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Poésie libre
margueritec : Départ
 Publié le 09/08/14  -  14 commentaires  -  1206 caractères  -  307 lectures    Autres textes du même auteur

Une femme s'en va…


Départ



tu as descendu les marches
bu à la sève de l'aube


les couleurs au jardin ont sculpté ton parfum

tu t'éloignes



dans le miroir de l'eau
bercées du sang des femmes s'écoulent tes pensées


les rires accueillent les pirogues nocturnes
ton regard le chant du pêcheur


les filets s'endorment sur les quais
les ruelles t'observent


tu t'éloignes


et


ton pas dans la ruelle élude le temps
le soleil écorche les façades

derrière toi les demeures


le sable écoute ton pas
ton regard franchit les rêves de dune
tu devines les plages où se perd le désert



tu marches



sous tes pas naîtra le puits

de sa chaîne bienveillante tintera l'ivresse
dans l'extase incandescente des voiles où se dénude ton corps
ton rire enlacera le souffle
et le souffle dans les plaisirs retrouvés


réinventera les soupirs de la terre
les soupirs de la mer
du ciel et du feu
de l'arbre
du fer




tu rêves


 
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   Myndie   
22/7/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Les premiers vers sont très prometteurs. On a l'impression d'entrer dans un univers à la Prévert, celui de « Déjeuner du matin ».
Le texte raconte au présent un fait somme toute banal, mais qui promet beaucoup, grâce à l'insistance de ces expressions « tu t'éloignes : tu marches / tu rêves » (qui constituent une sorte de refrain).
De belles images :
« bu à la sève de l'aube »
« les couleurs au jardin ont sculpté ton parfum »
« le soleil écorche les façades »

Celle-ci en revanche est trop convenue : « le miroir de l'eau » ; et la répétition, si elle est volontaire de « ton pas/tes pas » n'est pas des plus heureuses.

Bien que je reconnaisse à ce poème une certaine originalité, je dois avouer que, malgré plusieurs lectures, je n'ai pas réussi à en rencontrer toute la poésie. En cause, sa construction déstructurée qui le prive de fluidité, même si la fin, beaucoup plus harmonieuse, sauve la mise.
Et surtout, je n'arrive pas à sentir quelle émotion l'auteur a voulu faire passer et là, ma sensibilité est frustrée.

En résumé, malgré quelques belles trouvailles d'écriture, il manque un étincelle, comme ces souffles qui font exploser la brutalité d'une rupture par exemple...
Je trouve que ce poème gagnerait beaucoup s'il était enrichi de quelques tournures stylistiques, anaphores ou métaphores par exemple qui renforceraient sa puissance émotionnelle.

   David   
26/7/2014
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,

J'ai pensé que ça décrivait une rivière ou un fleuve un moment, il y a aussi une solennité dans le ton qui est assez bien rendue. La mise en page est un peu trop aérée à mon goût, mais c'est peut-être pour illustrer une lenteur de diction. À lire à propos d'une inconnue, ça fait un peu comme de lire un extrait de roman choisi à la toute fin, mais il y a une mise en scène du personnage à travers sa pérégrination qui humanise le poème par rapport à une éloge funèbre pour quelqu'un qui n'y est pas lié.

   Anonyme   
9/8/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour

Peut-être me trompai-je, car je ne suis pas un spécialiste
de la poésie dite libérée mais ce joli petit texte m'a fait penser
de suite à la très jolie chanson d'Adamo : Inch' Allah :

Le chemin mène à la fontaine
Tu voudrais bien remplir ton seau
Arrête-toi Marie-Madeleine
Pour eux ton corps ne vaut pas l'eau.

Mais encore une fois, cette pensée est peut-être un effet
de mon imagination.

   Anonyme   
9/8/2014
Bonjour Margueritec

Ce poème respire la sérénité
Tout y contribue
La mise en page, très aérée
L'absence de majuscule et de ponctuation
les aller-à-la-ligne qui insufflent un rythme apaisé
Le discours enfin qui transporte le lecteur au bord de la mer ou au bord d'un fleuve
sans doute quelque part en Afrique

Tu emploies la deuxième personne mais on devine
que c'est par pudeur
et c'est très bien ainsi

Mais il n'est pas interdit de lire entre les lignes
'J'ai descendu les marches...'

