaine culture littéraire, qui me fait défaut ; aussi, suis-je persuadé que ces lecteurs-là viendront ci-dessous vous flatter !

   Anonyme   
23/10/2017
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
C'est une très belle poésie, de très belle facture.
Mais, hélas, elle ne m'a pas vraiment procuré d'émotions.

Les images sont bien là, cependant elles sont comme
figées sur papier glacé. C'est l'impression que j'ai ressenti,
même après avoir fait plusieurs lectures.

Tout le soin est apporté à un phrasé stylé. Je n'ai pas été
hélas, sensible à vos interpellations, qui sont tout à fait à leur place, leur écho est resté mué.

Sur la fin seulement en ces mots, j'ai senti battre la vie
dans ce poème :

" Que pourrait ajouter une vieille baderne
Au risque de sembler à vos yeux un peu fou
Sinon en révélant que, pris dans la garenne,
Le gamin frissonnant... c'était lui... ou bien vous ! "

Il me faut parfois, pour partager, percevoir un élan qui m'emporte,
ici, il n'est pas perceptible, malgré l'élégance des propos tenus.

   Goelette   
30/10/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Cette "Brume de cerveau" allie de façon étonnante
* une ambiance inquiétante créée par de nombreuses images
"Parures en lambeaux tombant sur les taillis
Où se perdront les pas des vivants égarés…"... et termes " errance nocturne" "hideux et maléfiques" "cris funèbres"...
* et une écriture bien plus prosaïque " les jambes en coton" "une vieille baderne" et surtout la juxtaposition amusante de "Avecque dans le dos une froide suée" et du "proche d'un zéro"
L'auteur s'amuse à nous amuser et malgré les longueurs l'atmosphère poétique n'en souffre guère ( premier et dernier vers en écho ) et très joli passage
" Le ciel s’en est allé emportant les étoiles,
Ne laissant derrière lui que le halo blafard
D’une Sélène pâle et triste sous les voiles
Arrachés aux cheveux d’un peuplier hagard..."


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