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Vincent
27/4/2015
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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Amourettes d’ajonc, rassises comme une lande
Gémissantes sous la courbe d’un horizon relaps. Les misères grandioses d’historiettes malvenues Défilent en parades, brèves comme les nuages. que de tristesse dans ce beau texte le rythme est lent et lourd les images sont grises dépeignant ce monde embourbé dans sa classe malheureuse j'ai beaucoup aimé |
Myndie
3/5/2015
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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Votre poème démontre une aisance d'écriture, une maîtrise que traduit le bel agencement des mots et des expressions.
Le titre déjà : dans ces deux mots, toute la force suggestive d'un oxymore, par l'association de l'outrance – qui préfigure les « misères grandioses » du vers 15 – et de la petitesse (suffixe en ette). Et puis, pour enfoncer le clou, ce titre devient anaphore dans le corps du texte. C'est le poème de l'opposition : - dans les deux premières strophes dont les images s'articulent autour de 2 notions : le gros et le fin : les filles sont grasses, elles piétinent, les baleines s'échouent, le maquillage est charbonneux, le cœur épais ; et par contraste, tout le reste est léger, ténu, délicat : leurs bas, leurs sourcils, leurs cheveux, la journée qui s'étire ; - dans la violence avec laquelle ce vers « Etriper des sardines », laconique et brutal, vient nous frapper après la douceur des vers précédents , ce vers qui se révèle aussi comme l'antinomie, la négation de leurs « gloires midinettes ». On se sent ainsi à tout moment ballotté entre le charme visuel et sensuel du paysage venté et le pessimisme pénétrant qui sourd de ces destinées appesanties par quelque obscure fatalité. Simple et puissant, plein d'éclat et de gravité, c'est un très beau poème qui évoque la distorsion entre les rêves de félicité et l'ineffable cruauté de la réalité. |
Anonyme
21/5/2015
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Bonjour Meaban
J'aime bien vos dodécasyllabes contemporains. Comme à l'oral et dans les chansons, ils ne tiennent pas compte de la règle d'élision des e muets. Du coup le lecteur lambda peut en apprécier le rythme. Calme et majestueux comme ce pays du bout du monde (quand il n'y a pas de coups de tabac :o)) L'écriture, fluide et sans recherche d'effets spéciaux, va dans le même sens. Il y a de très beaux vers, à commencer par le premier, qui donne le rythme (vous élidez le e de grasses, le lecteur est donc au parfum et procédera de même pour la suite) Les images sont très belles et ne peuvent qu'enchanter ceux qui aiment "les fronts qui viennent d'Ouessant" avec leurs "rafales de grains". Merci Meaban et bravo |
Francis
21/5/2015
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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La plume devient pinceau et le poème tableau. Il met en relief le contraste entre les décors et les personnages. Loin de la Croisette, ces filles, "étripeuses" de sardines, offrent leurs rondeurs sans artifices comme dans la vraie vie. Belle écriture !
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Automnale
21/5/2015
a aimé ce texte
Beaucoup ↓
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Quel tableau de maître, ou quel récit, a pu inspirer l'auteur de ces "Démesurées pauvrettes" ? J'ai tenté de deviner, en vain sans doute.
J'ai vu les ouvrières en cette fin d'hiver, leur jambes gainées sous la rayonne, leurs paupières qui charbonnent... Je les ai imaginées sous un soleil paresseux, chevelures s'éteignant, piétiner l'estran... Demain, elles iront étriper les sardines... Et passeront les fronts venus d'Ouessant... Avec eux, ils emporteront les gloires midinettes, les vies éclaboussées, les amourettes d'ajonc, les historiettes brèves comme les nuages... Tout ceci est magnifique. Ces "Démesurées pauvrettes" ont certainement eu bien du mal. Courageuses, je crois savoir qu'elle ont combattu, chanté pour tenir le coup. Celles de Douarnenez se sont révoltées... Leurs amourettes furent-elles toutes "rassises comme une lande" ? Pas forcément... Je pense aussi à l'odeur qui les imprégnait, à leurs coiffes... En fait, j'ai infiniment apprécié la première partie, musicale et semblant couler de source, de ce poème (jusqu'à pauvrettes). J'ai un peu moins aimé la suite, peut-être à cause (j'y reviens !) des amourettes "rassises", de l'horizon "relaps", des historiettes malvenues... Grâce aux sardinières de Bretagne, je découvre un auteur que je ne connaissais pas. Avec grand plaisir, j'irai lire, Meaban, vos autres publications. Mon intuition me dit qu'elles vont beaucoup me plaire. |
papipoete
21/5/2015
a aimé ce texte
Bien ↑
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bonjour Meaban; un dimanche sans doute pour ces " filles un peu grasses " dont les " jambes s'électrisent sous la rayonne ".