Merci Margueritec pour ces images matinales et bravo

   Lulu   
9/8/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'aime beaucoup l'ambiance qui règne dans le départ de cette femme. Elle part en toute sérénité dans un esprit très poétique - à la fin, elle rêve ; une belle ouverture : le lecteur peut tout imaginer.

Les images sont belles ("la sève de l'aube", "les couleurs au jardin ont sculpté ton parfum" - un joli sensualisme discret, en toute délicatesse -, "bercées du sang des femmes", "ton regard le chant du pêcheur", "les filets s'endorment sur les quais", "le soleil écorche les façades), très colorées.

J'ai trouvé une belle idée dans les mots suivants :
"et le souffle dans les plaisirs retrouvés


réinventera les soupirs de la terre
les soupirs de la mer"
Vraiment très beau.

Un très joli poème que je trouve cependant un peu trop lent à la lecture, sans doute du fait de la mise en page.

   Robot   
9/8/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ce texte tout en sensibilité, presque impressionniste m'a touché par ces images et les sentiments qui le composent.
On démarre comme pour une promenade puis on suit le cours des pensées du narrateur. Pour moi, quand il dit tu, c'est à lui même qu'il s'adresse. Un retour en arrière, un parcours, puis une sorte de vision d'espérance. Ce départ est un nouveau départ.
C'est ce que je vois, je ne sais si cela correspond à votre démarche, en tout cas voilà ce que ce poème m'inspire.

   leni   
9/8/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
bonjour Margueritec

Une femme s'en va en toute sérénité Pour reconstruire ailleurs Tout le poème est écrit de manière "impressionniste" Le départ est poétisé en images sobres On prend son temps Tu t'éloignes (deux fois) La jonction au finale superbe

réinventera les soupirs de la terre
les soupirs de la mer
du ciel et du feu
de l'arbre
du fer


est une succession d'images Je ne citerai pas tout


bu à la sève de l'aube

les ruelles s' observent

tu devines les plages,,,,

Un texte poétique et serein plein d'espoir

Je ne pense pas me tromper Excellent moment

Merci et Salut Cordial Leni

   Louis   
9/8/2014
« Tu as descendu les marches » :
Le personnage à qui s'adresse le poème effectue une descente. Le mouvement est de chute, d'effondrement, quelque chose s'écroule dans sa vie, se déconstruit, s'anéantit.

Elle descend quand le jour se lève, à l'aube. Jolie image de la « sève de l'aube » pour dire que le personnage, une femme, afin de remédier à sa « descente », s'abreuve à l'essentielle nouveauté du jour qui se lève. Elle essaie de s'imprégner de ce qui permet une remontée dans un renouveau.

Il y a une mise en scène du texte : succède aux deux premiers vers, un espace blanc, un vide, un néant blanc. Après le mouvement de descente, corporel et symbolique d'une vie qui s'écroule; après une sensibilité qui se désaltère à « la sève de l'aube », nul mouvement précipité. Un temps d'arrêt, une pause, un vide. Le personnage féminin ne s'affole pas, ne court pas, mais prend le temps de goûter la saveur du jour levant, et laisse fuir le temps pour s'arrêter sur sa situation vécue.
Un vide aussi de ses pensées : elle ne médite pas sa situation, elle s'éprouve dans l'espace, attentive seulement à ses sensations.

Dans ce vide auquel elle fait face, surgissent en effet, prégnantes, des sensations mêlées, olfactives et visuelles :
« les couleurs au jardin ont sculpté ton parfum ».
L'image est originale et belle d'une « sculpture de parfum », proche de l'oxymore. Une sculpture donne forme à la pierre, au marbre, à une matière solide et durable ; le parfum est volatil et aérien, sans solidité, impalpable et informe. Mais ce parfum prend des couleurs et donne une forme durable, et non fugitive, comme souvent le parfum, au personnage. Ainsi s'éprouve-t-il aérien, presque rien face au vide ; presque rien, une senteur, une teinte parfumée, une vapeur colorée ; au centre d'un espace vide, un être désincarné, sans consistance, une nuée.

Le mouvement reprend qui met fin provisoirement au vide :
« Tu t'éloignes ».

