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Poésie libre
Meaban : Dimanches
 Publié le 09/12/23  -  9 commentaires  -  779 caractères  -  185 lectures    Autres textes du même auteur

Un tableau plutôt sombre et désespérant…


Dimanches



C’est le destin pluvieux de ces petites gens, elles promènent leur ennui cheminant sur la route.
Confins de vieux hivers, dimanches après-midi.

Les femmes vont devant charriant les enfants, elles cancanent en basses-cours suries d’histoires funestes teintées de filles perdues et d’enfants maltraités.

Pull-overs en jacquard colorés comme faisans, des hommes graves les suivent évoquant leurs misères.
Ils cinglent en phrases courtes des jugements imbéciles colorés de rancœurs empreints de jalousie. C’est qu’ils ont une grande gueule ! la semaine à l’atelier.

Ils cheminent dans l’ennui promenant sur la route leur colère naïve
Et leurs silhouettes mortes dissoutes par la pluie s’enfoncent dans le décor aux courbes d’une vie.


 
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   Robot   
24/11/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Je ressens ce texte en prose comme l'image d'un coron du temps passé. C'est ainsi que je visualise ces vieux, ces femmes ces hommes en balade du dimanche. Une vision un peu grise et surannée superbement decrite.

   embellie   
1/12/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
L’incipit nous met directement dans l’ambiance. C’est en effet « un tableau plutôt sombre et désespérant », le destin des petites gens.
C’est la vie triste et routinière des ouvriers, à la tâche toute la semaine, pour qui les dimanches sont une respiration, un lâcher-prise espéré, bénéfique, mais dont ils ne peuvent rien faire, à part une simple promenade, en famille, avec des amis.
Ils n’ont pas les loisirs des gens aisés, ils ne vont pas jouer au golf, bien que leurs poumons manquent d’oxygène, ils ne vont pas au ciné, chaque centime est indispensable au foyer…
Ils promènent leur ennui, entre copains d’infortune, vêtus des pulls de mauvais goût tricotés par leurs femmes. Mais ils sont bien conscients de l’infime place que leur octroie la société, et ils ont des propos « de rancœur, empreints de jalousie ». On peut comprendre.
Je trouve ce court portrait de ces petites gens bien senti et bien rendu. Plein de vérité.
« Ils cheminent dans l’ennui promenant sur la route leur colère naïve » : leur colère ne pourra changer leur situation.
La dernière phrase raisonne comme un glas, pour sceller à jamais cet état de choses.
Et pourtant…
Je ne sais à quelle époque ce texte a été écrit, mais les ouvriers ont évolué, créant des syndicats pour défendre leurs droits, ce qui rend à mon avis cette dernière phrase caduque.

   Cornelius   
9/12/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Bonjour,

Effectivement elle est bien sombre cette scène d'un autre temps. Ces gens là on ne les croise plus le dimanche car ils restent chez eux devant leur télévision. Jadis ces cohortes d'ouvriers et de mineurs étaient vouées à cette vie morne et misérable. C'était le temps de Germinal et de l'assommoir chers à Emile Zola.

Les pauvres sont toujours aussi pauvres mais on les voit moins sauf au secours populaire ou aux restos du coeur.

Je vais quand même dire que j'aime ce texte bien que ça foute un peu le bourdon.

   papipoete   
9/12/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
bonjour Meaban
Elles vont, marchant en tête les femmes.
Ils vont, les suivant et marmonant les hommes.
On cancane devant
On râle derrière
C'est tout ce qu'ils savent faire, le dimanche après-midi, ces gens-là...
NB Une peinture comme sortie de l'album de BREL
" faut vous dire, Monsieur... on ne pense pas... "
d'un temps fort ancien, que je verrais bien se dérouler au sein d'une " cité idéale paternaliste ", dont je ne retrouve plus le nom ?
la 3e strophe colle si bien à ce genre de procession banale, d'un dimanche-après-midi.

