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poldutor
19/6/2019
a aimé ce texte
Bien ↑
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Cette poésie rappelle la chanson de Jean Ferrat "la montagne" :
"Et sans vacances et sans sorties Les filles veulent aller au bal Il n’y a rien de plus normal Que de vouloir vivre sa vie" La première génération d'immigrés à été employée à des tâches ingrates à la mine, la génération suivante à souhaité fuir le carreau,surtout les filles et dés que l'occasion s'est présenté,quitter le pays ; les garçons retournant à la mine comme leurs péres. De belles images : "Ces veines d’anthracite autrefois des forêts Où seuls poussent encore les bois de soutènement." "Elles emportaient le blé qui tapisse leurs têtes pour accorder leurs yeux aux ciels méridionaux Étamines légères emportées par l’autan égratignant le bronze des hommes d’occident" Par contre des obscurités : "Leurs pères étaient maigres et leurs mères enclumes" est-ce qu'on tapait dessus" ? Bel effort d'écriture. |
Corto
28/6/2019
a aimé ce texte
Beaucoup
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On est loin ici de l'ambiance chantée "Au nord, c'étaient les corons".
Il y a beaucoup d'amertume "sur le carreau des fosses de Liévin." "ces bons dieux d’polacks, nourris à coup de Sainte vierge" en prennent pour leur grade. Les évocations du temps passé rythmé par la mine sont bien formulées " Ces veines d’anthracite autrefois des forêts Où seuls poussent encore les bois de soutènement". Sans pitié on regarde le réel avec "Leurs pères étaient maigres et leurs mères enclumes". Evidemment "Les filles s’enfuyaient aux bras de militaires" tandis que "Leurs pères s’en retournent entassés dans les cages". Cette description réaliste et sans concession nous fait revivre froidement, brutalement, la souffrance d'un peuple voué au rythme de la mine, sans même l'espoir de s'en éloigner une fois le travail terminé. L'exergue nous montre que la souffrance est impitoyable. Bravo pour ce tableau rude, sans compromis, très explicite, et bien sûr le titre choisi qui lui va si bien. |
Anonyme
21/7/2019
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Bonjour Meaban "le taiseux".
Je me permets de vous affubler de ce qualificatif, vous connaissant depuis longtemps aux travers de nombreux sites de poésie. Je sais votre peu de goût pour le commentaire, je constate ici le même, avec en prime une moindre envie de communiquer sur votre propres productions. (Je n'ai pas retrouvé de sujets ouverts autour de vos poèmes). Je me (et vous) demande l'intérêt que vous trouvez à proposer des poèmes. Vous assurez que votre plume est toujours appréciée ? Le réponse peut-être mitigée sur Oniris, la réciprocité augmentant considérablement le nombre de commentaires. Ceci dit, j'applaudis à ce texte, comme j'ai pu applaudir à tous les autres. Vous savez si bien rendre les atmosphères de lieux que peu trouvent poétiques. Votre univers est passionnant, le regard que vous lui portez fascinant. L'absence de ponctuation (ou plutôt sa présence minimum) permet de se (re)poser à n'importe quel palier de la lecture. Le vocabulaire fréquemment employé dans vos poèmes et proses et toujours soutenu, choisi avec soin. Un vrai bonheur à découvrir. Cordialement, Éclaircie |
papipoete
21/7/2019
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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bonjour Meaban
La vie est un éternel recommencement ; aujourd'hui roumains et autres émigrés viennent " manger notre pain ", alors qu'au siècle dernier les " polacks " s'en chargeaient... et prenaient aux français leur boulot au fond de la mine ! Les garçons jouaient et les filles devenues grandes se laissaient séduire par le troufion galant, et venaient à quitter tôt ou tard le coron natal... et les pères rentraient à nouveau dans la cage, qui les emmenait au front de taille. NB la première strophe est intemporelle, s'adaptant à chaque époque où les bras viennent à manquer ; et les gueulantes sur ces " bons dieux d'polacks " se conjuguent avec l'Italie, l'Espagne, le Portugal, les pays du Magreb... Le monde de l'existence autour des chevalements, est fort bien décrite, avec des lignes telles celles de la conclusion ! Des vers remarquables ( étamines légères emportées par l'autan égratignant le bronze des hommes d'occident ) Il fallut tout faire disparaître de ces sites miniers, et l'on abattit les " chevalements " à tour de bras ( de buldozers ), mais aujourd'hui certains qui étaient en sursis, se voient restaurés et classés au patrimoine ! la deuxième strophe qui me plaît beaucoup, m'intrigue au sujet de la " fougère " ? était-ce un végétal qui poussait dans les " veines d'anthracite " ? |
Vincente
21/7/2019
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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L'écriture est très agréable, de longs vers mais ils sont ondés en souplesse. Belle lecture. D'autant que l'évocation ne manque pas de charme. Ce genre de texte aurait vite fait de tomber dans le mièvre mais ici la fosse n'a pas été précipice, derrière ces "Étamines légères emportées par l’autan égratignant le bronze des hommes d’occident" (superbe vers avec entre autre la trouvaille inspirée de ces "jeunes femmes-étamines"), le regard est sympathique mais sans concession pour mettre à jour la dureté de la vie de "Tous ces bons dieux d’polacks, nourris à coup de Sainte Vierge".