Un nouvel espace blanc. Juste avant « le miroir de l'eau ».
Blanc significatif encore : vide de l'espace parcouru jusqu'à l'eau. Vide de l'inattention, le personnage absent à ce qui l'environne. Rien, entre le presque rien d'un parfum, et l'eau-miroir. Et l'eau par où tout s'en va. S'en vont les pensées :
«... s'écoulent tes pensées »
L'eau ne reflète rien, sinon l'écoulement lui-même ; n'est que support à l'impalpable des pensées qui ne se fixent pas : toujours cette impression volatile. Mais dans l'eau qui porte les pensées, le contraste est frappant qui réunit une image violente, « le sang », et celle de la douceur d'un bercement :
«bercées du sang des femmes »

Du blanc encore : le temps s'est écoulé avec les pensées, avec l'eau du fleuve, le personnage absorbé par ses pensées
Des rires le sortent de cette sidération, ils annoncent l'arrivée de pirogues.
S'il n'y avait les rires, après la descente évoquée précédemment, on aurait pu penser à des embarcations destinées à la traversée d'un Achéron, le personnage vivant une descente aux enfers.
Mais le regard du personnage se concentre sur un « pêcheur » et non sur Charon.
Le pêcheur se manifeste par son chant, il est accueilli par un regard. De nouveau se mêlent les perceptions du personnage, auditives et visuelles.

Un blanc encore. Tout est vécu dans la discontinuité. En pointillés.

« les filets s'endorment sur les quais » : paisibles filets somnolents, qui ne disent rien sur un départ. Rien à pêcher dans ce fleuve ou cette rivière, pour elle ( le personnage féminin ) ; rien à y trouver qui la sortirait de son état dépressif.
Mais « les ruelles t'observent » : ce qui la regarde ne se trouve pas du côté du fleuve, mais du côté des ruelles.

Un temps encore, et de nouveau « tu t'éloignes ». Elle ne semble pas trouver à quoi se raccrocher, c'est à dire aussi à quoi se rapprocher. Son mouvement reprend sans cesse dans l'éloignement, remet sans cesse une distance entre elle et ce qui se manifeste à elle, dont on ne sait s'il s'agit de l'effet d'un hasard ou d'une intention de sa part.

Elle s'éloigne et :
« derrière toi les demeures ».
Les « demeures » et non pas les maisons et leurs façades. Les demeures, lieux d'une fixité, lieux d'une stabilité et d'une permanence. Derrière elle, continuité et permanence, elle est entrée dans l'errance.

Elle erre dans un désert, mais un désert fantasmé, « rêves de dune » .
Elle se sent encore observée, auparavant objet du regard des ruelles, désormais écoutée par le sable : « le sable écoute ton pas ».


Un grand blanc, un grand désert blanc, et au milieu ces deux mots : « tu marches ».

Elle est dans l'éloignement, dans le désert où l'on est loin de tout, proche de rien, sinon de soi-même.
Le présent est cette marche dans le désert blanc, ce qui suit est au futur, c'est une espérance :
« Sous tes pas naîtra le puits »
Le sol se creusera sous ses pas, non pour l'engloutir, mais pour former un puits où elle pourra trouver l'eau qui désaltère dans le désert, et permet d'en sortir.
Eau très symbolique : eau qui redonne la soif de vivre. Mais elle est à trouver au plus profond, sous le sable, sous la surface. Il faudra qu'elle creuse en elle-même pour la trouver.
Cette eau enivrante comme un alcool, « tintera l'ivresse ».
Ivresse qui finira de brouiller toutes ses perceptions, jusque dans une « extase », dans un état où, sortie d'elle-même, dans une mise à nu ( « où se dénude ton corps » ) elle pourra retrouver l'union avec tout ce qui existe, elle retrouvera le plaisir de vivre dans « un souffle » qui ravit, au double sens de ce terme, dans les « soupirs de la terre » et de tous les éléments de la nature.
Ils sont alignés ces éléments, dans une succession qui va en décroissant, pour se terminer, avant un nouveau blanc de doute et de perplexité, cette fois, par un :

« tu rêves »

Le présent reste une errance, le personnage n'est pas sorti du désert et de ses mirages. L'extase n'était qu'espérance, le présent n'a pas rejoint le rêve.

C'est un beau texte, Margueritec, assez sombre. Paradoxalement, c'est tout ce blanc entre les vers qui rend en partie cette noirceur. Le texte a cette originalité de rendre signifiant les blancs, et de mettre en scène le texte. Les blancs parlent, et souvent ils parlent du noir. Le texte dit « tu » pour ne pas dire "je", quand on se regarde dans le « blanc des yeux ».