   Myndie   
9/12/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Meaban,

votre poème me rappelle un autre de vos texte que j'avais beaucoup aimé « Démesurées pauvrettes ». Il puise à la même source, celle de la misère du petit peuple, ici les ouvriers et décrit, - comme il a été dit, avec un réalisme (un naturalisme plutôt) à la Zola - le fameux ennui du dimanche, mais un dimanche d'une autre époque, quand on ne pouvait pas encore faire glisser le doigt sur un écran lisse pour échapper au désarroi de cette journée morte...
Et de surcroît, puisqu'on est en hiver, c'est tout le glauque de cette journée que vous dépeignez, avec précision et surtout avec talent et élégance.
Finesse de l'écriture qui déploie sa poésie la subtilité des formulations :
«  le destin pluvieux de ces petites gens »
et je suis absolument conquise par la force et la beauté de cette dernière phrase :
« Et leurs silhouettes mortes dissoutes par la pluie s’enfoncent dans le décor aux courbes d’une vie. ».

Myndie
pourtant pas trop fan des dimanches

   jeanphi   
9/12/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Bonjour,

Votre tableau ne cesse effectivement de s'assombrir. Les petites gens, sous la pluie le dimanche, comme forcés à la déambulation, femmes ventres, vulgaires, débats au sujet du malheur des autres, un malheur plus triste encore, hommes déficient dans leur communication, extrêmement agressifs par la force des choses, et enfin, une critique bien sentie qui se ferme sur le constat de leur vie 'morte'.
Pourtant la tendresse et une attention précieuse choient ses petites gens, ciment de la société, la grossièreté leur est excusée, et la rudesse de leur destinée semble se justifier d'elle-même.
Un poème subtile et délicat malgré sa forme "peu conventionnelle", pour donner mon avis sur le découpage des paragraphes.

   Polza   
9/12/2023
trouve l'écriture
perfectible
et
aime bien
Bonjour Meaban,

Ça ne donne vraiment pas envie d’être à demain cette vision sombre des dimanches.

En peu de mots pour de la poésie libre, j’ai trouvé l’atmosphère des dimanches sombres et désespérants très bien dépeinte.

Quelques petits points perfectibles à mon avis : « charriant les enfants/d’enfants maltraités…en jacquard colorés/imbéciles colorés ».

À « elles cancanent en basses-cours suries d’histoires… », j’aurais bien vu une virgule après basses-cours pour éviter d’avoir une phrase à lire d’une seule traite.

J’ai vraiment beaucoup aimé la dernière phrase de votre poème, à partir de « Ils cheminent » peut-être est-ce à cause des mots« mortes et pluie », j’ai pensé au fameux monologue du répliquant dans Blade Runner…

   Lebarde   
9/12/2023
trouve l'écriture
perfectible
et
aime bien
Bonjour Meaban
De la même veine que « Sur mon vélo de communiant » que vous aviez deja donné à lire, ce poème décrit à merveille l’atmosphère de ce monde du travail dont la distraction du dimanche, seul jour de repos de la semaine, consistait Immanquablement en cette monotone promenade, vespérale, toujours suivant le même itinéraire sans intérêt, en famille ou avec quelques amis, les femmes devant entourées de gamins turbulents, parlant de choses et d’autres (mais toujours les mêmes choses , des histoires « de femmes »), les hommes derrière, le pas traînant, la cigarette au coin des lèvres, ressassant toujours les mêmes propos de travail et de disputes avec leur chef et préparant d’improbables revendications sociales qui de toute façon n’aboutiront à rien.

L’occasion de prendre l’air, de se changer les idées disait on et aussi de mettre ses plus beaux vêtements, bien propres ( on a sa dignité…c’est dimanche…)
Je sais, j’ai connu cela … toute une époque …toute une catégorie sociale que vous remémorez, celle des ouvriers d’usine et des gens simples sans avenir ni espoir, qui parlera à ceux qui l’ont vécue.
L’évocation est là, succinctement et simplement rappelée, sans esbroufe.
Merci

Lebarde

   Cyrill   
11/12/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour Meaban,
Je suis assez surpris par l'exergue. Le tableau que vous peignez m'attendrit beaucoup, c'est d'ailleurs plutôt une photo que j'imagine. La banalité des êtres évoqués, et de la promenade dominicale peut paraître désespérant pour l'ado qui suit en traînant la procession, j'en conviens.
Alors bien sûr on peut juger "des jugements imbéciles colorés de rancœurs empreints de jalousie", et j'ai là comme une impression de chat qui se mort la queue. Ce passage qui m'est déplaisant n'a cependant pas infusé la totalité du poème. J'ai senti tout le fardeau porté par ces "petites gens" à "grande gueule". Celle-ci me fait plaisir !
Vous avez su fixer la scène dans le temps et la couche sociale grâce à quelques termes : jacquard, atelier.
Merci pour le partage.


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