Mais demain, il leur faudra oublier " ces gloires midinettes " et retourner à l'usine, " étriper les sardines ". En plus, elles ramèneront un peu de l'atelier chez elles, avec cette odeur éloignée des senteurs de Grasse ! Elles recommenceront le lendemain, et pour toujours sûrement, le même cheminement ces " démesurées pauvrettes " jusqu'au dimanche suivant " à piétiner l'estran "... Des vers lourds d'images collantes comme la poisse des sardines ou touchants tel " et sous leurs fins sourcils, charbonnent les paupières " . |
Anonyme
21/5/2015
a aimé ce texte
Passionnément ↑
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PHENOMENAL !!!
J'ai tout aimé de votre poème, du début à la fin ! Le vocabulaire, les tournures de phrases, le rythme : tout y est ! A garder dans les annales ! Un grand bravo, Wall-E |
Anonyme
21/5/2015
a aimé ce texte
Bien
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J'espère que vous récolterez une ou plusieurs plumes. La moyenne - bien qu'aléatoire ou subjective- semble y être.
Que dire ? C'est bien écrit. Avec cette sobriété qui vous laisse prendre sentiment pour ces personnes. Cest très bien écrit même : "Demain le cœur épais, elles retournent à l’usine. Étriper les sardines." Je trouve le titre mal choisi : un jugement imposé au lecteur donc pas exprimé par d'autres moyens poétiques. Les quatre derniers vers sonnent "artificiels" : misères grandioses, historiettes malvenues, ... parade, brèves commes des nuages... qu'avez-vous voulu faire ressentir ? C'est un beau tableau, c'est exact. |
jfmoods
14/7/2015
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Des allitérations en « r », instaurant une certaine rugosité, marquent la lecture de cette suite d'alexandrins ponctuée de deux hexasyllabes. Les lieux mentionnés (« l'estran », « Ouessant »), vecteurs de projection vers l'ailleurs et de retour sur soi, sont particulièrement prégnants dans l'univers intime du poète. Les trois oxymores (« Gloires midinettes », « Démesurées pauvrettes », « misères grandioses ») appuient douloureusement sur la charge d'utopie portée par l'ensemble de l'évocation. Le jeu de suffixation (« Amourettes », « historiettes ») dénonce la ténuité d'un vécu aux perspectives dénuées d'éclats (personnifications : « soleil paresseux », « horizon relaps »). L'image de l'attente du sublime (« Leurs jambes s'électrisent ») se trouve largement malmenée par l'engluement dans le trivial (verbes à connotation péjorative assortis d'inversions du sujet : « s'échouent les baleines », « charbonnent les paupières », expression peu ragoûtante : « Étriper des sardines », comparaison : « rassises comme une lande », verbe réduplicatif : « elles retournent à l'usine »). D'autres verbes, déceptifs, apparaissant sous différentes formes (présent de l'indicatif : « piétinent », « étire », « s'éteignent », « défilent », futur de l'indicatif : « passeront », participe présent : « Emportant », adjectif verbal : « Gémissantes », participe passé : « éclaboussées », « malvenues »), jalonnent le texte, illustrant l'échec à fixer l'instant, à s'y épanouir, à réaliser un idéal. Le groupe adjectival (« un peu grasses ») suggère la compensation, par quelques excès de nourriture, de l'absence de perspective (métaphore : « l'étal de l'ennui », métonymie : « le cœur épais »).
Merci pour ce partage ! |
Pussicat
23/5/2015
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Ah, j'aime, j'adopte, je prends tout ! "Les filles (...) un peu grasses / leurs fins sourcils / "le" soleil paresseux / leurs gloires midinettes / "les" Amourettes d’ajonc, / "et" Les misères grandioses... tout !
et les sardines... magnifique vers : "Étriper les sardines." J'aime votre écriture qui s'étire et qui à la lecture force à la langueur. Ce jeu d'opposition entre le gros, le gras et le léger, l'épais et le fin. Le titre oxymore qui devient choeur, ou coeur ? Les images magnifiques : "À l’étal de l’ennui leurs chevelures s’éteignent" Les deux distiques de fin posés comme une gaufrette légère et pourtant lourds de sens : ça c'est la force de votre écriture, cette fausse légèreté, des mots qui viendraient se poser comme ça, sans recherche, intuitif... Et ce vers : "Étriper les sardines." magnifique rappel à la réalité. Et pour ce quelqu'un qui s'en balance soudain des "e" muets qui perlent votre texte... pour ça chapeau ! J'aime ! à bientôt de vous lire, |