   Anonyme   
9/8/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Quelques heures pour s'approprier ce texte, lire et relire. Puis des commentaires qui aident à percevoir, à écarter les tulles en soi et comprendre (cum prehendere, fin xiies. « inclure, contenir en soi, englober » (Clemence Barking, Vie Ste Catherine, 1164 ds T.-L.). Empr. au lat. class. compre(he)ndere (composé de cum « avec » et prehendere « prendre, saisir ») littéralement « saisir ensemble, embrasser quelque chose, entourer quelque chose » d'où « saisir par l'intelligence, embrasser par la pensée ».
http://www.cnrtl.fr/etymologie/comprendre

C'est effectivement "je" qui parle, qui se jauge, qui laisse son regard, tous ses sens, en fait, s'imprégner de ce qui l'entoure pour une sorte d'auto-évaluation et, ensuite, un devenir.
"tu" ou "je" a fait du chemin, a vécu. "il" est à une étape, évoquée comme un jour naissant.
Des souvenirs jaillissent, qui ont forgé la personne qui s'éloigne d'elle-même, des demeures et qui part vers les plages où se perd le désert (les renoncements ? sans doute...), vers le puits que les pas vont engendrer.
Où tintera bientôt l'ivresse.
Ce "tu" résonne, à ma lecture, comme un silence obsédant.
Mais pas comme un enfer. L'auteur, implicitement me donne à sentir qu'elle sait à l'avance comment procéder pour le "maîtriser", le métamorphoser comme elle se métamorphose elle-même.
Silence qui n'est pas rompu par les rires, le chant "regardé" du pêcheur.
Silence qui sera rompu après le dénuement vécu comme une démarche vers l'extase. Dans le souffle des élements du monde.

Avec moins de talent que mon prédécesseur, mais je voulais vous parler de ma lecture... aussi.

Merci de ce très beau texte que je trouve empreint de sérénité.
Qui m'en procure, en tout cas.

   Anonyme   
9/8/2014
 a aimé ce texte 
Bien
Bonsoir Margueritec,

Des lieux qui font rêver grâce aux images splendides.
Et "tu" est une présence semblant irréelle en ces lieux calmes dont elle foule le sol. De la magie dans du commun.

Mais pourtant je n'ai pas vibré, les "tu" "ton" répétitifs se mettent trop en avant. Cette présence aurait pu se fondre en ses lieux:

"- les rires accueillent les pirogues nocturnes
ton regard le chant du pêcheur"

"- les filets s'endorment sur les quais
les ruelles t'observent"

Mais au contraire "tu" s'impose.

Là où j'ai vraiment été emportée c'est à partir de ces passages:

"sous tes pas naîtra le puits

de sa chaîne bienveillante tintera l'ivresse
dans l'extase incandescente des voiles où se dénude ton corps
ton rire enlacera le souffle
et le souffle dans les plaisirs retrouvés

réinventera les soupirs de la terre
les soupirs de la mer
du ciel et du feu
de l'arbre
du fer"

Soudain je suis envahie par ce souffle, les éléments et "tu" ne font qu'un et m'insufflent leur sensualité et leur force commune.