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Anonyme
21/7/2019
a aimé ce texte
Bien ↑
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L'atmosphère de l'endroit est bien rendue par des images expressives.
" au chant des compresseurs dans les tailles montantes Ces veines d’anthracite autrefois des forêts Où seuls poussent encore les bois de soutènement." " Les filles s’enfuyaient aux bras de militaires ". Bien plus que par amour, l'espoir d'une vie meilleure (?). " Elles emportaient le blé qui tapisse leurs têtes pour accorder leurs yeux aux ciels méridionaux. Belle tournure. La relation avec " Étamines légères emportées par l’autan " est bien trouvée. " leurs mères enclumes " l'image me semble un peu abrupte. Une lecture intéressante. |
senglar
21/7/2019
a aimé ce texte
Passionnément ↑
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Bonjour Meaban,
C'est tout simplement magnifique... et... quel beau titre ! "Etamines" à valeur d'essaimage. Ô les belles blondes ! Ô les blondes fécondes ! Et qui savent ce qu'elles veulent fières et déterminées. Sans concession. C'est vrai que ces familles méritantes (au courage) étaient nourries " à coup[s] de Sainte Vierge", c'est vrai qu'elles s'épuisèrent aux "veines d'anthracite des forêts d'autrefois", c'est vrai que leurs enfants enchantèrent les corons, c'est vrai que devenues grandes leurs filles essaimèrent (pas toutes) à leur tour alors que leurs pères s'effaçaient dans les "cordillères terrils" devenus à leur tour "fougères" de charbon, indélébiles et grandioses. Ce poème est remarquable, univers strié "de chemins de fer" aux forêts "de bois de soutènement", souvenir de forêts primordiales. Une vraie émotion, une émotion vraie en ce qui me concerne pour avoir côtoyé ces univers-là, père, mère et fille confondus. Merci Meaban :) Pour ma part c'est à Maria que je dédie ce com., mais moi je sais ce qu'elle est devenue :))) C'est elle qui te vaut le (+) ! Senglar ex-Brabant |
Davide
21/7/2019
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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Bonjour Meaban,
La première chose qui m'a interpellé : le titre ? Dans le mot "étamines", il y a "mines", mais ce mot peut désigner le morceau de tissu qui couvre partiellement les mineurs pendant leur travail ("Étamines légères..."), comme l'organe de la fleur produisant le pollen. Cette deuxième acception pourrait être une métaphore du pullulement des mines dans le nord de la France. Bref, quoiqu'il en soit, une belle trouvaille. Ce rythme en 6 syllabes chantant nous emmène dans un "Germinal" plus moderne, douloureux et ô combien réaliste. Rien de trop, on ne dit que l'essentiel dans un langage précis empruntant soigneusement quelques familiarités. Comment rendre plus bel hommage à cette fille de mineur, à toutes ces familles "polacks" venues "accorder leurs yeux [et leur courage] aux ciels méridionaux". Vraiment très beau ! Merci Meaban, Davide |
Raoul
23/7/2019
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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Bonjour,
Beau texte à la construction précise et sûre dont le vocabulaire technique vient graver les traces du labeur dans le paysage de la page. L'auteur parvient à rendre l'humanité laborieuse et son environnement dans la même noirceur (l'image "mère enclume", extrêmement parlante et vraie, par exemple...) . Ça m'a fait penser aux Mangeurs de pomme de terre, ou à certaines photos de Salgado où l'on ne sait plus déceler où est l'homme dans la terre qu'il charrie, qu'il malaxe. Et dans ce monde de force, la petite fleur sauvageonne (quel beau titre !) à la fois perdue et déterminée. Vraiment fort. Un poème ambitieux qui travaille dans, avec, la mémoire (et celle -commune ? - du lecteur). Merci beaucoup pour cette écriture et cette lecture. |
Pouet
23/7/2019
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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Slt,
au-delà des mots très souvent bien peints, il y a ce cadre de la rythmique, permettant la coulée des prunelles. Hymne au labeur et à la main d'oeuvre, à la Mine et aux mines défaites, au futile et au vital, à l'hier et à l'aujourd’hui, à la migration et à l'éternelle continuité, à la vacuité et au trop-plein -d'une très grande justesse, d'une poésie incontestable. Un très bon morceau qui dit ce qui veut dire sans se perdre en circonvolutions. |
rosebud
24/7/2019
a aimé ce texte
Beaucoup
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j'aurais pu écrire le même commentaire que Raoul qui a ressenti exactement ce que j'ai ressenti.
Ce que je préfère est aussi "mères enclumes" opposé aux "pères maigres" qui est une trouvaille si lapidaire et si évocatrice. Pourtant ce rythme 1-2-3-4-5-6, 1-2-3-4-5-6 de faux alexandrin qui cadence tout le poème comme une valse finit par me gêner un peu à force d'être entêtant. |
fried
25/7/2019
a aimé ce texte
Bien
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Je suis interpelé dès le premier vers par "polacks", ma grand-mère parlait ainsi de sa belle mère née en Pologne.
j'ai aimé la description du travail du charbon avec les forêts d'autrefois et fougères. "Elles emportaient le blé qui tapisse leurs têtes pour accorder leurs yeux aux ciels méridionaux Étamines légères emportées par l’autan égratignant le bronze des hommes d’occident" j'aime ces vers et les images qu'ils suggèrent. Merci pour cette poésie qui rappelle cet rude époque des corons. |