Je l'aime cette fille couleur caramel
Cette fille blanche avec ou sans hanches.
Quand elle s'avance, farouche, dans l'atmosphère moite d'un assommoir,
Quand elle s'inscrit dans l'air d'une force impalpable.
Blonde ou rousse,
Enflamme ma bouche pour chaque baiser,
Pour chaque morsure. Morsure amoureuse…
Morsure dans le cou, tout partout je l'aime...
Je l'aime s'épanouissant en son drap de mousseline,
Je l'aime cette femme immature ou d'âge avancé
Et j'aime surtout sa réciprocité.
Elle illumine le bleu marine d'une nuit de frivolité
Avec une date d'anniversaire toujours changeante.
Elle excelle dans la constance d'un mouvement de balancier sensuel.
Princesse parfois taquine,
Il est de ces jours où elle me provoque.
Se joue de moi !
Se joue de la nervosité que sa présence anime ;
Me fait, disons, monter la bulle à la narine !
Elle me prend, là, loquace.
Une polie façon de me mettre sous pression,
Elle chope ce galopin courant que j'étais gamin et m'emmène :
De la Suisse normande à la ville rose
Du pont Valentré à la citadelle lilloise.
Pétillant ma vie, sublimant mon être
Elle éradique mes névroses avant de les exalter
Ose la thérapie...
Fabricante à la chaîne de dopamine, de vitamine,
Elle accélère,
Elle tu,
Elle je,
Elle nous,
Elle moi
Elle prie une avalanche sociale
Me raconte au passant, aux passants du tout venant !
Elle abuse mes sens jusqu'à... l'orgasme ;
Lourd, puissant écorchant mon épiderme
Avant de disparaître dans un souffle cardiaque :

Noirs rideaux paranoïaques !

Les doux rayons d'un néon,
Les gazouillis d'une voiture
Me rappellent au monde du jour suivant.

Je déclos mes yeux dans un lit couleur bitume
Mal au dos, mal aux épaules, mal au corps, au cœur :
Méchantes douleurs bukowskiennes.
Divaguant, cassé, courbaturé
Je descends à bord de cette rue
Vogue dans cette rade...
Là un proxénète de zinc, une espèce de mac de comptoir
Me sourit, crade, un peu fier même avec une empathie presque dégoûtante de frère.
Il brise le silence, me propose les services de cette vieille amie
Qui, encore une fois, m'a accompagné cette dernière nuit :
« Eh monsieur j'vous remets une bière ? »