   jfmoods   
10/8/2014
Si le texte est jalonné par des verbes de mouvement ("s'en va", "as descendu", "t'éloignes" x 2, "marches"), le regard que porte la locutrice est empreint de passivité comme si, inscrite à l'intérieur d'un rêve, la charge de sensualité était dévolue au décor seul (personnification : "les filets s'endorment sur les quais", métonymie: "les couleurs du jardin ont sculpté ton parfum"). D'autres éléments accréditent l'hypothèse du rêve : le dernier vers du poème, la discontinuité du texte, la menace latente que semble faire peser, au milieu de verbes enveloppants, ce soleil qui "écorche" et semble préparer l'inexorable réveil. L'anaphore ("tu t'éloignes") signale le point de fuite au travers du songe. Le glissement progressif du passé composé vers le présent, puis le futur met en perspective l'enjeu essentiel du texte. Le champ lexical de l'eau ("eau", "s'écoulent", "pirogues", "pêcheurs", "plages", "puits", "mer") s'affirme comme un élément central structurant le poème. Il s'agit bel et bien d'une quête portée par la double image du reflet et dont la métaphore "la sève de l'aube" annonce l'entame. À la métaphore commune ("le miroir de l'eau") et fuyante ("s'écoulent tes pensées") répond la personnification émerveillée (la "chaîne bienveillante" du puits dont le seau ira puiser l'eau et la fera remonter, captive et salvatrice). Cependant, il faudra passer, entre ces deux stades, par une longue et formatrice épreuve, par une phase de privation de l'eau, de privation du reflet (métaphore : "rêves de dunes"). L'avancée se fait hors du lieu d'échange usuel, intime, hors des repères balisés (complément de lieu : "derrière toi les demeures"), vers cet inconnu dont on appréhende les méandres infinis (vision hyperbolique : "franchit", "devines", "se perd") mais vers lequel on progresse malgré tout. La locutrice traverse un double statut : ancrée dans le passé par le regard des autres (personnification : "les ruelles t'observent"), elle est parallèlement guettée, en quelque sorte anticipée, aspirée par l'image de son être en devenir (personnification : "le sable écoute ton pas"). Ainsi nos songes nous révèlent-ils le sens caché, le sens véritable de notre rapport au monde, au bonheur (métonymie : "ton pas élude le temps"). Se projeter, c'est amorcer le saut vers l'inconnu, le saut de la foi. La triple inversion du sujet ("sous tes pas naîtra le puits", "de sa chaîne tintera l'ivresse", "se dénude ton corps"), par le prodigieux effet d'attente et la libération qu'elle produit, fait accéder le lecteur, derrière le fil funambulique du temps déjà traversé, à ce miracle de la vie qui se réinvestit, s'enracine soudain avec force... dans un ailleurs. Les verbes de répétition ("retrouvés", "réinventera") entérinent cet acte de refondation. Les "soupirs", porteurs de souffle et de sensualité, auxquels s'agglomèrent, comme par magie, les quatre éléments ("terre", "mer", "ciel", "feu"),invitent à ce festin en attente (métaphore lumineuse : "l'extase incandescente des voiles", métonymie sensuelle : "ton rire enlacera le souffle"). Les deux dernières images du poème, "l'arbre" et le "fer", figurent la verticalité, la durée... et le combat. Le raccourcissement progressif des vers nous fait doucement glisser vers l'essentiel en gestation, en vœu de conquête.

   troupi   
10/8/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Margueritec.

Un bel exercice où les espaces et les retours à la ligne jouent le rôle de la ponctuation et rythment le poème.
J'ai vraiment bien aimé car il fallait oser tant d'aération.
Pour l'histoire, elle s'écoule lentement, paisiblement, Je ne ressens dans ce départ aucune tristesse, plutôt une acceptation devant l'inéluctable. La fin du poème après "tu marches" renvoie vers un nouveau départ, mais seulement envisagé en rêves.
Une belle lecture.

   Anonyme   
12/8/2014
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour margueritec

Rien à faire, lu plusieurs fois, pour moi c'est un homme qui s'en va.
Les filets, le puits, le chant du pêcheur, les pirogues, les dunes, les déserts, je sais pas à quoi c'est dû exactement mais tout cela me semble être une vision masculine d'un départ, d'un renouveau. Dans ces images, je vois un homme en partance pour des pays chauds et exotiques. Ce n'est pas une rupture sentimentale mais bien quelque chose de neuf, comme un second souffle. Une reconstruction.
Je n'aime vraiment que la dernière strophe, les images sont belles parce que positives mais je suis passé à côté de l'essence poétique.

   Bidis   
12/8/2014
 a aimé ce texte 
Bien
J'aurais arrêté le poème à "Tu marches". A partir de là, je n'ai plus rien visualisé tandis que, jusque là, le poème pour moi était plein d'images et des images fortes.
Pour "les couleurs au jardin ont sculpté ton parfum" j'aurais employé le mot "odeur", le mot "parfum" évoquant infiniment plus une femme qu'un homme.
J'aime beaucoup "les ruelles t'observent", phrase à mon ressenti très évocatrice de solitude intérieure, d'angoisse et d'égocentrisme. C'est difficile d'évaluer quand certains vers et l'un surtout vous souffle "très bien +", d'autres "bien sans plus" et les derniers vers "moyen -".


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